Réouverture des écoles : nos enfants sont-ils réellement en sécurité ? Fact check

Jusqu’à une date récente, on présumait que les enfants et les jeunes étaient largement à l’abri du coronavirus. C’est l’argument principal auquel recourent beaucoup de pays pour rouvrir les écoles. Mais cette supposition est-elle correcte ? Les enfants sont-ils tellement à l’abri du virus et sont-ils par ailleurs non susceptibles de contaminer leurs parents, enseignants ou grands-parents ? Il est temps de faire une vérification des faits.

 

Quand des scientifiques roulent des mécaniques

Au moment même où nous, profanes, recherchons des informations sur ce terrible virus – écoutant à l’envi les scientifiques – ces mêmes scientifiques se répandent tous azimuts. La semaine dernière, quand le fameux virologue allemand Christian Drosten publiait les premiers résultats de son étude sur la contagiosité des enfants, qui serait égale à celle des adultes, le microbiologiste anversois Herman Goossens fit immédiatement un appel téléphonique de deux heures à quelques journalistes afin de leur préciser que son collègue allemand avait écrit un “très mauvais article”. “Les enfants ne constituent absolument pas un risque pour les adultes et sans doute pas davantage pour les personnes âgées. Absolument pas. Il n’y a encore aucune étude démontrant qu’un enfant a contaminé un adulte ou une personne âgée, aucune encore jusqu’à présent” ajoutait-il ensuite. Opinion qu’il réitérera à nouveau dans les studios de la télévision.

Qu’allons-nous faire de ça ? En soi, un désaccord entre scientifiques n’est pas tellement inhabituel. Essayez donc de déterminer si un verre de vin par jour est bon ou pas pour la santé. D’innombrables articles de journaux affirment aussi bien l’un que l’autre, toujours sur la base d’études. C’est juste qu’ici l’enjeu est bien plus important que de savoir quelle peut être la boisson du repas du soir. Il s’agit à très court terme de vies et d’enjeux financiers énormes.

Chaque étude arrive dans les médias plus ou moins non filtrée et les résultats sont immédiatement introduits dans le grand débat sociétal sur la suite à donner au confinement et aux stratégies de sortie. Bien des choses en dépendent donc. Il faut ajouter que beaucoup d’études sont publiées sans évaluation par les pairs, parce qu’il faut faire vite et que nous devons faire face à un virus qui n’a encore révélé qu’une fraction de ses secrets.

 

Une guerre idéologique

Le danger, c’est quand chaque étude voire petite partie d’étude est immédiatement brandie comme une arme pour tenter d’en revenir le plus vite possible à l’ordre du jour (“le redémarrage de l’économie” ! Ou “le retour à la normalité” !). Cela déchaîne une guerre idéologique et les chercheurs s’y sentent mal.

Nous en avons vu un bel exemple la semaine passée. Le UK Royal College of Paediatrics (RCPCH) a publié une revue de 78 études. Le Daily Mail a aussitôt titré : “Experts cannot find a single child under 10 who has passed on coronavirus to an adult despite huge trawl of data raising hopes they pose no risk”. (Les experts ne peuvent trouver un seul enfant de moins de 10 ans qui ait passé le coronavirus à un adulte, malgré une vaste recherche de données, augmentant l’espoir qu’ils ne constituent pas un danger”).

Alasdair Munro, l’un des auteurs de la revue, a immédiatement contre-attaqué. Il a souligné que les résultats avaient été mal compris et que les enfants peuvent bel et bien transmettre le virus à des adultes.

Il y a même eu une réaction officielle du Royal College of Paediatrics britannique lui-même : un certain nombre de journaux citant le RCPCH ont suggéré à tort que les enfants ne peuvent transmettre le Covid-19. Cela n’est pas le point du vue du RCPCH et cela ne repose pas davantage sur des preuves.

