La République de Tarnobrzeg, une République paysanne autogérée à l’aube de la Pologne indépendante

Du 6 novembre jusqu’à fin 1923, un puissant mouvement paysan radical et massif, appelé déjà à l’époque la République de Tarnobrzeg, a occupé le territoire du canton de Tarnobrzeg, Nisko, Mielec, Kolbuszowa, des localités du Sud Est de la Pologne actuelle. Ce mouvement de „soviets” peut être considéré comme la version polonaise de la Révolution bolchévique. Cette région était alors l’une des plus pauvres du territoire polonais.

80% des 77 000 habitants du canton étaient des paysans pauvres possédant des surfaces de moins de 5 ha alors que la moitié de toute la terre était détenue par 10 familles aristocratiques. Une population nombreuse d’ouvriers agricoles entièrement dépourvus de la moindre parcelle de terre et de logement personnel travaille pour ces latifundiums. La région souffrit aussi beaucoup des destructions dues aux activités militaires successives par les armées russes et autrichiennes pendant la 1ère guerre mondiale. La Révolution russe, le retour des prisonniers de guerre qui l’avait vécue, puis la capitulation des empires centraux ont conduit à la dissolution des forces armée autrichiennes. Les soldats paysans rentraient au pays armés et forts d’une expérience militaire et politique inédite, bien décidés à changer leur situation sociale. La réforme agraire était leur revendication principale. Pendant 6 ans les habitants des villages autour de Tarnobrzeg se mobiliseront continuellement pour cette cause.

Comment la Révolution éclata à Tarnobrzeg

Lorsque les Empires centraux s’écroulent, les organisations indépendantistes polonaise créent ensemble avec les classes possédantes du pays la Commission Polonaise de Liquidation dont l’objectif est de construire une administration polonaise. Mais le peuple de paysans dévoile également alors ses objectifs et son désir de prendre le pouvoir. Le 2 novembre 1918 le prêtre Eugeniusz Okoń organise à Radomyśl une marche vers la rivière San, le lieu de l’ancienne frontière entre l’Empire austro-hongrois et la Russie tsariste. Les manifestants détruisent les bornes et symboliquement réunissent les deux parties du territoire polonais occupé et divisé depuis 1795. Dès le 6 novembre 1918 sur la place centrale de la ville de Tarnobrzeg, sous le monument à la gloire du paysan chef indépendantiste Bartosz  Głowacki 30 000 paysans se réunissent en assemblée. Les leaders du mouvement Tomasz Dąbal et Eugeniusz Okoń y tiennent des discours dénonçant le pouvoir de la noblesse et appelant à occuper les domaines des familles nobles de la région. Lors de cette assemblée les participants créent un Comité Populaire du Canton dont le nom Comité Révolutionnaire reflète bien la situation de dualité de pouvoir similaire à la période consécutive à la révolution de février russe. La République de Tarnobrzeg soutient le gouvernement populaire du socialiste Ignacy Daszyński, premier gouvernement de la Pologne indépendante. Les objectifs de la République sont les réformes agraires, la modernisation de l’agriculture paysanne et l’industrialisation de la région. Les leaders paysans sont alors élus au premier Parlement de la Pologne indépendante en tant que membre du Parti Paysan Populaire „Libération”. Les classes possédantes tentent dès le début de réprimer le mouvement, mais la révolution paysanne est si puissante, si radicale, si bien organisée qu’elles ne peuvent en venir à bout pendant trois ans. Ce n’est que lorsque le député Tomasz Dąbal est accusé de trahison au profit de l’Union Soviétique et que les forces des paysans s’épuisent à la suite longues années de luttes que la noblesse et la nouvelle classe politique polonaise finissent par écraser le mouvement paysan et soumettre les campagnes à son pouvoir.

Les sources historiques

Sous la Pologne Populaire, l’histoire de la République de Tarnobrzeg appartenait au canon de l’histoire officielle, mais uniquement en tant qu’épisode régional. La propagande locale racontait régulièrement la saga de ces paysans en lutte pour leur émancipation, mais plus Tarnobrzeg se transformait et perdait son caractère agricole pour devenir une région industrielle, plus le souvenir des remuants militants paysans se perdait et rien n’était fait réellement pour intéresser les jeunes générations au passé de leur ancêtres. Une des routes menant à la ville portait bien le nom de Tomasz Dąbal et tout le monde savait qui il était. Mais lorsque vint la décommunisation de 1990, la débaptisation de cette rue ne rencontra pas d’opposition plus large que celle de quelques militants d’organisations de gauche. Curieusement la Pologne Populaire n’avait même pas érigé une stèle commémorative à la mémoire de Dąbal et Okoń. Les raisons de cette négligence sont certainement complexes. L’une d’elle a pu être le désir précoce des habitants de cette région de se „moderniser”, c’est à dire de quitter leur condition de paysan, devenir des urbains et donc de se couper de l’histoire de leurs familles.

Néanmoins au cours des années 50 et 60 des historiens du mouvement paysan polonais rassemblent et mettent à l’abri les sources relatives à la République de Tarnobrzeg. Kazimierz Dunin-Wąsowicz et Władysław Piątkowski publient des documents, analysent la presse locale, écrivent des encyclopédies du mouvement paysans polonais. En 1959 est ouvert l’Institut d’Histoire du Mouvement Paysans et les Cahiers du Mouvement Paysans qui éditent des monographies sur chaque région. Les mémoires des leaders tels que Witos, Stapiński, Bojko, Madejczyk, Słomka sont publiés. Jerzy Danielewicz travaille sur les documents personnels de Tomasz Dąbal que lui confie la fille de celui-ci, Maria. Il analyse les comptes rendus des sessions du parlement et transcrit les témoignages de participants au mouvement qui vivent encore en 1958, l’année de ses recherches. Zdzisława Trawińska et Stanisław Czerpak sont auteurs d’articles dans le recueil „ La République de Tarnobrzeg, faits et documents” édité par la ville de Tarnobrzeg en 1982. Ces auteurs analysent des documents accessibles au sein des archives du POUP, des archives policières et les archives du bureau du 1er ministre de la Seconde République. Les publications nouvelles, comme le livre „Tarnobrzeg histoire de la ville, tome 1 1593-1939” sous la rédaction de Feliks Kiryk, en accord avec l’esprit du temps font la part belle aux actions des adversaires de Dąbal et Okoń en citant abondamment les écrits du chef de la noblesse locale Zdzisław Tarnowski et de ses soutiens. Cependant les deux parties en présence s’accordent sur le déroulé des faits, c’est l’interprétation des faits qui concorde avec l’intérêt de classe des auteurs d’ouvrages.

