La sacrée lutte des classes !

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Dans chaque pays, comme à l’échelle internationale, il y a toujours eu dans l’Histoire des dominants et des dominés. Chaque peuple se subdivise en une minorité de privilégiés et une masse plus ou moins soumise.
 

Dans toute l’Europe et à ses marges comme en Turquie, progresse l’influence d’organisations néofascistes variées[1], y compris au sein des forces de l’ordre des différents États.

A la situation de crise économique s’ajoute la responsabilité d’alliances de droites « décomplexées » et de fausses « gauches » : parfois, il s’agit de gouvernements d’union (Allemagne, Autriche) ; dans d’autres cas, la politique de partis qui se prétendent« socialistes » est faite de compromissions avec les grands intérêts privés. Le prétexte est l’ajustement « moderniste » aux difficultés du temps, notamment à la concurrence mondialisée. Le résultat est un discrédit global du politique et des « partis de gouvernement », … pour le plus grand profit des pouvoirs privés : « durant la crise, les affaires continuent »…

Cette droitisation économiste, indifférente à son impact social, est l’expression d’une incompatibilité croissante entre les quelques acquis démocratiques de l’après-seconde guerre mondiale et le système socio-économique hyper-concentré et mondialisé.

Les stratégies financières des grands groupes privés transnationaux sont handicapées par des institutions étatiques d’un autre temps (en dépit de leur besoin permanent d’État à leur service), par un personnel politique globalement aligné mais encore doté d’une autonomie relative (en raison des élections), par une masse de travailleurs jugée insuffisamment manipulée, encore trop souvent revendicative mais de plus en plus « inutile » au système qui ne sait plus qu’en faire (plus de 20 millions de chômeurs dans le cadre de l’Union Européenne, des centaines de milliers de jeunes et de réfugiés sans emploi, etc.).

Les extrêmes droites perturbent (en attendant des alliances probables) les droites affairistes classiques : leur radicalité remet en cause la quiétude requise pour le monde des affaires qui tend traditionnellement à éviter les outrances pour exploiter la paix. Toutefois, dans le désordre qui se développe, ces néofascistes ont le « mérite » de faire dévier la lutte contre le capital en combat contre « l’élite », c’est-à-dire contre les castes politico-bureaucratiques de droite ou de gauche qui font le spectacle, opacifiant la réalité du pouvoir économique et financier.

Le monde des affaires a trouvé souvent très efficace la social-démocratie qui sait conjuguer l’oppression économique traditionnelle, le libéralisme politique, la permissivité des mœurs. Cette capacité « socialiste » répond aux besoins du marché combinant gestion sociale, économique et financière autoritaire au profit des intérêts privés des grands groupes, sous couverture de la « protection » des petites entreprises (dont beaucoup d’ailleurs sont des filiales des grands groupes) et d’une volonté affichée de « sauver ce qui peut l’être » pour les petites gens. La social-démocratie réalise le dédoublement de la possession (du capital) et de la gestion globale (des affaires et de la société), transformant le gouvernement en un simple organe de management et d’animation idéologique. Elle permet d’homogénéiser les contradictions du système. Loin d’apparaître comme un appareil d’État désuet, archaïque, la bureaucratie social-démocrate devient technocratie à la pointe du progrès technologique : comme l’extrême-droite, la social-démocratie détourne la vindicte contre le capital et lui sert de bouclier, y compris en sacrifiant parfois certains intérêts secondaires de la classe dominante : pour persévérer dans son être (accroître le profit), le capitalisme peut sacrifier bien des choses ….

Tout va relativement bien pour le système tant que la séduction reste possible. Aussi longtemps, par exemple, que la consommation ludique (sur modèle étasunien), stimulée par les médias et les vitrines, est accessible pour la jeunesse, notamment. Tant que peut être satisfaite, au moins partiellement, l’acquisition des biens relevant du « marché du désir »[2].

Mais semble être venu le temps nouveau des blocages généralisés d’un système à bout de souffle et de solutions attractives et pacifiques. Comme si la pseudo-démocratie politique devenait gênante et les éléments de démocratie sociale insupportables. Comme si toutes les superstructures du capitalisme contredisaient le présent et surtout l’avenir des intérêts du capital toujours plus concentré en quelques mains au niveau de chaque pays et de la planète.

Le monde des affaires hésite et sans doute se divise (tout en jouant toutes les cartes sans « dogmatisme ») entre la solution social-démocrate, la droite « classique » (qualifiée en France de « républicaine »), l’extrême-droite, l’union des droites, la confusion droite-gauche….)[3]. L’option peut varier d’un pays à l’autre (l’Union Européenne assurant la cohérence minimale) mais les besoins sont standards : les grands intérêts privés sont en jeu.

