La sombre légende des Ouighours chinois et la campagne de Washington pour contrer la rivalité économique de la Chine

La Chine est accusée de tous les maux au Xinjiang. Dans cette analyse indispensable, Stephen Gowans explique pourquoi l’information sur les Ouïghours relève d’une vaste campagne de propagande, comparant comment Pékin et d’autres pays, dont les États-Unis, gèrent le problème du terrorisme islamiste. Il explique aussi, à partir d’un article de Joe Biden paru dans le prestigieux magazine Foreign Affairs, comment Washington instrumentalise la question des droits de l’homme selon ses intérêts économiques. Ainsi, le manque de démocratie aux Émirats arabes unis ou la répression des musulmans en Inde, pourtant bien réels, ne posent aucun souci aux États-Unis. Mais quand vient la Chine… (IGA)


Le candidat à la présidence US et ancien vice-président, Joe Biden, a qualifié de manière oblique l’empire étasunien comme le “système international que les États-Unis ont si soigneusement construit“. Le regretté philosophe italien Domenico Losurdo avait pour sa part qualifié le “système international” de Biden de “dictature internationale des États-Unis“. Biden doit implicitement être d’accord avec l’appellation de Losurdo. Pour preuve, un article que Biden a lui-même écrit dans Foreign Affairs (considéré comme le journal non-officiel du Département d’État) et dans lequel il fait référence à ce système international construit par les États-Unis. L’article s’intitule “Pourquoi l’Amérique doit diriger”, mais il aurait très bien pu s’intituler “Pourquoi tous les autres pays doivent suivre”. Biden a promis qu’en tant que président, il “prendrait des mesures immédiates pour… que l’Amérique dirige le monde“, ce qui implique qu’il soumettrait le reste du monde au leadership étasunien. En d’autres termes, il défendrait et étendrait un empire US dans lequel Washington impose sa loi à d’autres pays.

Le système international soigneusement construit auquel se réfère Biden est fondamentalement un système de commerce international basé sur une proposition: les obstacles à l’expansion de l’activité économique US sont inenvisageables; l’économie mondiale doit être américanisée.

Plus de 95% de la population mondiale vit au-delà de nos frontières“, a observé Biden, et “nous voulons exploiter ces marchés.” Pour ce faire, Biden s’est engagé à “abattre les barrières commerciales“, à résister au “protectionnisme” étranger et à s’assurer que les États-Unis rédigent les “règles qui encadrent le commerce“. Lorsque “les entreprises américaines sont en compétition sur un terrain de jeu équitable, elles gagnent“, s’est vanté Biden. On ne peut s’empêcher de penser que le raisonnement de Biden emprunte une certaine circularité: pile je gagne, face tu perds. Le terrain de jeu est-il équitable seulement quand les entreprises US gagnent? Les règles sont-elles par définition injustes quand ces entreprises perdent?

Mais que se passe-t-il si une partie des 95% de la population mondiale qui vivent au-delà des frontières étasuniennes ne souhaite pas partager leurs marchés avec les investisseurs et les entreprises US? Ont-ils la liberté de décider comment organiser leurs propres économies? Quid s’ils sont disposés à ouvrir leurs marchés, mais uniquement à des conditions adaptées à leurs propres besoins? Au-delà de l’intérêt personnel des entreprises US, pourquoi un pays aurait-il tort de faire pencher la balance en faveur de ses propres entreprises?

Dans un monde dirigé par les États-Unis, la souveraineté économique – à l’exception de celle des États-Unis – est formellement interdite. La dictature internationale des États-Unis pose deux exigences au monde: premièrement, le terrain de jeu économique doit être mondial; aucun pays ne peut s’y soustraire. Deuxièmement, les règles du jeu doivent permettre aux entreprises US de gagner; ces règles ne peuvent pas être adaptées pour atteindre des objectifs légitimes de politique publique d’un pays comme par exemple viser le plein-emploi ou rattraper un héritage historique de sous-développement.

Alors que la Chine a accepté la première demande de la dictature US, elle en a rejeté la seconde. «Si la Chine réussit», a averti Biden, elle continuera d’utiliser «des subventions pour donner à ses entreprises publiques… une longueur d’avance». Elle pourrait, par ce biais, finir par «dominer les technologies et les industries du futur». Et, du point de vue de la classe dirigeante US, il faut empêcher Pékin d’accomplir cette possibilité.

La libre entreprise US, bien sûr, a longtemps eu une longueur d’avance sur les marchés internationaux. En plus de deux siècles, les spéculateurs fonciers étasuniens, les propriétaires d’esclaves, les industriels et les financiers se sont enrichis immensément, par le pillage des premiers Américains, par des siècles d’esclavage et par des années de colonialisme en expansion, à la fois voilé et ouvert. Leur richesse venait aux dépens – en fait, du travail – des peuples et des pays qu’ils exploitaient, pillaient et retenaient. Ayant accumulé une riche réserve de capitaux, les entreprises US sont en mesure de gagner n’importe quelle compétition économique organisée sur un terrain de jeu «équitable» (comprenez, celui sur lequel elles gagnent). Faut-il s’étonner, alors, qu’«exploiter les marchés mondiaux» et les «terrains de jeu équitables» soient les fondements de la politique commerciale et d’investissement étasunienne? Ces deux aspects sont les garants de la continuité de la domination US et de leur accumulation de richesses.

Si la beauté est subjective, l’équité l’est aussi. Joe Biden, le «commerçant équitable» qui réclame l’ouverture permanente de tous les marchés étrangers aux entreprises US et l’interdiction des subventions publiques aux entreprises étrangères, est prêt, s’il remporte la présidence, à introduire «un projet ambitieux, ‘Buy American, qui allouerait davantage de fonds fédéraux aux entreprises américaines.” [2] Cela ne semble guère très équitable pour les entreprises étrangères concurrentes qui opèrent sur le marché étasunien.