La situation sociale et le mouvement paysan à Tarnobrzeg en 1918

Bien que la pudeur paysanne ait empêché la transmission dans les familles des informations concrètes sur le mode de vie de nos ancêtres, tout ceux qui sont originaires de cette région savent de quoi cette vie avait l’air dans ce triangle de 20 km sur 30km au confluent de la Vistule et du San. Tout comme aujourd’hui tout le monde est au courant de la misère capitaliste et de l’émigration malgré l’absence de rapports officiels. Tarnobrzeg et sa région était en réalité la propriété des familles nobles des Tarnowski, des Lubomirski, des Dolański et des Horodyński. Ce qui n’appartenait pas à l’aristocratie était propriété de l’Eglise, y compris les nombreuses forêts. Tarnobrzeg (environ 3000 habitants), Rozwadów, Radomysł, Baranów étaient habitées par une population modeste de commerçants et d’artisans juifs. Le comte Zdzisław Tarnowski avec son latifundium de 9322 ha de terre arables et de forêts dominait la région économiquement et politiquement. Un des symboles de la persistance du féodalisme était le monopole de la chasse que Tarnowski détenait ici depuis le moyen âge dans 25 villages autour de son château de Dzików. Tarnowski décidait même qui des paysans avait le droit de partir «chercher son pain en Amérique » car même le bureau de placement des émigrants lui appartenait ! Tarnowski ne cherchait absolument pas à investir dans l’industrie, mis à part une manufacture de vodka qui lui apportait de bons bénéfices. Il refusait même d’exploiter les gisements de souffre qui venaient déjà d’être découverts dans son village de Jeźiórko et qui feront la fortune de la ville sous la Pologne Populaire. Il fut un loyal collaborateur du pouvoir impérial à Vienne, député conservateur et président du Parti National de Galicie occidentale. Jan Słomka, maire du village de Dzików et membre du Parti Paysan modéré Piast, décrivait dans ses mémoires la haine que les paysans vouaient à Tarnowski en tant que modèle parfait du « Seigneur » tout droit issu de l’ancienne Pologne d’avant 1795. Malgré l’absence d’écoles et un analphabétisme massif, les paysans locaux étaient convaincus que le 20 siècle verrait l’abolition définitive des restes de la féodalité[1].

Dans les villages de Podłęże, Sielec, Sobów, Stale, Grębów, Furmany proches de Tarnobrzeg on peut encore apercevoir les modestes maisons en bois de deux pièces construites dans les années 1918-30 qui appartenaient à des familles déjà considérées comme aisées. Les familles paysannes construisaient ces maisons avec l’argent économisé lors de leur dur travail migratoire aux Etats Unis. Les femmes et les hommes y restaient de longues années, de 10 à 20 ans, et travaillaient dans les abattoirs et les fonderies de Chicago. Ce type de maison était destiné à trois générations, c’est à dire pas moins de 7 à 10 personnes. Avec les économies de toute une vie la famille construisait aussi les bâtiments de l’exploitation – la grange, l’étable, la porcherie, également en bois, et pouvait acheter une ou deux vaches, un cheval, deux cochons, ainsi qu’un à deux hectares de terre. On édifiait les maisons soi-même grâce à une organisation d’entraide villageoise bien rodée mais le bois il fallait l’acheter chez Tarnowski… Ceux qui ne pouvaient émigrer ou dont l’émigration tourna au fiasco du fait des accidents au travail et des maladies, ces paysans vivaient à dix dans une seule pièce d’une maisonnette avec sol en terre battue. Dans les années 80 et 90 on pouvait encore apercevoir çà et là dans certaines cours d’exploitations traditionnelles ces « cuisines d’été», en fait ces anciennes pièces de vie et de survie des plus pauvres. Les paysans pauvres se nourrissaient de seigle, de chou, de pommes de terre, de champignons et de myrtilles cueillies dans les bois. Ils n’avaient ni vaches, ni chevaux et leurs enfants ne consommaient pas de lait. C’étaient les vraies raisons de la révolte de Tarnobrzeg. 

Malgré de si grandes difficultés à vivre, les paysans de Tarnobrzeg participaient au mouvement de renaissance patriotique intense au début du 20eme siècle dans les régions polonaise sous domination austro-hongroise. Le mouvement paysan bénéficiait alors de la liberté d’organiser des écoles en langue polonaise, d’ouvrir des salles de lectures, des cercles de formation pour adultes, de créer des associations d’entre-aide et d’éducation pour le peuple. Ces activités eurent comme résultat la politisation du peuple et l’augmentation de sa conscience nationale même chez les paysans les plus pauvres. Dans les années 1895-1897 les villageois prennent massivement part aux différentes manifestations patriotiques : commémoration de l’anniversaire de la bataille de Raclawice, du début de l’Insurrection de Janvier[2]. Le 9 septembre 1904 a lieu sur la place centrale de Tarnobrzeg la cérémonie de dévoilement de la statue de Bartosz Głowacki, symbole des luttes paysannes pour l’émancipation, personnage historique et mythique du patriotisme populaire polonais : Głowacki fut un lieutenant du Jacobin Tadeusz Kościuszko dans la première insurrection à la fois nationale et antiaristocratique en 1794. Ce monument est jusqu’à ce jour un symbole de la ville, même si peu nombreux sont les citoyens d’aujourd’hui à se rendre compte des circonstances de sa construction à l’âge d’or du mouvement paysan local. Głowacki porte la fameuse „faux verticale”, l’arme paysanne par excellence : la faux sert à faucher le foin et le blé mais peut devenir une redoutable baïonnette dressée verticalement au bout de son bâton. En 1909 plusieurs milliers de personnes commémorent dans le village de Wrzawy au confluent de la Vistule et du San la bataille qui s’y déroula entre l’armée du Grand-Duché de Varsovie -donc l’armée napoléonienne et ses alliées polonais- et l’armée des Habsbourg. Même si ces cérémonies étaient organisées par les conservateurs proches des nobles, elles forgeaient chez les paysans le sentiment d’appartenir à une communauté nationale et les préparaient ainsi à la politique. Il faut y ajouter le souvenir des jacqueries violentes de 1846 dirigées par Jakub Szela qui entretenaient parmi les paysans le ressentiment anti-noble. Pendant 100 ans le gouvernement de Vienne avait pu manipuler ce ressentiment à son profit en opposant le „bon empereur” aux „méchants nobles”.

Mais à l’orée du 20e siècle, ces techniques de manipulation semblaient avoir vécu. L’autorité de l’empereur s’effritait alors que les organisations paysannes et ouvrières s’émancipaient politiquement et idéologiquement. De nouvelles élites paysannes apparaissent. Ce ne sont pas toujours les plus riches des villages. Souvent le leader local est un homme qui a travaillé aux Etats Unis comme ouvrier migrant, il a vu le monde, a appris à lire et à écrire et de retour au village il introduit de nouvelles méthodes de culture et utilise de nouveaux outils. La formation autodidacte est très répandue tout comme aujourd’hui dans cette région[3] – les leaders paysans lisent la littérature polonaise et étrangère, des ouvrages d’histoire et de politique, écrivent des articles pour la presse locale en plein essor. Des fils de paysans parviennent à faire des études supérieures à Cracovie et à Vienne et deviennent instituteurs de campagne. En 1914, 14% des étudiants à l’Université Jagellon sont fils de paysans. En bref, les campagnes bougeaient et les carcans paternalistes hérités de l’ancien régime commençaient à devenir insupportables. De plus, la loi austro-hongroise de 1866 créa une administration locale élue et ainsi l’élite villageoise fut incitée à prendre en charge et à organiser des structures locales – écoles primaires, coopératives, services de pompiers… Les chefs politiques tels que Dąbal et Okoń n’ont donc pas surgi de nulle part. La participation des villageois dans les élections de 1919 et 1922 atteste d’un fort engagement et d’une conscience politique aiguisée, certainement bien plus massive que ce qu’il en est aujourd’hui dans ces mêmes endroits.

