Honduras : poing de fer contre la défense de la santé et de l’éducation publique

La fraude électorale de 2017 et l’imposition d’un second mandat illégal de Juan Orlando Hernández (JOH) ont déclenché des manifestations massives qui furent réprimées avec violence, avec un bilan de plus de 30 morts et des centaines de blessés. Jusqu’à aujourd’hui, tous ces cas restent impunis.

 

 

Le Cofadeh présente un rapport préliminaire

 

 

Ce 13 juin, le Comité des familles des détenus disparus au Honduras (Comité de Familiares de Detenidos Desaparecidos en Honduras, Cofadeh) a présenté le rapport « Manifestations pacifiques et violations des droits de l’homme dans le contexte de la crise de la santé et l’éducation ».

Le document[1] a pour objet « d’exposer ce qui est arrivé depuis un point de vue intégral des violations des droits de l’Homme, perpétrées par les soi-disant forces de sécurité, afin d’apporter une contribution aux survivants, leurs familles et entourage social, d’approfondir les investigations et exiger des sanctions contre les responsables ».

 

 

Un tragique héritage

 

 

Depuis le coup d’État de 2009 — explique le Cofadeh — des mécanismes arbitraires de gouvernement ont été implantés au Honduras « lesquels donnent la priorité à l’élimination des poids et contrepoids institutionnels, ainsi qu’à la disparition de l’indépendance des pouvoirs ».

Il y a aussi eu un renforcement « de la persécution de la dissidence au projet politique suiviste, dans le cadre d’un processus de criminalisation de l’exercice des droits constitutionnels de la manifestation pacifique, la libre association et réunion, la liberté syndicale, la grève et la liberté d’expression ».

La fraude électorale de 2017 et l’imposition d’un second mandat illégal de Juan Orlando Hernández —poursuit le rapport — ont déclenché des manifestations massives qui furent réprimées avec violence, avec un bilan de plus de 30 morts et des centaines de blessés. Jusqu’à aujourd’hui, tous ces cas restent impunis.

 

 

Défense de la santé et de l’éducation publique

 

 

La lutte pour la dérogation des lois et décrets exécutifs (PCM) qui prétendent restructurer et transformer la santé et l’éducation publique, conduisant les deux secteurs vers la privatisation des services, a marqué les deux derniers mois.

Le refus du gouvernement à entamer un dialogue sérieux et constructif a exacerbé les esprits.

Les manifestations de médecins et de professeurs se sont étendues au niveau national, impliquant de vastes secteurs de la société hondurienne. La réponse du gouvernement a été brutale.

 

 

Répression bestiale

 

 

Entre la deuxième semaine de mai et le 9 juin, un total de 42 manifestations et 136 points de protestation dans 11 départements ont été réprimés par des agents armés.

On a aussi eu recours à des groupes para-policiers pour infiltrer les manifestations pacifiques, générer un climat de terreur et d’incertitude, augmenter la confrontation, diviser les leaderships et ensuite criminaliser publiquement tout le mouvement.

La répression se solde par 4 morts, 33 blessés par balles de fusils de chasse, chevrotines et autres objets contondants, 36 passages à tabac, 3 actes constitutifs de torture, 48 détentions illégales, 32 menaces de mort et 1 criminalisation pour raisons politiques.  

On a aussi enregistré plusieurs cas de menaces et de harcèlement à des organisations et défenseurs des droits de l’Homme ainsi qu’à des journalistes. Au moins 3 communes ont été militarisées.

Face à cette situation, le Cofadeh a exigé du gouvernement qu’il « garantisse l’exercice légitime de la manifestation pacifique » et retire immédiatement les militaires « des tâches de sécurité et de contrôle des foules ».

De même, il a demandé « qu’on s’abstienne de monter des campagnes de stigmatisation et de haine contre les leaders de la Plateforme de la santé et de l’éducation » et d’autres mouvements soutenant la lutte contre les privatisations.

Il a aussi exigé le retrait des groupes para-policiers infiltrés dans les manifestations, d’enquêter sur les violations des droits de l’Homme, garantir la liberté d’expression et la sécurité des journalistes et communicants.

Lamentablement, les mobilisations ayant eu lieu après la date de référence du rapport ont été de nouveau réprimées.

Le 12 juin, à Macuelizo, Santa Bárbara, plusieurs personnes ont été blessées et arrêtées. Le professeur Byron Rodríguez, 28 ans, a été sauvagement frappé et se trouve dans un état grave. À Villanueva, Cortés, le maître José Ramón Salinas a été touché par une balle tirée par la police et se trouve en convalescence.

 

 

Note :

[1] “Manifestaciones pacíficas y violaciones a derechos humanos en el contexto de la crisis de salud y educación” http://defensoresenlinea.com/wp-content/uploads/2019/06/INFORME201912junio.pdf

 

Photo : Marche contre JOH, Alba Movimientos

Source : Rel-UITA, reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur

Traduit de l’espagnol par J-N. Pappens pour le Journal Notre Amérique

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