L’annonce de la venue de Blaise Compaoré au Burkina déclenche de nombreuses protestations

Ces derniers jours les médias internationaux annonçaient le retour au pays de l’ancien dictateur du Burkina Faso “pour une réunion d’anciens chefs d’Etat afin d’’accélérer la réconciliation”… Il avait été rejeté du pouvoir en 2014 par une puissante insurrection populaire. C’est aussi lui qui a été récemment condamné pour le meurtre de Thomas Sankara le 15 octobre 1987 (IGA).

La nouvelle circule depuis le 5 juillet. Blaise Compaoré devrait venir au Burkina dans le cadre des préparations de la “réconciliation”.

Vous trouverez ci-dessous différentes protestations après l’annonce de cette nouvelle.

On trouvera aussi un communiqué du réseau international Justice pour Sankara justice pour l’Afrique à  https://www.thomassankara.net/communique-de-presse-blaise-compaore-etre-arrete-sil-rentre-burkina/


Déclaration de Mariam Sankara

« C’est quand même faire fi de la justice burkinabè et des sentiments des familles des victimes. C’est quelqu’un qui a renié sa nationalité burkinabè, il est devenu Ivoirien, il s’est moqué de la justice burkinabè. Il a été condamné, et bon voilà qu’on le fait rentrer comme cela au Burkina Faso. Ça dépasse tout entendement.

Je suis écœurée, vraiment frustrée et écœurée parce que je pense que ce n’est pas la voie du tout de la réconciliation, ce n’est vraiment pas cette voie. Tout ce dont les Burkinabè veulent c’est la sécurité dans le pays. Mais ça, ce n’est pas surtout ce que la population demande.

En faisant ce geste il a favorisé l’impunité. Et, dans leur message, ils disaient combattre l’impunité. Mais ce n’est vraiment pas combattre l’impunité de cette façon. Blaise doit exécuter la décision de justice. Il doit passer par la prison ».

Source : https://burkina24.com/2022/07/08/mariam-sankara-blaise-doit-passer-par-la-prison/


Déclaration des avocats des ayant droits de Thomas Sankara et de 12 de ses compagnons d’infortune assassinés le 15 octobre 1987.

Depuis le 05 juillet 2022, des médias nationaux et internationaux font état du retour au Burkina Faso de l’ancien Président Blaise COMPAORE chassé du pouvoir le 31 octobre 2014 à la faveur d’une insurrection populaire.

Si cette information est confirmée, les Avocats des parties civiles dans l’affaire Ministère Public contre COMPAORE Blaise dit Jubal et autres se doivent de rappeler la décision rendue le 06 Avril 2022 par la chambre de jugement du Tribunal Militaire de Ouagadougou qui a :
-Statué publiquement, par défaut à l’égard de Blaise COMPAORE et de KAFANDO Tousma Yacinthe,

-Déclaré les accusés COMPAORE Blaise et DIENDERE Gilbert coupables des faits de complicité d’assassinat à eux reprochés ;

-Condamné COMPAORE Blaise, DIENDERE Gilbert et KAFANDO Tousma Yacinthe à la peine d’emprisonnement à vie chacun ;

-Prononcé la déchéance des décorations de tous les accusés condamnés ayant bénéficié d’une ou de plusieurs distinctions honorifiques ;
-Dit que le Présent jugement vaut titre de détention pour les accusés condamnés à une peine privative de liberté non couverte par la détention provisoire conformément aux dispositions de l’article 315-14 de la loi n°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale ;
-Dit que les mandats d’arrêt décernés contre COMPAORE Blaise et KAFANDO Tousma Yacinthe sont maintenus et ce en application des dispositions de l’article 261-128 alinéa 4 de la loi n°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale.
Au regard de cette décision, les Avocats des parties civiles interpellent avec insistance les autorités judiciaires à prendre toutes leurs responsabilités, notamment faire arrêter et déférer Monsieur Blaise COMPAORE à la justice du Burkina Faso afin que force reste à la loi.