Même chose avec une enquête australienne dans cinq classes gardiennes. Divers membres du gouvernement déduisent immédiatement de cette enquête que les écoles sont sans problème et peuvent même rouvrir sans beaucoup de mesures. Là aussi, l’auteur principal de l’étude, Kristine Macartney, a dû intervenir vigoureusement pour mettre les points sur les i. « Nous avons vu une contamination faible, mais nous n’avons pas observé une absence de contaminations. Je pense que les enfants peuvent bel et bien transmettre le coronavirus. C’est certain. Nous l’avons vu. »

Elle complète par une phrase très importante : « Je ne pense pas que notre étude doive être utilisée comme élément de preuve pour mener une gestion quelle qu’elle soit ». C’est pourtant exactement ce qui se passe à présent. Il y a une forte pression économique pour rouvrir crèches et écoles. Il faut que les parents soient débarrassés de leurs enfants en journée s’ils veulent se remettre sérieusement au boulot. Toute partie d’étude qui appuie cette pression bénéficiera illico d’une grande attention et sera joyeusement relayée dans les médias.

Ceux-ci procèdent souvent à du« picorage » ou extraient des fragments de leur contexte. Souvent aussi on mélange tout. Nous allons essayer ici de démêler le nœud.

 

Trois variables

Pour voir si et dans quelle mesure les enfants sont sans risque, nous devons examiner trois variables :

1) le risque qu’ils soient eux-mêmes contaminés,

2) le risque qu’ils présentent des symptômes, tombent gravement malades ou le cas échéant décèdent,

3) le risque qu’ils contaminent les autres.

Il est important de bien cloisonner ces trois variables et de les examiner chacune séparément, d’autant plus que l’une des variables est déjà beaucoup moins sûre que les autres. Si malgré tout on les empile ensemble – ce qui n’arrive que trop fréquemment – on en arrive vite à des conclusions erronées.

 

1) le risque d’être contaminé

Il n’y a pas encore beaucoup d’études sur les risques de contamination chez les plus jeunes, et ce n’est pas un hasard. Ce sujet d’étude est rendu difficile par trois facteurs. Premièrement les enfants présentent moins de symptômes graves que les adultes, c’est pourquoi ils sont moins testés Deuxièmement le premier grand groupe de propagateurs provenait de stations de ski. Dans ce groupe, les jeunes enfants étaient sous-représentés. Troisièmement, la plupart des pays ont assez vite fermé crèches et écoles, ce qui les a moins exposés à la contamination.

Selon des enquêtes réalisées aux Etats-Unis, en Corée du Sud, en Espagne et en Italie, les enfants réagissent beaucoup moins au virus que les adultes. Il faut néanmoins rester prudent à cet égard, car les enfants présentent moins de symptômes et sont donc beaucoup moins testés. CDC (1), l’institut qui s’occupe de la lutte contre les épidémies aux Etats-Unis, est en tout cas très prudent dans l’établissement de comparaisons statistiques entre catégories d’âge dans ce contexte.

En Islande 6% de la population ont été testés, dont des enfants. Dans un grand groupe à risque (2) de 9.199 personnes on a pu constater que les enfants de moins de 10 ans couraient deux fois moins le risque d’être infectés que le reste de la population. L’enquête menée hors du groupe à risque n’a pas donné de résultats significatifs (3).

La revue médicale The Lancet, qui fait autorité, parvient à une autre conclusion que les études mentionnées. Il ressort d’une étude des données de la métropole de Shenzhen en Chine (13 millions d’habitants) que les enfants ont légèrement plus de risques d’être infectés en comparaison d’adultes (4).

La petite ville de Gangelt a été l’un des deux centres du coronavirus en Allemagne. 7% de la population ont été testés. Il en ressort que l’âge ne joue aucun rôle dans le fait d’être contaminé. Les enfants courent le même risque que les adultes de choper le virus.

Que nous apprennent ces études ? Les enfants tombent moins malades du Covid-19, cela est sûr (voir point suivant). Mais nous ne pouvons pas en déduire qu’ils ne seraient pas ou moins vulnérables au virus. Peut-être ont-ils moins de risques de choper le virus, mais peut-être aussi le contraire. Selon le Pr Viner, président du Royal College of Paediatrics and Child Health de Grande-Bretagne, il n’y a actuellement pas assez de données pour tirer une telle conclusion. Cela nécessite davantage d’examens.

Les études ci-dessus ne concernent du reste que des enfants de moins de 10 ans. Nous en savons encore moins sur les adolescents.

 

2. Le risque de tomber malade ou de mourir

Beaucoup de patients corona ne présentent pas ou très peu de symptômes. C’est encore plus vrai chez les enfants. Il ressort d’une étude de Chine que 90 % des enfants contaminés présentent soit aucun symptôme soit des symptômes très légers. Des études réalisées aux Etats-Unis, en Italie ou en Espagne confirment ce constat.

