Comment finir une guerre ?

L’OTAN, États-Unis en tête, n’a jamais voulu la paix en Ukraine et ne la veut toujours pas. L’Occident est prêt à sacrifier jusqu’au dernier Ukrainien pour « affaiblir durablement » la Russie. Cela s’est déjà manifesté par des appels à ne pas négocier. Cela passe aussi par des livraisons d’armes toujours plus importantes. La colombe a du plomb dans l’aile. Dans un style purement orwellien et alors que le budget du Pentagone bat des records astronomiques, le secrétaire d’État US justifie les promesses de prochaines livraisons d’armes comme le moyen le plus rapide et efficace de mettre fin à la guerre. Une autre option serait de déposer les armes et discuter… (IGA)


 

La politique étrangère des États-Unis est un endroit où la logique s’échoue pour mourir.

Antony Blinken, le secrétaire d’État US, a déclaré hier que le moyen le plus rapide de mettre fin à la guerre Russie-Ukraine est de “donner à l’Ukraine une main forte sur le champ de bataille“. Cela signifie de plus en plus d’armes, notamment des véhicules de combat d’infanterie Bradley et des systèmes de missiles Patriot ainsi que des chars Challenger II de Grande-Bretagne. Il n’est donc pas surprenant que la Maison-Blanche ait également évoqué un autre programme d’aide à l’Ukraine, qui pourrait être annoncé “dès la fin de cette semaine”.

La logique veut que le moyen le plus rapide de mettre fin à une guerre soit d’arrêter de se battre. Annoncer un cessez-le-feu, négocier et trouver des conditions acceptables pour un armistice ou un traité de paix. Arrêter de tuer – arrêter la guerre.

Bien sûr, le département d’État US est en réalité une petite branche du Pentagone. Il en va ainsi depuis des décennies. Le budget du Pentagone, 858 milliards de dollars pour cette année, est 14 fois supérieur à celui du département d’État, 60 milliards de dollars. Il semble souvent que la mission première du département d’État soit de commercialiser et de vendre les armes étasuniennes à l’étranger. Il n’est donc pas étonnant que Blinken considère l’utilisation d’armes plus meurtrières en Ukraine comme la solution pour mettre fin à une guerre catastrophique.

D’une certaine manière, la pensée aveugle de Blinken est typiquement étasunienne. Quel est par exemple le moyen le plus rapide de mettre fin à une guerre contre le crime organisé? Ou une guerre contre la drogue ? Ou n’importe quel autre problème en Amérique ? La réponse évidente : plus d’armes, plus de caméras de surveillance, plus de détecteurs de métaux, plus de gilets pare-balles, etc. Pensez à nos “solutions” à la violence armée dans les écoles. Elles incluent des sacs à dos blindés pour les enfants de huit ans et des pistolets semi-automatiques pour les enseignants. Trop d’Américains considèrent les armes comme une “solution” aux problèmes de la vie ; Blinken compte parmi les fanas d’armes, du moins lorsque ça prend la forme d’exportations d’armes US.

S’il est vrai que les exportations d’armes et l’aide américaines peuvent empêcher l’Ukraine de perdre rapidement, il est très peu probable que ces mêmes armes aident l’Ukraine à gagner rapidement et de manière décisive. La Russie peut et va probablement faire face à toute escalade de cette guerre, et ce à un prix moins élevé que celui payé actuellement par le contribuable étasunien (plus de 100 milliards de dollars, et c’est en augmentation).

Le langage sans cœur de Blinken sur la guerre est également révélateur. Il s’agit de donner à l’Ukraine “une main forte sur le champ de bataille”, comme si l’Ukraine et la Russie jouaient une simple partie de poker. Plus d’armes pour l’Ukraine signifie plus de morts et de destructions sanglantes ; l’attrition ou même l’escalade est bien plus probable qu’une fin rapide en faveur de l’Ukraine.

Blinken le sait probablement, une grande partie de sa formation intellectuelle a été passée à Harvard et à Columbia Law, tout comme Jake Sullivan, son homologue plus jeune au Conseil national de sécurité, qui a été formé à Yale et à Yale Law. Ces hommes ne sont pas stupides, ils sont juste des fonctionnaires partisans et étroitement formés, prêts à débiter tout ce que l’empire a besoin qu’ils disent pour la cause de l’hégémonie impériale.

Et c’est ainsi que les avocats américains continuent d’envoyer des armes et de l’argent à l’Ukraine, surtout des armes, tout en disant que c’est le meilleur et le plus rapide moyen pour l’Ukraine de battre Poutine et de mettre fin à la guerre avec la Russie. La logique, cependant, suggère que cela entraînera plus de combats et de morts ainsi qu’unz absence de décision de part et d’autre.

Mieux vaut ne pas confondre une “main forte” avec celle d’un homme mort.

 

Source originale: Bracing Views

Traduit de l’anglais par GL pour Investig’Action

Photo: Sid10, NTB – Creative Commons

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