Ouagadougou, le 06 juillet 2022

Pour le Collectif des Avocats

Maître Bénéwendé Stanislas SANKARA

Avocat au Barreau du Burkina Faso


Déclaration des syndicats des magistrats sur le nécessaire respect de l’autorité des décisions de justice. 

Les syndicats de magistrats du Burkina Faso suivent avec une attention particulière l’intensité des débats portant, depuis un certain temps, sur des questions relatives à l’autorité et l’exécution des décisions de justice.

Préoccupés par cette situation et par les conséquences éventuelles des faits et évènements qui en sont les causes sur l’indépendance et l’autorité de la justice, ils rappellent publiquement et avec force que les décisions de justice, peu importe les personnes qu’elles concernent, ont vocation à être respectées et exécutées pour produire leurs entiers effets tant qu’elles n’ont pas souffert de l’exercice d’une voie de recours.

L’histoire nous indique, à toutes fins utiles, qu’elle offre au crédit des syndicats de magistrats, seuls ou avec d’autres entités, de vivants exemples pour la défense de l’indépendance et de l’autorité de la justice.

En tout état de cause, tout en réaffirmant leur attachement au respect et à l’exécution des décisions de justice, les syndicats de magistrats du Burkina Faso invitent le Président du Faso, garant constitutionnel de l’indépendance du pouvoir judiciaire, à œuvrer, sans condition et sans délai, en sorte que le caractère sacré des décisions de justice soit scrupuleusement respecté et que leur exécution soit assurée dans le respect strict des lois en vigueurs.

Ouagadougou, le 07 juillet 2022

Source : https://burkina24.com/2022/07/07/des-syndicats-de-magistrats-tiennent-au-necessaire-respect-de-lautorite-des-decisions-de-justice/