 

I. Le « besoin » d’autoritarisme

 

Chaque système politique répond au « besoin » historique du moment, défini par les forces dominantes.

Les « besoins » d’un capitalisme de petites et moyennes entreprises, sous ladirection des partis républicains du centre-gauche et de droite modérée, s’affirme avec le parlementarisme de la III° République où fonctionne un esprit de compromis permanent (interrompu seulement quelques mois en 1936 avec un Front Populaire rapidement trahi par la « pause sociale » décrétée par le gouvernement Blum[4]).

« L’État Français » qui gérait la collaboration avec l’occupant allemand et la répression anticommuniste et antisémite ne pouvait qu’être ultra-centralisé et tout le pouvoir était concentré entre les mains du Chef de l’État et du Chef du gouvernement.

Les exigences d’un capitalisme de grandes unités coïncident en 1958 avec les revendications des colons en Algérie, avec la volonté de réduire le rôle du parti communiste et de rendre difficile l’accès à la Présidence de la République d’un candidat de la gauche, même unie. Le système présidentiel né avec la Constitution de 1958 a fonctionné dans ce sens durant 23 ans, jusqu’en 1981. De surcroît, l’Europe des Affaires ligote les politiques nationales dans leur cadre strictement capitaliste.

Mais les mutations du capitalisme devenu essentiellement financier et mondialisé fabriquent de nouveaux besoins, tenus en échec en France lors des crises de 1995, de 2005 (projet refusé de « Constitution » européenne) et de 2008 (krach bancaire).

La surconcentration du pouvoir politique entre les mains de « l’exécutif » (Président et gouvernement) est une exigence pour les grands groupes qui ont besoin d’un État fort à leur service, par-delà les ambitions de certaines personnalités, les patriotismes de parti et les jeux politiques traditionnels. L’autoritarisme se trouve ainsi renforcé avec la vulgarité brutale du sarkozysme et le médiocratisme pro-libéral du hollandisme, nouvelles étapes de la « modernisation » de l’appareil d’État, du droit pénal, du droit du travail et du droit économique.

A l’exception de quelques mesures sociétales, les contre-réformes sont de nature répressive, défavorables aux intérêts populaires. Le discours officiel continue cependant à cultiver la fiction d’une politique « républicaine et démocratique » : Sarkozy, Hollande et leurs équipes, comme celles se préparant à suivre en 2017 chez les « Républicains » et au Parti Socialiste, répètent que les mesures prises et à prendre visent « à réduire le chômage grâce à la croissance conditionnée par la libération optimale de l’entreprise lui permettant de faire face à la concurrence internationale ». Il n’y aurait « aucune alternative » : les autres politiques sont archaïques ou utopiques.

A ce discours primaire d’un mode de production qui ne peut plus faire autrement que de se dévoiler, affichant de plus en plus ses formes les plus arrogantes et les plus inéquitables, s’ajoute (« cadeau politique » circonstanciel) l’antiterrorisme qui, opportunément, permet d’appeler à « l’unité nationale » et à un rapprochement droite-gauche pour assurer la sécurité nationale et faire oublier l’insécurité sociale généralisée. Toutes les mesures d’exception (y compris évidemment l’état d’urgence, plusieurs fois prolongé) restreignant les droits individuels et le rôle de la justice sont ainsi légitimées.

Simultanément, une pédagogie de la répression est soigneusement orchestrée au profit de la police (modérément républicaine) et de l’armée que les citoyens s’habituent à rencontrer dans leur quotidien. La peur de l’attentat est instrumentalisée de façon à ce que le pouvoir soit perçu comme « protecteur ». Les grands médias, propriétés des groupes économico-financiers, en rajoutent tout en cultivant, avec plus ou moins de subtilité, la « nécessaire » xénophobie et l’inévitable racisme à l’égard des ressortissants des ex-colonies (y compris nationaux) et des réfugiés venus du Sud, tous parfaits bouc-émissaires.

Quelques arguments secondaires sont aussi utilisés en vue d’atteindre un consensus pro-autoritaire. Parmi ceux-ci, les « menaces » internationales. La « menace russe » occupe une bonne place[5] : les réseaux français complices seraient capables « d’avoir un impact mortifère sur l’Europe » !

La Chine fait aussi l’objet de toutes les critiques, bien qu’elles soient tempérées par des liens économiques et financiers irremplaçables[6]. Il demeure néanmoins qu’il « faut » réagir au « danger » qu’elle représente.