Le programme Buy American proposé par Biden compléterait les nombreuses subventions publiques déjà accordées par Washington aux entreprises US. «En 2004, les États-Unis ont trainé des pays européens devant l’OMC pour avoir accordé des subventions à Airbus, et l’Europe a réagi peu après avec une plainte contre le soutien US à Boeing. Les décisions de l’OMC depuis lors ont montré que les deux parties accordaient des subventions prohibées. » [3]

Sur un autre front, le département US de l’énergie consacre «plus de 6,5 milliards de dollars par an à la recherche en sciences fondamentales». C’est plus que tout autre pays. La recherche fondamentale menée par le gouvernement US se retrouve dans les technologies de demain, qui seront vendues par des entreprises US à des fins privées. [4] Les mêmes entreprises qui bénéficient des largesses de l’Oncle Sam vanteront leur ingéniosité et leur inventivité, tout en dissimulant l’escroquerie selon laquelle leur rôle s’est limité à privatiser l’ingéniosité et l’inventivité des scientifiques payés par les deniers publics.

Et puis il y a la 5G, la robotique et l’intelligence artificielle, les “industries du futur”, que la Chine a dit vouloir dominer, selon le cri d’alarme de Washington. Tout mouvement visant à dominer ces industries serait injuste pour les entreprises US, soutient Washington. Ainsi, les États-Unis se battent avec leurs propres subventions et la R&D financée par le gouvernement, tout en grondant d’un ton moralisateur contre l’aide de Pékin aux entreprises publiques chinoises. «Dans le cadre de la campagne AI Next, un projet de recherche sur l’IA de nouvelle génération mené par la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) affiliée au ministère de la Défense, les États-Unis ont poursuivi la R&D menée par le gouvernement dans des domaines tels que l’intelligence artificielle, ainsi que l’empilement de puces hétérogènes et l’intégration de puces neuromorphiques », rapporte le journal sud-coréen The Hankyoreh. [5] Pendant ce temps, «les assistants de Biden disent qu’ils comptent élargir la campagne de soutien du gouvernement US pour rivaliser dans des secteurs stratégiques de haute technologie tels que l’intelligence artificielle, l’informatique quantique et la nouvelle génération de réseau sans fil 5G». [6] Et pendant ce temps-là, Biden, Trump et son cabinet, les lobbies commerciaux US ou encore le Wall Street Journal râlent parce que le gouvernement chinois fait la même chose.

L’hypocrisie des plaintes contre Pékin accordant des subventions et une assistance aux entreprises publiques alors que Washington amasse des subventions publiques pour les entreprises privées est rarement relevée dans le discours public. La Chine refuse de se plier aux injonctions de la dictature internationale qui souhaite placer les intérêts lucratifs des entreprises US au premier plan tout en renvoyant la Chine à son rôle de bassin de main-d’œuvre à bas coût pour les industriels US et de marché grand ouvert pour les produits et les services made in USA. Des produits et des services que les concurrents chinois ne doivent pas chercher à rivaliser. La Chine ne se laisse pas faire, et ce refus suscite des réactions violentes qui gagnent un autre terrain: celui des droits de l’homme.

«Le moyen le plus efficace de répondre» au «défi» de la Chine qui cherche à «avoir une longueur d’avance sur la domination des technologies et des industries du futur», c’est de «construire un front uni d’alliés et de partenaires US pour attaquer la Chine sur ses comportements abusifs et ses violations des droits de l’homme ». Dixit Joe Biden. S’il avait dit que les violations chinoises des droits de l’homme méritaient à elles seules une campagne pour dénoncer Pékin, la sincérité de sa supplication pourrait, un bref instant, sembler un brin crédible. Mais il n’a pas dit que la Chine devait être affrontée pour s’être livrée à de telles violations; il a déclaré qu’affronter la Chine au sujet des droits de l’homme est un moyen efficace pour gérer la Chine en tant que rival économique. En d’autres termes, les droits de l’homme doivent être traités comme un instrument de protection et de promotion des intérêts lucratifs des entreprises US, et non comme une fin en soi. Cette approche montre l’origine des campagnes dirigées par les États-Unis pour créer de sombres histoires chinoises sur des violations présumées des droits de l’homme à Hong Kong, l’ancienne colonie britannique, et au Xinjiang, la région autonome du nord-ouest de la Chine, qui abrite des dizaines de minorités, y compris la très nombreuse minorité des Ouïghours musulmans.

Les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont accusé Pékin d’enfermer des Ouïgours dans des camps de concentration et de viser leur destruction en tant que peuple. Ces accusations s’inscrivent dans une campagne menée par un cinglé fanatiquement anticommuniste, Adrian Zenz. Il croit qu’un être surnaturel lui a confié la mission de détruire la Chine communiste. [7] La ​​campagne est financée par une fondation gouvernementale US dont le premier président, l’historien Allen Weinstein, a confié les missions au Washington Post: «Une grande partie de ce que nous faisons aujourd’hui était menée de manière secrète par la CIA il y a 25 ans». La CIA essaie depuis longtemps de déstabiliser les gouvernements étrangers qui ne tiennent pas suffisamment compte des intérêts de la libre entreprise US. [8] Sous la pression du Church Committee, un comité restreint du Sénat étasunien qui enquêtait sur les abus de la CIA et d’autres agences gouvernementales US, la CIA a transféré une partie de son appareil de déstabilisation à une organisation qui travaillerait ouvertement à promouvoir la démocratie. On l’appelle le National Endowment for Democracy. Elle est une source majeure de financement pour les militants impliqués dans les attaques contre la Chine sur les droits de l’homme.

