La propagande ! Pardonnez-moi, est-ce que la mienne est vraiment plus grosse que la vôtre ?

 Ils disent « Propagande ! » En Occident, la presse dominante et même certains médias soi-disant progressistes crient : « Ces Russes, ces Chinois et ceux qui leur ressemblent recommencent ! Leur propagande vicieuse infiltre nos pays démocratiques épris de liberté, semant la confusion et le chaos ! »

 

Oui, interdisez ou au moins bridez RT, contenez TeleSur et, si possible, jetez Press TV aux chiens. Et placez les journalistes de NEO, Spoutnik, Global Times et d’autres médias étrangers sur la proverbiale « liste noire » des médias occidentaux.

C’est vraiment démocratique. Quelle ouverture d’esprit, quelle « objectivité » !

Ça se passe comme ça :

« Nous avons endoctriné la planète entière pendant des siècles, la plupart du temps sans opposition, mais si quelqu’un ose rétorquer, nous ferons notre possible pour le discréditer et même le museler en un rien de temps. »

Si vous protestez, si vous osez dire que rejeter et bâillonner les sources médiatiques alternatives pue la plus basse des censures et impose une sorte de monopole sur la propagande, on vous criera : « Que savez-vous de la propagande ? Si vous voulez vraiment voir une propagande pure et dure, regardez ces parades militaires colorées et les discours politiques en provenance de Pyongyang ! » Naturellement, ceux-ci sont sortis de leur contexte et présentés (ou cadrés) d’une certaine manière, et c’est seulement après que ces images sont facilement accessibles sur la BBC et d’autres chaînes de télévision européennes et nord-américaines – devrions-nous dire « dignes de confiance » et « objectives » ?

Ce qu’on ne vous dira pas, c’est que si vous vivez à New York ou à Londres, à Paris ou à Sydney, à Munich ou à Madrid, vous êtes probablement dans la fourchette la plus élevée de la consommation de propagande au monde; qu’en fait, vous pourriez facilement être un véritable drogué de la propagande –accroché, totalement dépendant d’elle, la recherchant, l’exigeant même régulièrement, du moins inconsciemment.

La propagande, qu’est-ce que c’est vraiment?

Tous, nous « propageons » ou « faisons de la propagande » pour quelque chose. Au moins, nous publions dans nos courriels ce que nous pensons et croyons, nous le diffusons dans les bistrots ou lorsque nous sommes avec des amis et des proches.

Certains d’entre nous le font professionnellement. Nous écrivons des articles, des livres, donnons des conférences, faisons des films. Nous entrons en politique. Nous rejoignons les mouvements révolutionnaires. Nous voulons changer le monde. Nous parlons, écrivons sur ce en quoi nous croyons.

C’est de la propagande : répandre nos idées, essayer d’influencer les autres. Ce qui se fait dans à l’église ou à la mosquée, c’est aussi de la propagande, bien que ce soit rarement défini comme tel publiquement.

Nous avons tous des opinions, une vision du monde. Au moins une vision basique… Ou quand il s’agit, par exemple, des médias grand public, leurs patrons et propriétaires ont des conceptions, des opinions et des objectifs très clairs (les employés, ces journalistes qui travaillent dans des box en plastique, font simplement leur job bien rémunéré consistant à présenter les idées de leurs maîtres dans une prose standard, élégante et grammaticalement correcte).

 

***

 

Bref : chaque fois que nous voulons influencer le monde, nous essayons d’« emballer » et de présenter magnifiquement nos pensées, en extrayant les parties et les passages les plus puissants et les plus attrayants de nos idéaux et de nos principes.

Il n’y a rien de mal à cela. Nous communiquons, nous propageons nos pensées et nos rêves, nous essayons d’améliorer le monde. Cette propagande est saine, je crois.

Le vrai problème commence lorsque les mêmes tactiques et techniques sont utilisées pour quelque chose de totalement destructeur et objectivement mauvais : comme le colonialisme, le racisme, l’impérialisme ou la tentative de contrôler et de piller des nations et des continents entiers. Un problème encore plus grand se pose lorsque cela se produit avec un financement quasi illimité et que, par conséquent, certains des cerveaux les plus compétents s’impliquent, y compris des experts en communication, des éducateurs et même des psychologues.