Les premières Assemblées populaires paysannes de Révolution de Tarnobrzeg

L’offensive de l’armée autrichienne menée contre la Russie en été 1915 fut très destructrice pour les populations de la région. Les armées brûlaient les maisons et les provisions de nourriture et de fourrage – il ne faut pas oublier que quasiment toutes les constructions étaient faites de bois à la campagne comme à la ville. Les ouvriers agricoles ne gagnaient que 50 Marks par jour pour 18 heures de travail alors qu’il en fallait 100 pour juste se nourrir. Ainsi la population se révolta et réclama la fin de la guerre. Les soldats déserteurs cachés dans les forêts deviennent les plus ardents promoteurs de la révolte. Lorsque l’armée austro-hongroise se désagrège en septembre 1918 les citadins de Tarnobrzeg chassent les représentants du pouvoir de Vienne et élisent comme „starosta”[4], gouverneur temporaire, Stefan Grzywacz, maire de la commune rurale de Gorzyce, un conservateur politique. Mais un autre groupe de nationalistes nomme l’ingénieur Henryk Stary commissaire-maire. Celui-ci, aidé d’un détachement des Légions Polonaises[5] , commence à désarmer les soldats autrichiens, qui, mobilisés de force ne se font pas prier pour partir et prennent le chemin de leurs villages en Hongrie, Slovaquie, Serbie, Croatie, afin d’y construire leurs Etats indépendants. Ces nouvelles instances administratives acceptent l’autorité de la Commission de Liquidation Polonaise dirigée par l’épiscopat et les classes possédantes. Cependant, les paysans ne sont pas d’accord et le font savoir dès le 1er novembre alors que Tomasz Dąbal rentre dans son village ayant abandonné l’armée de Vienne où il avait acquis le grade de lieutenant. 

Tomasz Dąbal est né en 1890 dans le village de Sobów, situé sur la ligne de chemin de fer à 3 km de Tarnobrzeg. Il était le fils d’un charpentier spécialisé dans les structures des imposantes digues construites sur la Vistule contenant un fleuve régulièrement sujet à de puissantes inondations. Le leader paysan put achever des études secondaires au lycée de Dębica puis tenta de poursuivre des études de droit à Vienne et de médecine à Cracovie. Membre actif du Parti Paysan, il milita pour l’ouverture d’un lycée agricole et d’une Maison de la Culture pour le peuple de la région. Il fut envoyé sur le front en Russie, en Albanie et en Italie où il fut prisonnier. De retour dans sa ville natale, il propose au nouveau pouvoir de créer une milice populaire pour assurer l’ordre. Le commandant de l’armée, le lieutenant des Légions Polonaises Czopek venait d’arriver de Cracovie. Se fiant à l’expérience militaire de Dąbal et ne connaissant pas les forces sociales sur le terrain, Czopek lui confie cette tâche ainsi que le matériel nécessaire pour équiper un détachement de 1000 hommes. Les élites locales ont regretté leur erreur initiale mais ce fut trop tard : la „milice de Dąbal” fit rapidement concurrence à la gendarmerie des Légions. C’est grâce à la protection de ses hommes et en collaboration avec le prêtre Eugeniusz Okoń de Radomyśl, déjà leader local et ancien député au parlement de Vienne en 1913-1914, que Dąbal organise le rassemblement du 6 novembre 1918 lors duquel 30 000 paysans prennent le pouvoir sur la place du marché sous le monument de Bartosz Głowacki[6]. Les paysans tentent de prendre d’assaut l’église des Dominicains où les nationalistes liés à Tarnowski ont organisé une messe patriotique. De fortes délégations des régions de Sandomierz et de Lublin sont venues en charrette. La population urbaine juive vivant autour de la place assiste par la force des choses au meeting. La ville devient le centre d’un combat pour une Pologne nouvelle. Eugeniusz Okoń, Tomasz Dąbal et Franciszek Krempa proclament la République de Tarnobrzeg dont les objectifs sont la confiscation des terres de la noblesse et leur attribution aux paysans pauvres, la nationalisation des forêts et des biens de l’Eglise et enfin, la création d’une Pologne indépendante en tant que République Populaire.

Il est très important de souligner que cette assemblée n’était pas juste une manifestation. Les participants se considéraient comme le Peuple et l’Assemblée comme un Parlement détenant la souveraineté suprême. C’est ainsi que par acclamation l’Assemblée élisait Dąbal en tant que commandant des forces de police et lui attribua le grade de colonel – il était connu comme fils du village de Sobów et militant paysan. L’Assemblée annula les mandats des comtes Tarnowski, Lasocki et de l’ingénieur Rossner élus avant la guerre au parlement de Vienne. Les paysans décidèrent de la création d’un nouveau Parlement Régional – Sejmik- et de l’élection de nouveaux députés pour ce parlement, à raison d’un pour 1000 personnes. Le scrutin devait être secret et le droit de vote incluait les femmes. Ce fut donc une période d’une sorte de dictature du prolétariat. Le Conseil Paysan du Powiat (Canton) faisait office de gouvernement local mais c’est l’Assemblée qui devait élire les administrateurs des communes. Les Assemblées Paysannes se succédèrent chaque mercredi et chaque samedi sur la place du marché. Les paysans continuaient la création de leur propre administration. Ils choisirent un Présidium du Conseil des Paysan ainsi que des commissions dont les membres étaient responsables chacun d’une thématique : approvisionnement, reconstruction, aide sociale, éducation etc. C’est le Conseil Paysan du Canton qui envoya à Lublin un représentant afin de prendre contact avec le Gouvernement Provisoire de la République Populaire de Pologne dirigé par le leader du Parti Socialiste Ignacy Daszyński. Le Présidium du Conseil englobait toutes les forces politiques de gauche, des radicaux comme Dąbal, Okoń mais aussi des modérés liés au Parti Paysan Piast. Cependant les radicaux établirent également un Comité Révolutionnaire dont les 32 membres dirigeaient les événements et tous étaient des proches de Tomasz Dąbal: Wincenty Buczek, Jan Gruszczyński, Kazimierz Kulczycki, Jan Kubicki, Wincenty Drąga, Franciszek Jajko, Feliks Brania, Józek Spyta. Tous étaient des paysans ou des ouvriers, des cheminots, des ingénieurs d’origine paysanne.

Le nombre des paysans rassemblés sur la place du marché deux fois par semaine était dix fois supérieur au nombre d’habitants de la ville. La radicalisation des consciences ne tarda pas à se heurter à la répression menée par les classes possédantes. Dès le 13 novembre 1918 les autorités de la ville – autoproclamées également puisqu’il n’y avait pas eu encore d’élections – envoyèrent une patrouille de 8 soldats vite désarmée par les paysans. Alors les classes possédantes firent appel à la cavalerie stationnée dans la ville de Dębica. Mais les paysans et les ouvriers agricoles des exploitations de Tarnowski issus du village le plus proche Grębów marchent sur la ville. Ils et elles ne reculent que sous la pression des mitrailleuses, mais alors ils occupent les terres de Tarnowski et les partagent entre eux. A Dzików, village où se trouve le château de Tarnowski, les femmes et les adolescents chassent l’ancien maire Słomka et élisent par acclamation le paysan Jana Stala. Jan Słomka, un militant paysan modéré, accepte de se soumettre au pouvoir du peuple et transmet les documents de la commune au nouveau maire.