Les États-Unis ne sont pas un interlocuteur crédible en matière de droits de l’homme ni en matière de promotion de la démocratie. Leur cortège d’alliés est jonché de despotes qui rejettent sans vergogne la démocratie et oppriment leur peuple. Mais ils achètent des armes US, instaurent des climats propices aux investissements étrangers et acceptent que les États-Unis doivent diriger le monde. Parmi les nombreux exemples de tyrans qui se considèrent comme de précieux alliés des États-Unis, prenons Mohammad ben Zayed, prince héritier d’Abou Dhabi et dirigeant de facto des Émirats arabes unis.

Intéressé par Washington, MBZ, comme on l’appelle, «a longtemps soutenu que le monde arabe n’était pas prêt pour la démocratie». [9] À la place de la démocratie, il favorise une autocratie socialement libérale. [10] MBZ est tellement opposé à la moindre petite campagne pour des élections que l’année dernière, il a arrêté «cinq militants pour avoir organisé une pétition demandant des réformes démocratiques (signée par seulement 132 personnes)”. Il écrase la dissidence, a observé le New York Times. [11]

Biden exhortera-t-il le gouvernement US, champion autoproclamé des droits de l’homme et de la démocratie, à s’attaquer à MBZ comme il attaque la Chine? Bien sûr que non. MBZ fait docilement ce que les dirigeants étrangers sont censés faire dans le cadre de ce «système international que les États-Unis ont si soigneusement construit», à savoir promouvoir les intérêts économiques et stratégiques des États-Unis. Et il peut le faire précisément parce qu’il refuse aux Emiratis le suffrage auquel ils aspirent. Si Washington exigeait que ses alliés permettent à leur peuple d’organiser leur économie et leur politique comme ils le souhaitent, et pas comme Washington l’entend, l’empire US s’effondrerait immédiatement. La dictature internationale est basée sur la servitude et non sur la démocratie. En effet, toute la notion selon laquelle les États-Unis doivent diriger le monde est antidémocratique par essence.

Les EAU sont donc un parfait exemple de la façon dont l’empire US est basé sur la création d’un monde américanisé sans frontières. L’émirat est une extension du Pentagone, de la CIA et de l’économie US. Toute idée de souveraineté authentique et significative est illusoire. (La Chine n’est pas une extension du Pentagone ni de la CIA, et, bien que son économie soit en partie intégrée à celle des États-Unis, elle est également son principal concurrent économique.)

MBZ «a recruté des commandants étasuniens pour diriger ses militaires et d’anciens espions pour mettre en place ses services de renseignement». Avant de devenir secrétaire à la Défense, Jim Mattis a travaillé comme conseiller bénévole; à l’époque, il était membre du conseil d’administration de General Dynamics, qui faisait de nombreuses affaires avec les Émirats arabes unis. [12]

«Le prince Mohammed a embauché une société liée à Erik Prince, le fondateur de la« compagnie de mercenaires US anciennement connue sous le nom de Blackwater », pour créer une force de soldats colombiens, sud-africains et autres» prête à être à embaucher. [13] Ce «bataillon de 800 membres», composé pour un budget de 529 millions de dollars, inclut parmi ses missions la répression des «révoltes internes». [14] La population émiratie refuse d’être tyrannisée par un aristocrate qui affirme que les Emiratis ne sont pas faits pour la démocratie à cause de leur manque «d’éducation» et de leurs «attitudes religieuses arriérées». [15]

De 2006 à 2010, les EAU ont rempli les coffres de l’industrie de l’armement US avec l’achat de 80 chasseurs F-16 et 30 hélicoptères Apache. [16] L’année dernière, le pays a conclu un accord avec l’administration Trump pour acheter 8 milliards de dollars supplémentaires d’armes US. [17] Les investisseurs de l’industrie étasunienne de l’armement ont souri. MBZ réclame l’achat d’une flotte de F-35. Israël s’y opposait, mais a fini par accepter. En échange de quoi, Washington va fournir à Tel Aviv des armes encore plus avancées que celles qu’il fournit aux Émirats arabes unis. Le QME voulu par le Congrès est ainsi respecté. Il assure à Israël un avantage militaire qualitatif sur tous les autres pays de la région. Les investisseurs de l’industrie de l’armement US ont affiché un sourire de plaisir toujours plus grand. Ce qu’on appelle les accords d’Abraham, à savoir l’alliance informelle entre Israël et les colonies voilées de Washington conte l’Iran, contre la Syrie et contre le Hezbollah, se révèlent être une aubaine pour les actionnaires ayant des intérêts dans les sociétés d’armement US.

«Les Émirats arabes unis ont commencé à autoriser les forces américaines à opérer à partir de bases à l’intérieur du pays pendant la guerre du Golfe de 1991. Depuis lors, les commandos et les forces aériennes du prince ont été déployés avec les Américains au Kosovo, en Somalie, en Afghanistan et en Libye, ainsi que contre l’État islamique. » [18] MBZ a également payé pour que les djihadistes fassent la guerre contre le gouvernement syrien. Les EAU abritent 5 000 soldats US. [19]

Comme l’a écrit David D. Kirkpatrick du New York Times, «Pour beaucoup à Washington, le prince Mohammed» est «devenu le meilleur ami des États-Unis dans la région, un partenaire dévoué sur lequel« on peut »compter pour des tâches allant de la lutte contre l’influence iranienne au Liban au financement de la reconstruction en Irak. » Il est bien connu que si vous avez besoin de faire quelque chose en Asie occidentale, les Emiratis le feront. [20]

Le Heritage Fund / Wall Street Journal Index of Economic Freedom – qui mesure le degré auquel les pays répondent à la libre entreprise américaine – classe les EAU comme le pays le plus libre (le plus favorable aux investisseurs US) du monde arabe et le 18e dans le monde. (La Chine, en revanche, est classée 103ème.) Le collègue de Kirkpatrick, Robert Worth, compare les Émirats arabes unis à «une colonie d’esclaves hyper-capitaliste» [21] – juste le genre d’endroit que les politiciens et les fonctionnaires étasuniens liés aux milieux d’affaires peuvent aimer. Est-il surprenant, alors, qu’ils ferment les yeux sur l’écrasement par MBZ de la moindre pétition pour le droit de vote?

