Syrie : Moscou a proposé le retrait iranien en échange du retrait israélien du Golan

Les médias syriens ont annoncé la conquête de toute la région de Quneitra et de Suweida avec le contrôle presque définitif de toute la zone sud-ouest près des hauteurs du Golan et du territoire syrien illégalement occupé par Israël. Une victoire d’un point de vue stratégique qui, selon la presse israélienne, inquiète le gouvernement Netanyahou et qui a déjà causé la semaine dernière un premier incident entre Syriens et Israéliens : Tel-Aviv a abattu un avion de chasse syrien en train d’attaquer la milice Khalid Ibn Walid, affiliée à Daesh.

Selon l’agence de presse syrienne SANA, Damas a démenti les déclarations israéliennes affirmant l’intrusion de l’avion dans son espace aérien. Damas a également accusé Tel-Aviv de « montrer, une fois de plus, son soutien militaire direct aux groupes djihadistes, en abattant un jet qui était en train de bombarder les terroristes de Daesh dans la région de Suweida, en territoire syrien ». Tout aussi dure fut la réaction de Moscou qui, dans un communiqué de presse, a accusé le gouvernement israélien de « connivence envers les groupes djihadistes » et qui considère cette attaque « comme une tentative d’affaiblir la progression syrienne et même une menace pour son aviation » engagée conjointement avec Damas dans les bombardements de toute la région.

C’est un nouveau signe des relations difficiles entre Moscou et Tel-Aviv après la rencontre infructueuse de lundi dernier entre le ministre russe des Affaires étrangères Lavrov, et le Premier ministre israélien Netanyahou. Selon Leila Mazboudi, rédactrice en chef d’Al Manar, le contexte du sommet russo-israélien aurait différé de ce que la presse israélienne en a rapporté.

Moscou a initialement proposé de retirer les Iraniens et leurs alliés, principalement le Hezbollah, au-delà d’un périmètre de 100 km de la ligne de cessez-le-feu du Golan. Mais Israël y a opposé un net refus.

Netanyahou avait au contraire demandé à Moscou « le démantèlement complet des missiles iraniens à longue portée en Syrie, celui des usines de production balistique, l’interdiction de fournir de nouveaux missiles antiaériens à Damas et le retrait de toutes les forces étrangères, alliées à Bashar Al Assad, du territoire syrien. »

La proposition russe, ensuite, a prévu différents détails que la presse israélienne a délibérément ignorés. Selon la chaîne de télévision libanaise Al Mayadeen, citant des sources européennes, Moscou a proposé un plan général de désarmement conforme aux résolutions de l’ONU. En fait, Lavrov a proposé, en échange du « retrait de toutes les forces alliées de Damas de Syrie » (position partagée avec Al Assad, NDLR), « le retrait total d’Israël des hauteurs du Golan et l’application de la résolution 242, qui prévoit le retrait de Tel-Aviv des Territoires occupés, illégalement annexés pendant la guerre de 1967, en échange de la paix ».

Proposition jugée « impossible et impraticable » par Tel-Aviv qui considère les hauteurs du Golan, comme les Territoires occupés en Palestine, partie intégrante d’Israël.

En réponse, Damas a annoncé qu’elle est déterminée à « reprendre le contrôle total de son territoire » et qu’« elle empêcherait en toutes manières Israël d’aider les groupes djihadistes à abandonner le territoire de Quneitra avec des passages et des couloirs secrets ». Une allusion directe notamment à l’opération de samedi dernier concernant l’évacuation des « casques blancs », des présumés travailleurs humanitaires proches des milices djihadistes. Ces derniers jours, les médias syriens ont rapporté qu’en plus de cette évacuation, de nombreux militants djihadistes des pays du Golfe auraient quitté la région. On parle d’un total de plus de 2 000 terroristes et 4 commandants du groupe Fursan Al Joulan (Chevaliers du Golan) et des brigades Saif Al Cham et Jaish Abadeel, engagés et armés par Tel-Aviv pour défendre la zone frontalière avec Israël.

« On doit voir » — selon l’éditorialiste du journal Rai Al Youm, Abdel Bari Atwan — « si Israël est prêt à déclencher un conflit sur le front du Golan, après les tensions croissantes à Gaza ». « Les seules certitudes » — conclut Atwan — « sont la défaite des groupes djihadistes dans la défense de Tel-Aviv et la confirmation de l’engagement de Moscou aux côtés de Damas ».

 

Source originale: Contropiano

Traduit de l’italien par Stefano Mauro pour Investig’Action

Source: Investig’Action

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