Quand un tel scénario se développe, il ne s’agit subitement plus de « discussion » et de « trouver la meilleure voie pour notre humanité ». Il s’agit du contrôle total et absolu du cerveau des gens, de l’élimination de toutes les alternatives.

C’est une propagande brutale et fatale. Et c’est exactement cette propagande qui a été domestiquée en Occident et qui répand rapidement ses métastases dans le monde entier.

S’ils ne sont pas contrôlés et contestés, ces développements peuvent conduire à la destruction totale de la capacité des humains de penser librement, de comparer et d’analyser, mais ils pourraient aussi éradiquer la capacité de ressentir, de rêver et d’oser.

C’est probablement là le but du néo-colonialisme occidental. Son « succès » dépend du monopole total, dogmatique, culturel et « intellectuel » imposé par l’Europe et les États-Unis sur le reste du monde. Un tel monopole ne peut être atteint que par une interprétation unilatérale des affaires courantes et de l’histoire du monde.

L’objectif principal est le contrôle absolu et inconditionnel de la planète.

Après la destruction de l’Union soviétique et pendant les réformes rapides en faveur du marché en Chine (et l’infiltration occidentale du système éducatif chinois) dans la même période, l’Occident a été très près d’atteindre son objectif.

Le monde, complètement abandonné à l’impérialisme occidental et au fondamentalisme du marché, a commencé à souffrir d’une monstrueuse vague de privatisation, de vol de ressources naturelles et autres, et de l’effondrement social de grandes nations entières, de la Russie à l’Indonésie.

Puis « quelque chose s’est passé ». L’impact sur la planète est devenu si dévastateur que de nombreuses parties du monde ont brusquement cessé de suivre le dictat occidental. La Russie s’est remise sur pied.

La Chine, sous la direction du Parti communiste et surtout celle du président Xi, est revenue au « socialisme avec des caractéristiques chinoises », mettant beaucoup plus l’accent sur la qualité de la vie humaine, la culture et l’écologie que sur les marchés financiers. L’Amérique latine a entamé sa nouvelle vague de lutte pour l’indépendance contre les États-Unis et ses propres élites européennes. De nombreux autres pays, de l’Iran à l’Afrique du Sud, en passant par l’Érythrée, la Syrie et la RPDC, ont refusé de s’y soumettre.

Ils ont été diabolisés par la propagande occidentale, diabolisés jour et nuit, systématiquement et sans relâche.

Quiconque a défendu les intérêts de son peuple, qu’il soit communiste, socialiste, patriote ou même populiste, a été sans cesse sali, ridiculisé et humilié. Le président Assad ou Ahmadinejad, Poutine, Xi, Duterte, Zuma, Maduro, Castro, peu importe leur popularité dans leur pays ; aucune importance ! C’est aussi simple que cela : quiconque se tient debout et se bat pour son peuple se fait assassiner dans les médias occidentaux, qui, à leur tour, contrôlent directement ou indirectement la plupart des médias dans le monde!

Faire dégager la voie à tous les dirigeants patriotes et progressistes sert ouvertement les intérêts de l’Empire occidental et ses ramifications commerciales.

Personne n’a plus de doutes à ce sujet. Il faudrait une discipline énorme pour ne pas le voir.

Pourtant, les chaînes de télévision occidentales, les journaux, les magazines et même les universités répètent sans cesse le contraire.

Ignorer les faits, fabriquer des théories du complot, nier que le blanc est blanc, que le noir est noir, refuser d’admettre que le sang humain est rouge, que nos cœurs sont à gauche et que, par-dessus tout, les gens veulent avoir leur propre identité, leur culture, la justice et la sécurité, n’est-ce pas le summum de la propagande, de l’endoctrinement, du lavage de cerveau total?