C’est donc le bilan d’un allié américain apprécié. Pas la moindre critique des EAU ne passe par les lèvres, même les plus musclées, des champions autoproclamés des droits de l’homme et de la démocratie que comptent les politiciens et responsables US.

Mais pas besoin d’examiner les dossiers des précieux alliés de Washington pour reconnaître que l’engagement des États-Unis en faveur des droits de l’homme et de la démocratie est une imposture. Le propre bilan des États-Unis montre que le leadership qu’ils se sont attribués sur la question des droits de l’homme est le summum de l’hypocrisie. En fait, le fossé entre la rhétorique US et la réalité US est tellement  large que l’observation de Staline selon laquelle la vision des États-Unis est l’exact opposé de son bilan [22] peut difficilement être contestée.

Nous pouvons nous limiter uniquement à la guerre des États-Unis contre Al-Qaïda et les islamistes alliés qui ont défié la domination US dans le monde arabe pour considérer ce qui suit:

  • L’invasion étasunienne de l’Irak est une violation flagrante des droits de l’homme et une attaque contre la démocratie. (La démocratie ne consiste pas à contraindre les autres à organiser leur économie et leur politique en fonction des objectifs US.)
  • Abu Ghraib, la prison étasunienne en Irak occupé, dans laquelle l’armée US et le personnel de la CIA ont commis une litanie d’abus ignobles contre les prisonniers, y compris la torture, les coups, les agressions sexuelles, le viol, des profanations de cadavres et le meurtre. [23]
  • À Guantanamo Bay, la prison sur le territoire cubain occupé par les États-Unis, sont enfermés des militants qui ont combattu le colonialisme voilé des États-Unis dans le monde arabe. Ils sont soumis depuis 2002 à la torture sous un régime de détention indéfini.
  • En 2009, le général américain Barry McCaffrey a admis: «Nous avons torturé les gens sans pitié. Nous en avons probablement assassiné des dizaines au cours de ces opérations menées tant par les forces armées que la CIA“. [24] En fait, 100 prisonniers ou plus ont été torturés à mort par des voyous américains. [25] L’ancien président américain Barak Obama a offert une description anodine: «Nous avons torturé des gens», a-t-il dit. [26]
  • Obama a mis fin à la détention et à la torture des militants islamistes. À la place, il a déployé l’armée qui n’a pas de comptes à rendre au président, la CIA, pour assassiner des militants islamistes au moyen de drones. La définition de cible éligible a été élargie pour inclure tous les hommes en âge de combattre dans la zone que la CIA a choisi de frapper. [27]
  • L’invasion américaine de la Syrie, sous prétexte de combattre Daech, en plus d’être une attaque contre les droits de l’homme et la démocratie, est une violation flagrante du droit international – révélant que l’engagement de Washington en faveur de “ l’état de droit ” est un autre cas de mensonge US. La vérité est que le régime de lois que suit la classe dirigeante US est celui qui sert ses intérêts; sinon, «la primauté du droit» est ignorée.
  • Le président Donald Trump a admis que les troupes américaines sont en Syrie pour une raison: non pas pour combattre Daech, mais pour piller les champs pétrolifères de la Syrie; [28] Le représentant spécial des États-Unis en Syrie, James Jeffrey, a révélé que l’objectif US est d’imposer un niveau de contrôle sur la Syrie équivalent au contrôle que Washington avait sur le Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale; [29] les États-Unis avaient planifié une invasion à grande échelle de la Syrie en 2003, en complément de l’invasion de l’Irak, mais avaient dû abandonner leur plan après que l’occupation de l’Irak ait présenté des défis imprévus. [30]

Amnesty International a résumé les violations des droits humains des États-Unis contre les musulmans comme suit:

  • «Des gens sont détenus depuis des années au camp de détention de Guantánamo à Cuba sans même être inculpés d’un crime. Les prisonniers ont été torturés et maltraités et ne bénéficient pas de procès équitables.
  • «La surveillance et le ciblage des musulmans – en fonction de qui ils sont et non de ce qu’ils ont fait – ont alimenté le harcèlement, la discrimination et la violence.
  • «Pendant des années, le gouvernement américain a permis aux fonctionnaires de torturer des gens grâce à des techniques horribles qui violent le droit américain et international. Le président Trump a promis d’étendre encore davantage l’utilisation de la torture dans les années à venir. [31]

Ces abus sont mécaniquement reconnus par les responsables et les médias US, puis rapidement oubliés. Ils disparaissent de l’esprit du public parce que la légende dorée de la bienveillance fondamentale des États-Unis est soigneusement et sans relâche cultivée par les politiciens US, les médias US et les écoles US, jusqu’à ce qu’elle évince toutes les informations incohérentes. Même la reconnaissance des abus étasuniens se fait dans le cadre de cette légende dorée. Torture, invasion, occupation, viol, violences physiques, colonialisme, détention arbitraire, assassinat, esclavage, spoliation des premiers Américains – ces actions ne reflètent jamais «qui nous sommes en tant que nation», mais sont considérées comme des aberrations ou des erreurs commises avec les meilleures intentions. Selon cette tromperie de masse soigneusement entretenue, les États-Unis sont à jamais «le phare sur la colline», quoi qu’ils fassent; la légende dorée ne peut jamais être ternie, car elle est imperméable à l’expérience, invulnérable à la réalité. Un apport majeur au récit de cette légende dorée est l’affirmation, proférée avec une audace stupéfiante, selon laquelle la bienveillance fondamentale des États-Unis s’est manifestée à travers l’abolition de l’esclavage! Les réparations accordées aux descendants de cette vile institution que les États-Unis ont laissée prospérer pendant quatre générations et demie, au grand bénéfice des propriétaires d’esclaves – y compris un certain nombre de présidents US et de fondateurs adulés du pays – pourraient témoigner d’une volonté de corriger une injustice intolérable; mais ce n’est pas à l’ordre du jour.