Le monde arabe est pour sa part globalement infréquentable : à lui seul, il cumule toutes les composantes conduisant à son rejet systématique et aux accusations multiples (souvenirs historiques, hostilité à l’Islam, pratique violente extrême, problèmes du pétrole, etc.). Il représente une menace directe constamment rappelée, alors que Daesh et les Frères Musulmans ont bénéficié de la part de l’Occident de multiples complaisances et complicités[7].

Plus généralement, les peuples du Sud, particulièrement ceux d’Afrique (pour lesquels la colonisation, réhabilitée dans l’opinion, a été une « bonne école ») sont encore à « civiliser » et font courir des risques aux investisseurs occidentaux que l’État « doit » protéger, avec l’appui des peuples européens[8].

Lorsque se développent des campagnes idéologiques du plus bas niveau, assimilant nazisme-communisme-islamisme, la boucle est bouclée[9].

Les décennies de « droitdel’hommisme », longtemps présentées comme la légitimité de l’Occident contre tous les totalitarismes, s’effacent ainsi progressivement. La priorité apparaît désormais à une sorte de mobilisation générale initiée par les exécutifs en faveur d’un système « fort » et « sécuritaire » toujours moins démocratique.

 

II. Les précautions à prendre

 

Dans chaque pays, comme à l’échelle internationale, il y a toujours eu dans l’Histoire des dominants et des dominés. Chaque peuple se subdivise en une minorité de privilégiés et une masse plus ou moins soumise.

Périodiquement, l’insoumission l’emporte et met en cause les privilèges. En France, ce fut le cas en juin 1848, en 1871, en 1944-1945, et plus modestement en mai 1968, provoquant la panique des « biens pensants » et des exploiteurs de toutes catégories, trouvant la société harmonieuse parce qu’ils en profitent.

Après une période de désarroi en raison de la disparition de l’URSS, de multiples défaites idéologiques, source d’un profond confusionnisme, du droitdel’hommisme occultant le social, largement dues aux mystifications entretenues par la social-démocratie et ses médias-modes (style l’Obs et Libération en France), transformant la « gauche » en simple outil de modifications sociétales ne dérangeant en rien les grands intérêts économiques, on assiste en Europe (Grèce, France, Espagne, Portugal, Belgique, etc.) à un réveil d’une radicalité difficilement récupérable hostile au système socio-économique qui « digère » tout sauf la lutte des classes[10].

Longtemps dénoncé comme une obscénité théorique et comme une notion irréelle préfabriquée par les marxistes, le concept de classe devient à nouveau visible, tant les inégalités et les discriminations deviennent insupportables à ceux qui les subissent et à ceux qui craignent de les subir à leur tour. Jamais, la richesse et les pouvoirs n’ont été concentrés entre les mains d’une minorité aussi restreinte ; jamais, la pauvreté et la précarité n’ont été aussi massives au cœur même du capitalisme occidental (aux États-Unis comme en Europe).

L’ultra-droite a, en conséquence, dans la confusion de son discours, pris une ampleur que le système se sent capable de canaliser, tout comme il a su, depuis longtemps et plus que jamais, s’accommoder de la social-démocratie, elle-même de moins en moins sociale et de moins en moins démocrate.

Ce qui reste de la droite « classique », tiraillée entre des alliances contraires possibles (avec l’extrême-droite ou avec la fausse gauche) et des socialistes[11], traversés de nombreux courants contradictoires, mais tous modérément socialistes, ne satisfait pas le système. Le monde des affaires est avant tout préoccupé de la résistance qui s’impose aux classes populaires qui tendent à « se mettre à leur compte » !

Le système a peur et il prend les devants. L’arsenal répressif qu’il met en place, les « valeurs » qu’il diffuse dans la société, les recompositions  politiques qu’il prépare, n’ont qu’un but essentiel : neutraliser l’ennemi de classe en prenant à l’avance toutes les précautions jugées utiles. Syriza, Podemos et les autres manifestations de protestation sociale en Europe ne doivent en aucun cas bouleverser l’ordre socio-économique établi.

 

III. L’ennemi de classe

 

Les idéologues du système ont avancé de nombreux arguments pour considérer que l’évolution sociale avait réalisé une « moyennisation » généralisée, à l’exception de quelques marges inférieures réduites. Cette « moyennisation » entérinée par des éléments de l’intelligentsia, les grands médias et les partis de gouvernement (dont la composition sociale est elle-même « moyennisée », y compris au sein du parti socialiste) aurait résulté de la disparition des grandes unités de production (avec la désindustrialisation), de l’émiettement du travail et de la division internationale du travail (fruit d’une délocalisation des outils de production et d’un certain développement des économies du Sud).

