Les sept leçons du covid à une planète malade

Dans son livre en deux parties « Planète malade – Les sept leçons du Covid », Michel Collon, fondateur du site web Investig’action, expose son analyse de ce qui a dysfonctionné dans l’approche occidentale de la pandémie du coronavirus, et ce que nous pouvons en apprendre. Une analyse approfondie et détaillée de ce qui fut et de ce qui aurait pu être. « Tout le système doit changer ».


 

Michel Collon occupe une place très particulière au sein des médias alternatifs francophones en Belgique. Donnant la parole à ceux qui, dans les milieux de gauche, ne sont pas toujours (ou pas bien) représentés, il est à l’initiative du site internet Investig’Action.

 

Des livres, des vidéos, des infos

Avec son équipe de collaborateurs fixes, il produit, en plus de très nombreux articles sur leur site web, un grand nombre de livres, résultats d’enquêtes approfondies fondées sur ses sources et interviews dans le monde politique, auprès de journalistes, de politicologues et de personnalités qui ont quelque chose à dire de la vie dans notre société.  Au fil des années, Michel Collon s’est ainsi constitué un impressionnant réseau de contacts dans le monde entier.

Investig’action ne fait pas mystère de la couleur idéologique de ses analyses. Les lecteurs savent de quel côté ils sont, et ceci, au contraire des médias mainstream qui, pour avoir tout autant un profil idéologique, le dissimulent pour se prétendre, injustement, « objectifs et neutres ». Une véritable critique des médias n’est pas très appréciée dans ces milieux. Aussi, les voix comme celle de Michel Collon, ne sont pas du tout bienvenues dans le courant dominant francophone.

Il n’est pas nécessaire d’être toujours d’accord avec lui, pour apprécier pleinement la valeur de son travail journalistique.  Dans un monde juste et transparent, Michel Collon devrait avoir sa place dans le débat, de sorte que le public lui-même pourrait juger de ce qu’il a à dire (encore une chose que les médias mainstream n’apprécient pas : un public qui pense et fait ses choix de manière autonome).

 

Un livre en deux parties

Grâce à son réseau tissé au fil des années, Michel Collon a pu, en quelques mois, publier son livre en deux volumes : Planète Malade – 7 leçons du Covid – L’urgence de repenser le système.  Volume I Enquête, est le fruit de la très large enquête qu’il a menée. Comment en est-on arrivé là ? Volume II Entretiens, est la compilation de 40 entretiens (voir plus loin à propos du volume 2).

Chaque livre est divisé en sept chapitres portant chacun un titre explicite :

  • Leçon 1. Comment certains pays s’en sont-ils mieux sortis ?
  • Leçon 2. Qui a affaibli nos soins de santé ?
  • Leçon 3. Le Big Pharma nous protège-t-il ?
  • Leçon 4. 40 ans de néolibéralisme : quel bilan ?
  • Leçon 5. De quelle économie et de quelle écologie avons-nous besoin ?
  • Leçon 6. Se faire la guerre ou coopérer ?
  • Leçon 7. Avons-nous bien été informés ?

 

Poser la question, c’est y répondre. Elles résument bien ce dont parle le livre. Il y va ici de tellement d’informations que les résumer est un travail impossible. Avant même de s’attaquer aux 7 questions, l’auteur indique, sur une ligne du temps, un nombre de faits frappants qui indiquent que la pandémie de coronavirus – contrairement à ce que l’on continue à entendre aujourd’hui dans les médias – n’a pas été une surprise.

Bien sûr, personne ne pouvait prédire exactement où et quand une pandémie aurait lieu, mais qu’il y en aurait une (et que ce ne serait pas la dernière) était prévisible avec certitude.  Déjà en 1994, Laurie Garrett, journaliste scientifique aux Etats-Unis., prévenait des dangers causés par des microbes et bactéries et virus encore inconnus, résultats de l’impact de l’humain sur son environnement.

Le Français Laurent Lafforgue,  professeur de mathématiques supérieures et de statistiques, explique la différence entre une croissance arithmétique et une croissance exponentielle. Mais trop de gens encore ne la comprennent pas et cela a mené à de nombreux malentendus ainsi qu’à de mauvaises décisions au début de la pandémie.  Bien d’autres choses encore ont mal tourné. Ainsi, une forme de racisme primaire explique aussi la lenteur et le manque de réflexion dans  la manière d’aborder la pandémie en Occident. Tirer des leçons de l’approche de la Chine ? No way ! La suffisance de l’Occident alliée à son assurance injustifiée a occasionné un retard de plus de deux mois dans l’action et par conséquent, généré des milliers de victimes supplémentaires.