Voyant l’insurrection s’approcher de sa demeure, Zdzisław Tarnowski forme sa propre milice d’autodéfense composée de militant du Parti National et de ses obligés. Mais la Commission de Liquidation, craignant les émeutes, décide alors de faire quelques concessions dans l’espoir que l’élection du premier Parlement (Sejm) de la Pologne indépendante va calmer les esprits. Ainsi l’Armée Polonaise confirme le grade de Dąbal et son poste de commandant des forces militaires du canton. Le leader paysan, en accord avec les décisions de l’Assemblée populaire, souligne sa loyauté envers le gouvernement de la Pologne renaissante. Mais la Commission de Liquidation a nommé comme „commissaire du canton” le docteur Łącki, un homme de Tarnowski. Habilement, celui-ci reconnait les décisions des Assemblées Populaires. Ainsi le Conseil Paysan du Canton ne cherche pas à lui nuire, lui demandant seulement de s’acquitter des tâches urgentes de construction, d’approvisionnement, de lutte contre le chômage et la spéculation. L’Assemblée Populaire continue donc de se réunir deux fois par semaine à Tarnobrzeg et de prendre des décisions dans une véritable démocratie directe digne d’Athènes. Les assemblées grossissent avec l’arrivée de paysans des autres cantons de Mielec et Kolbuszowa. Ainsi commence la campagne électorale pour les premières élections de la Pologne nouvelle. Dąbal, Okoń, Krempa, Sudoł et Marchut seront élus au Parlement et l’élection des 5 mousquetaires paysans va effectivement apaiser les esprits. Cependant l’hiver 1918-1919 est très dur pour les pauvres. Des paysans affamés attaquent les réserves et les maisons des possédants. Les riches commerçants et les nobles terrorisés partent à Cracovie. Tarnowski tente de faire sortir de Dzików une cargaison de blé ainsi que sa bibliothèque mais les paysans l’en empêchent. Ils considèrent déjà que non seulement le blé leur appartient, mais également que les trésors intellectuels et artistiques de la noblesse sont des biens de la Nation. La Pologne Populaire mettra en œuvre leurs idées en instituant une politique moderne d’accès à la culture et de création de musées.

 

Les élections pour le Premier Parlement Polonais et la lutte politique

La campagne électorale pour les premières élections du Parlement de la Pologne renaissante se déroulèrent dans une atmosphère de protestations violentes et de tentatives de réalisations immédiates de la réforme agraire. Après un grand meeting du 18 décembre 1918 le pouvoir militaire donne l’ordre d’arrêter Dąbal et Okoń. Eugeniusz Okoń est arrêté lors d’un meeting mais Dąbal parvient à se cacher dans son village natal. Les paysans laissent éclater leur colère devant l’arrestation de leur leader. Le Comité Révolutionnaire parvient à faire relâcher Okoń à la suite de manifestations massives. Mais le 8 janvier 1919 les paysans de Mokrzyszów prennent le blé d’un entrepôt de Tarnowski alors que les villageois de Stale, Żupawa, Jeziórko i Grębów „réquisitionnent” les chevaux, le bétail ainsi que les pommes de terre dans une grange du latifundium et partagent ces biens entre les familles les plus pauvres. Le 11 janvier ils attaquent le manoir du noble Dolański et ici également enlèvent les réserves de nourritures, les volailles et les outils agricoles. Ils refusent de payer les dettes et le métayage.  Lorsque les autorités militaires envoient une division entière contre les villages révoltés, les paysans ne sont plus capables de faire face à des soldats qui n’ont aucun lien avec le territoire contrairement à la gendarmerie locale. Les militaires fouillent les maisons des villageois, réquisitionnent les biens, trouvent 2000 fusils et arrêtent 350 personnes. Ce qui fut ressenti comme l’injustice la plus dure furent les punitions corporelles – coups de fouets- infligées à 4000 personnes. Les paysans et leurs leaders luttaient en effet pour leur dignité, pour la fin des privilèges féodaux et justement ce type de châtiment moyenâgeux montrait bien que la Pologne indépendante retournait rapidement au mépris des seigneurs pour les manants propre à l’Ancien régime. En tant que député Tomasz Dąbal critique abondamment les châtiments corporels au nom de l’égalité des citoyens devant la loi. Ce n’est pas pour rien que le journal conservateur „Czas” („Le Temps”) l’accusait déjà d’inciter à la révolte bolchévique, de défendre les Juifs, de répandre des idées subversives, comme par exemple le projet que les curés et évêques devraient être élus par les fidèles ! La révolte de Tarnobrzeg portait effectivement en elle des aspects de communisme agraire et d’une théologie polonaise de la révolution[7]! La répression attisait la colère de la population. Des bagarres directes eurent lieu entre partisans de la droite et soutiens de Dąbal et Okoń: ainsi le 18 janvier les paysans attaquent physiquement le candidat du comte Lasocki lors d’une réunion dans la bibliothèque municipale.

Malgré les critiques des paysans modérés du Parti Piast et des protestations de la droite, les révolutionnaires sont vainqueurs des élections du 26 janvier 1919. La liste du „Parti de la Paysannerie Radicale” est forte de 400 à 700 voix dans les villages du confluent de la Vistule et du San: Sobów, Stale, Wielowieś, Zakrzów, Mokrzyszów, Miechocin. Cela veut dire que pratiquement toute la population des deux sexes y vote pour cette liste soit 87,8 % tandis que la droite pro-noble obtient 15 000 voix. Eugeniusz Okoń Tomasz Dąbal, Franciszek Krempa, Jan Sudoł et Wojciech Marchut sont élus députés du Premier Parlement de la République de Pologne.

Les députés deviennent membres du Club Parlementaire Paysan „Libération” et se jettent dans une intense activité parlementaire et politique. Ils interpellent de nombreuses fois le gouvernement exigeant le rétablissement de l’autonomie de l’administration locale et l’organisation de travaux de drainage des terrains humides. Car dans les villages proches de la Vistule, Sielec, Stale, Furmany, Wielowieś, Trześn et Sobów, ces terrains marécageux étaient propices au paludisme. Le Club Parlementaire Paysan lutte pour un service de santé gratuit car les habitants de cette région n’avaient pas argent pour le médecin et des médicaments.  Un autre enjeu était la construction d’un système d’assainissement d’eau. De nombreuses maladies étaient dues à l’eau stagnante dans les puits que les paysans devaient construire eux mêmes faute de système moderne d’eau potable. Il n’était même pas encore question de l’électricité, pratiquement inconnue ici. Elle ne sera édifiée que par la Pologne Populaire. Les députés de gauche déposent un projet de loi de construction d’une école professionnelle à Rudnik afin qu’au moins chaque village puisse avoir ses propres artisans : menuisiers, charpentiers et forgerons. L’approvisionnement de la région était mauvais et la nourriture ne parvenait pas à destination dans les villages, car l’administration locale restait dans les mains de la droite qui refusait de verser aux paysans les allocations de survie votées par le parlement. Tomasz Dąbal lutte inlassablement pour améliorer le sort des plus pauvres : ainsi parvient-il à obtenir une cargaison de quelques dizaines de tonnes de pommes de terre et 5000 paires de chaussures. Il demande la libération des paysans arrêtés pour activités politiques et la suspension de leur service militaire car la présence de jeunes hommes est indispensable dans des exploitations où tout le travail se fait encore manuellement. Il défend les droits des migrants obligés de faire pendant des heures la queue devant le consulat américain à Varsovie. Il défend aussi les paysans qui vont dans les forêts de Tarnowski couper du bois pour se chauffer alors que les sbires du comte les frappent et parfois les tuent[8].