Voilà le bilan d’un pays qui prétend être «un phare brillant sur la colline» et «le dernier meilleur espoir du monde». C’est en effet une «phare brillant sur la colline» pour les exploiteurs et «le dernier meilleur espoir du monde» pour un système d’exploitation qui fait du travail de beaucoup la richesse de quelques-uns. Mais ce n’est ni l’émissaire d’un avenir meilleur, ni la sentinelle des opprimés, ni le défenseur des droits de l’homme, encore moins de ceux des musulmans.

 

La réponse de la Chine à l’islam radical

Le Xinjiang, officiellement la région autonome ouïgoure du Xinjiang, est un territoire du nord-ouest de la Chine avec une population de 25 millions d’habitants. Il partage des frontières avec huit pays: l’Afghanistan, l’Inde, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Mongolie, le Pakistan, la Russie et le Tadjikistan. Il abrite des dizaines de minorités. Les Ouïgours – un peuple musulman turcophone, principalement sunnite – constituent le plus grand groupe ethnique du Xinjiang.

Le Xinjiang est la première région productrice de gaz naturel de Chine. Il est traversé par un important tracé ferroviaire et par des pipelines reliant la Chine au reste de l’Eurasie.

Les Ouïghours ont une longue histoire de lutte armée visant à établir un contrôle politique sur un territoire qu’ils considèrent comme leur patrie. Dans la poursuite de cet objectif, ils ont opéré sous les bannières de l’islam et du turquisme. Les djihadistes ouïghours ont mené des attaques contre des civils à des fins politiques, c’est-à-dire qu’ils sont engagés dans le terrorisme.

En 2014:

  • Deux militants ouïghours ont organisé un attentat-suicide devant une gare à Urumqi, la capitale régionale, qui a blessé près de 80 personnes et fait un mort.
  • Des militants armés de couteaux se sont livré à un «attaque déchaînée dans une autre gare du sud-ouest de la Chine, tuant 31 personnes et en blessant plus de 140».
  • Des assaillants ouïghours «ont jeté des explosifs sur un marché de légumes à Urumqi, blessant 94 personnes et en tuant au moins 39». [32]

Cinq ans plus tôt, «156 personnes ont été tuées et plus de 1 000 autres ont été blessées lorsque des Ouïghours en colère ont attaqué des civils Han et se sont battus avec les forces de sécurité.» [33]

Notant que certains militants ouïghours avaient reçu ou étaient susceptibles de recevoir «une formation de guerre en Syrie et en Afghanistan» qu’ils pourraient utiliser «à tout moment pour lancer des attaques terroristes au Xinjiang»; [34] le gouvernement chinois a répondu par des mesures.

Le dirigeant chinois Xi Jinping a préconisé un programme en deux volets. Tout d’abord, développer l’économie pour donner du travail aux Ouïghours et les former aux compétences dont ils auraient besoin pour trouver un emploi. Cela étoufferait les troubles au Xinjiang, a soutenu Xi Jinping. Deuxièmement, mettre en œuvre des programmes éducatifs pour vaincre l’extrémisme religieux. [35] Telle était la raison d’être du programme de formation professionnelle et de «déradicalisation» des centres de détention.

Les détenus comprendraient:

  1. «Les personnes… qui ont participé à des activités terroristes ou extrémistes dans des circonstances qui n’étaient pas suffisamment graves pour constituer un crime;
  2. «Les personnes qui… ont participé à des activités terroristes ou extrémistes qui posaient un réel danger, mais n’ont pas causé de dommage réel;
  3. «Les personnes qui ont été reconnues coupables et condamnées à des peines de prison pour des crimes terroristes ou extrémistes et qui, après avoir purgé leur peine [ont] été jugées comme constituant toujours une menace pour la société. [36]

En d’autres termes, les détenus comprenaient des Ouïghours, inspirés par l’islam politique, qui ne purgeaient actuellement aucune peine dans le système pénitentiaire ordinaire et étaient considérés comme une menace terroriste en cours.

Les centres ont dispensé un programme comprenant «le chinois parlé et écrit standard, la compréhension de la loi, les compétences professionnelles et la déradicalisation», selon des documents gouvernementaux. [37] Les détenus ont été inscrits à des cours sur la distinction «entre les activités religieuses légales et illégales» et sur la compréhension de «comment l’extrémisme religieux va à l’encontre de la doctrine religieuse», dans le but de persuader les militants de renoncer à l’islam politique et à la lutte violente. [38]

En 2018, le Wall Street Journal a décrit le programme de détention de cette façon: «La Chine a commencé les détentions massives il y a environ deux ans dans le cadre d’une campagne visant à étouffer un mouvement séparatiste ouïghour parfois violent qui, selon Pékin, a des liens avec des djihadistes étrangers. Certains Ouïghours ont rejoint l’État islamique en Irak et en Syrie. » [39]

Les États-Unis ont vivement critiqué les centres de détention, mais ces critiques représentent le comble de l’hypocrisie. Réfléchissez à la manière dont les États-Unis ont traité les djihadistes violents, y compris les Ouïghours qui ont rejoint l’EI. Plutôt que de les réhabiliter et de leur donner des emplois, comme l’ont fait les Chinois, les États-Unis les ont torturés dans les prisons secrètes de la CIA, les ont immobilisés indéfiniment à Guantanamo Bay et ont déployé un programme de frappe de drones pour les assassiner.

