Nicaragua : Amnesty International s’est trompée

En tant que membre d’Amnesty International, je suis indignée par la complète désinformation de son appel à une Action Urgente concernant le Nicaragua. Après avoir séjourné dans ce pays pendant les années 1980, je comprends bien des thèmes qu’Amnesty ne semble pas comprendre. Je conteste les plaintes de son appel et espère une réponse à mes commentaires.

 

 

La stratégie de persécution et criminalisation du gouvernement du Nicaragua

 

 

Le gouvernement nicaraguayen n’a pas de « stratégie de persécution et criminalisation » mais si, a le droit d’arrêter les délinquants comme n’importe quel pays. Les personnes que vous mentionnez sont seulement deux des criminels ou terroristes qui ont détruit le Nicaragua, pays qui aime la paix, depuis la mi-avril, en provoquant de terribles souffrances aux personnes les plus pauvres et vulnérables du pays.

 

La police affirme dans les médias que ces gens sont responsables d’actes de « terrorisme », « d’incendie prémédité », « d’agressions » et de « possession illégale d’armes à feu », entre autres accusations. Ils n’ont pas encore été présentés devant un tribunal.  Oui, parce qu’il est probable qu’ils ont commis ces crimes.

 

J’ai vu sur des pages Facebook d’amis du Nicaragua la violence de ces groupes qui ont attaqué des gens dans la rue, en particulier ceux qui travaillent dans le secteur public, enseignants, travailleurs de la santé, policiers,… J’ai regardé (parfois en partie parce que c’était trop terrible) des images de vidéos de la torture exercée par des matons (aujourd’hui détenus et dont vous réclamez la libération) envers des hommes et des femmes décents qui ont dédié leur vie à la liberté et la prospérité du Nicaragua. J’ai vu comment des terroristes ont expulsé cinq personnes de leur humble demeure rurale et l’ont incendiée, détruisant tous leurs biens, laissant des enfants déjà appauvris et leurs parents sans foyer.

Mes preuves proviennent de sources de confiance. Pourquoi Amnesty n’informe-t-elle pas sur ces faits ? Ne devrait-elle pas soutenir les efforts pour que les coupables de ces faits soient menés devant la justice ? Le Nicaragua possède un système judiciaire juste, raison pour laquelle ces gens n’ont pas encore comparu devant la justice. Ce serait ainsi dans n’importe quel pays libre, non ? On donne à l’accusé le droit d’avoir un avocat et du temps pour qu’il prépare sa défense.

 

Pendant les années 1980, quand le Nicaragua n’avait rien, je faisais partie de ces milliers de personnes qui faisaient campagne et récoltaient de l’argent pour construire des écoles. Lorsque j’ai visité le pays l’année dernière, je me suis réjouie de constater la bonne éducation que reçoivent les Nicaraguayens aujourd’hui et certaines de leurs fantastiques écoles, spécialement dans le campo, la campagne. J’ai logé face à un de ces centres de santé bien équipés et je ne compte plus le nombre d’hôpitaux et de cliniques à Managua. Écoles, hôpitaux, centres de santé, une agriculture prospère et un tourisme en croissance, sont des caractéristiques de la présidence Ortega. Ce sont précisément ces symboles que les violents et les criminels que vous voulez défendre se proposent de détruire depuis le 19 avril. Jusqu’à cette date, le Nicaragua était le pays le plus pacifique d’Amérique centrale avec peu de délinquance : il suffit de comparer avec les terribles conditions de vie dans le Honduras voisin.

 

 

Participer aux protestations en cours dans le pays

 

 

Qui sont ces terroristes ? Des personnes qui créent la terreur, empêchent les gens de vivre une vie normale, en utilisant des armes illégales, le visage cagoulé, imposant aux chauffeurs, aux travailleurs de la terre, aux professeurs et infirmières, des humiliations et souvent en leur donnant des coups. Ce ne furent pas des protestations mais des blocus de voies publiques qui empêchaient le transport d’aliments, que les enfants aillent à l’école et qui rendaient la vie plus que misérable, épouvantable.

 

J’ai vu de nombreuses vidéos des protestations des Nicaraguayens désireux de la paix avec leur slogan « Non aux barricades ». « Fin des blocus ». C’étaient des gens du peuple, courageux, qui affrontaient les violents et les terroristes lors de bruyantes manifestations pacifiques : des gens de la rue qui soutenaient le gouvernement de Daniel Ortega.

J’ai aussi vu de nombreuses images des grandes manifestations à Managua en soutien au gouvernement de Daniel Ortega et la nécessité de la paix. Je souhaiterais dire que les photos aériennes suggèrent qu’il s’agit là des plus grandes manifestations que j’ai jamais vues, et qu’elles furent pacifiques.

 

Dans son Action urgente et dans sa compréhension minimale du Nicaragua et de son peuple, Amnesty demande à ses membres qu’ils défendent des actions criminelles. Maintenant, je vois Amnesty comme une organisation impérialiste qui pense savoir ce qui est bon pour un pays sans tenir compte des opinions de la grande majorité des Nicaraguayens. Pire, elle a été trompée par les efforts délibérés des États-Unis pour saper le Nicaragua et les pays progressistes où les gens passent réellement en premier.

J’ai annulé mes mensualités à Amnesty et j’annulerai aussi ma carte de membre. Malgré tout le bon travail que j’estime qu’Amnesty a réalisé, ma confiance dans l’organisation s’est rompue. Je suis furieuse et je vous demande de retirer votre Action urgente sur le Nicaragua jusqu’à ce que vous ayez une meilleure compréhension de ce qu’il est réellement en train de s’y passer.

 

Traduit de l’espagnol par JF

Source : Le Journal Notre Amérique

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