La lutte pour la réforme agraire

Toutes les deux semaines Tomasz Dąbal revient de Varsovie à Tarnobrzeg et rend compte des luttes menées au Parlement lors des assemblées de paysans. En tant que député il se soumet au contrôle démocratique direct du peuple. Dans ses discours, il explique le lien entre la richesse de Tarnowski et la pauvreté des paysans habitant sur ses terres. Il apparait évident à tout le monde que seule la réforme agraire peut mettre fin à cette injustice – la division des latifundiums et l’attribution des parcelles aux paysans sans terre[9].

Le 19 février 1919, lors d’un meeting, Dąbal souligne déjà que le peuple ne défendra la République de Pologne que s’il a accès à la terre. La réforme agraire est indispensable pour garder l’indépendance du pays. Les élites polonaises en sont alors conscientes, ce que prouve la création rapide le 20 février par Ignacy Paderewski, pianiste et militant indépendantiste, de le Commission de la Réforme Agraire dirigée par le leader paysan modéré Wincenty Witos. Les députés radicaux participent activement aux travaux de la Commission.[10]

Les discussions les plus âpres portent sur les dimensions des biens expropriés et sur l’éventualité d’une indemnisation payée aux nobles pour compenser la perte des terres. Les paysans modérés de Piast veulent laisser 100 à 200 hectares à l’aristocratie. Les radicaux acceptent à condition que les forêts et les pâturages soient nationalisés sans aucune compensation. Le parti socialiste PPS défend la situation des ouvriers agricoles qu’il verrait en tant que travailleurs de coopératives. Le Parti Communiste Polonais à l’époque soutient la division des latifundiums mais propose la fin progressive de l’agriculture privée en incitant les paysans à collaborer dans des coopératives. La droite était en recul et faisait semblant d’accepter la situation. Les propriétaires terriens comptaient bien être indemnisés par l’Etat et saboter la réalisation concrète de la réforme. Il était plus facile et moins coûteux politiquement de distribuer aux paysans les biens du tsar et des empereurs prussien et autrichien puisque c’étaient les anciennes terres royales polonaises que les occupants s’étaient accaparées en 1795 en liquidant le Royaume de Pologne.

Okoń et Dąbal travaillaient intensivement à cette loi en préparant des propositions et des rapports documentés sur la situation dans les campagnes. Ils déposèrent de nombreuses propositions de loi pour changer la vie des paysans : pour la défense des paysans qui avaient déjà occupé des terres, pour la construction d’écoles, de ponts et de routes, pour l’aide sociale et l’abolition des châtiments corporels et des privilèges féodaux. Ils luttaient pour la dignité du paysan, pour que celui-ci devienne un citoyen dans une société d’égaux, pour qu’il cesse d’être considéré comme l’esclave du noble. Cette lutte a beaucoup contribué à l’émancipation collective et individuelle des habitants de cette région. Lorsque la Pologne sera attaquée par les nazis en 1939, les paysans vont la défendre en tant que soldats de l’Armée Polonaise puis en tant que partisans résistants des Bataillons de Paysans „Jędrusie”. Les paysans n’obtiendront la terre tant désirée qu’avec l’arrivée de l’Armée Rouge en août 1944. Ils vont activement construire la Pologne Populaire en tant qu’ouvriers et techniciens du nouveau bassin industriel du souffre à Tarnobrzeg et en tant qu’intellectuels et fonctionnaires d’origine paysanne dans les grandes villes de Pologne – Varsovie, Cracovie, et bassin industriel de Silésie. La Pologne Populaire a tourné définitivement la page de la Pologne nobiliaire du „manoir” du seigneur et de sa domination sur les paysans. Mais si cela fut possible relativement rapidement et sans heurts, c’est aussi parce que les révoltés de 1918 avaient déjà montré la voie. Même aujourd’hui, alors que par suite de la fermeture des usines par le régime capitaliste la région se vide de ses habitants, il est impossible de reconstruire les relations sociales féodales telles qu’elles existaient avant 1918.

Les émeutes et les répressions s’accélèrent au printemps 1919. Convaincus que la nationalisation des forêts et des pâturages est imminente, les paysans y coupaient du bois et faisaient paitre leur bétail sur les terrains des possédants, ce qui finissaient en heurts violents avec les milices de la noblesse et l’armée. Les ouvriers au chômage rejoignent les paysans car malgré les promesses, les travaux de reconstruction de la ville ne démarraient toujours pas faute d’argent pour les investissements. Le 2 avril, même les enseignants se mirent en grève car leurs salaires datant encore des temps autrichiens étaient détruits par l’énorme inflation.

Le 9 mars, l’assemblée des délégués paysans de Tarnobrzeg demande aux députés de se joindre au Club Parlementaire de Gauche, plus radical encore. Eugeniusz Okoń refuse et c’est alors que sa coopération jusqu’alors sans faille avec Tomasz Dąbal prend fin. Les nombreuses assemblées de villages appelaient Okoń à rejoindre les députés de gauche radicale mais celui-ci, s’il accepte de s’expliquer publiquement lors d’un meeting, met en garde les paysans polonais contre „la plaie russe” c’est à dire la Révolution. Le 9 avril Tomasz Dąbal accuse devant 10 000 personnes réunies à Tarnobrzeg son ancien camarade de „trahison”. Il se rapproche de plus en plus des communistes et critique le refus du Parlement d’instituer le 1 mai comme Fête du Travail chômée[11].

Les pogroms anti-juifs : les classes possédantes contre-attaquent

La question de la réforme agraire demeurait non résolue alors que la faim, les épidémies, la cherté de la vie et l’inflation ravageaient la région. Dans ces conditions, la noblesse commença à vendre la terre à des prix très élevés afin d’éviter de devoir la louer aux paysans comme l’y obligeait la loi du 10 juillet sur les terres improductives. Parallèlement, les partis de la bourgeoisie se réorganisèrent. A Tarnobrzeg arrivent des militants d’autres régions. Ils rassemblent les citadins et les commerçants juifs au sein du Parti des Villes de Henryk Stary, moins marqué par l’antisémitisme que le Parti National bien connu. La lutte contre la République de Tarnobrzeg prend de l’ampleur. La population citadine juive de Tarnobrzeg était membre des courants hassidim religieux, plutôt conservatrice et loyal envers l’éternel état des choses. Comme les paysans occupent régulièrement la place du marché qui devient ainsi une agora athénienne, le Parti des Villes compte sur le mécontentement des commerçants juifs qui perdent leurs revenus. Contrairement à Tarnów où des organisations progressistes proches du Bund socialiste tenaient le haut du pavé, à Tarnobrzeg les militants juifs sont plutôt sionistes. Il n’est donc pas surprenant que la colère des paysans finisse par se transformer, selon les vieux schémas, en antisémitisme et les assemblées populaires en pogroms contre les populations juives.