L’hypocrisie américaine n’a pas échappé au célèbre reporter international, Patrick Cockburn. Il «serait naïf d’imaginer que l’intérêt soudain de l’Occident pour» le sort des Ouïghours, écrit Cockburn, «a beaucoup à voir avec» leur cause. «Le président Xi Jinping a été désigné comme le nouveau roi démon aux yeux des États-Unis et de leurs alliés, chaque action étant une preuve nouvelle du mal diabolique de l’État chinois. La critique américaine de Xi, a noté Cockburn, équivaut à une «manipulation de l’opinion publique» en attirant l’attention sur les actes de «leurs adversaires tout en taisant très bien des actes similaires… commis par eux-mêmes et leurs alliés». [40]

Tout cela est vrai, sauf que la réponse des États-Unis aux djihadistes violents et celle de la Chine peuvent difficilement être qualifiées de similaires. La réponse US a été basée sur une violence écrasante; la réponse chinoise est basée sur l’amélioration du niveau de vie et l’éducation.

Cette différence peut expliquer pourquoi «l’Organisation de la coopération islamique – un groupe de 57 nations qui a ardemment soutenu les Rohingyas et les Palestiniens» a «félicité la Chine pour avoir « pris soin de ses citoyens musulmans ».» [41] Et en juillet 2019, «une multitude de pays à majorité musulmane, dont l’Arabie saoudite, l’Iran, l’Égypte, la Syrie et les Émirats arabes unis», ont signé «une lettre au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies faisant l’éloge de la gouvernance chinoise du Xinjiang». [42]

On peut comparer cette approbation de l’approche chinoise à la condamnation par Amnesty International de l’approche étasunienne, citée plus haut. Pour rappel:

  • «Des gens sont détenus depuis des années au camp de détention de Guantánamo à Cuba sans même être inculpés d’un crime. Les prisonniers ont été torturés et maltraités et ne bénéficient pas de procès équitables.
  • «La surveillance et le ciblage des musulmans – en fonction de qui ils sont et non de ce qu’ils ont fait – ont alimenté le harcèlement, la discrimination et la violence.
  • «Pendant des années, le gouvernement américain a permis aux fonctionnaires de torturer des gens grâce à des techniques horribles qui violent le droit américain et international. Le président Trump a promis d’étendre encore davantage l’utilisation de la torture dans les années à venir. [43]

Si la réponse américaine a été résolument violente, la réponse des gouvernements à forte population musulmane a en revanche été similaire à celle de la Chine. L’Égypte et les États du Golfe détiennent des djihadistes et des islamistes radicaux et les enrôlent dans des programmes de «déradicalisation». [44] C’est cette similitude avec l’approche de la Chine, selon le Wall Street Journal, qui explique pourquoi les pays à majorité musulmane n’ont pas critiqué la Chine pour sa réponse à la violence islamiste, [45] et, au contraire, ont fait l’éloge de la Chine pour son traitement de sa population musulmane.

En revanche, les efforts de la Chine pour réprimer l’islam radical ont été décrits par le secrétaire d’État US Mike Pompeo comme orwelliens, une «violation flagrante des droits de l’homme» et «l’une des pires taches sur le monde de ce siècle». Mais le New York Times a observé que «les diplomates américains n’ont offert qu’une critique publique sourde» à la litanie d’abus anti-musulmans commis par le gouvernement hindou-nationaliste de Modi en Inde. Le silence étasunien sur l’Inde, a noté le journal, trouve son origine dans l’hostilité des États-Unis à l’égard de la Chine. «Les États-Unis et l’Inde s’opposent tous deux au projet chinois de la Nouvelle route de la soie visant à relier les économies d’Asie, d’Europe et d’Afrique – et à placer Pékin au centre du commerce mondial et à renforcer ses ambitions géopolitiques.» Pour éviter de s’aliéner le gouvernement Modi, Washington n’a soulevé aucune objection à la diabolisation de la communauté musulmane par le gouvernement hindoue-nationaliste en Inde. «Nous avons besoin de partenaires partageant les mêmes idées», a déclaré le secrétaire d’État adjoint John J. Sullivan à New Delhi en août, ajoutant que Washington devait préserver «la vitalité du partenariat américano-indien» afin d’enrôler l’Inde dans ses efforts pour contrer la Chine. [46]

Pendant ce temps, les actions de Paris pour étouffer l’islam radical en France sont acceptées par le gouvernement et les médias US avec sérénité, malgré leur ressemblance avec les actions de la Chine. Le président français Emmanuel Macron envisage d’interdire ce qu’il appelle le «séparatisme islamique» dans les communautés où, selon lui, «les lois religieuses priment sur les lois civiles». «Des groupes qui pratiquent des formes radicales d’islam, a déclaré M. Macron, essayaient de créer une société parallèle régie par des règles et des valeurs différentes de celles adoptées par la République.” Pour supprimer l’équivalent approximatif du mouvement séparatiste ouïghour d’inspiration islamiste, Macron cherche à obtenir l’autorisation de «fermer les associations et les écoles” qui, selon lui, «endoctrinent les enfants», tout en surveillant «les investissements étrangers dans les organisations religieuses en France. » [47]

«Les banlieues de la France – les banlieues ouvrières qui entourent ses grandes villes – sont devenues des terrains de recrutement fertiles pour les groupes islamistes. La France était l’une des principales sources occidentales de militants pour l’État islamique lorsque le groupe terroriste contrôlait des parties de l’Irak et du nord de la Syrie. Des centaines de ressortissants français se sont rendus sur le territoire de l’État islamique, dont beaucoup avec des enfants. D’autres ont organisé des attentats terroristes en France qui ont tué plus de 250 personnes au cours des cinq dernières années.” [48] ​​Les parallèles avec les Ouïghours d’inspiration islamiste à Xianjang sont évidents, bien qu’ils n’aient jamais été relevés par les médias ou les responsables US.

