Elections au Brésil: « Il faut poursuivre les réformes »

Interviewé par Vadim Kamenka pour le magazine l’Humanité Dimanche HD430, José Reinaldo Carvalho, secrétaire pour les questions internationales au Parti communiste du Brésil (PCdoB), dresse un bilan des 12 années au pouvoir du Parti des travailleurs et défend le programme de Dilma Rousseff.

{{HD. Quel bilan tirez-vous du gouvernement du Parti des travailleurs??}}

José Reinaldo Carvalho. L’élection de Lula a ouvert un nouveau cycle politique dans le pays, après deux décennies de dictature militaire (1964-1985), remplacées par des gouvernements civils néolibéraux et conservateurs (1990-2002). Depuis 2002, les gouvernements progressistes du Parti des travailleurs (PT) et des partis alliés, y compris la PCdoB, sous la direction de Lula et maintenant de la présidente Dilma Rousseff, ont lancé un processus de changement?: renforcement démocratique, lutte contre la pauvreté et développement économique.

Ces douze années ont permis d’ancrer la démocratie au Brésil avec une participation populaire en constante progression. On a instauré un dialogue permanent avec le pouvoir législatif et les partis politiques et des mécanismes de consultation avec les mouvements sociaux. Les deux derniers gouvernements ont surtout eu une vocation sociale permettant à près de 40?millions de Brésiliens de sortir de la pauvreté. Ils ont généré 20?millions d’emplois et le salaire minimum a augmenté de 75?%.

{{HD. Cette politique sociale a-t-elle mis fin aux inégalités??}}

J. R. C. Malgré ces avancées et les réformes dans les secteurs comme l’éducation et la santé, le Brésil n’a pas surmonté ses problèmes structurels, qui sont immenses. Nous demeurons un pays encore très inégal. Les classes dominantes et réactionnaires maintiennent leur pouvoir et exercent une énorme influence sur la vie politique, économique et culturelle du pays. L´existence de ces forces empêche la réalisation de ruptures radicales avec le système hérité de la dictature. Les problèmes sociaux demeurent et créent un mécontentement diffus dans les différents secteurs de la population.

{{HD. Que remettrait en cause l’élection de Marina Silva??}}

J. R. C. Son élection remettrait complètement en cause les conquêtes sociales et économiques acquises depuis 2002. Avec la coopération des médias, Marina Silva se construit l’image d’une femme d’origine modeste, ancienne militante de gauche qui porte un message «?novateur?», afin de récupérer le sentiment de rejet vis-à-vis du monde politique. Ce contexte et les scandales pour corruption profitent à Marina Silva et à ses soutiens?: la droite et les classes dominantes. Pour la droite brésilienne et l’impérialisme, la tâche principale est de vaincre les forces qui sont aujourd’hui au gouvernement. Marina Silva est donc leur candidate, car la droite traditionnelle est trop marquée par sa proximité avec la dictature. Le second tour apparaît très serré.

{{HD. Que proposez-vous??}}

J. R. C. Le gouvernement entend poursuivre sa politique de renforcement du rôle de l’État dans l’économie pour permettre le progrès social. Mais nous voulons aller plus loin en lançant des grands chantiers?: refonder le système politique, lutter contre l’oligarchie financière, réguler des médias, mettre au point la réforme urbaine et agraire, développer les droits sociaux et la transformation en profondeur de secteurs comme l’éducation, la santé publique. Le futur gouvernement de la présidente Dilma Rousseff doit nous amener dans une nouvelle phase de lutte pour l’émancipation nationale et sociale. Ce sera possible si le PCdoB augmente son influence électorale au sein des forces de gauche…

Entretien réalisé par v. K.

Source: L’Humanité Dimanche HD430


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