Les pogroms commencent le 3 mai 1919 dans la ville de Rzeszów où la population exigea du maire qu’il distribue la farine issue de l’aide caritative américaine. Lorsque celui-ci refuse, la population pille les magasins des commerçants juifs. Le 1 mai à Mielec 4000 paysans frappent des citadins juifs et pillent leurs magasins en les accusant de spéculation. Le 8 mai, les paysans récidivent, mais celle fois l’armée tire sur les assaillants. A Baranów le 5 mai les paysans pillent 15 magasins et violentent 4 habitants Juifs. Ici aussi l’armé tente d’intervenir mais les paysans étant armés, il y a des morts et des blessés. Près de la ville de Kolbuszowa dans le village de Raniz les paysans détruisent et pillent 25 appartements juifs et quelques jours plus tard tentent de prendre d’assaut la ville. 6 personnes meurent dans les affrontements, aussi bien des soldats que les pilleurs. Les assaillants parviennent à occuper Kolbuszowa et assassinent 8 citadins juifs et vandalisent les commerces et même l’hôtel de ville. Il faudra trois bataillons d’infanterie et un escadron de cavalerie armés de fusils automatiques pour venir à bout des émeutiers[12].

Ces paysans accusaient les commerçant juifs de spéculation alors même qu’une grande majorité de la communauté juive était très pauvre. Même la gauche socialiste rendait les Juifs responsables de la flambée des prix, ce que montrent les archives de la Commission Extraordinaire du Gouvernement chargée d’enquêter sur ces émeutes[13]. La droite accusait Okoń et Dąbal, mais les deux députés répondaient que non seulement ils n’ont jamais appelé les paysans à attaquer les commerçants juifs, mais encore que les émeutes ont eu lieu en dehors de leur circonscription. Ils argumentaient que la faim était la véritable raison des émeutes et rendaient l’aristocratie responsable des violences et pillages du fait du sabotage de la réforme agraire. L’antisémitisme grandissait et des tracts et brochures antisémites anonymes surgissaient dans les villages, probablement selon la bonne vieille méthode de la provocation.  Finalement le Parlement polonais finit par voter le 10 juillet 1919 la loi sur la réforme agraire, une loi que le mouvement paysan pensait historique mais qui en réalité n’était qu’un compromis boiteux. La loi limitait les dimensions des domaines à 60 hectares autour des villes, à 180 hectares en Pologne centrale et jusqu’à 400 hectares en Silésie et Grande Pologne, des territoires pris sur l’Allemagne par les insurrections et les plébiscites à la suite du traité de Versailles. Les propriétaires terriens ont accueilli la loi avec calme, car ils savaient que sa mise en œuvre durerait des années et qu’ils auront largement le temps de la saboter. Les députés radicaux le savaient aussi. Ils chantaient au moment du vote le chant révolutionnaire paysan „ O cześć wam panowie magnaci” („Merci messieurs les aristocrates”[14]) et menaçaient de mettre „la faux à la verticale”. Hélas, de nombreux militants paysans ont attendu toute leur vie pour voir la réforme agraire réalisée : elle ne l’a été que par la Pologne Populaire après la catastrophe de la guerre et de l’occupation nazie. 

Tomasz Dąbal au Parti Communiste Polonais KPRP

Les ennemis de Dąbal organisent la contre-offensive à partir de l’été 1919. Le 18 février 1920, 3000 habitants de la ville de Tarnobrzeg se rassemblent sur la place du marché contre lui, le traitent de nuisible et appellent le Parlement à supprimer son immunité parlementaire. Les manifestations en faveur de Dąbal sont alors plus puissantes et plus de 10 000 viennent le 8 septembre des villes de toute la région -Biłgoraj, Janów Lubelski, Sandomierz, Opatów, Łańcut, Ropczyce, pour soutenir le député arrivé de Varsovie en triomphe.

Mais la guerre polono-soviétique s’intensifie. Tomasz Dąbal a toujours critiqué cette guerre, argumentant que la Pologne ne fait qu’exécuter les objectifs des bourgeoisies occidentales, surtout de la France, alors que l’intérêt du peuple polonais serait de négocier avec les Bolchéviques pour trouver un accord amiable sur la question des frontières. En juillet 1920 il prononce ce discours devant la statue de Bartosz Glowacki:„ Pourquoi devrions nous servir les puissances étrangères ? Pourquoi les Français veulent-ils nous envoyer contre les bolchéviques ? Parce qu’ils ont 20 milliards de créances russes qu’ils veulent récupérer. Pendant ce temps les seigneurs nous font croire qu’ils luttent pour les frontières de la Pologne. Moi je ne veux que ce qui est polonais. La Pologne ne devrait revendiquer que ce qui est le sien. Nous ne voulons pas des milliards français, nous voulons juste défendre nos maisons. Pourquoi devriez-vous retourner faire la guerre? Que ceux qui veulent la guerre aillent la faire. Je ne suis pas un traitre parce que je revendique le bien du peuple auprès du Gouvernement Populaire. Je ne demande que le bien du peuple et je sais que nous ne tiendrons pas si nous continuons la guerre”[15].

Ce discours montre que l’agitateur paysan est devenu un homme politique capable de comprendre que la Pologne conservatrice n’est qu’un jouet dans les mains des impérialistes occidentaux et n’a pas de politique indépendante. Dąbal appelle à une trêve et à des négociations avec la Russie bolchévique lors de rassemblements populaires à Wielowieś le 29 septembre et encore le 7 novembre 1920 à Tarnobrzeg. La droite se sert de ces discours pour exiger l’annulation de son mandat parlementaire pour trahison nationale.

La police arrête le député le 28 novembre 1920 avec comme accusation des „troubles à l’ordre public” mais des manifestations massives incitent les autorités à le relâcher deux semaines plus tard. Plus le système capitaliste polonais se durcit, plus les partisans de Dabal se radicalisent. Fin 1920 le mouvement paysan de Tarnobrzeg appelait à une nationalisation des terres sans indemnités et à la construction d’une Pologne ouvrière et paysanne. Alors la Commission du Règlement Intérieur travaille sans relâche afin de trouver un prétexte pour emprisonner Dabal : elle finit par l’accuser de „terrorisme” pour avoir crié „que vive Lénine et la dictature du prolétariat”.

Il est vrai que Tomasz Dąbal commença à critiquer le système parlementaire fin 1920 lorsqu’il comprit que le Parlement polonais n’allait jamais véritablement mettre en œuvre la réforme agraire. Il parvient à la conclusion qu’il était nécessaire d’exproprier la noblesse de force et de créer une Pologne populaire soviétique. Dès février 1921 les idées communistes parviennent à Tarnobrzeg par biais des journaux du parti. La poste les confisque, les paysans protestent. Dąbal devient membre du Parti Communiste de République de Pologne KPRP – devenu par la suite KPP- en juillet 1921 et devient un militant très actif dans toute la Pologne.  Le 21 septembre 1921 il va en Silésie pour un discours auprès des mineurs de charbon, le 18 septembre à Varsovie auprès de l’intelligentsia de gauche, il coopère avec les militants du Bund juif. Avec Stanisław Łańcucki il crée le Club Parlementaire Communiste au Parlement. Il continue à tenir des meetings à Tarnobrzeg et dans les villages proches de Mokrzyszów, Dzików, Grębów. Les habitants l’écoutent alors qu’il appelle à faire la paix avec la Russie bolchévique. Par exemple au village de Rozwadów, le 6 septembre 1921 5000 personnes sont présentes malgré les pressions de la gendarmerie.