 

L’Europe, chacun pour soi

C’est au moment de la percée de la pandémie que le mythe d’une solidarité intra-européenne s’est effondré. L’Allemagne et d’autres nations refusaient toute aide à la région Italienne de Lombardie. Ce seront uniquement les « Etats-voyous », la Chine et Cuba, qui enverront du personnel médical. Bah, ils n’ont fait cela que dans un but propagandiste, n’est-ce pas ?  Étrange que nos démocraties occidentales développées n’en soient pas venues à la même idée : envoyer des médecins pour promouvoir notre modèle de société !

Voilà qui déroule la question. « Notre » modèle de société ne veut en fait pas du tout d’un système de santé à la mesure des gens.  Au contraire, la santé est un produit de consommation. Donc envoyer, de cette manière, des médecins à d’autres pays n’est pas concevable dans ce modèle.

Celui qui, entre-temps, se poserait la question de savoir pourquoi pour la plupart, ce sont les régions industrialisées les plus florissantes de l’Italie qui ont été touchées le plus violemment, trouverait ici la réponse à sa question. Dans le cadre d’une grande campagne de privatisation, les soins de santé devenaient compétence régionale. La Lombardie est, de toute l’Italie, la région où le néolibéralisme  et les privatisations ont frappé le plus durement. Réduction de personnel, démontage des services d’urgence, diminution du nombre de lits…

Une évolution identique se dessine dans toute l’Union européenne. La Lombardie est un exemple effrayant de ce qui va arriver si le bulldozer néolibéral ne change pas de trajectoire. Il ne s’agit pas ici d’agiter l’épouvantail d’une image lointaine. En Belgique, la Région flamande veut obtenir tout pouvoir sur les compétences en matière de soins de santé. La part qu’ils contrôlent déjà est celle des maisons de repos et de soins pour nos aînés. Des établissements plus en plus grands, de plus en plus commerciaux, de moins en moins abordables financièrement.

Dans les sept chapitres du premier livre, des experts ont la parole, des rapports sont analysés minutieusement et des livres, des auteurs sont cités. Une partie de l’information de ce livre, nous la savons déjà instinctivement. Par exemple, que le système des soins de santé aux États-Unis est une catastrophe pour l’Américain lambda.  Mais Michel Collon nous livre ici toute l’information contextuelle dont nous avons besoin pour étayer notre intuition, en plus de nous offrir tout un pan d’informations nouvelles.

Une solution globale se doit d’englober la question des médias.  L’ex-président de l’Équateur, Rafaël Correa, voit bien plus loin que le simple horizon post-corona : « Tant que nous ne résolvons pas la question des médias, nous n’aurons pas de réelle démocratie ». Le premier pas, c’est de vous informer, d’entendre d’autres versions de l’histoire, de s’adresser à d’autres sources.  Ce livre est une précieuse contribution à l’ouverture d’un débat à propos de notre avenir.

 

Quarante entretiens passionnants

La deuxième partie, « Entretiens », respecte la même trame que la première, reprenant les titres des 7 « Leçons »  pour chaque chapitre. Une bonne part de ces entretiens sont des transcriptions d’interviews déjà parues par le biais du canal vidéo Michel Midi.  Des experts médicaux, des scientifiques, des économistes, journalistes, hommes politiques se sont entretenus avec lui au cours de la période mars-septembre 2020, au cœur même de la pandémie.  Environ la moitié d’entre eux habitent et travaillent à l’étranger, dans l’état fédéral indien du Kerala, au Venezuela, en Chine, à Cuba, en France, en Italie, en Espagne, aux États-Unis, au Canada ou en Suisse.

Chaque entretien de ce livre ajoute quelque chose à la « leçon » qu’il concerne. Dans la Leçon 1, la journaliste Jessica Dos Santos explique comment, en dépit de l’embargo économique des États-Unis, le Venezuela a réussi à maintenir un taux de mortalité très bas dans le pays.

Dans la presse grand public, on lit régulièrement ce qui dysfonctionne au Venezuela. Mais il y a un aspect sur lequel, en général les médias se taisent très vertueusement. Ici et là on parle dédaigneusement des statistiques de mortalité liée au Corona qui seraient évaluées à la baisse « par le régime ». Il s’agit en fait des chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé (Nations-Unies), et cela est tu dans toutes les langues. Le Venezuela a introduit dans les années pré-corona, un modèle de soins de santé élaboré selon le modèle cubain, modèle basé sur un travail local de prévention. Cette stratégie évite de lourdes dépenses. Cette stratégie donne ses fruits aujourd’hui.

Pratiquement inconnu chez nous, l’État fédéral indien du Kerala.  Celui qui imaginerait ici que c’est une simple “province” se tromperait lourdement.  À propos de cet État fédéral, on ne lit quasiment rien dans nos médias.  Sur une superficie équivalente à celle des Pays-Bas vivent 38 millions de personnes (dans le classement des 195 pays, Kerala serait le 37e). Kerala a assez clairement le mauvais profil. Il y a là-bas, depuis 10 ans, un gouvernement de gauche. Rajan Khobrag dirige le département de la santé publique. Il explique la stratégie gagnante du Kerala pour s’attaquer à la pandémie.

