Netanyahou « la frontière sud en Syrie décisive pour les équilibres dans la région»

 

L’intelligence israélienne suit avec beaucoup d’appréhension l’évolution de la bataille qui se déroule près de la frontière syrienne et irakienne. Tel-Aviv est préoccupée par le fait qu’une éventuelle libération et stabilisation de la région désertique pourrait créer un « couloir » ou « passage terrestre » de Téhéran jusqu’à Beyrouth, en passant par l’Irak. 

Le journal israélien Haaretz a publié un article sur les combats dans la région et a indiqué que les milices chiites en Irak et en Syrie sont en train d’avancer rapidement le long de la frontière syro-irakienne, sous la supervision iranienne. Le rapport conclut que, si les milices unissent leurs forces, « l’Iran sera en mesure de disposer en toute sécurité d’un couloir passant par l’Irak qui lui permettra de positionner librement ses troupes, ses armes et ses convois en fournissant le régime de Bachar Al Assad et le Hezbollah au Liban.». 

Les paroles de Yisrael Katz, le ministre israélien de l’information, dénotent une certaine inquiétude quand il dit, s’adressant au quotidien Yediot Haaronot, qu’« expulser Daesh et les rebelles des frontières permet aux milices liées à l’Iran de prendre le contrôle de plusieurs zones stratégiques, du désert situé à l’ouest de Mossoul jusqu’aux hauteurs du Golan ». Le même premier ministre Netanyahou a déclaré que la « zone frontalière entre la Syrie et l’Irak est actuellement la plus importante dans la région parce que c’est là que va se décider l’équilibre du pouvoir dans le Moyen-Orient » 

Ces inquiétudes se sont concrétisées la semaine dernière. Vendredi passé, les troupes loyalistes syriennes, ainsi que le Hezbollah, ont atteint la frontière au nord-est de la localité de Al Tanf et ont uni leurs forces à celles du Hached Chaabi irakien (Unité de mobilisation populaire ou PMU, ndlr).  Citant une source militaire, l’agence de presse syrienne SANA a annoncé que « Les forces syriennes ont réussi à avancer beaucoup dans la région du désert de Badia en deux semaines seulement ». 

Les troupes de Damas ont évité la base d’Al Tanf, occupée par les rebelles soutenus et défendus par les États-Unis – les Américains ont bombardé trois fois les milices de Damas pour cette raison – et ont empêché leur possible avancée vers l’est. Le nouveau – énième – groupe rebelle appelé Jaish Souria al Jadid (Nouvelle armée de la Syrie, ANS), soutenu par les Américains et les Britanniques, ne sera donc plus en mesure d’avancer dans la région vers Deir ez-Zor. 

Interrogé sur la situation dans le site Debkafile, un expert militaire israélien lié aux forces armées a déclaré que « l’existence d’un passage terrestre sûr permettrait à Téhéran de maintenir une présence militaire permanente aux portes d’Israël. » Selon d’autres analystes, cette victoire ne permettrait plus aucune sorte d’ingérence par la coalition dirigée par les Américains dans la lutte contre Daesh dans toute la région du désert oriental et dans la province de Deir Ez-Zor. 

Un succès qui entrave les plans de Washington. L’administration américaine envisageait en effet la création d’une « zone rebelle » afin de maintenir la Syrie divisée et fragmentée. Ces derniers mois, les États-Unis ont essayé par tous les moyens, du côté irakien, d’entraver l’avancée du Hached Chaabi vers la frontière syrienne. Une conquête, enfin, qui pourrait également empêcher les troupes jordaniennes, soutenues par des divisions américaines et britanniques, d’avancer au-delà des frontières de la Syrie du Sud en prétextant la lutte contre Daesh. 

« La conquête de la frontière syro-irakienne », a annoncé le Premier ministre irakien Haidar Abadi, « empêche toute possibilité pour les terroristes de Daech de s’échapper vers la Syrie et favorise ainsi la prochaine chute de l’État islamique en Irak et en Syrie ». Même accent triomphal dans les déclarations du général Serguei Surovikin, commandant des forces russes en Syrie, qui s’est félicité de la libération de toute la région « pour la première fois au bout de 5 ans » et des succès rapides engrangés contre l’État islamique dans la zone frontalière. 

 La réaction israélienne, liée à un double envahissement de l’espace aérien et de l’espace maritime (avec deux jets et une frégate de la marine) du Liban, indique une certaine inquiétude de la part de Tel-Aviv et sa volonté de tester et de contrôler immédiatement ses capacités défensives au Liban. 

Source : Contropiano

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