Quand Zelensky fait les yeux doux à Wall Street et promet de faire de l’Ukraine une néocolonie

Pour “défendre le monde libre”, comprenez pour affaiblir autant que possible leur rival russe, les Etats-Unis semblent prêts à sacrifier jusqu’au dernier Ukrainien. En témoignent leur véto aux tentatives de médiation et une escalade sans limites à l’armement. Mais le prix du sang ne suffit pas. À Washington, on ne dépense pas sans compter. Et derrière les “efforts” des Occidentaux loués dans la presse, il y a la mise en place d’un pillage historique de l’économie ukrainienne, avec un Zelensky en candidat idéal pour faciliter la mise à sac. (IGA)


Dans une vidéo adressée à un lobby étasunien, le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky a remercié des entreprises comme BlackRock, JP Morgan, Goldman Sachs et Starlink, insistant sur le fait que “tout le monde peut devenir une grande entreprise en” investissant en Ukraine, où “nous défendons la liberté et la propriété”.

Le dirigeant ukrainien soutenu par l’Occident, Volodymyr Zelensky, a envoyé une lettre d’amour aux entreprises étasuniennes, remerciant “des géants du monde international de la finance et de l’investissement tels que BlackRock, JP Morgan et Goldman Sachs” d’avoir acheté les actifs de son pays.

“Tout le monde peut devenir une grande entreprise en travaillant avec l’Ukraine”, a-t-il lancé, affirmant que la reconstruction de sa nation “sera le plus grand projet économique de notre époque en Europe”.

Zelensky a également fait l’éloge de la société Starlink, propriété du milliardaire Elon Musk, pour son soutien technologique. Et il a appelé à davantage de livraisons d’armes occidentales, notamment de missiles Patriot et de chars Abram.

Le dirigeant ukrainien a tenu ces propos lors d’une allocution vidéo prononcée le 23 janvier devant le lobby des entreprises étasuniennes, la National Association of State Chambers.

“Nous défendons la liberté et la propriété”, a déclaré M. Zelensky, décrivant la guerre par procuration entre l’OTAN et la Russie en Ukraine comme une bataille pour l’âme de l’ordre capitaliste dirigé par l’Occident.

Le gouvernement de Zelensky a imposé certaines des politiques anti-travailleurs les plus agressives au monde, adoptant une législation qui “prive environ 73% des travailleurs de leur droit à la protection syndicale et à la négociation collective”. Même le Solidarity Center de la fédération syndicale AFL-CIO, pourtant financé par le gouvernement étasunien, a condamné ces réformes comme une “attaque significative contre les droits des travailleurs en Ukraine“.

L’idéologie résolument anti-travailleurs, anti-syndicale et pro-entreprise de Zelensky est apparue clairement dans la rhétorique néolibérale du discours qu’il a prononcé devant la chambre de commerce des Etats-Unis.

Il a comparé la gouvernance de l’Ukraine à la gestion d’une entreprise. Il a également remercié les dirigeants d’entreprise présents à la conférence “pour cette occasion de s’adresser à ceux qui créent la force économique de l’Amérique, importante dans le monde entier”.

Le bureau du président ukrainien a publié sur son site officiel une transcription du discours, intitulé “Après la fin de la guerre, les entreprises américaines peuvent devenir une locomotive de la croissance économique mondiale”.

“Grâce au leadership des États-Unis d’Amérique, qui ont consolidé le monde dans la défense de la liberté, nous voyons comment gagner cette bataille”, s’est épanché Zelensky.

Ce discours ressemblait moins aux paroles d’un homme d’État qu’à la publicité d’un vendeur de voitures d’occasion – sauf qu’il ne vend pas des voitures, mais son pays à des mégacorporations étrangères.

Zelensky a fanfaronné  :

Nous avons déjà réussi à attirer l’attention et à coopérer avec des géants du monde international de la finance et de l’investissement tels que Black Rock, J.P. Morgan et Goldman Sachs.

Des marques américaines telles que Starlink ou Westinghouse font déjà partie de notre mode de fonctionnement, celui de l’Ukraine.

Vos brillants systèmes de défense – tels que HIMARS ou Bradleys – unissent déjà notre histoire de liberté à vos entreprises. Nous attendons les Patriots. Nous regardons de près les Abrams.

Des milliers d’exemples de ce genre sont possibles !

Et chacun peut devenir une grande entreprise en travaillant avec l’Ukraine. Dans tous les secteurs – des armes et de la défense à la construction, des communications à l’agriculture, des transports à l’informatique, des banques à la médecine.

Je crois que la liberté doit toujours gagner. Et je vous invite à travailler avec nous dès maintenant.

