Ukraine : le Département d’État des États-Unis pris en flagrant délit de médiamensonge

On les appelle attaques “false flag” ou “faux drapeau” en bon français. Ce sont des attaques que l’on commet soi-même, mais que l’on attribue à l’ennemi pour atteindre un objectif stratégique de manière détournée. Comme quand les États-Unis tirent sur l’un de leur destroyer dans le golfe du Tonkin pour justifier la guerre du Vietnam. Au cours de sa longue histoire guerrière, Washington a souvent été accusé d’attaques sous faux drapeau, mais il a toujours répondu que c’était du complotisme. Aujourd’hui, ce sont les États-Unis eux-mêmes qui accusent la Russie de mijoter une telle attaque. Les preuves? Leur parole. (IGA)


 

« La Russie prévoit la mise en scène de fausses attaques de l’armée ukrainienne pour justifier une future invasion de l’Ukraine. » C’est ce que le porte-parole du Département d’État des États-Unis a déclaré ce 3 février en conférence de presse. « Quelles sont les preuves ? », a demandé un journaliste dans la salle. « Ces infos viennent du gouvernement », a répondu le porte-parole. « Mais où sont ces infos ? », a insisté le journaliste. – « Je viens de vous les donner » – « Non, vous avez juste fait une série d’allégations. » – « Mais que voulez-vous ? » – « Je veux des preuves que la Russie est en train de faire cela », a continué le journaliste, sans en démordre. Des preuves qu’il n’obtiendra pas, malgré un échange de plusieurs minutes. Il finira par conclure : « Vous n’avez rien pour soutenir vos propos, à part ce que vous dites (…) Vous venez et vous annoncez cela, et vous vous attendez à ce qu’on vous croie, sans nous montrer la moindre trace de preuve. (1) »

Sur Twitter, le lanceur d’alerte Edward Snowden a commenté : « Le porte-parole du Département d’État n’arrive pas à comprendre pourquoi ce journaliste ressent le besoin de faire la distinction entre des paroles et des faits. Il est visiblement offensé – et puis irrité – à l’idée que ses affirmations puissent nécessiter des preuves pour être jugées crédibles. »

Cet incident n’est pas sans rappeler les nombreux médiamensonges utilisés par les USA pour justifier leurs agressions à travers le monde. En 2003, Colin Powell, secrétaire d’État américain, brandit une fiole d’anthrax devant l’ONU. Il affirme que l’Irak développe ce type d’armes de destruction massive. Les images font le tour du monde et le président Bush déclenche la guerre. Sauf que… il s’agit d’une mise en scène et aucune preuve n’existe. En 2011, les USA affirment que Kadhafi a tué 6000 Libyens. Obama ordonne des bombardements. Sauf que… l’info est démentie par de nombreux observateurs de terrain.

Des exemples qui doivent nous rappeler que, dans un conflit, toute info doit être prise avec beaucoup de prudence. Chaque guerre est précédée d’une guerre médiatique. Le but étant de faire porter la responsabilité à la partie adverse et de cacher ses propres intérêts. En ce qui concerne l’Ukraine, les USA ne diront jamais qu’ils veulent y déployer leurs troupes pour des raisons géostratégiques. Ils diront qu’ils veulent protéger ce pays de la Russie, ça passe mieux. Heureusement que certains journalistes ne les croient pas sur parole.

 

(1) L’ensemble de la conférence de presse est disponible ici : https://www.state.gov/briefings/department-press-briefing-february-3-2022/

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