La classe ouvrière aurait donc disparu, ce qui se refléterait par des organisations politiques et syndicales traditionnelles en déclin. La négociation se serait substituée au combat social et la lutte des classes n’aurait plus aucune réalité.

Un certain silence a d’ailleurs remplacé l’anticommunisme virulent et le syndicalisme réformiste s’est vu offrir une place complaisante dans les relations sociales. Le mépris anti-ouvrier et plus généralement anti-salarié s’est fait discret par prudence : l’intégration sociale à l’américaine (rendue possible aux Etats-Unis par la division ouvrière entre Noirs et Blancs) a réalisé des avancées durant la longue phase de croissance traversée par le capitalisme européen et par la fin de la guerre froide, semblant fermer toutes les perspectives de transformation sociale radicale.

La fin de la croissance, la montée du chômage et plus encore de la précarité, l’absence de tout progrès social et de l’indifférence des « élites » dominantes vis-à-vis de toutes les difficultés des citoyens « d’en-bas », ont réveillé les consciences de classe, celle des bourgeois et des castes techno-bureaucratiques comme celle des salariés.

Certains événements, grands et petits, se sont avérés insupportables aux dominés. Par exemple, l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux ouverte aux plus fortunés ; la fracture abyssale entre les niveaux de revenus ; les aides publiques aux banques dans une période de non-investissement productif et de licenciement permanent, etc.

Le spectacle donné par des incidents plus limités mais hautement significatifs, comme celui provoqué par les résidents du XVI° arrondissement de Paris en avril 2016 refusant la création d’un centre d’accueil de Sans Domicile Fixe dans leur quartier. La réunion d’information de la Mairie de Paris a donné lieu à des affrontements imprévus. Ces habitants du XVI° arrondissement se sont comportés en véritables voyous, eux qui simultanément n’ont de cesse de dénoncer la « racaille des banlieues ».

On peut citer aussi la violence de la campagne anti-CGT du gouvernement et des médias à l’occasion des mouvements populaires contre la Loi Travail, supprimant des acquis essentiels du droit du travail français, comme si le Médef, représentant du patronat, avait nécessairement raison pour le Parti Socialiste contre les salariés, sauf s’ils restent passifs comme les syndiqués de la CFDT, courroie de transmission du gouvernement. La politique du Ministère de l’Intérieur et de sa police très virulente contre la CGT et FO, à la différence de l’extrême modération pratiquée vis-à-vis d’actions de même nature du syndicalisme agricole (FNSEA), montre que les conflits de classe sont jugés comme infiniment plus dangereux pour le système, d’autant qu’ils peuvent être les prémisses d’un mouvement populaire de beaucoup plus grande ampleur.

Sont ainsi réapparues avec force toutes les réactions brutales de la lutte de classe, ouverte et frontale. Se révèle avec clarté ce qui reste souvent sous-jacent et occulté, l’hostilité de ceux dont le mépris hostile à l’égard des dominés est chronique et sans limite. Tous les moyens sont utilisés pour diviser, discréditer, réprimer « l’ennemi », et le Parti socialiste excelle dans ce rôle. Il a déjà pratiqué ainsi en France à la fin du Front Populaire, entre 1946 et 1947 (avec le Ministre de l’Intérieur J. Moch, par exemple), en 1956 (avec la SFIO de Guy Mollet), en 1958 (avec le ralliement SFIO à la V° République), avec les manœuvres politiciennes du « nouveau » Parti Socialiste contre les participations communistes dans le cadre de l’Union de la Gauche, etc.

Les autres forces politiques, les grands médias et les intellectuels soi-disant  « avant-gardistes » se retrouvent sur les mêmes positions que la progressiste G. Sand durant la Commune en 1871 s’inquiétant davantage pour son mobilier parisien que pour le sort du mouvement ouvrier !

La rupture est béante : on passe du jeu politicien à des affrontements déterminants. C’est « la guerre pour le pain » d’un côté, celle pour le maintien de la domination de l’autre côté, avec de part et d’autre, une hostilité sans réserve.

Ceux qui faisaient semblant de croire que la lutte des classes n’avait plus d’existence sont les plus virulents : ils constatent que toutes leurs diversions et manipulations ne fonctionnent qu’imparfaitement. Il ne peut qu’en être ainsi.