Récemment, «deux personnes ont été grièvement blessées dans une attaque au couteau près de l’ancien bureau du magazine satirique Charlie Hebdo» [49]. Ce qui aurait dû rappeler «une attaque à la bombe et au couteau en avril 2014 qui avait secoué la capitale du Xinjiang, Urumqi». [ 50] Mais dans la frénésie occidentale visant à construire une sombre légende chinoise, ce rappel s’est perdu.

Paris «travaille sur un plan depuis des années pour lutter contre l’islam radical. Il a récemment commencé à déployer des programmes pilotes dans 15 domaines différents. Depuis février 2018, il a fermé 212 bars et restaurants, 15 mosquées ou salles de prière, 13 associations, 11 foyers pour enfants et quatre écoles.» [51]

Adrian Zenz, le propagandiste soutenu par le gouvernement US pour construire une sombre légende anti-chinoise ne compte pas diriger une mission divine pour détruire la France républicaine qui serait coupable de “supprimer” et “d’infliger de mauvais traitements” à sa population musulmane. Toutefois, si la France était un redoutable concurrent économique des États-Unis, réfractaire à l’idée que les États-Unis doivent diriger le monde et écrire les règles du commerce international (dans l’intérêt de la classe dirigeante US), son indignation contre Marianne pourrait très bien être suscitée.

Les partisans de l’effort US pour contrer la concurrence économique chinoise ont construit une sombre légende qui sert de base aux attaques contre la Chine sur les droits de l’homme. Ils sont même allés jusqu’à accuser Pékin d’avoir commis un génocide contre les Ouïghours. Si la réhabilitation des djihadistes est génocidaire, alors les États du Golfe, la Syrie, l’Égypte, la France et tous les autres pays qui ont mis en œuvre des programmes de «déradicalisation» sont engagés dans un génocide contre leurs citoyens musulmans. Dans la mesure où la réponse des États-Unis à l’islam radical est d’exterminer les islamistes radicaux (et non de les réhabiliter), on peut affirmer que ce sont les États-Unis qui sont en train de perpétrer un génocide.

De plus, si le génocide implique la réduction de la population, les charges retenues contre Pékin s’effondrent. Les femmes ouïghoures sont autorisées à «donner naissance à plus d’un enfant sans avoir à payer d’amende, contrairement aux Han» [52] – ce qui n’est guère le genre de politique que l’on attend d’un gouvernement voué au génocide. «Entre 2010 et 2018, la population ouïghoure du Xinjiang est passée de 10,17 millions à 12,71 millions, soit une hausse de 25%, un taux de croissance bien supérieur à celui de la population Han ou de l’ensemble de la population du Xinjiang. Il y a 24 000 mosquées dans la région, une pour 530 musulmans », un ratio plus élevé que dans de nombreux pays musulmans. [53]

Non seulement la Chine n’est pas en train de commettre un génocide, mais ses efforts pour réhabiliter les militants violents d’inspiration islamiste seraient selon la propagande goebbelsienne de Pomeo une tâche sur l’humanité. En réalité, ces efforts portent en grande partie la même empreinte que les programmes de «déradicalisation» menés par les pays alliés des États-Unis qui comptent des populations musulmanes importantes. De plus, cette approche est beaucoup plus défendable que la pratique préférée des États-Unis consistant à traiter l’islam radical par des campagnes de bombardements, des sites de torture secrets, des détentions indéfinies, des assassinats, une occupation illégale (Syrie) et une guerre prédatrice (Afghanistan). Les actions étasuniennes ont deux objectifs: supprimer le défi que posent les islamistes radicaux à la domination US dans les mondes arabe et musulman; remplir les coffres de la classe dirigeante US avec les bénéfices des ventes d’armes.

La construction de cette sombre légende chinoise sur les Ouighours sert également un objectif de la politique étrangère US, comme l’a révélé l’un des lieutenants les plus appréciés de la classe dirigeante étasunienne, Joseph Biden. L’objectif est de contrer le défi posé par la Chine à un avenir dans lequel les investisseurs US monopolisent les opportunités de profit des industries de demain. Selon un article de foi bipartite, autant partagé par Trump que Biden, les États-Unis doivent diriger le monde. Tout pays qui défie la dictature internationale des États-Unis deviendra l’objet d’une campagne de diffamation qui se manifestera par la construction d’une sombre légende. La classe dirigeante US voit sa dictature internationale confrontée à un redoutable défi que pose le Parti communiste. Si bien que pour la contrer, elle a préparé une redoutable guerre de l’information, aux accents goebbelsiens.

 

Source originale: Le blog de Stephen Gowans

Traduit de l’anglais par Investig’Action

 

Notes:

1 Joseph R. Biden, “Why America Must Lead Again,” Foreign Affairs, March/April, 2020

2 Jacob M. Schlesinger, “What’s Biden’s New China Policy? It Looks a Lot Like Trump’s,” The Wall Street Journal, September 10, 2020

3 Josh Zumbrun and Daniel Michaels, “Boeing Subsidies Merit EU Tariffs on $4 Billion in U.S. Goods, WTO Rules,” The Wall Street Journal, October 13, 2020

4 Daniel Yergin, “The New Geopolitics of Energy,” The Wall Street Journal, September 11, 2020

5 S. Korea, US, China, Taiwan embroiled in fierce competition to dominate AI semiconductors, The Hankyoreh,  October13, 2020

6 Jacob M. Schlesinger, “What’s Biden’s New China Policy? It Looks a Lot Like Trump’s”, The Wall Street Journal, September 10, 2020

7 See my “Washington’s Xinjiang smear,” what’s left, January 1, 2020, https://gowans.blog/2020/01/01/washingtons-xinjiang-smear/

8 Hernando Calvo Ospina, “US: overt and covert destabilization,” Le Monde Diplomatique, August, 2007, https://mondediplo.com/2007/08/04ned

9  David D. Kirkpatrick, “The most powerful Arab ruler isn’t MBS, it’s MBZ,” The New York Times, June 2, 2019

10 Robert E. Worth, “Mohammed bin Zayed’s dark vision of the Middle East’s future,” The New York Times, January 9, 2020

11 Kirkpatrick, June 2, 2019

12 Kirkpatrick, June 2, 2019

13 Kirkpatrick, June 2, 2019

14 Mark Mazzetti and Emily B. Hager, “Secret Desert Force Set Up by Blackwater’s Founder,” The New York Times, March 14, 2011.