 

Hommage à Dirk Van Duppen

Un collaborateur pensionné de l’Organisation Mondiale de la Santé (Nations Unies-OMS), intervient également, ainsi qu’une vingtaine de Belges, dont un, employé anonyme du Ministère de la Santé Publique.  Pour une part d’entre eux, ils ne sont pas très connus en Flandre mais on y trouve aussi des voix flamandes importantes comme le philosophe Paul Verhaeghe et Johan Hoebeke, co-auteur du livre « L’Homme, un loup pour l’Homme? Les fondements scientifiques de la solidarité» co-écrit avec Dirk Van Duppen. Ce livre lui est dédié.

Selma Benkhelifa, avocate des parents de Mawda, évoque les raisons pour lesquelles les mesures du lockdown sont utilisées par les politiques comme argument fallacieux pour justifier les violences accrues dans les quartiers populaires à forte représentation d’une population immigrée.  On trouve également des entretiens passionnants avec par exemple Jean Ziegler, Paul Verhaghe, Erik Toussaint du CADTM (Comité pour l’abolition des dettes illégitimes), Alfred de Zayas, ancien représentant, aux Nations Unies pour les droits de l’homme et, l’activiste français Maxime Vivas.  Ce dernier démasque Reporters Sans Frontières avec quelques détails qui, s’ils ne surprennent pas, n’en restent pas moins inquiétants, concernant les faits et gestes des fondateurs de cette organisation.

Quarante entretiens, trop pour tous les citer. J’en ai pourtant retenu quelques-uns, comme celui de l’ancien Président de l’Équateur, Rafaël Correa.  Il ne limite pas son analyse aux frontières de son propre pays, mais parle aussi de l’Uruguay, du Paraguay, du Brésil, des Caraïbes et du Chili – l’un des pays les plus inégalitaires au monde.

Ces livres ont été achevés avant, que les vaccins apparaissent.  À ce propos, Michel Collon ne dit pas grand-chose, mais ce qu’il dit semble bien juste (voir la vidéo avec Johan Hoebeke).  Pour Big Pharma, la pandémie est un business comme un autre.  Leur recherche est en grande partie subsidiée par les pouvoirs publics, ce qui ne les empêche pas, sans gêne aucune, d’exiger des droits d’auteur et des brevets. Est-ce que c’est bien nous, que Big Pharma protège ?  Poser la question, c’est y répondre !

L’auteur ne se limite pas à un travail d’analyse.  Le premier livre se termine par le chapitre : « Une solution était possible » dans lequel l’auteur décrit un scénario qui aurait bel et bien pu être réalisé.

Michel Collon et Investig’action sont suivis par un grand nombre de gens intéressés en France ou, en dehors des temps de pandémie, il multiplie les conférences et les ventes de livres. On trouve par conséquent beaucoup d’informations sur la France dans ses livres.  Cette information est très intéressante pour un public flamand, parce que ce qui s’y passe n’est qu’un avant-goût de ce que concoctent les partis de la droite dans le gouvernement flamand.  Le président Macron veut en finir avec l’État-providence et organise la transformation de son pays en un État policier (Il suffit de voir, entre autres, ses tentatives récentes pour interdire de filmer les actions des forces de l’ordre et sanctionner avec de lourdes peines). Dans le gouvernement flamand actuel, plusieurs ministres jettent un regard de connivence sur ce qui se passe chez nos voisins du sud.  Encore une raison pour confirmer que ces deux livres valent la peine d’être lus.

Tous les livres de Investig’action paraissent avec impression et un lay-out soignés.  Ce double livre « Planète malade » est offert dans un beau coffret.
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L’équipe est entièrement financée par des dons individuels et par la vente des livres (aussi celle d’autres auteurs) et DVD.  Michel Collon, en dehors des temps de pandémie, donne de nombreuses conférences en Belgique francophone, en France et en Suisse, mais il est également disponible pour donner des conférences en néerlandais.

Un certain nombre des livres d’Investig’action ont été édités en version néerlandaise, comme par exemple, De 7 zonden van Hugo Chavez.  Mais son boekshop propose également la version en français des livres de Dirk Van Duppen et Johan Hoebeke, de Ludo De Witte et de Manufacturing Consent de Edward Herman et Noam Chomsky, toujours LE livre de référence pour cerner le travail des médias modernes.  Qui veut réagir ou participer au débat sur notre société post-covid, peut contacter Michel sur le-grand-debat-covid@investigaction.net.

 

Source originale: De Wereld Morgen

Traduit du néerlandais par A.B pour Investig’Action

 

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