On voit donc encore moins que chez les adultes (5) si des enfants sont contaminés ou pas. En outre on est déjà contagieux bien avant que les symptômes ne deviennent visibles. Près de la moitié des contaminations ont lieu avant que la personne contaminante ne développe elle-même des symptômes. C’est d’ailleurs ce qui rend le virus aussi traître.

Comme les symptômes sont plus légers, les enfants guérissent aussi plus rapidement. La plupart des enfants admis à l’hôpital ont un bon diagnostic et se rétablissent en une à deux semaines. Toutefois les enfants les plus jeunes ont tendance à contracter des infections plus graves que les enfants plus âgés – peut-être parce qu’ils font une réaction inflammatoire plus importante ou parce que leur système immunitaire est moins développé (6).

Le Covid-19 occasionne peu de symptômes chez la plupart des gens et surtout chez les jeunes, ce qui crée une illusion de sécurité. C’est la deuxième raison pour laquelle le virus est tellement traître. Lothar Wieler, président de l’Institut fédéral allemand de lutte contre les maladies infectieuses (7), met en garde : « Ce virus a des propriétés auxquelles je ne veux pas m’exposer, pas plus que mes enfants. Je ne peux que mettre en garde chacun de ne pas se comporter trop légèrement avec ce virus ».

Le taux de mortalité calcule le risque de mourir du corona que vous encourez si vous êtes contaminé. Ce chiffre est difficile à calculer exactement et doit donc être manié avec prudence (8). Il diffère de pays à pays et il y a aussi de grandes différences entre catégories d’âge. Plus on est âgé, plus le risque de mourir est élevé. En-dessous de 10 ans, le taux de mortalité est de 0 %; entre 10 et 40 ans, il est de 0,2 %, ensuite c’est exponentiel. Les octogénaires ont 15 % de risque d’en mourir.

Il faut encore évoquer un phénomène important. Des hôpitaux de plusieurs pays ont admis des enfants présentant des symptômes étranges mais graves, qui peuvent être corrélés au Covid-19. C’est le cas notamment en Grande-Bretagne, France, Irlande, Italie, Espagne, Pays-Bas et aux Etats-Unis. Il s’agit d’un nombre peu élevé, mais ici aussi d’autres études sont nécessaires pour y voir clair.

CNN résume bien ce que nous apprennent les études sur les deux variables : « Les cas de coronavirus chez les enfants ne sont pas si dangereux, mais cela ne les rend pas moins graves ». Gravité qui est avant tout liée à la possible propagation du virus par des enfants, ce qui nous amène à la troisième variable.

 

3. Le risque de propager le virus

C’est cette variable qui est le moins documentée, et présente le plus de contradictions. Des études de France, du Pays de Galles, d’Australie et d’ailleurs « suggèrent » – c’est le mot qu’elles utilisent généralement elles-mêmes – que les enfants diffuseraient peu le virus. Les études sont surtout basées sur un très petit nombre de cas. En France par exemple il s’agissait d’un seul enfant, au Pays de Galles de 9 enfants.

Ces études sont contestées par Christian Drosten. C’est l’un des éminents scientifiques qui ont découvert les virus SARS-CoV en 2003. Son étude, basée sur des enquêtes en Allemagne et en Chine, indique que la charge virale (contagiosité) chez les enfants ne diffère pas de celle des adultes.

Une étude encore plus récente, déjà mentionnée ci-dessus, montre que les enfants contaminent même davantage les adultes plutôt que l’inverse. Il s’agit de la ville sévèrement infectée de Gangelt où 7 % des ménages ont subi des examens approfondis sur le risque qu’ils soient eux-mêmes contaminés et sur le risque qu’ils transmettent l’infection.

Le Pr Arthur Reingold, épidémiologiste à l’Université de Californie à Berkeley, fait remarquer que les enfants sont « incroyablement efficaces pour répandre d’autres virus respiratoires, comme la grippe ». C’est bien sûr un virus différent et il est bien possible qu’il se propage autrement, mais « nous partons du principe que les enfants sont très efficaces pour diffuser des virus respiratoires, parmi lesquels le nouveau Covid-19 »

Le Dr Danielle Zerr, experte en maladies infectieuses à l’hôpital des enfants de Seattle, ne voit pas non plus pourquoi les enfants ne pourraient pas être de forts contaminateurs. « Quand nous constatons un haut niveau de virus dans leur nez, je ne vois pas pourquoi ils transmettraient moins vite le virus ».

