FRANCE - DEMONSTRATION IN SUPPORT OF PALESTINE IN LYONAFP

“Nous n’arrêterons pas de soutenir la Palestine malgré les agressions des néonazis!” 

Est-il légal d’organiser une manifestation en soutien aux Palestiniens? C'est la question à laquelle ont été confrontés plusieurs collectifs en France et en Belgique il y a quelques semaines. En plus, des difficultés posées par les gouvernements, les mouvements de solidarité doivent également faire face à des milices d’extrême droite violentes et peu inquiétées par la police. Ce samedi 11 novembre, des militants d’extrême droite ont attaqué un lieu associatif qui accueillait une conférence organisée par le collectif Palestine 69. Nous avons interviewé un responsable de ce collectif qui nous livre son témoignage.

Comment avez-vous vécu la soirée de samedi et l’attaque contre votre conférence ?

On avait prévu cette rencontre à la Maison des passages, une salle de 120 personnes, à 18h10 et c’était déjà complet. Il y avait un mélange de familles, des enfants et des personnes âgées, des militants, des non-militants… Le collectif accueillait le chirurgien Christophe Oberlin, qui a effectué une cinquantaine de missions à Gaza, afin qu’il intervienne sur le thème « Vivre sous blocus à Gaza ». Il était prévu qu’il parle quarante-cinq minutes à partir de 18h30. Mais à 19h05 on a entendu du bruit. L’attaque des milices d’extrême droite venait de commencer. La salle est située à l’étage, il y a une porte en haut et une porte en bas et une quarantaine de personnes attaquaient la porte du bas avec leurs armes : barres de fer, battes de baseball, mortiers, bouteilles de verre, etc.  Ils ont aussi essayé de forcer la porte du haut.

Le service d’ordre était composé d’une vingtaine de personnes, plusieurs d’entre elles ont été blessées. Nous avons barricadé la porte du bas et contacté la police à 19h10. Il a fallu huit à dix minutes pour les avoir au téléphone! Pendant ce temps là, malgré le sang-froid des membres bénévoles du service de sécurité, c’était la panique totale à l’intérieur de la salle. Après la première tentative de contact avec la police, il a fallu cinquante minutes pour que les agents arrivent sur les lieux. Les milices d’extrême droite ont même eu le temps de partir après une première attaque puis revenir. Ils criaient ” La France, la rue nous appartient “! Ils exercent dans l’impunité totale.

Savez-vous qui est derrière ?

Nous n’avons aucun doute sur leur identité ! Cette attaque a été revendiquée sur un canal de Telegram Ouest Casual. Remparts est le dernier nom en date, mais plusieurs noms « associatifs » sont utilisés. Ils sont dans le vieux Lyon, beaucoup de gens le savent ici et pas seulement dans les milieux militants. Ils occupent deux salles, les noms de ces salles sont connus de beaucoup.  Il y a un bar où ils se rassemblent: la Traboule. Ils ont également une salle de boxe. 

Est-ce la première fois qu’ils vous attaquent ?

Leurs agissements dans le vieux Lyon sont récurrents mais nous c’est la première fois qu’on subit une attaque de leur part. Leur habitude c’est d’attraper une ou deux personnes pas assez blanches à leur goût, de les frapper puis de le communiquer sur les réseaux sociaux en déclarant que Lyon est nationaliste.

Vous avez reçu des marques de soutien ?

Les messages de solidarité ont été unanimes de la part des groupes militants de gauche à Lyon et ailleurs. Mais de la part des politiques, on attend pas grand-chose: ils les connaissent déjà, leurs attaques racistes sont régulières. C’est un combat de terrain qu’il faut mener.

Comment porter ce combat?

Personnellement, sans parler au nom du collectif, je pense qu’il ne faut pas tout attendre de l’outil répressif et d’une interdiction de leur association. En effet, ça peut être utilisé contre nous également, contre des groupes de gauche selon le courant dominant et le bon vouloir des politiques. Et puis une interdiction ne les empêche pas de se réunir de manière clandestine. Je pense qu’il faut tout d’abord fermer leurs locaux, mais aussi leur montrer que la rue ne leur appartient pas. On ne doit rien leur céder parce que c’est ça qu’ils veulent en nous intimidant, en cherchant à nous faire peur.

Il semble que la ville de Lyon soit fortement touchée par ce phénomène de groupes néonazis. C’est à Lyon que des supporters de l’équipe du Maroc se sont fait lyncher lors de la Coupe du Monde de football…

Lyon n’est pas une exception, mais ce qui fait peut-être la différence avec d’autres villes c’est la force de mobilisation de ces groupes. En effet c’est une ville bourgeoise, blanche, nationaliste. Le développement de ces groupes est aussi permis par le foot avec l’Olympique Lyonnais. Le stade, c’est un vrai lieu de rencontre pour eux, avec le groupe des Bad Gones notamment. Jean-Michel Aulas le sait très bien, ces groupes sont là depuis des années. Récemment, ils se sont illustrés au stade Vélodrome de l’Olympique de Marseille en faisant des saluts nazis, des cris de singe. Ils sont très connus dans les stades de France.

Vous portez plainte ?

Oui, mais je tiens à souligner d’abord que ce qui est incroyable c’est que l’impunité policière est double ! Nous avons été victimes de l’attaque de ces milices, mais aussi de l’intervention policière ! Le service d’ordre était bien identifiable, sous prétexte de ne pas savoir, les policiers les ont frappés, menottés et insultés. Un policier de la BAC a insulté un militant de notre collectif de “sale bougnoule” ! Pendant ce temps-là, les néonazis avaient le temps de partir.

Nous avons donc porté plainte dimanche matin. Une personne sur les cinquante a été interpellée. Elle détenait une batte de baseball en bois, un poing américain, un protège-dents et de deux serflex (colliers de serrage). Pendant la manifestation antifasciste à laquelle nous participions le jour-même, ces milices étaient tout près et n’ont pas osé venir vers nous, car nous étions nombreux. La police était à un kilomètre des lieux. Cette nonchalance envers les néonazis est d’autant plus grave qu’un groupe antifasciste avait été dissous la veille. 

Vous sentez-vous protégés?

Bien sûr que non ! Ce climat répressif contre toute forme de soutien à la Palestine est surréaliste. On se demande même où est la frontière entre la police et les milices quand on voit comment elles se sont comportées.

Comment voyez-vous la suite?

Nous allons continuer nos activités, on relativise. Notre enjeu c’est de soutenir la Palestine. Là-bas ils sont tués, massacrés, un génocide est en cours. On ne va pas arrêter de montrer notre solidarité parce que des individus essaient de nous faire peur.


Source: Investig’Action

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