L’idée de “crise humanitaire” est utilisée pour intervenir au Venezuela

L’expert indépendant de l’Organisation des Nations Unies (ONU) Sur la Promotion d’un Ordre International Démocratique et Equitable Alfred de Zayas a averti qu’on utilise le terme « crise humanitaire » pour intervenir au Venezuela et renverser le Gouvernement actuel.

 

« Ce terme de « crise humanitaire » devient facilement un prétexte à une intervention pour renverser le Gouvernement élu, » a-t-il expliqué lundi dans une interview accordée à Telesur.

Alfred de Zayas a indiqué qu’au Venezuela, il y a un problème de pénurie d’aliments et de médicaments « mais ce n’est pas une situation d’urgence aigüe » et le Gouvernement a une série de programmes pour résoudre ces situations.

« Je n’aime pas les exagérations. Les crises humanitaires existent dans de nombreux pays d’Afrique, du Moyen Orient. Au Venezuela, il y a une pénurie mais il faut connaître les causes de ces problèmes, savoir jusqu’à quel point c’est la faute du Gouvernement, jusqu’à quel point c’est le résultat de la guerre économique qui vient de l’étranger, des sanctions, de la chute du prix du pétrole, de l’inflation, de la contrebande (vers la Colombie), » a-t-il déclaré.

L’expert de l’ONU a rappelé l’histoire de la crise au Chili en 1973 mais « ils n’oublient pas que (Henry) Kissinger et (Richard) Nixon ont dit qu’on ne pouvait pas tolérer qu’un modèle alternatif réussisse en Amérique Latine et ensuite, le Gouvernement (de Salvador Allende) a été renversé par la force grâce à un coup d’Etat. »

De même, De Zayas a indiqué qu’une autre raison éventuelle des signalements d’une soi-disant crise humanitaire au Venezuela serait de faire diversion : « Il y a d’autres problèmes, au Brésil, au Honduras, en Argentine, dont on parle très peu. »

Il a expliqué que l’intervention dans un pays ne peut être basée que sur des cas de génocide comme au Rwanda en 1994 et au Cambodge dans les années 70.

Il a précisé que l’article 2 paragraphe 3 de la Charte des Nations Unies est très clair dans sa condamnation des interventions car elle plaide pour la résolution des conflits par le dialogue.

« Les membres de l’Organisation régleront leurs controverses internationales par des moyens pacifiques de telle sorte que ni la paix ni la sécurité internationales ni la justice ne soient mises en danger, » dit l’article 2 paragraphe 3 de la Charte des Nations Unies.

Sur les demandes de la droite internationale pour que le président constitutionnel du Venezuela, Nicolás Maduro, soit jugé pour crimes contre l’humanité, l’expert de l’ONU a assuré que c’est quelque chose de « surréaliste » et que « ce n’est pas sérieux. » Il a indiqué qu’il « y a 20 ou 30 autres chefs d’Etat qui tomberaient plus facilement sous cette juridiction. »

Il a remis en question, en outre, le fait que l’on n’enquête pas sur les Gouvernements impliqués dans des crimes contre l’humanité pendant les interventions en Irak, en Afghanistan et en Libye.

De Zayas a dit que quelques semaines avant de se rendre au Venezuela, il a été harcelé : « Ils m’ont affublé de toutes sortes d’épithètes et sur les réseaux sociaux, on disait que je n’étais pas indépendant » mais il a précisé que ceux qui le critiquent « ne veulent pas un rapporteur indépendant, ils en veulent un qui vienne condamner. Je viens écouter pour ensuite formuler des recommandations constructives. Moi, ça ne m’intéresse pas de condamner un Etat, je viens aider par mes conseils, mon assistance technique. »

L’expert indépendant est arrivé au Venezuela le 27 novembre dernier et il a rencontré des fonctionnaires du Gouvernement, des victimes de violations des droits de l’homme et de la violence de ce qu’on appelle les « guarimbas » (protestations violentes de l’opposition) pour connaître la situation politique, économique et sociale du pays.

« J’ai vu 15 ou 16 ministres, des conseillers, pour savoir ce qui s’est passé ces dernières années, la chute des prix du pétrole, la pénurie, le manque d’approvisionnement, » a-t-il précisé.

« Je voulais voir de mes propres yeux et à la fin de mes huit jours de visite, je ferai au chancelier des recommandations préliminaires, » a-t-il dit.

Il a indiqué qu’avant de venir au Venezuela, il a révisé les rapports de la Commission Inter-américaine des Droits de l’Homme (CIDH) et qu’il n’était pas convaincu que sa méthodologie « soit correcte et objective. »

 

Traduit de l’espagnol par Françoise Lopez pour Bolivar Infos. Relu par Investig’Action

 

Source: Correo del Orinoco

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