Fiers d’être au service du public ?

Sous le titre « Fiers d’être au service du Public », le site du syndicat national des journalistes (SNJ) de Radio-France a publié le 6 décembre 2017 une réaction à de vives critiques formulées quelques jours auparavant par Emmanuel Macron, qui aurait déclaré que l’audiovisuel public était « une honte »…

Ce communiqué du SNJ de Radio-France dit notamment ceci:

« Emmanuel Macron pense beaucoup de mal de l’audiovisuel public. Son intervention devant les parlementaires lundi dernier n’est qu’un signe parmi d’autres de la défiance, la colère, la violence qu’il nourrit à l’encontre de nos entreprises, donc à l’encontre de ceux qui y travaillent. La “honte” qu’il exprime est au diapason de la petite musique qui s’installe, où l’on entend que ce que nous faisons est peu et mal et qu’il faut profondément réformer l’audiovisuel public, enlever “le gras”, nous mettre “à l’eau”, nous apprendre notre métier. Une partition interprétée par des politiques de droite (“coupez-leur les vivres”) et de gauche (Jean-Luc Mélenchon et son “tribunal professionnel”). Une ritournelle reprise, cela va de soi, par la concurrence : si l’on retire un acteur du jeu, la partie sera plus facile. »

Suit un long plaidoyer pro domo évoquant pêle-mêle « les succès d’audience » de Radio France, sa « mission de service public » et sa participation au « consortium international des journalistes d’investigation qui a mis au jour les Paradise Papers ».

Avec des accents d’amoureux éconduit, l’auteur de l’article déplore de ne pas avoir reçu de satisfecit de « notre actionnaire » et ajoute :

« Chaque jour apporte aux salariés de l’audiovisuel public son lot de surprises, de petites humiliations, voire d’angoisse. Ce rapport qui fuite très opportunément du ministère de la Culture et qui prévoit de nous fusionner et de licencier une partie d’entre nous. Une ministre de la Culture qui s’intéresse tellement peu à nous qu’elle ignore jusqu’au nom d’une de nos chaînes, France Bleu. Un président qui nous lamine devant la représentation nationale. Fragilisés par ceux-là mêmes qui devraient nous défendre, nous sommes aujourd’hui très inquiets et en colère. Nous avons honte que l’on se comporte ainsi à notre égard. ».

L’inquiétude l’emporte cette fois nettement sur le réflexe corporatiste qui fait que les journalistes des médias dominants ne supportent jamais la moindre critique. Ceux de Radio-France sont certes fiers à juste titre d’être au service du public, mais ils ne sont pas crédibles quand ils tentent de renvoyer dos à dos Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, accusés de faire tous les deux des misères aux journalistes. Car l’un défend bec et ongles le service public en général tandis que l’autre rêve de privatiser tout ce qui bouge. Le plus drôle est que ce sont les médias français eux-mêmes, et pas seulement ceux qui appartiennent aux 10 milliardaires, qui ont fait élire le banquier Macron… Vous chantiez ses louanges ? Et bien dansez maintenant !

Quant à Jean-Luc Mélenchon, il est frappant de constater que l’hostilité confinant à la haine que lui vouent la quasi-totalité des médias français est de même nature que celle qu’ils ont toujours vouée à Fidel Castro, à Hugo Chavez et d’une manière générale à tous ceux qui dans le monde refusent de se soumettre à la domination du capitalisme et/ou de l’Union européenne et de l’OTAN…

Il n’est certes jamais agréable d’être critiqué, mais le corporatisme devient ridicule quand un autre syndicat de journalistes soutient les roquets et perroquets médiatiques de France 2, qui se conduisent toujours de manière ignoble à l’égard de Jean-Luc Mélenchon, comme ce fut encore le cas récemment lors de la fameuse « Emission politique » où lui ont été opposés de prétendus « Français lambda » qui étaient en réalité politiquement très engagés et d’autant plus hargneux.

Quant aux journalistes de France Inter (« Ecoutez la déférence »…), d’où l’on a viré Daniel Mermet tout en conservant l’eurolâtre béat et chevrotant Bernard Guetta, ils ne valent guère mieux et rivalisent aussi d’hostilité à l’endroit de la France insoumise.

A cet égard, ce que les journalistes indignés appellent « le tribunal professionnel » dont Jean-Luc Mélenchon aurait demandé la création, il se trouve que de telles instances existent déjà ailleurs, comme par exemple le Conseil suisse de la presse, dans un pays que l’on pourrait difficilement qualifier de «populiste de gauche»…

La presse va mal partout et sa crédibilité en baisse due à son évidente partialité n’en est que l’une des causes, mais, vu d’ailleurs, les médias de la patrie des droits de l’homme paraissent particulièrement mal en point.

 

Source : Investig’Action


 

Pour la création d’un Conseil de déontologie
du journalisme en France

 

Les médias et la presse jouent un rôle majeur dans la vie démocratique d’un pays. Mais ils ont aussi le pouvoir de façonner le débat public. Ce pouvoir peut donner lieu à des abus. D’autant plus qu’ils dépendent de 9 milliardaires pour 90% d’entre eux et du gouvernement pour le service public.

L’accès à une information sincère, indépendante et honnête est une des condition de l’exercice de la souveraineté populaire. En Belgique, il existe un Conseil de déontologie journalistique. Il est composé de journalistes et de membres de la société civile. Tous les citoyens belges peuvent saisir cet organe en cas de manquement à la déontologie dans un reportage, une émission ou un article. Le média responsable est alors obligé de publier un rectificatif.

Nous demandons la création d’un Conseil de déontologie du journalisme en France. Il devrait être composé de représentants des usagers des médias et de représentants des journalistes, y compris les précaires et pigistes. Ainsi, les citoyens disposeraient d’un recours pour faire respecter leur droit à une information objective.

Ne seriez-vous pas d’accord de suivre votre chemin et former vous-même votre avis, au lieu de vous faire manipuler ? Ne seriez-vous pas d’accord pour que les journalistes fassent leur vrai travail, c’est-à-dire d’être impartial et neutre ?

 

Signez la pétition

 

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