Ceux qui salissent les médias publics et parrainés par l’État dans les pays non occidentaux devraient se poser quelques questions fondamentales : « Y a-t-il une différence entre les médias “privés” ou “étatiques” en Occident? ? Existe-t-il une dérive idéologique importante entre CNN, la BBC, The Independent, le New York Times, France 24 ou DW ? »

En Europe et en Amérique du Nord, ainsi que dans leurs États « clients », les intérêts commerciaux contrôlent le gouvernement. Ce sont en fait eux qui élisent, appelez cela « sélectionnent », le gouvernement. Qu’ils soient privés ou financés par l’État, les médias de masse occidentaux surfent sur la même ligne éditoriale. Ils font partie du système.

Dans les pays non occidentaux, les médias soutenus par l’État commencent à diffuser diverses nouvelles lignes éditoriales, en défendant et en mettant en avant les intérêts de leur propre pays, ce qui est en quelque sorte une évolution révolutionnaire.

Il y a enfin une concurrence mondiale, n’est-ce pas, chers camarades impérialistes et capitalistes? Mais que voyons-nous… Tout à coup, cela ne vous arrange pas ? Vous voulez votre monopole mondial ? Est-ce votre idée de la liberté et de la « libre concurrence » ? Vous voulez que votre propagande soit la seule sur terre !

 

***

 

Il y a plusieurs années de cela, quand je faisais un film et que j’écrivais un livre avec Noam Chomsky (L’Occident terroriste – D’Hiroshima à la guerre des drones, écosociété, 2015), nous avons beaucoup parlé de la propagande occidentale.

Noam a attiré mon attention sur le fait que l’Allemagne nazie avait été extrêmement impressionnée par l’industrie publicitaire américaine.

Ensuite, d’une certaine manière, la propagande occidentale a aussi été façonnée par une production publicitaire éhontée, par des « réclames » au contenu stupide et mensonger. Depuis, le déversement incessant de pseudo-réalité a fait fondre toute décence humaine et toute rationalité.

J’ai aussi beaucoup écrit sur cette question, en particulier dans les pages de mon livre Exposing Lies of The Empire (Exposer les mensonges de l’Empire).

La télévision, Hollywood, mais aussi l’endoctrinement, la stérilisation intellectuelle et la façon grotesque des universités nord-américaines et de plus en plus européennes de « diffuser la connaissance » – tout cela a très peu à voir avec la réalité dans laquelle le monde vit, avec les vraies préoccupations des gens, leurs espoirs, leurs craintes, leurs désirs et leurs aspirations.

Les publicités occidentales, le divertissement, les institutions éducatives sont autant d’outils puissants de propagande. Ils propagent, forcent et injectent dans le subconscient humain des messages extrêmement primitifs, faux mais puissants : « Quoi qu’il en soit, l’ordonnance actuelle du monde est correcte et juste. Notre système économique et social est ce qu’il y a de plus naturel au monde. Notre système politique n’est pas parfait, mais c’est quand même le meilleur. »

 

***

 

Noam Chomsky semblait fasciné par mon passé, et pour de bonnes raisons : j’ai été moi-même totalement endoctriné, soumis à un lavage de cerveau incessant par la propagande occidentale, d’abord comme enfant, puis quand j’étais un très jeune homme.

Je suis né dans la belle ville de Leningrad, en Union soviétique. Ma mère est une architecte russo-chinoise, mon père un scientifique tchèque. J’ai grandi à Pilsen, en Tchécoslovaquie. Pilsen n’était qu’à 60 kilomètres de la Bavière. Être un « dissident » là-bas, à l’âge de 15 ans, était absolument obligatoire, sinon on aurait été considéré comme un perdant total, ou même un monstre. C’est naturellement la BBC, Radio Free Europe, Voice of America, les chaînes de télévision ouest-allemandes comme ARD et ZDF qui nous martelaient ça. Nous écoutions tous Radio Luxembourg, Bavaria 3, nous lisions la littérature « samizdat ».