Les études citées sont presque toutes partiellement basées sur des modèles mathématiques faute de données suffisantes sur le terrain. C’est la raison pour laquelle elles sont fortement hypothétiques et se contredisent facilement. La question est très importante du point de vue du redémarrage des écoles. C’est pourquoi cela vaut certainement la peine de voir quel est l’impact de la fermeture ou de l’ouverture des écoles sur la propagation du virus.

Une autre étude allemande sur la petite ville de Gangelt considère les écoles de la ville comme le foyer de contamination principal du virus. C’est en conformité avec l’étude de la revue scientifique Science basée sur les données de Wuhan et Shanghai. Selon l’étude, la fermeture des écoles a pu réduire la propagation de 40 à 60 %. Au Danemark la thèse a récemment été confirmée dans la pratique, mais en sens inverse. Après que les écoles préparatoires et les crèches ont rouvert, le facteur de reproduction (R0) (9) a augmenté de moitié, passant de 0,6 % à 0,9 %.

 

On n’est jamais assez prudent

Le Covid-19 est notre ennemi invisible mais très dangereux, dont nous ne savons pas encore grand-chose. Les études académiques sur le virus n’en sont qu’au début, elles se basent souvent sur des données peu empiriques et elles n’ont pas encore franchi l’épreuve de l’évaluation critique par des collègues (10). Les médias prennent souvent des études « provisoires » pour des études scientifiques à part entière.

En raison de ces connaissances lacunaires, contradictoires et provisoires, la plus grande prudence est de mise dans l‘assouplissement des mesures de lutte contre le virus. Selon  Alexandru Niculae, porte-parole du Centre européen de prévention et contrôle des maladies (CEPCM), nous n’avons actuellement pas encore assez de données pour savoir comment exactement le virus se propage et certainement pas comment il se diffuse à partir des enfants. C’est précisément pour cette raison que Simon Clarke, professeur de microbiologie cellulaire à l’Université d’Oxford estime qu’il est important de « se ranger du côté de la prudence » lors des discussions autour de la question de la transmission du coronavirus par des enfants à des adultes.

C’est également l’avis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Lors d’une conférence de presse le 29 avril dernier, l’épidémiologiste OMS Maria Van Kerkhove a mis en garde avec insistance sur l’hypothèse que les enfants seraient immunisés ou ne transmettraient pas la maladie. « Il n’y a aucune raison de supposer que les enfants sont moins réceptifs à l’infection quand ils y sont exposés, ou qu’ils ne peuvent pas la transmettre. Ce n’est pas du tout ce que nous montre l’épidémiologie ».

La question est de savoir si cette prudence stricte sera déployée – pourra l’être – lors de la réouverture des écoles (11). L’exemple de la Chine peut nous servir. Là-bas des écoles n’ont pas rouvert avant que le facteur de reproduction R0 ne soit pratiquement nul, ce qui donne une large marge. L’Europe le fait avec un R0 d’environ 0,6, ce qui est tout juste (12). Mais la discipline de la population chinoise n’est pas comparable avec la nôtre et les mesures préventives sont particulièrement sévères en Chine.

Dans les semaines précédant la réouverture, les enseignants se sont entraînés à toutes sortes de procédures de lutte contre le virus. Par exemple ils font un exercice pour simuler ce qui doit se passer si un élève présente de la fièvre. En Belgique les élèves avec symptômes peuvent être renvoyés à la maison (13) … Et voilà. En Chine, toute la classe est mise directement en quarantaine et un médecin teste toute la classe. Si les résultats sont négatifs deux heures plus tard, la classe est libérée. Dans le cas contraire, toute la population scolaire est testée à fond, les élèves et les enseignants contaminés sont placés en quarantaine puis on lance tout le système de dépistage et de traçage.

 

La réouverture des écoles

En Europe on réagit en ordre dispersé. Dans pas mal de pays on veut renvoyer les enfants à l’école le plus vite possible et dans d’autres pays on est plus prudent et on pense plutôt au long terme.

