Travailler en Europe

Travail. Du bas-latin trepalium, instrument de torture. « Etat d’une personne qui souffre ; activité pénible ». Voici la première définition que donne le dictionnaire Le Petit Robert du mot « travail ».  Pourquoi, comment est-il devenu une souffrance ? Peut-on être autonome et créatif au travail ? Pourquoi tant de personnes sacrifient elles leur liberté, leur santé pour garder leur emploi ?  Ou le problème vient-il du fait que l’on confonde « travail » et « emploi » ? Dans ce documentaire intitulé « Travailler en Europe », les réalisateurs Kris Schoenmaekers et Thierry Kruger interrogent la place fondamentale qu’a prise le travail dans notre société et dans l’existence de chacun d’entre nous. 

Travail qui passionne, qui emprisonne, qui libère et enchaîne tout à la fois. Tout au long de ce docu, une image revient régulièrement, celle de l’engrenage dans lequel le travailleur se sent entraîné comme Charlot dans la chaîne de l’usine. Le rêve d’une classe ouvrière autonome, qualifiée, dominatrice s’est fracassé sur l’autel du néolibéralisme et de l’individualisme. Le progrès technique, la robotisation ont rendu le travailleur de plus en plus contournable, la logique de restructuration permanente active encore l’angoisse des travailleurs qui perdent tous leurs repères.

Et si la fin du travail n’était pas une catastrophe ? Et si le chômeur pouvait être heureux ? Et si les syndicats se trompaient en tentant de préserver un modèle qui ne tient plus la route ?  Ce sont toutes ces questions que pose le documentaire. Et les réponses sont multiples, parfois contradictoires.  Des essayistes comme Albert Jacquard ou André Gorz défendent une décroissance soutenable. Le philosophe Bernard Stiegler n’y croit pas et craint l’implosion de tout notre système social. Le travailleur n’est pas heureux, le chômeur non plus.  Le film explore la surveillance dont font aujourd’hui ceux qui ont perdu leur emploi, perçus a priori comme des fraudeurs, sommés de justifier leur temps libre ou de se mettre à la disposition des pouvoirs publics comme dans certaines expériences néerlandaises.

Que faire ? Réinventer, s’opposer, se révolter, changer un système économique qui tourne fou ? C’est Jean Ferrat qui chante : « M’en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde où l’on est pas toujours du côté du plus fort ? ».

Martine Vandemeulebroucke

 

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