Pilsen est une petite ville de 180 000 habitants, connue pour son industrie lourde et sa bière, mais quand j’étais enfant, elle possédait un opéra permanent, d’innombrables bibliothèques dont une scientifique, plusieurs petits théâtres d’avant-garde (qui, oui, essayaient tous de mettre en scène quelque chose qui pouvait être « lu entre les lignes »), de grandes librairies, six cinémas, dont un excellent ciné-club où nous avons vu tous les grands films intimistes et expérimentaux d’Europe, du Japon, des États-Unis et d’Amérique latine.

La Tchécoslovaquie communiste était assez grise, mais extrêmement cultivée, culturelle et, en fait, très amusante.

Lors de ma première visite en Italie, j’ai été choqué par ses bidonvilles autour de Naples, par le triste sort des immigrants africains. Mais j’étais conditionné à voir le monde tel qu’il était présenté par la propagande occidentale. J’ai protesté contre « l’occupation de l’Afghanistan par l’Union soviétique », parce que c’est ce que le Service international de la BBC m’avait préparé à faire. Même si j’avais été formé à la grande littérature, à la poésie et à la musique, j’ai vu Rambo comme un combattant de la liberté, et Maggie Thatcher comme une libératrice du « monde libre ».

Je croyais encore d’une certaine façon aux idéaux de l’Union soviétique, à l’internationalisme. Mais mon cerveau était grillé – c’était une bouillie composée de l’avalanche de pseudo-images déversées par l’Ouest et de la réalité solide et assez terne de la Tchécoslovaquie socialiste.

Mes deux oncles tchèques étaient de vrais internationalistes, ils ont construit des sucreries, des aciéries, des usines pharmaceutiques et d’autres grandes choses en Syrie, au Liban, en Égypte et en Chine. Ils l’ont fait avec un zèle honnête et amour de l’humanité. Je les considérais comme deux perdants, des idiots, des « fanatiques ». En réalité, ils étaient des gens formidables, et j’étais à cette époque simplement malade, endoctriné et aveugle !

À cette époque, comme maintenant, la propagande occidentale crachait sur tout ce qui était pur, altruiste et honnête. Les médias occidentaux ont peur des vrais héros, des personnes qui aident les autres à devenir indépendants, des hommes et des femmes forts et vraiment libres.

J’ai émigré. J’ai écrit mon premier livre de poésie, de la merde totale, je me suis impliqué dans le mouvement Solidarité en Pologne voisine, j’ai bu jusqu’à plus soif, fumant 50 cigarettes à la chaîne par jour, et j’ai émigré. Ou plus exactement, on m’a expulsé, ou quelque chose comme ça… Vous savez, un jeune Soviétique en Tchécoslovaquie, qui écrit des trucs dissidents… C’était embarrassant, alors ils m’ont suggéré d’aller en Occident, que j’aimais tellement.

J’y suis allé. Pour faire court, après avoir obtenu l’asile politique aux États-Unis, j’étais à la Columbia University Film School de New York lorsque les États-Unis ont lancé leur première attaque contre la Libye.

Cette semaine a été cruciale. Les étudiants de la Faculté de cinéma m’ont rapidement expliqué ce qui se passait avec la Libye. Puis, au bar, ils m’ont interrogé sur ces « queues pour le pain » en Tchécoslovaquie. J’ai humblement donné des explications sur les diverses variétés de pains frais et délicieux disponibles à Pilsen, mais ils ne pouvaient pas me croire. Ils ne cessaient de m’interroger sur la censure… Ma culture littéraire était bien meilleure que la leur, et à part les productions hollywoodiennes, j’avais vu plus de grands films qu’eux, mais cela aussi choquait mes nouveaux amis.
Depuis les fenêtres du Campus Est, nous regardions les feux incessants qui flambaient à Harlem. C’était le Harlem d’avant Clinton, vraiment dur.

Tout autour de moi, à New York, j’ai vu la misère, le désespoir, le mécontentement, mais aussi l’obéissance totale et la résignation. Mais il n’y avait pas de « retour en arrière » possible.

