Bolsonaro, ce faux rebelle

Nous l’avions annoncé : 2018 étant une année marquée par de nombreuses échéances électorales en Amérique Latine, elle pouvait donner le meilleur comme le pire. Encore une fois, le signe avant-coureur de la fraude au processus électoral du Honduras, ainsi que la mollesse voire le laissez-faire d’une institution comme l’OEA n’étaient pas de bons présages. Mais cela annonçait également la couleur pour les mouvements sociaux et politiques engagés pour un avenir meilleur : quelle que serait l’issue des processus électoraux, il n’était pas question de baisser les bras. Car il faudrait résister à la fois au retour d’une “nouvelle” droite cherchant à se consolider à l’échelle régionale, tout en démantelant les organismes d’unité latino-américaine comme l’UNASUR, mais aussi aux multiples efforts de déstabilisation US à travers des partenaires plus ou moins discrets.

Tout au long de l’année précédente, nous vous avons raconté cette bataille pour la préservation de la démocratie au Brésil, avec le résultat qu’on connaît. Si vous vous étiez exclusivement informés via des grands médias comme Le Monde, vous auriez eu la sensation d’avoir raté un épisode. En effet, on n’obtient pas un Bolsonaro du jour au lendemain, si ce n’est à travers le travail constant de sape qui a abouti, l’été 2016, à la destitution de Dilma Rousseff. Dès lors que tout va bien dans le meilleur des mondes, la réalité finit par être incompréhensible et composée de sursauts et d’orages inattendus. En lisant notre Journal, vous avez au contraire pu déceler le rôle des acteurs décisifs dans ce véritable coup d’État , comme les médias privés et un appareil judiciaire compromis avec des intérêts étasuniens. Vous avez également pu suivre de près le déroulement épique de la campagne de Lula, désormais prisonnier politique et véritable icône des masses.

En Colombie, si vous vous étiez informés via ces grands médias “de référence”, vous auriez été tentés par l’espoir d’une paix définitive, sans doute souhaitée par de larges couches de la société colombienne. Mais vous auriez négligé le poids déterminant des paramilitaires, qui continuent à menacer et à assassiner les leaders paysans, les étudiants et les syndicalistes. L’arrivée au gouvernement de Duque porte un coup fatal à ce processus de paix déjà assez fragile.

Mais 2018 a été aussi l’année où le Mexique a vu arriver à la présidence Andrés Manuel Lopez Obrador (AMLO), qui multiplie les signes rebelles et semble déterminé à œuvrer pour la dignité du peuple mexicain ; il aurait intérêt à ce que l’Amérique centrale développe une politique régionale indépendante, en arrêtant les ingérences US constatées ces dernières années au Honduras, mais aussi plus récemment au Nicaragua.

Malgré la régression en cours, l’histoire n’est pas un long fleuve tranquille. De nombreuses luttes populaires et rebondissements dans ces affaires attendent de voir le jour, avec la participation des peuples latino-américains, conscients que leur destin y est lié.

 


L’Édito

Périple d’une démocratie assassinée : Du coup d’État
contre Dilma Rousseff à l’élection de Jair Bolsonaro
Par Paulo Correia

Au Honduras, une foule en marche proteste
contre la négation des droits humains
Par Christine Gillard

Colombie : l’affaire Mateo, un goût amer
de la justice en plein « processus de paix »
Par Alex Anfruns

Nicaragua et les limites de la tolérance
Par Stephen Sefton

Le Mexique à la veille d’AMLO – « Si loin de Dieu
et si près des États-Unis »
Par Roger D. Harris



 

 

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