Déclaration du Front Patriotique

Déclaration du FRONT PATRIOTIQUE sur la présence du condamné Blaise Compaoré sur le sol burkinabè
Les organisations de la société civile et les partis politiques signataires de la présente déclaration réunis au sein d’un FRONT PATRIOTIQUE, constatent avec grave préoccupation que l’ancien Président Blaise Compaoré, condamné à perpétuité dans l’affaire Thomas Sankara est présent depuis ce 07 juillet 2022 sur le territoire burkinabè. Dans le cadre de cette affaire judiciaire, un mandat d’arrêt international a été lancé contre ce dernier qui n’a jamais daigné se présenter devant la justice.
Le tribunal avait réaffirmé ce mandat d’arrêt et en vertu de cette condamnation, le Président Blaise Compaoré devrait être immédiatement arrêté et conduit dans une maison de détention.
La justice burkinabè doit arrêter l’ancien chef de l’Etat coupable de faits de complicité d’assassinat, d’attentats à la sureté de l’Etat, de recel de cadavre, conformément au verdict qui a été prononcé le 06 avril 2022 dans le dossier Thomas Sankara et 12 de ses compagnons.
Pour le Front Patriotique, il ne peut en être autrement. Notre peuple déjà meurtri dans sa chair par de longues années d’impunité, entretenue par le long règne de Blaise Compaoré ne saurait tolérer cette énième forfaiture. Si d’aventure, cette forfaiture est consommée, il est à craindre que les dossiers emblématiques de crimes de sang qui jonchent les tiroirs du régime Compaoré soient définitivement enterrés.
C’est pourquoi, nous, organisations de masse, mouvements et partis politiques, personnalités physiques et morales, regroupés au sein du FRONT PATRIOTIQUE,
– Exigeons des autorités politiques et judiciaires l’arrestation immédiate et sans conditions de Blaise COMPAORE ;
– Nous opposons à cette forme de réconciliation au forceps sans le triptyque Vérité-Justice-Réconciliation ;
– Lançons un appel aux anciens chefs d’Etat Yacouba Isaac Zida, Michel Kafando, et Roch Marc Christian Kaboré, à se démarquer clairement de cette mascarade honteuse et indigne qui vise simplement à absoudre des criminels. S’associer à un tel projet, c’est se rendre coupable de parjure et de haute trahison, toutes choses condamnées par la Constitution de notre pays. Ils répondront de cette forfaiture devant l’histoire ;
– Appelons l’ensemble des insurgés et des patriotes et démocrates à se retrouver dans un sursaut national pour faire obstacle à la restauration engagée depuis le 24 janvier 2022 et à défendre et poursuivre les acquis de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 ;
– Constatons l’échec militaire, politique et social des autorités de la Transition dont la mission première consistait à libérer notre territoire national des groupes armés
terroristes, à ramener les populations déplacées dans leurs localités d’origine, et à organiser des élections libres, démocratiques et transparentes pour le retour à l’ordre constitutionnel normal ;
– Invitons les partis politiques, les organisations syndicales et de la société civile, les personnes morales et physiques, l’ensemble du peuple burkinabè à rejoindre le FRONT PATRIOTIQUE, à se mobiliser pour barrer la route au terrorisme, à l’impunité et à la restauration du régime déchu de Blaise Compaoré ;
Le FRONT PATRIOTIQUE invite l’ensemble du peuple burkinabè à rester mobiliser pour répondre aux mots d’ordre de luttes et d’actions les jours à venir.
LA PATRIE OU LA MORT, NOUS VAINCRONS
Ouagadougou le 07 Juillet 2022
Pour le FRONT PATRIOTIQUE
Ont signé :
Alliance Ensemble pour le Faso (PDS, Mouvement SENS, APR-Tilgré, PAREN, PUR)
Forum Ditanyè
Balai Citoyen
Mouvement Endogène
Association Semfilms
OPA-BF
Comité Mémorial Thomas Sankara (CIM-TS)
Centre Valère Somé
UNIR-MPS
Jeunesse sankariste Unie
Brassard Noir
Génération montante du Faso
Front des Forces Sociales (FFS)
Association des Anciens de Cuba (ASAC-BF)
Front Patriotique du Faso/Mouvement Patriotique
Mouvement Plus Rien Ne Sera Comme Avant (MPRESCA)
Génération Cheick Anta Diop
Deux heures pour nous, deux heures pour Kamita
Mouvement 30-31/15 (Bobo Dioulasso)
Alliance des Forces Patriotiques


Déclaration du Balai citoyen : l’impunité nourrit le terrorisem

Une rencontre dite de « haut niveau » pour cacher l’échec flagrant sur tous les plans et divertir l’opinion.

Une poignée de parvenus, fussent-ils militaires, ainsi que leurs collabos civils, gracieusement entretenus par nos impôts et taxes, ne peuvent tenir en respect tout un peuple.

Nous ne cessons de le rappelez depuis des années, vouloir sacrifier la #JUSTICE sur l’autel des arrangements polico-diplomatiques et d’une prétendue réconciliation nationale est un leurre, une comédie institutionnelle qui fait le lit du terrorisme.

L’impunité nourrit le terrorisme.

Ce pays a des valeurs, bâties sur un socle de dignité, d’intégrité, de don de soi et de justice sociale. Toute personne qui s’associera à cette forfaiture souillera son honneur et portera l’entière responsabilité du délitement de notre société.

Les criminels doivent être réconciliés avec les tribunaux, seule condition pour un État de droit et un vivre ensemble harmonieux.

Seule la lutte libère !

La Patrie ou la mort nous vaincrons !

Notre nombre est notre force !