J’ai commencé à visiter Harlem, en voiture de location, car aucun taxi jaune ne voulait m’y conduire. J’ai découvert un petit club de jazz merveilleux, le Baby Grand. J’y buvais et j’écoutais du jazz, et la nuit j’allais pleurer en m’accrochant à la propriétaire, une grande mama afro-américaine. Je me souviens encore d’une nuit ; du vomi partout sur le sol, et de la bière renversée. « J’ai été tellement stupide ! », hurlais-je ! « J’ai été tellement idiot ! » Elle me répétait en me caressant les cheveux : « Chut… Ça pourrait être bien pire. Mon peuple a connu pire, bien pire… Sois fort, jeune homme ! » J’avais 19 ans… Ou 20, j’ai oublié. À Harlem, ils m’ont clairement expliqué ce qu’est l’Amérique.

Plus tard, je me suis marié dans une famille multimillionnaire du Texas, et j’ai vu ce qui se passait « à l’intérieur ». Le pétrole, la haine du « grand gouvernement ». En tant qu’interprète simultané (je travaillais au noir, pour soutenir ma vie d’écrivain), j’étais présent lors de certaines des négociations les plus horribles entre le « secteur privé » occidental et ce qui restait alors de l’Union soviétique, puis la Russie. Ce que l’Occident a fait à mon pays, à l’Union soviétique et ensuite à la Russie d’Eltsine, c’était du vol, un pillage éhonté. À cette époque, je gagnais plus de 1 000 dollars par jour. J’ai vite compris ce qu’étaient le capitalisme et l’impérialisme. Je voulais mourir. J’ai failli me tuer. Je suis parti en courant.

Je me suis enfui de tout ça. J’ai couru au Pérou, pour écrire à propos de la guerre civile la plus brutale sur terre. J’ai pris la route. J’ai perdu mon identité. Je suis devenu un internationaliste. Et je n’ai jamais cessé d’en être un.

Et je ne suis jamais retourné en Europe ou aux États-Unis pour y vivre. Je n’y viens que pour montrer mes films, pour lancer mes livres, ou pour faire un ou deux discours insultants, comme je l’ai fait il y a deux ans au Parlement italien à Rome.

Il m’a fallu du temps pour comprendre. Je l’ai fait. Après avoir vécu et travaillé dans plus de 160 pays, après avoir écouté des dizaines de milliers de vraies histoires, après avoir presque perdu la vie au moins dix fois, j’ai compris.

Je comprends parfaitement bien, et je méprise profondément ce que la propagande occidentale a fait au monde. Et je me bats, de toutes mes forces, jour et nuit, pour ces millions, pour ces milliards de garçons et de filles qui, comme moi il y a tant d’années, se font complètement endoctriner, lobotomiser et laver le cerveau par des professionnels purs et durs à Londres. New York et Los Angeles.

 

***

 

Je dis et écris ce que je veux dire, ce que je veux écrire.

Je dis aussi et écris ce que des milliers de gens que j’ai rencontrés en Asie, en Océanie, en Afrique, en Amérique latine et au Moyen-Orient veulent que je transmette. Ils ne peuvent pas le faire eux-mêmes, ils sont trop perdus, trop affaiblis, trop confus. Ils me racontent les histoires, sans même espérer que quelque chose puisse changer ou s’améliorer. Ils croient que leur malheur est permanent et fatal.

Ensuite, j’écris mes articles de « propagande » ! Je prends parti. Je parle des horreurs créées par le régime néocolonialiste occidental. Suis-je « subjectif » ? Bien sûr ! Et je vous dis ouvertement que je le suis.

Je suis un internationaliste, un internationaliste à la cubaine. Je ne cache pas ce que je suis. Tout est honnêtement énoncé dans mes articles, dans mes profils, dans mes livres.

Je « fais la propagande » de ce que je pense, de ce que je crois. En fait, je préférerais être qualifié de « propagandiste » plutôt que de journaliste, synonyme ces derniers temps, de « plus vieux métier du monde ».

Les gens comme moi sont libres, ils écrivent, parlent, font des films, exactement comme ils veulent.