Certes, il convient de prendre en considération la capacité des dominants à imposer dans les consciences des représentations du réel très éloignées des réalités concrètes et plus prégnantes qu’elles. La pauvreté peut dans ces conditions ne plus être la pauvreté, la misère culturelle peut être vécue comme la modernité. La liberté et les droits de l’Homme peuvent se résumer à la Sécurité (qui peut pourtant être leur contraire), tandis que l’humanisme le plus traditionnel peut finir par n’être plus qu’une étiquette formelle de l’anti-humanisme plus traditionnel.

Les diversions idéologiques et les phénomènes de séduction peuvent être à l’origine d’une « civilisation de la fiction », celle-ci pouvant être plus forte que la réalité dans la conscience des hommes. Encore faut-il que le système en ait les moyens, jugés de plus en plus coûteux pour lui.

Il semble donc qu’aussi longtemps que demeurent les inégalités, les dominations de toutes sortes, les exploitations et les discriminations, les réalités de classe s’imposeront, quel que soit leur effacement temporaire, source de bonds en avant historiques.

 

Notes:
[1]Dans chaque État, le néofascisme a un visage spécifique tout en ayant des traits communs avec les forces de droite extrême des autres États. Malgré certaines divergences, ces forces ont réussi à constituer un groupe unique au Parlement Européen. Dans les pays du Sud, ce sont souvent les forces armées qui jouent le rôle que s’attribuent les extrêmes-droites européennes. Aux États-Unis, l’ultra-droite du Parti Républicain présente des particularités, comme le révèlent le Teaparty ou l’équipe de Trump.
[2]Voir les analyses de M. Glouscard (La bête sauvage. Éditions sociales. 1983 ; Le capitalisme de la séduction,Delga (réédition). 2005).
[3]En France, à l’occasion de la crise suscitée par la « Loi Travail », en mai 2016, le Président du Médef, principale organisation patronale, a manifesté son plein soutien au Premier Ministre (socialiste) Valls lui enjoignant de ne pas démissionner.
[4]Lorsque le besoin s’en faisait sentir, néanmoins, le gouvernement statuait par décret-loi, court-circuitant le Parlement.
[5]De nombreux ouvrages dénonçant « la dictature de Poutine » sont publiés en Europe, financés par diverses officines. Voir, par exemple, Les réseaux du Kremlin en France (2016) morceau de choix de cette littérature journalistique proche d’un rapport maccartyste, d’une certaine C. Vaissié, ayant le même niveau que les libelles de P. Rigoulot prétendument « spécialiste » de la Corée du Nord.
[6]La chaîne radio privée BFM consacre une émission hebdomadaire aux relations économiques avec la Chine.
[7]On peut s’étonner des liens anciens entre les Frères Musulmans et les États-Unis, ceux tissés avec les Talibans, les complicités en Syrie et avec une Turquie où les forces occidentales, jusqu’à l’intervention de la Russie, ont « négligé » de s’en prendre aux ressources pétrolières et financières de Daesh.
[8]Voir comment la France a renversé le régime du Président Gbagbo en Côte d’Ivoire. R. Charvin. La bataille de la seconde indépendance. L’Harmattan. 2012.
[9]Voir, par exemple, l’initiative du maire de Béziers, Ménard, ex-responsable de Reporters sans frontières, rassemblant l’ultra-droite en mai 2016 et déclarant incompatible la République et l’islamo-marxisme.
[10]L’Histoire des années 1930 montre que dans toute l’Europe, les forces fascistes ont pactisé avec les intérêts économiques privés dominants. Ces derniers ont même bénéficié d’une « protection » étatique contre les mouvements sociaux. Le monde des affaires a encore la capacité, en dépit du discours ambigu des extrêmes-droites contemporaines, de les « assimiler » en concluant des alliances variées. Privé de la couverture de partis socialistes efficients, ce même monde des affaires se trouve dans une position plus difficile vis-à-vis du mouvement social, animé par des syndicats comme la CGT ou FO en France.
[11]Dans l’étape actuelle, les partis « socialistes » européens sont en voie de se suicider, comme le parti français hésitant encore à suivre le « modèle » italien (création d’un vague « Parti Démocrate » incapable d’action transformatrice) mais susceptible de pratiquer toutes les alliances jugées autrefois contre-nature).

 

Robert Charvin est Doyen honoraire de la Faculté de droit et de sciences politiques de Nice. Il est l’auteur de très nombreux livres dont Côte d’Ivoire 2011, la bataille de la seconde indépendance (L’Harmattan); Vers la post-démocratie? (Le Temps des Cerises); Le droit international et les puissances occidentales. Tentatives de liquidation (CETIM) 

Son dernier livre Faut-il détester la Russie? est paru aux Editions Investig’Action (mars 2016) 

Source: Investig’Action

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