La date de redémarrage des écoles dépend partiellement du contrôle de la courbe (et donc d’un R0 bas), mais comme nous l’écrivions ci-dessus des motivations économiques jouent elles aussi un rôle. Si les enfants ne vont pas à l’école, un des parents doit rester à la maison.

Au Danemark les premières écoles ont rouvert le 15 avril, avec pour conséquence une remontée de moitié du facteur de reproduction R0. En Allemagne la réouverture partielle était prévue pour le 4 mai, mais cette date a été postposée par crainte d’une deuxième vague. En France le début est prévu pour le 11 mai  en dépit de l’avis du conseil scientifique qui est d’attendre. En Italie, Espagne et Irlande les écoles ne rouvriront que le 1er septembre (en vert sur le graphique).

En Belgique la réouverture est prévue pour le 18 mai. En attendant ce jour on nous rebat les oreilles avec des études censées appuyer cette décision.

La vigilance s’impose, tant pour les décisions prises aujourd’hui que pour les études dont on nous abreuve.

 

 

Source originale: De Wereld Morgen

Traduction du néerlandais : Anne Meert pour Investig’Action.

 

Notes

1. Centers for Disease Control and Prevention

2. Essentiellement des personnes présentant des symptômes, avaient voyagé récemment dans des pays à risques ou avaient été en contact avec des personnes infectées.

3. Dans cet échantillon pas un seul enfant de moins de dix ans n’a été testé positif dans le groupe non à risque, alors que chez les plus de 10 ans il y en avait 0,8% des personnes testées.

4. Le taux d’infection était de 7,4% chez des enfants de moins de dix ans et de 6,6% dans le reste de la population.

5. Les tests en Islande montrent que 50 % des personnes contaminées ne présentent pas de symptômes. En Chine ce chiffre était de 60 %.

6. Le nombre de cas graves et critiques était de 10,6%, 7,3%, 4,2%, 4,1% et 3,0% pour les groupes d’âge respectivement de <1, 1-5, 6-10, 11-15 en ≥16 ans.

  1. Institut Robert-Koch
  2. Le calcul est une simple fraction : le nombre de morts par corona (le numérateur) divisé par le nombre de contaminations (le dénominateur). Le numérateur n’est pas très facile à évaluer précisément parce que tous les morts par corona ne sont pas connus ou testés et parce qu’il s’agit parfois de morts « présumés » corona. Le dénominateur est encore bien plus problématique : il s’agit souvent d’infections « confirmées », c’est-à-dire uniquement le testé ou celui qui est fortement soupçonné – et non pas de « toutes » les contaminations. Comme la moitié des personnes contaminées ne présentent pas de symptômes et vu que l’on teste relativement peu, le dénominateur est sans doute en réalité bien plus grand que ce que montrent les chiffres. Cela signifie que le chiffre réel sera sans doute inférieur au chiffre rapporté.
  3. R0 est le taux de reproduction moyen ou la rapidité de contagion moyenne d’une maladie infectieuse. C’est le nombre moyen d’infections causées par une personne contaminée, sans immunité et en l’absence de mesures préventives comme par exemple la vaccination. Un taux de reproduction de 2 signifie qu’un porteur de l’infection contaminera en moyenne deux autres personnes.
  4. La littérature scientifique suit une procédure sévère. Dans un premier stade, les résultats sont présentés à l’appréciation de collègues. A ce moment on parle de preprint ou prépublication. Si l’article est agréé par des collègues, il peut être publié comme article académique. La plupart des études que les médias présentent aujourd’hui en sont encore dans la phase preprint. Il faut donc les considérer avec quelque prudence.
  5. Evidemment le taux de contagiosité des enfants n’est pas le seul facteur pour la diffusion du virus lors de la réouverture des écoles. Les transports publics semblent également constituer un facteur de contamination très important. Il arrive souvent aussi qu’un des parents amène les enfants petits à l’école, ce qui peut mettre en contact tous ces parents eux-mêmes.
  6. Lors de tout assouplissement des mesures, donc également lors de la réouverture des écoles, R0 grimpe irrémédiablement. Si R0 dépasse 1, le nombre de contaminations augmente à nouveau.
  7. Le « Scénario prévention pour réouverture des écoles» stipule : « Les élèves et enseignants présumés malades peuvent être renvoyés à la maison par la direction. La maladie sera diagnostiquée par un médecin ».

 

 

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