Dans des commentaires visant clairement à séduire les conservateurs étasuniens, Zelensky a également profité de son discours pour condamner à plusieurs reprises “le régime iranien”, qu’il a diabolisé en tant qu'”allié terroriste” de la Russie.

Zelensky s’adressait à la réunion d’hiver 2023 de l’Association nationale des chambres d’État à Boca Raton, en Floride.

La Chambre de commerce de l’Indiana a fièrement tweeté : “Notre président Kevin Brinegar est parmi les dirigeants des chambres d’État présents à la réunion d’hiver de la National Assocation of State Chambers en Floride pour écouter le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy. Il a remercié les chefs d’entreprise américains pour leur soutien et pour la promotion de la libre entreprise”.

L’Ukraine et ses sponsors occidentaux prévoient une thérapie de choc néolibérale agressive

En septembre 2022, Zelensky avait déjà symboliquement sonné la cloche d’ouverture de la Bourse de New York via une apparition vidéo.

Le dirigeant ukrainien avait déclaré que son pays était “ouvert aux affaires”, avec plus de 400 milliards de dollars en “options d’investissement”.

Dans le même temps, Zelensky publiait une carte blanche dans le Wall Street Journal, appelant les entreprises occidentales à “investir dans l’avenir de l’Ukraine”.

Le ministère de l’Économie de Kiev a par ailleurs lancé un programme appelé Advantage Ukraine qui est présenté comme une opportunité pour des « partenariats public-privé, des privatisations et la création d’entreprises privées », avec l’aide d’une « équipe de projet soutenu par l’USAID qui comprend des banquiers d’affaires et des chercheurs. »

Le gouvernement ukrainien a cité des dirigeants d’entreprise de Google, Alphabet et Microsoft qui encouragent davantage d’entreprises occidentales à racheter les actifs du pays.

Geopolitical Economy Report a également fait état de la Conférence sur la réforme et le redressement de l’Ukraine, des réunions au cours desquelles des gouvernements et des entreprises occidentaux ont rencontré de hauts responsables ukrainiens pour planifier une thérapie de choc néolibérale agressive – comme celle qui a été imposée à la Fédération de Russie au début des années 1990 et qui a entraîné 3,2 millions de décès excédentaires, selon l’UNICEF.

Lors d’une réunion en Suisse en juillet 2022, des représentants des gouvernements occidentaux et ukrainiens ont publié des plans économiques qui demandaient à Kiev de réduire la législation du travail, d'”ouvrir les marchés”, de baisser les tarifs, de déréglementer les industries et de “vendre les entreprises publiques à des investisseurs privés”.

Zelensky a profité de l’urgence de la guerre pour faire passer une législation anti-ouvrière sévère, suspendant les droits de négociation collective et rendant illégal le droit de former un syndicat pour la plupart des travailleurs.

L’économiste Michael Hudson a comparé les politiques néolibérales extrêmes de Zelensky à celles de l’ancien dictateur chilien d’extrême droite, Augusto Pinochet. Lui aussi était soutenu par les États-Unis.

En décembre 2022, Zelensky a tenu une vidéoconférence avec le milliardaire Larry Fink, PDG de BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde.

Dans un communiqué de presse, le gouvernement ukrainien a clairement indiqué que BlackRock supervisait son processus de reconstruction.

Le bureau de Zelensky a déclaré que BlackRock “conseillera le gouvernement ukrainien sur la manière de structurer les fonds de reconstruction du pays” et “coordonnera les efforts de tous les investisseurs et participants potentiels à la reconstruction de notre pays, en canalisant les investissements vers les secteurs les plus pertinents et les plus importants de l’économie ukrainienne”.

Cela signifie que, sous la tutelle de l’Occident, l’Ukraine a essentiellement privatisé et externalisé sa politique économique à BlackRock, l’une des sociétés les plus puissantes au monde.

BlackRock, qui gère plus de 8 000 milliards de dollars d’actifs, est le rêve oligopolistique d’un baron voleur. Les “trois grands” gestionnaires d’actifs américains que sont BlackRock, Vanguard et State Street sont les principaux actionnaires de près de 90 % des sociétés du S&P 500 [indice boursier jugé par certains plus représentatif que le Dow Jones et basé sur les 500 grandes sociétés cotées sur les bourses US, NDLR]

Le vice-premier ministre ukrainien et ministre de la Transformation numérique, Mykhailo Fedorov, a publié en juillet 2022 une vidéo qui illustre clairement la vision néolibérale de Kiev pour l’avenir.

Le plan économique du gouvernement ukrainien ressemble ainsi à un film de science-fiction libertaire, où tout est privatisé et où les entreprises sont libres d’exploiter quiconque sans aucune réglementation.

 

Source originale: Scheer Post

Traduit de l’anglais par Investig’Action

 

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