La répression et la fin de la République de Tarnobrzeg

En novembre 1921 le Parlement donne suite à la plainte de la Cour de justice de Varsovie et annule l’immunité parlementaire de Tomasz Dąbal. Le 8 décembre le député est emprisonné. Ses nombreux partisans, des syndicalistes, des associations protestent contre l’arrestation du premier prisonnier politique de la République de Pologne indépendante. Tous pressentent que ces répressions ne font qu’annoncer la fin de la fragile démocratie polonaise. Le Parti communiste diffuse des brochures et des tracts, mène une campagne intense en défense de son député. Les organisations de la gauche occidentale demandent aussi aux autorités polonaises de le relâcher. Mais les conservateurs passent à la contre-attaque idéologique avec le magazine „Głos Ziemi Tarnobrzeskiej”, („La Voix de la Terre de Tarnobrzeg”) dans lequel sont propagés les idées du solidarisme et de l’abandon de la lutte des classes pour le bien de la patrie. Le magazine était envoyé gratuitement dans les communes rurales, les cercles de formation et les associations paysannes. Le magazine expliquait que la révolution n’est pas nécessaire car la Patrie allait régler tous les problèmes individuels. Le 3 mai 1922, pour la première fois, la droite put organiser une cérémonie à Sobów, le village de Dąbal. Mais les communistes ne désarmaient pas. Dąbal menait sa campagne électorale directement de prison appelant à voter pour la liste communiste, l’Union du Prolétariat des Villes et des Campagnes. De fait, aux élections de 1922 cette liste obtient à Tarnobrzeg la majorité des voix – 6379 bulletins, c’est à dire 23,3% avant le Parti Paysan modéré Piast. On peut y lire un processus de différenciation sociale des différentes classes de paysans et une radicalisation vers le communisme du prolétariat rural. Mais Dąbal n’est pas réélu car la circonscription de Tarnobrzeg a été mélangée avec celle de Jasło afin de permettre aux modérés de dominer les deux chambres du Parlement. De plus les voix progressistes se dispersèrent sur deux listes concurrentes menées par des collaborateurs de Dąbal.

Cette fois, les paysans ne manifestèrent pas contre les résultats des élections. La dure répression en était la cause, mais aussi l’épuisement après 10 ans de luttes ininterrompues menées par des populations en permanence dans la survie. La réforme agraire n’eut pas lieu dans la région de Tarnobrzeg. Déçus, les paysans reprirent massivement le chemin de l’émigration vers les Etats-Unis, la France, l’Allemagne et aussi de l’exode rurale vers Varsovie et les autres centres urbains de Pologne. Le départ de ces militants dynamiques a mis fin à la République de Tarnobrzeg.

Le procès de Tomasz Dąbal se déroula du 2 au 10 juillet 1922. Les communistes défendaient leur militant en diffusant le discours de défense de son avocat. Ce discours présentait le programme du parti et expliquait que l’idée d’une République Polonaise des Conseils ne peut constituer une trahison nationale car au contraire, elle incarne l’intérêt suprême du peuple polonais. Dąbal fut condamné à 6 ans de prison, peine diminuée à 3 ans en appel, car le tribunal ne put prouver l’existence d’un complot visant à abattre l’Etat existant. Il fut condamné pour ses opinions, son passé militant et son activité politique. La première phase révolutionnaire de construction d’une Pologne indépendante prit fin avec la répression judiciaire et policière contre les leaders du peuple.

Eugeniusz Okon fut également réprimé : l’Eglise lui retira sa charge de curé et lui interdisait d’exercer son ministère. Mais le prolétariat continua de protester à Tarnobrzeg. Le 24 septembre 1922 a lieu sur les terres de Tarnowski une grève de ses ouvriers agricoles exigeant la légalisation de leur syndicat national finalement enregistré par la justice un an plus tard. En 1923 les ouvriers journaliers, les cheminots, les postiers de la région font grève. Okoń mène en septembre une action de désobéissance civile consistant à refuser de payer les impôts et les taxes. Mais ces luttes catégorielles, réformistes, n’ont rien en commun avec l’intensité d’une démocratie directe dirigée pendant 4 ans par des paysans armés. Le 3 mai 1923 Tarnowski récupère le pouvoir sur la place centrale de la ville et peut pour la première fois y organiser un rassemblement de la droite. Cependant la gauche ne perd pas toutes ses assises. Encore en 1928 les communistes obtiennent 11 mandats au Conseil Municipal de Tarnobrzeg.

Donnons la parole à l’épilogue écrit sur la République de Tarnobrzeg en 1982, alors que le système de la Pologne Populaire allait vers sa fin sans que cependant personne parmi les citoyens et les autorités régionales ne le pressente : „Tarnobrzeg est aujourd’hui un chef-lieu de Voïvodie, la capitale de l’industrie du souffre. Fière de son passé révolutionnaire la ville perpétue la mémoire de luttes d’il y a 60 ans et honore Tomasz Dąbal, chef d’une République Sociale et digne fils de sa terre[16]. Hélas, aujourd’hui Tarnobrzeg est redevenue une petite ville provinciale de 10 à 30 000 habitants, la voïvodie a été supprimée avec les réformes ultralibérales de l’Etat en 1997. La mine et la raffinerie de souffre ont été fermées dès 1993 jetant dans le chômage et l’émigration des dizaines de milliers de personnes. Les villages se sont vidés de leurs habitants. Seule consolation, de nombreuses personnes originaires de la région avaient pu acquérir une solide formation technique et de bons diplômes grâce à la politique scolaire de la Pologne Populaire. Les descendants des paysans pauvres ont donc pu prendre leur place dans la société socialiste polonaise et même pour certains dans la société capitaliste d’après 1989 à condition de quitter la région pour Varsovie. Il y a quelques mois la municipalité, passée en 30 ans d’une majorité socio-libérale à une droite nationale-catholique, a néanmoins commémoré le 100ème anniversaire de la République de Tarnobrzeg avec une exposition au musée régional, un site internet fourni en photos et documents et quelques publications. Peut-être que les descendants des militants paysans retrouveront ainsi la trace des luttes de leur ancêtres et que ce passé leur servira de boussole pour relever la tête contre l’injustice de la Pologne actuelle.

Eugeniusz Okoń a mis fin à son action politique après 1928. Il s’est illustré dans la Résistance pendant l’occupation en cachant de nombreux Juifs. Il est mort en 1949. Tomasz Dąbala fut expulsé par les autorités de la IIe République en 1923 en Russie Soviétique dans le cadre d’un échange de prisonniers alors même qu’il n’était jamais allé dans ce pays et ne pouvait connaitre la langue russe. Il devint dirigeant de la Commission Agraire de l’Internationale Communiste puis vice-secrétaire de l’Internationale Paysanne. Il fut le rédacteur du programme agraire de l’Internationale et à ce titre, il a travaillé avec les dirigeants et militants communistes des pays d’Asie en voie de décolonisation. Il n’est pas impossible que son expérience des luttes paysannes polonaises ait influencé l’idéologie de la guerre révolutionnaire ayant comme base les campagnes „encerclant les villes” qu’ont théorisé les dirigeants chinois et vietnamiens et grâce à laquelle les partis de ces pays ont gagné la guerre pour l’indépendance et gardé le pouvoir jusqu’à aujourd’hui. Le manque de soutien des „villes”, c’est à dire de la classe ouvrière et de l’intelligentsia organisées au sein du Parti Socialiste Polonais, a été un des facteurs de l’échec de la République de Tarnobrzeg.