15 Robert E. Worth, “Mohammed bin Zayed’s dark vision of the Middle East’s future,” The New York Times, January 9, 2020

16 Kirkpatrick, June 2, 2019

17 Ruth Eglash and Karen DeYoung, “Peace deal or arms race? Proposed sale of F-35 jets to UAE prompts fears in Israel”, The Washington Post, September 14, 2020

18 Kirkpatrick, June 2, 2019

19 Miriam Berger, “Where US troops are in the Middle East and Afghanistan, visualized,” The Washington Post, January 4, 2019

20 Kirkpatrick,  June 2, 2019

21 Robert E. Worth, “Mohammed bin Zayed’s dark vision of the Middle East’s future,” The New York Times, January 9, 2020

22 William Appleman Williams, The Tragedy of American Diplomacy, W.W. Norton & Company, 1972, p. 20

23 Seymour M. Hersh, “Chain of Command”. The New Yorker, May 17, 2004.; Mark Benjamin, “Taguba denies he’s seen abuse photos suppressed by Obama: The general told a U.K. paper about images he saw investigating Abu Ghraib – not photos Obama wants kept secret”, Salon.com, May 30, 2008 ; Seymour M. Hersh, “The general’s report: how Antonio Taguba, who investigated the Abu Ghraib scandal, became one of its casualties”, The New Yorker, June 25, 2007

24 Glenn Greenwald, “The suppressed fact: Deaths by US torture,” Salon.com, June 30, 2009

25 Seaumus Milne, “Sending troops to protect dictators threatens all of us,” The Guardian, December 10, 2014  

26 Roberta Rampton and Steve Holland, “Obama says that after 9/11, ‘we tortured some folks’”, Reuters, August 1, 2014

27 Milne, December 10, 2014.

28 “US convoy transports stolen Syrian oil to Iraq: SANA,” Press TV,  20 September 2020

29 Patrick Cockburn, “A choice between bread and masks’: Syrians face calamity as Trump’s new sanctions combine with surging coronavirus,” The Independent, August 21, 2020

30 “Lawrence Wilkerson on Trump’s Iran aggression: same neocon lies, new target,” The Grayzone, January 7, 2020.

31 Amnesty International, NATIONAL SECURITY & HUMAN RIGHTS, https://www.amnestyusa.org/issues/national-security/

32 Austin Ramzy and Chris Buckley, “‘Absolutely No Mercy’: Leaked Files Expose How China Organized Mass Detentions of Muslims,” The New York Times, November 16, 2019

33 Edward Wong, “Clashes in China Shed Light on Ethnic Divide”, The New York Times, July 7, 2009

34 Ramzy and Buckley, November 16, 2019

35 Ramzy and Buckley, November 16, 2019

36 “Vocational Education and Training in Xinjiang: The State Council Information Office of the People’s Republic of China,” Foreign Languages Press Co. Ltd., Beijing, China August 2019

37 “Vocational Education and Training in Xinjiang: The State Council Information Office of the People’s Republic of China,” Foreign Languages Press Co. Ltd., Beijing, China August 2019

38 “Vocational Education and Training in Xinjiang: The State Council Information Office of the People’s Republic of China,” Foreign Languages Press Co. Ltd., Beijing, China August 2019

39 Eva Dou, “China acknowledges re-education centers for Uighurs,” The Wall Street Journal, October 10, 2018

40 Patrick Cockburn, “The rise of nationalism has led to increased oppression of minorities around the world – but the Uighur and Kashmir are reported differently,” The Independent, August 7, 2020

41 Jane Perlez, “With pressure and persuasion, China deflects criticisms of its camps for Muslims,” The New York Times, April 8, 2019

42 Jon Emont, “How China persuaded one Muslim nation to keep silent on Xinjiang camps,” The Wall Street Journal, December 11, 2019

43 Amnesty International, NATIONAL SECURITY & HUMAN RIGHTS, https://www.amnestyusa.org/issues/national-security/

44 Jared Malsin, Corinne Ramey, and Summer Said, “ Shooting at navy base in Florida is probed as terrorism,” The Wall Street Journal, December 8, 2019

45 Yaroslav Trofimov, “The Muslim world looks on as China persecutes its Muslims,” The Wall Street Journal, February 21, 2019

46 Lara Jakes, “Why the State Dept. has largely been muted on India’s moves against Muslims,” The New York Times, December 17, 2019

47  Noemie Bisserbe, “France’s Emmanuel Macron Targets ‘Islamic Separatism’ With Proposed Law”, The Wall Street Journal, October 2, 2020

48 Bisserbe, October 2, 2020

49 Bisserbe, October 2, 2020

50 Chun Han Wong, “Xi Says China Will Continue Efforts to Assimilate Muslims in Xinjiang”, The Wall Street Journal, Sept. 26, 2020

51. Bisserbe, October 2, 2020

52  Edward Wong, “Clashes in China Shed Light on Ethnic Divide,” The New York Times, July 7, 2009

53 Li Mengyuan, “A flawed investigation of the Uighurs”, The Washington Post, September 11, 2020

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