Les vraies raisons du bombardement de Hiroshima et Nagasaki

6 août 1945. Une bombe explose et tue à elle seule 140 000 personnes. Les Japonais ne le comprendront que plus tard mais les Américains viennent de lancer leur première bombe nucléaire. Pour finir la guerre le plus rapidement possible, comme le prétend l’histoire officielle ? Ou plutôt pour montrer la supériorité américaine sur le reste du monde ?

Avec la capitulation sans condition de l’Allemagne nazie le 8 mai 1945, la Seconde Guerre mondiale touchait à sa fin. Du moins en Europe. Car il fallait encore défaire le Japon militariste. Celui-ci était exsangue. Les États-Unis ont choisi la méthode forte.

Le Président des États-Unis, Harry Truman, décide, fin juillet 1945 d’en finir avec la guerre de manière radicale en utilisant l’arme nucléaire nouvellement mise au point, qui reste jusqu’à présent la plus terrible des armes de destruction massive.

« Nous avons découvert la bombe la plus terrible de l’histoire »

Dans son Journal, Truman note ainsi, le 25 juillet 1945 : « Nous avons découvert la bombe la plus terrible de l’histoire […]. Nous l’utiliserons contre le Japon d’ici le 10 août. C’est certainement une bonne chose pour le monde que la bande de Hitler ou celle de Staline n’aient pas mis au point cette bombe atomique. Il semble que ce soit l’invention la plus terrible qui ait jamais été faite, mais cela peut aussi être la plus utile. »

Utile… mais pas nécessairement pour finir la guerre. Car au moment où Truman prévoit d’utiliser la bombe atomique contre le Japon, celui-ci pense à arrêter le combat. En effet, l’armée américaine réussit à déchiffrer le 31 juillet un télégramme codé du ministère des Affaires étrangères japonais du 26 juillet qui assurait que « Tokyo étudie l’ultimatum allié » : le Japon était prêt à déposer les armes. D’autre part, à la demande expresse de Washington, Staline s’était engagé à déclarer la guerre au Japon, trois mois après la capitulation allemande, soit le 8 août. Or l’entrée en guerre de l’URSS était extrêmement redoutée par les autorités japonaises : l’armée niponne aurait du combattre sur deux fronts en même temps. Pour les USA aussi, l’entrée en guerre de l’Union soviétique contre le Japon signifie une perte d’influence en Extrême-Orient. Cela n’intéressait plus Truman dès lors qu’il apprenait le test réussi de l’arme nucléaire effectué le 16 juillet 1945.1

Deux crimes contre l’humanité… pour intimider les Soviétiques

Le 6 août 1945, un bombardier américain largue une bombe nucléaire sur la ville d’Hiroshima2. On estime à 140 000 le nombre de morts. Le Japon ne comprend pas directement ce qu’il se passe et la guerre continue. Le 8 août, comme convenu, l’URSS déclare la guerre au Japon. Truman décidé alors de lancer une seconde bombe nucléaire le 9 août, sur la ville portuaire de Nagasaki et tue 75 000 personnes.. Le 15 août, l’empereur Hirohito annonce via la radio la la reddition du Japon.

Si le Japon allait de toute façon capituler, pourquoi de tels crimes contre l’humanité ont-ils été commis ? Le témoignage du physicien nucléaire Joseph Roblat – qui reçut le Prix Nobel de la Paix en 1995 – est éclairant3. Celui-ci participait à la mise au point de la première bombe nucléaire à Los Alamos (États-Unis). En mars 1944, à l’occasion d’un dîner, il entend le général Leslie Groves (responsable militaire du Projet « Manhattan » qui visait le développement des premières bombes atomiques) affirme que le but réel de la bombe est de soumettre les Soviétiques. À cette époque, les Soviétiques étaient les alliés des Américains et ils consentaient d’énormes sacrifices en vue de vaincre l’ennemi commun. Un peu plus tard, au cours de cette même année 1944, il devint évident, pour reprendre les paroles de Rotblat, que « la guerre en Europe serait terminée avant que soit mené à bien le projet de la bombe », ce qui rendait « inutile sa propre participation au projet ».  Une fois l’Allemagne vaincue, Rotblat estima que poursuivre le projet de bombe est immoral et il ne prolonge pas sa collaboration. Il fut le seul parmi les nombreux scientifiques qui travaillaient au projet de la bombe.

A Hiroshima et Nagasaki, deux crimes contre l’humanité ont été commis. Non pas pour terminer la Seconde Guerre mondiale, comme le prétend l’histoire officielle, mais avant tout pour montrer aux Soviétiques et au reste du monde la supériorité militaire des États-Unis.

Quand, en 1951, le général en chef de l’armée américaine Douglas MacArthur, dans la guerre de Corée (1950 – 1953), menaça de bombarder la Chine au moyen du nucléaire, Harry Truman, président des États-Unis, le démit de ses fonctions. La donne avait changé. L’Union soviétique possédait l’arme nucléaire depuis 1949…  Une guerre nucléaire était évitée. C’était le début de l’équilibre de la terreur dans lequel nous vivons toujours…

 

Source: Solidaire

Notes:

1. Lire par exemple, Pierre Piérart et Wies Jespers, « D’Hiroshima à Sarajevo », EPO, 1995. Ou Jacques Pauwels, Le mythe de la bonne guerre, Aden, 2017. Voir http://www.aden.be/index.php?aden=le-mythe-de-la-bonne-guerre

2 La première bombe atomique lancée sur Hiroshima, était une bombe à l’uranion -235. Elle avait une puissance équivalente à 15 kilotonnes de TNT (soit 15 000 grosses bombes conventionnelles)
3 Joseph Roblat, http://www.reformation.org/joseph-rothblat.html , 1995. Voir également : https://www.investigaction.net/fr/034-Hiroshima-c-039-etait-contre/

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