Partout, l’heure est à l’intensification de l’exploitation industrielle des « ressources naturelles ». Forêts, eau douce, minerais, sable, rivières, faune sauvage, gaz de schiste, pétrole, terres fertiles, paysages grandioses : tout y passe ! La justification de ces efforts est partout la même : cette exploitation est un facteur de croissance essentiel dont il serait fou de ne pas profiter alors que les emplois manquent et que les États sont endettés. C’est le choix de l’extractivisme. Si ce phénomène suscite des débats, ceux-ci ne portent généralement que sur les conditions de l’exploitation de ces richesses : qui va vraiment profiter de ces ressources ? Comment ne pas faire trop de dégâts en les mettant à profit ? Est-ce le bon moment de les exploiter ?
Et si, au lieu de se préoccuper de la bonne façon de partager ce « gâteau » (sans trop salir la nappe), on s’interrogeait plutôt sur la pertinence même de le consommer ? Avons-nous vraiment besoin d’harnacher de nouvelles rivières, d’exploiter toujours plus de gisements de pétrole et de minerais, d’ouvrir de nouveaux territoires aux touristes, d’intensifier les cultures et l’élevage animal ?
Ne s’agit-il pas d’une fuite en avant, sur un chemin qui ne mène nulle part, sinon à la destruction pure et simple de notre habitat terrestre et de nos sociétés ? Ne pourrions-nous pas vivre aussi bien, voire mieux, sans pratiquer ce type d’exploitation ? Si oui, à quelles conditions ?
Les auteur.e.s s’attaquent à ces questions difficiles en dénonçant la logique de l’extractivisme avant d’en souligner les principales limites physiques. Les effets destructeurs et irréversibles du processus économique sur les ressources naturelles dites « non renouvelables » (énergies fossiles, minerais, etc.) étant déjà à l’œuvre, les auteur.e.s s’attellent à décrire les alternatives possibles à ce « modèle de développement » : low-tech, transition énergétique, résistance autochtone et philosophie du buen vivir…
Ils nous invitent à changer de paradigme pour penser les pistes d’actions nécessaires dans un futur post-extractiviste. Car à force de creuser, nous arrivons bel et bien aux limites de notre unique planète.
Avec des textes de : collectif ALDEAH, Charles Beaudoin-Jobin, Philippe Bihouix, Laura Handal Carvantes, Denis Delestrac, Jonathan Durand-Folco, Ariane Gobeil, Alain Gras, Martin Hébert, Normand Mousseau, Manuela Lavinas Picq, Éric Pineault, Bertrand Schepper-Valiquette, Nicolas Sersiron
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos – Creuser jusqu’où ? – Yves-Marie Abraham et David Murray
Le long chemin de l’extractivisme – David Murray
PREMIÈRE PARTIE – Les habits neufs de l’extractivisme
La panacée. L’histoire du et le mirage de l’économie extractive panax quinquefolius – Éric Pineault
L’extractivisme en mutation. Les thèses de Gudynas et la dérive du Québec vers un modèle néoextractiviste – Ariane Gobeil
Privilèges corporatifs et préséance des droits miniers : l’exemple du Québec – Charles Beaudoin-Jobin
Le Canada, l’extractivisme et le piège de l’économie primarisée – Bertrand Schepper-Valiquette
Dette illégitime et extractivisme. Vols et destructions – Nicolas Sersiron
DEUXIÈME PARTIE – L’impossible croissance
Mortifère croissance « verte » – Philippe Bihouix
Le sable : enquête sur une disparition – Denis Delestrac
Hydrocarbures fossiles : la fin d’une ère ? – Normand Mousseau
Faire l’économie de la nature – Yves-Marie Abraham
TROISIÈME PARTIE – Quelles alternatives à l’exploitation industrielle de la nature ?
Les crises ouvrent-elles les esprits ? L’état de notre dépendance au modèle extractiviste après plus d’une décennie de tourmente dans l’industrie forestière au Québec - Martin Hébert
Résister à l’extractivisme… et à « son monde » ? – Collectif ALDEAH
Droit à l’autodétermination contre extractivisme : comment la résistance autochtone modifie les relations internationales – Manuela Lavinas Picq
Les , la seule alternative crédible low tech – Philippe Bihouix
Les trois formes de la transition écologique : modernisation ou dépassement du capitalisme ? – Jonathan Durand Folco
Comment construire un monde post-extractiviste ? Quelques voies de sortie pensées en Amérique latine – Laura Handal Caravantes
Creuser la terre pour incendier le ciel, la tragédie du mythe extractiviste – Alain Gras
Épilogue – Moins d’humains ou plus d’humanité ? – Yves-Marie Abraham
CREUSER JUSQU’OÙ ? Extractivisme et limites à la croissance
YVES-MARIE ABRAHAM & DAVID MURRAY
384 pages ● 978-2-89719-222-8 ● 20 €
Source : Editions Ecosociété