LES CENTRALES SYNDICALES: CGT-B – CNTB – CSB – FO/UNS – ONSL – USTB

LES SYNDICATS AUTONOMES: SAMAE–SATB–SATEB–SBM–SNEAB–SNESS–SYNAPAGER–SYNAPIB–SYNATEB–SYNATEL– SYNATIC–SYNATIPB– SYNATRAD–SYNTAS–SYNTRAPOST–SYSFMAB–UGMB

Déclaration des syndicats sur l’annonce du retour de Blaise Compaoré

Depuis quelques jours et particulièrement depuis le 5 juillet 2022, il est annoncé le retour de Blaise COMPAORE à l’invitation du président Paul-Henri Sandaogo DAMIBA pour ‘’contribuer à rechercher des solutions aux préoccupations du pays’’. Après avoir fait circuler l’information de façon officieuse, les autorités l’ont confirmée le 6 juillet après le conseil des ministres du jour.

A ce propos, il importe de rappeler deux faits essentiels :

           Blaise COMPAORE a quitté le Burkina suite à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, exfiltré par l’armée française qui dit l’avoir fait à la demande du président ivoirien, Alassane OUATTARA ;

           Blaise COMPAORE a été jugé par contumace dans le dossier de l’assassinat de Thomas SANKARA et le tribunal, à l’issue du procès, a :

–              « … Déclaré les accusés COMPAORE Blaise et DIENDERE Gilbert coupables des faits de complicité d’assassinat à eux reprochés ;

–              Condamné COMPAORE Blaise, DIENDERE Gilbert et KAFANDO Tousma Hyacinthe à la peine d’emprisonnement à vie chacun ;

–              Prononcé la déchéance des décorations de tous les accusés condamnés ayant bénéficié d’une ou de plusieurs distinctions honorifiques ;

–              Dit que le Présent jugement vaut titre de détention pour les accusés condamnés à une peine privative de liberté non couverte par la détention provisoire conformément aux dispositions de l’article 315-14 de la loi n°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale ;

–              Dit que les mandats d’arrêt décernés contre COMPAORE Blaise et KAFANDO Tousma Hyacinthe sont maintenus et ce en application des dispositions de l’article 261-128 alinéa 4 de la loi n°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale. »

Au regard de ces faits, l’Unité d’Action Syndicale (UAS) s’étonne qu’un communiqué officiel annonce que « cette rencontre importante pour la vie de la Nation n’entrave pas les poursuites judiciaires (souligné par nous) engagées contre certains ».

Pourquoi le gouvernement choisit-il de parler de poursuites judiciaires alors qu’il s’agit, dans le cas précis de Blaise COMPAORE d’une condamnation judiciaire qui attend d’être exécutée.

L’UAS rappelle qu’elle reste attachée au triptyque ‘’VERITE-JUSTICE-RECONCILIATION’’. Cette réconciliation ne doit, ni ne peut se faire en consacrant l’impunité ou en opérant des arrangements entre politiciens. L’expérience de la ‘’journée du pardon’’ du 30 mars 2001 doit servir de leçon pour tous.

L’UAS interpelle la justice afin qu’elle se saisisse de la venue de Blaise COMPAORE pour mettre à exécution la décision judiciaire. Elle demande au président Paul-Henri Sandaogo DAMIBA et au gouvernement de ne pas faire obstacle à l’exécution de la condamnation par la justice. Le contexte de multiplication des attaques terroristes n’autorise pas des agissements qui présentent le risque de dégrader la paix sociale.

Elle appelle ses militant(e)s et sympathisant(e)s, les travailleuses et travailleurs du Burkina à suivre l’évolution de la situation, à rester mobilisés pour la lutte contre l’impunité des crimes économiques et de sang, cette impunité qui compte pour beaucoup dans la situation catastrophique que vit notre pays.

Ouagadougou, le 07 juillet 2022

Ont signé :

Le Président de mois des centrales syndicales  Le Président de mois des syndicats autonomes

Olivier Guy OUEDRAOGO                                                                          Alain SOME

Secrétaire Général/CSB                                                       Secrétaire Général/SYNTRAPOST

Source : Justice pour Sankara

 

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