Dans les années 1930 Tomasz Dąbal acheva des études en économie et devint le fondateur de l’Académie Biélorusse des Sciences. Il fut emprisonné et fusillé dans le cadre des purges staliniennes le 21 août 1937. Il fut réhabilité en 1955, mais la Pologne a perdu un homme qui aurait pu devenir un grand dirigeant et un bâtisseur de la Pologne Populaire.

Un leader de talent dont nous manquons en Pologne jusqu’à aujourd’hui.

 

En mémoire de mon arrière grand-mère Waleria Hawrot née Bogoń, qui en 1920 revient de l’émigration à Chicago dans le village de Sielec dans l’espoir d’obtenir les terres de la réforme agraire et dont la famille a certainement participé aux événements.

Remerciements à mon oncle Jerzy Obuchowski, bibliophile de Tarnobrzeg pour la documentation qu’il m’a fournie

 

SOURCE: Investig’Action

 

Sources bibliographiques

  • „Republika Tarnobrzeska w świetle faktów i dokumentów – materiały z sesji popularnonaukowej poświęconej 60-leciu Republiki Tarnobrzeskiej”, Urząd Miejski w Tarnobrzegu 1982 rok – „La République de Tarnobrzeg à la lumière des faits et des documents – matériaux de la session scientifique populaire consacrée au 60 anniversaire de la République de Tarnobrzeg”, publication de la Ville de Tarnobrzeg, 1982
  • „Tarnobrzeg, dzieje miasta 1593-1939”, praca zbiorowa pod redakcją Feliksa Kiryka, Muzeum Historyczne Miasta Tarnobrzeg, 2005 – „Tarnobrzeg, histoire de la ville de 1593 à 1939”, tome 1, sous la directkion de Féliks Kiryk, éditions du Musée Historique de la Ville de Tarnobrzeg, 2005
  • archives privées et familiales de l’auteure

 

[1] Jan Słomka Pamiętniki włościanina od pańszczyzny do dni dzisiejszych, Kraków 1929 wydanie drugie, Towarzystwo Szkoły Ludowej ( Jan  Słomka „Les mémoires d’un paysan de la corvée jusqu’à nos jours”, Cracovie, deuxième édition, Editions de l’Association de l’Ecole Populaire, 1929)

[2]Bataille majeure de l’insurrection de 1794 qui vit Kościuszko et son armée populaire polonaise repousser près de Cracovie l’armée habsourgeoise. L’insurrection de Janvier 1863 fut le dernier soulèvement national armé polonais du 19 siècle pour reconquérir l’indépendance du pays. Les chefs de l’insurrection issus de la petite noblesse menèrent pendant 1 an une guérilla dans les forêts de Pologne centrale contre le pouvoir tsariste. Ils échouèrent faute de soutien des paysans qui ne croyaient pas que les « Pany », les seigneurs, seraient capables de construire une Pologne juste socialement. Cette noblesse paya un lourd tribut à la répression voyant ses biens confisquée et exilée par le tsar en Sibérie. Certains en tirèrent la conclusion que sans une Pologne socialiste, il ne pouvait y avoir soutien des paysans à la cause nationale. Ainsi Jarosław Dąbrowski et Józef Wróblewski, officiers de l’armée de la Commune de Paris, avaient acquis leur expérience politique et militaire lors de cette insurrection avant de partir en France.

[3]Hommage à mon oncle Jerzy Obuchowski, ouvrier autodidacte, propriétaire d’une magnifique bibliothèque de plusieurs centaines de volumes divers, dont des ouvrages rares et épuisés. Cette pratique de bibliothèque et d’autoformation par la lecture provient aujourd’hui là ou elle existe encore des encouragements de la Pologne Populaire et de sa politique de publication et de large distribution de livres.

[4]Starosta était une importante fonction royale dans la République Nobilaire de Pologne. Représentant du roi dans les régions, on peut le comparer aux Intendants royaux. Il est significatif que les conservateurs polonais  aient ressuscité les titres de l’ancienne Pologne nobiliaire en pleine lutte pour l’indépendance. Il en est de même aujourd’hui. Alors que la République Populaire avait aboli ce titre, les gouvernements ultralibéraux l’ont réintroduit dans la Constitution de 1997.

[5]Il s’agit des Légions Polonaises crées par Józef Piłsudski sur la base d’un engagement volontaire de jeunes indépendantistes, souvent de petite noblesse. Ces Légions combattirent aux cotés de l’Armée Habsbourgeoise avant de devenir l’ossature de l’Armée polonaise  et l’élite politique jusqu’en 1939.

[6] Jerzy Danielewicz Republika Tarnobrzeska w świetle faktów i dokumentów, in praca zbiorowa Republika Tarnobrzeska w świetle faktów i dokumentów, Urząd miejski w Tarnobrzegu, 1982 rok. page 40-41 (Jerzy Danielewicz, La République de Tarnobrzeg dans les faits et les documents, dans l’ouvrage collectif éponyme, Editions de la Ville de Tarnobrzeg, 1982, pages 40-41.

[7] Op. cit. page 91

[8] Józef Zając  est tué le 5 février 1919 par un garde forestier de Tarnowski, cité dans Danielewicz op. cit, page 98 , sources privées de Dabal mises à la disposition des chercheurs par są fille Maria.

[9] op. cit. page 48. Interpellation parlemenataire de Dąbala  – AZHP KC PZPR sygn.. IIIC/XII/2. -Archives du Comité Centrale du POUP cote IIIC/XII/2.

[10] . Tarnobrzeg  historia  miasta  1593-1939, („Tarnobrzeg, histoire de la ville”), ouvrage collectif dirigé par  Feliks Kiryk, tome 1, page 361, Tarnobrzeg 2015

[11] op. cit,”La République de Tarnobrzeg dans les faits et les documents”,  page 65,  compte rendu d’assemblée – AAN prezydium Rady ministrów. 5990/21 (Archives Nouvelles, présidium du Conseil des Ministres, cote . 5990/21)

[12]Kolbuszowa et Mielec sont des villes très petites à l’époque situés à 50km au sud de Tarnobrzeg, plus près de Rzeszów. Baranów Sandomierski est un imposant château situé à 3km de Tarnobrzeg sur la Vistule, propriété alors du noble Dolański. Ce n’est pas à proprement parler un village d’agriculteurs mais un lotissement ou habitaient les domestiques et les ouvriers agricoles du noble.

[13] „Sprawozdanie Komisji Nadzwyczajnej wysłanej z ramienia rządu w sprawie rozruchów w okręgu rzeszowskim w maju 1919 roku”  (Compte rendu de la Commission Extraordinaire envoyée par le gouvernement pour faire la lumière sur les émeutes de la région Rzeszow en mai 1919). page 23, AAN Prezydium Rady Ministrów sygn..5990/21 (Archives Nouvelles Présidium du Conseil des Ministres, cote 5990/21) op. cit. page 71

[14]Début du refrain de chant « Gdy naród do boju » « quand le peuple se met en lutte » datant de 1831 et considéré comme l’hymne du mouvement paysan et socialiste. Ce verset fait une référence ironique au fait que l’indépendance de la Pologne fut perdue à cause de la politique de classe égoïste de la noblesse et du clergé.

[15] Op. cit page 99, Centralne archiwum MSW Okręgowa komendanta PP Krakowa teczka 2 (Archives Centrale du Ministère de l’Intérieur, Commandement régional de la Police polonaise à Cracovie, dossier 2)

[16] op. cit.”La République de Tarnobrzeg dans les faits et les documents”, page 55

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