Si nous rejoignons les Russes, les Chinois, les Cubains, les Vénézuéliens, nous le faisons parce que c’est ce que nous voulons, parce que nous pensons que ce qu’ils font actuellement est globalement juste. Ce n’est pas un travail, c’est une lutte, une bataille, une vraie vie !

Dure, pas facile, mais une vie dont je ne changerais pour rien au monde.

Mais eux, nos adversaires en Occident, ces journalistes, sont tout simplement des lâches, des hypocrites ou bien pire encore !

Ils se prétendent « objectifs », alors qu’aucune « objectivité » ne peut réellement exister à notre époque, surtout pas en Occident. Ils cachent leur vrai commerce honteux derrière leurs impeccables accents d’Oxford. Ils gagnent encore beaucoup de kilomètres supplémentaires en étant blancs.

Ils mentent, ouvertement et sans vergogne, en refusant tout simplement d’admettre clairement qui les paie, ce qu’on attend d’eux, et ce qui arriverait à leur carrière au cas où ils oseraient dire ou écrire la vérité.

***

 

Ma propagande est la mienne. Ou alors elle est conçue (par moi-même) pour aider mes camarades, les pays et les gouvernements que j’admire et que je soutiens.

Suis-je totalement objectif? Veuillez lire ceci attentivement : « NON ! Certainement pas. Et je ne vise aucune fausse objectivité ! Je sélectionne les lieux où je vais, je sélectionne les histoires que je veux rapporter. C’est ainsi que je « manœuvre » politiquement. Mais une fois là-bas, une fois en première ligne, je dis la vérité et je produis des images qui ne peuvent tout simplement pas mentir ! »

Mes adversaires des médias occidentaux, de leurs gouvernements, des multinationales et des sociétés de publicité mentent jour et nuit. Et ils n’admettent jamais à quel jeu ils jouent.

C’est pourquoi leur propagande est « plus grosse » que la mienne.

J’écris librement ce que je pense être correct, et mes lecteurs lisent mes articles librement (ou parfois même malgré de grands obstacles).

Mes adversaires de l’Ouest utilisent les moyens étatiques et commerciaux les plus bas, même la peur, pour faire pénétrer leurs mensonges dans la tête des gens. Ils ont à leur disposition des psychologues, des démagogues, des gourous de la finance : pour les aider à répandre leurs fabrications dans le monde entier.

Techniquement, ils sont si bons dans ce qu’ils font que même les plus pauvres parmi les pauvres, même ceux qui ont déjà été dépouillés de tout, gobent facilement leur « vision du monde ». Allez au Kenya ou en Indonésie, allez dans les bidonvilles, et vous verrez.

Pour beaucoup de victimes, le plus grand honneur reste celui de devenir aussi endoctriné (et éloquent) que ceux qui ont déjà presque tout volé au monde.

Ceci, mes chers camarades, est le résultat d’une propagande parfaitement réussie !

Je suis tout à fait désolé, mais je m’en tiens à la mienne. Ma propagande peut être transparente, imparfaite et crue, mais elle est sincère.

Et je n’ai pas peur, la nuit, de me regarder dans le miroir !

 

 

Andre Vltchek est un philosophe, romancier, réalisateur et journaliste d’investigation. Il a couvert des guerres et des conflits dans des douzaines de pays. Trois de ces derniers livres sont son hommage à « La Grand Révolution Socialiste d’Octobre », un roman révolutionnaire « Aurora » et le best-seller documentaire politique : « Exposer les mensonges de l’Empire ». Regardez ses autres livres ici. Regardez Rwanda Gambit, son documentaire révolutionnaire sur le Rwanda et la RD Congo. Après avoir vécu en Amérique latine, en Afrique et en Océanie, Vltchek réside actuellement en Asie de l’Est et au Moyen-Orient et continue de travailler autour du monde. Il peut être contacté via son site Web et son compte Twitter.

 

Traduit de l’anglais par Tamarvlad pour Investig’Action

Source : Investig’Action

 

Les points de vue exprimés dans cet article sont strictement ceux de l’auteur et ils ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.

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