Sexisme et violences faites aux femmes

Les actrices portaient du noir à la cérémonie des Golden Globes afin de protester contre le harcèlement à Hollywood. #balancetonporc ou #metoo ont fait couler beaucoup d’encre. Dans une tribune au « Monde », un collectif de 100 femmes dénonce un certain puritanisme et la négation des rapports de séduction. Le débat s’enflamme autour des violences faites aux femmes mais se perd trop souvent dans des polémiques stériles.

 

Que vous aviez de la chance, mesdames, de porter, lors d’une cérémonie de gala une robe noire magnifique, sans doute horriblement chère, avec de belles chaussures, coiffées et maquillées avec recherche… Mais vous restiez dans le futile et la séduction. Tandis que, à propos de la tribune du Monde, il est singulier qu’on ne cite principalement dans les médias, parmi les 100 femmes, que Catherine Deneuve. L’actrice (la femme-objet ?) est donc plus « vendeuse » que les autres.

 

Mais dans quel monde vivez-vous ?

 

La plupart des violences faites aux femmes sont passées sous silence. Pour les moindres, se sont les blagues lourdingues et les avancées salaces quotidiennes subies par une employée ou une ouvrière qui a peur de dénoncer son petit tyran de chef parce qu’elle sait qu’elle risque son job et qu’elle a besoin de son salaire à tout prix. C’est la lutte au quotidien des mères qui élèvent seules leurs enfants et qui doivent accepter n’importe quoi (et je ne parle pas de sexe) pour survivre.

C’est aussi cette jeune femme licenciée (1) pour avoir refusé de porter au travail des talons hauts. Et les hôtesses (de l’air, d’accueil…) qui ont l’obligation d’être jolies et maquillées. Ces exigences qui sont connotées sexuellement, bien plus que le port de la cravate et du costume pour les hommes, sont-elles acceptables? La mode occidentale n’est pas exempte d’asservissements.

 

Pour cela, mesdames de la cérémonie des Golden Globes, vous auriez du arriver en jogging bon marché, sans maquillage, avec des godasses confortables à deux balles. Là, il y aurait eu, peut être, un message fort.

 

Ensuite, plus grave, il y a la prostitution et la pornographie… C’est facile, on connaît les producteurs de films pornos. Pourtant, que je sache, ces porcs-là n’ont pas été balancés. Et ne me dites pas que c’est la volonté des femmes de faire ces « métiers » et que chacune est libre de son corps. C’est encore, pour la grande majorité, de la domination par le fric. De l’exploitation de la misère, du chômage. Un manque d’éducation de qualité. Dans les titres mêmes de ces vidéos, la violence de langage et le mépris pour celles qui ne sont bonnes qu’à subir, font froid dans le dos avant même d’avoir vu la première image. Les femmes y sont présentées presque systématiquement comme étant des salopes vicieuses. Pourtant, là, on se tait. Emmanuel Macron, prêt à brider internet en vue des futures élections, ne s’émeut pas des sites pornos.

 

Enfin, il y a l’éducation de tous et de nos filles, en particulier. Apprenez-leur à ne pas être gênées, à répondre correctement et fermement aux crétins pas bien méchants, à dire non clairement, à oser crier dans le métro quand on tente de les tripoter (2), à oser porter plainte si c’est nécessaire. Ceci s’applique d’ailleurs aussi aux jeunes garçons. Apprenons enfin à réagir lorsque nous sommes témoins d’une injustice ou d’un manque de respect, pas seulement envers les femmes.

 

La première des injustices et des violences étant la différence de richesse grandissante, pas uniquement entre hommes et femmes, indignons-nous lorsqu’on stigmatise les chômeurs, lorsqu’on démolit les acquis sociaux. Si les femmes et les hommes avaient les mêmes moyens financiers et pouvaient simplement vivre dignement, si l’enseignement était partout et pour tous de bonne qualité (3), vous verriez, il serait beaucoup plus facile de combattre le sexisme et les rapports de domination.

 

Et puisqu’il est question d’éducation, apprenez aux jeunes le fonctionnement d’un état démocratique : le justice ne se rend pas sur les réseaux sociaux, ceux-ci peuvent permettre certains témoignages, pas les dénonciations. Apprenez-leur que la liberté pour tous n’est que paroles en l’air pour nos concitoyens qui vivent dans la pauvreté. Pour être libre, il faut avoir les moyens de la liberté.

 

 

Notes: 

(1) Nicola Thorp, une intérimaire londonienne de 27 ans , fut renvoyée chez elle sans salaire au motif qu’elle ne portait pas de talons hauts. «On attendait donc de moi de travailler neuf heures d’affilée debout à accompagner les clients en salle de réunion. Je n’aurais tout simplement pas été capable de faire cela en talons !»

(2) Je l’ai fait, à 16 ans. J’ai pris les passagers à témoin. Tout le monde était mal à l’aise mais le « tripoteur » est descendu du tram en courant.

(3) Rappelons que la France et la Belgique font partie des pays où les inégalités scolaires sont les plus importantes: http://www.skolo.org/2014/01/29/pisa-france-et-belgique-champions-de-linegalite/

 

Source : Investig’Action

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