«Le Venezuela à la croisée des chemins: autres temps, nouveaux défis»

Au Venezuela, les visiteurs se suivent mais ne se ressemblent pas. D’un coté, d’anciens présidents de pays ouvertement hostiles à la Révolution Bolivarienne. Et de l’autre, le Réseau d’Intellectuels, d’Artistes et de Mouvements Sociaux en faveur de l’Humanité, une association aux cotés des peuples en lutte pour leur libération.

Depuis un certain temps déjà, l’opposition vénézuélienne s’est distinguée en invitant au Venezuela des visiteurs particulièrement emblématiques, tels que d’anciens présidents de Colombie et d’Espagne connus pour leur expérience et leurs antécédents en matière de coups d’état contre le Venezuela ou encore pour leurs opérations militaires clandestines. De plus, depuis que l’opposition vénézuélienne a pris le pouvoir de l’Assemblée Nationale par des moyens peu démocratiques bien qu’exprimés par les urnes, on a pu voir des «touristes» peu communs venus des États-Unis se promener en tant qu’invités dans les bâtiments du palais législatif.

Les premiers, ex mandataires, avec des déclarations d’une agressivité surprenante à l’encontre des autorités vénézuéliennes au pouvoir, y compris le Président de la République, et une ingérence claire que peu de pays accepteraient, y compris dans leurs propres pays d’origine où de telles déclarations de la part d’un invité mèneraient pour le moins à une expulsion «manu militari». Et ceci n’est que le reflet du «théâtre médiatique». D’un côté, la majeure partie des médias internationaux qui présente un régime vénézuélien dictatorial et d’un autre côté la réalité du Venezuela où l’on permet à n’importe qui de faire des déclarations de toute nature, sans rien pour les appuyer, où une rumeur devient un fait, délaissant totalement l’éthique qui devrait caractériser tout journaliste.

Mais cela n’est finalement qu’une toile de fond pour les opposants hôtes, quelque chose qui sent très fort les petits papiers verts nommés dollars, et ce en quantités non négligeables.

Il faut par ailleurs reconnaître que, tant ces visiteurs que leurs hôtes, ont un mécène d’exception en la personne de Monsieur Obama qui a récemment eu le culot de déclarer publiquement qu’il était temps pour le Venezuela de changer de président. Ainsi, le président des États-Unis qui, en apparence, prétend être un modèle de démocratie, élude joyeusement le fait que le président vénézuélien a été élu démocratiquement par les citoyens vénézuéliens et non par un système électoral complexe de grands électeurs comme cela est son cas.

En réalité, cela ne sent pas l’argent, mais plutôt un cocktail subtil de pétrole et d’autres ressources naturelles, assaisonné d’enjeux géostratégiques et d’une illusion d’un nouveau monde qui conviendrait mieux à bien des gens mais pas nécessairement à leurs dirigeants et encore moins aux grandes puissances économiques.

Quant à la REDH, le titre de cet article a été en réalité au centre du récent débat lors de la 12ème Rencontre de la REDH à Caracas en avril 2016, à laquelle ont participé des personnalités venues d’Espagne, des États-Unis et de Colombie, mais également d’autres pays tels que l’Argentine, la Barbade, la Belgique, la Bolivie, le Brésil, Cuba, l’Équateur, l’Égypte, la France, l’Italie, le Mexique, le Nicaragua, la République Dominicaine et l’Uruguay.

Tel était l’objet de réflexion de l’autre catégorie de visiteurs. Ils ont suivi leurs prédécesseurs mais ne leur ont ressemblé en rien. En assistant à plusieurs de leurs réunions de travail, il apparaît qu’aucun des cents visiteurs présents ne s’est permis, à aucun moment, la plus petite observation qui aurait pu ressembler à de l’ingérence dans les affaires internes du Venezuela. Ces visiteurs avaient en effet d’autres préoccupations que de s’approprier les ressources des autres, leurs préoccupations étant un nouveau monde plus juste, plus équitable et plus humain, pour les personnes les plus vilipendées du monde.

En réalité tous sont arrivés à la conclusion que les grands médias occidentaux cachent à leur audience le qualitatif honteux qu’ils méritent pourtant. Le problème actuel n’est pas seulement le Venezuela. En effet, ces derniers temps, par le plus grand des «hasards», des problèmes similaires émergent simultanément au Venezuela, en Équateur, au Brésil et en Bolivie, pays dont la particularité est d’être les quatre nations progressistes principales du continent.

Les États-Unis acceptent difficilement de perdre l’Amérique Latine dans son arrière-cour, ils paraissent même être disposés à passer à une offensive plus globale, avec l’aide de leurs laquais et de leurs alliés infiltrés dans chacune de ces nations par le biais de citoyens prêts à vendre leurs âmes au diable par soif de pouvoir et pour une poignée de dollars.

Mais plus qu’une analyse de ces situations, c’est une synthèse de la Déclaration finale des membres de la 12ème rencontre du Réseau des Intellectuels, Artistes et des Mouvements Sociaux pour la Défense de l’Humanité qui permettra au lecteur de tirer ses propres conclusions sur ce qu’il se passe actuellement en Amérique du Sud.

Synthèse de la déclaration finale des membres de la 12ème rencontre de la REDH:

Nous ratifions notre solidarité avec la Révolution Bolivarienne.

Nous exigeons l’abrogation immédiate de l’infâme décret du gouvernement des États-Unis contre le Venezuela.

Nous rejetons le harcèlement et la censure destinés à faire taire Telesur.

Nous rejetons les lois telles que celles communément appelées «d’amnésie criminelle» ou «d’auto-pardon», qui équivalent à légaliser l’impunité.

Nous appuyons tous les gouvernements, leaders et activistes progressistes de la région.

Nous rejetons toute tentative de coup d’Etat au Brésil ainsi que l’usage falsifié de la justice pour criminaliser des dirigeants politiques populaires, tels que Dilma Rousseff, Lula da Silva et Cristina Kirchner.

Nous rejetons l’assassinat lâche de Berta Caceres, dirigeante du peuple Lenca en Honduras.

Nous nous prononçons pour la libération de la combattante indigène Milagro Salas en Argentine, ainsi que pour la libération de l’indépendantiste portoricain Oscar Lopez Rivera.

Nous appuyons les demandes de justice pour les 43 étudiants d’Ayotzinapa victime de crime d’Etat.

Nous condamnons le para-militarisme colombien ainsi que l’assassinat de 120 militants de la Marche Patriotique au cours de l’année écoulée.

Nous appuyons le président de l’Équateur, Rafael Correa, qui fait face à un harcèlement constant ainsi qu’à de nombreuses tentatives de renversement.

Nous condamnons les tentatives d’utiliser la délinquance ordinaire à des fins politiques et afin de déstabiliser le gouvernement du Salvador.

Caracas – 11 avril 2016

 

*Correspondant Investig’Action au Venezuela

Source: Le Journal de Notre Amérique, mai 2016.

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