Entretien avec Alain Badiou 2/2 : Démocratie et médias

Le monde va mal. La nouvelle crise systémique du capitalisme prédateur s’est désormais muée en une crise de civilisation qui nous mène droit dans le mur. Les alternatives progressistes tardent à s’affirmer sur l’échiquier politique, incapables qu’elles sont d’engendrer de vrais mouvements émancipateurs. Comment dès lors faire face à une classe dominante organisée, déterminée et disposant de toutes les ressources ? 

Philippe Stroot et Raffaele Morgantini (Investig’Action) se sont entretenus avec le philosophe militant Alain Badiou afin qu’il nous éclaire sur les nouveaux enjeux globaux et les défis à venir: l’idée du communisme, la « crise » des migrants, la gauche et la droite, le rôle des médias, la démocratie…

 

Pour lire la première partie de l’entretien, cliquez ici.

 

Dans un entretien récent avec la journaliste Aude Lancelin, vous disiez, en substance, que les promesses non tenues étaient quasiment consubstantielles à la politique. La solution n’est elle pas à cet égard le référendum révocatoire, proposé par Jean-Luc Mélenchon et déjà appliqué dans certains pays d’Amérique latine, qui permet de remettre en cause par référendum le mandat d’élus qui feraient le contraire de ce qu’ils ont promis, comme François Hollande par exemple ?

 

Oui, ce serait intéressant. Mais peut-être que cela reste un peu trop intra-parlementaire malgré tout, un peu trop lié au système électoral dominant. Il ne s’agirait que d’une espèce de jugement public sur les promesses non tenues. On pourrait en outre imaginer que ce soit organisé par l’opposition. Par exemple, il serait fort étrange de voir la droite française provoquer un vote sur le thème  « M. Hollande n’a pas tenu ses promesses ».

 

Mais en fin de compte c’est le peuple qui décide si c’est oui ou non le cas…

 

Oui, mais le peuple électoral est une notion assez confuse. Entre le peuple électoral et le peuple politique il y a une différence capitale : le peuple électoral se compose aussi de beaucoup de gens indifférents ou soumis. Ils sont même la majorité.

Je suis tout à fait d’accord pour mener campagne sur le fait que la promesse non tenue est une figure absolument constitutive de la vie politique existante et que s’il y a des gens qui sont particulièrement atteints de cette maladie, c’est la gauche. Tout au long de mon histoire personnelle, j’ai eu affaire de façon quasiment systémique aux promesses non tenues du parti socialiste. Je suis entré en politique quand j’avais 18 ans parce que le parti socialiste avait, au début de 1956, pris le pouvoir sur le mot d’ordre « paix en Algérie » et que 3 mois après il y envoyait le contingent, y menait la guerre sans pitié, autorisait la torture, etc., etc. Cela a commencé comme ça. Hollande appartient à cette famille.

 

Précisément, alors que des gens comme Hollande et Valls se prétendent de gauche bien qu’ils ne le soient pas le moins du monde, sans parler de Macron qui s’affirme ni de gauche ni de droite, un nouveau clivage n’apparaît-il pas désormais entre les partisans de l’Etat et de la propriété collective (la vraie gauche) et ceux qui veulent tout privatiser ?  

 

C’est évidemment le débat central et c’est pourquoi, d’une certaine façon, comme je le disais, nous sommes revenus à une époque archaïque de l’existence de la « gauche » — si cette catégorie électorale fatiguée doit être maintenue — car la question de la maintenance ou non de la dictature de la propriété privée est redevenue absolument centrale. C’est un critère massif mais déterminant de ce qui constitue une orientation neuve, c’est à dire communiste.

Il faut reconnaître que la dernière existence formellement acceptable de la « gauche » en France a été l’élection de Mitterrand en 1981, parce que le programme commun qui liait les socialistes aux communistes « orthodoxes » était encore un programme largement critique de la propriété privée. Il comportait des mesures assez radicales, comme par exemple la quasi nationalisation de la totalité du crédit et des banques. Il faut y voir l’effet d’un ultime sursaut programmatique du Parti « communiste », avant son entrée en agonie prolongée.

Ce sursaut n’a duré que deux ans, après c’était fini. Et c’était il y a 40 ans. Depuis, plus personne dans l’espace parlementaire n’a proposé de s’en prendre au capital. Je me souviens que Jospin lui-même, premier ministre socialiste, alors que des délégations ouvrières venaient de l’usine Michelin en voie de désindustrialisation pour lui demander de nationaliser cette usine, avait répondu d’un ton absolument hautain: « On ne va quand même pas revenir à la production administrée ! ». Il avait ajouté qu’il n’était même pas question d’en parler. Nous sommes donc revenus à l’époque où finalement cette idée élémentaire, qui a structuré l’espérance communiste pendant deux siècles, et qui consistait à dire que la tâche prioritaire était de s’en prendre à la dictature du capital et à la propriété privée, a complètement disparu de l’espace parlementaire depuis une quarantaine d’années. Toute politique communiste doit en effet la remettre au centre des discussions et des processus organisés.

 

Nous voudrions aborder maintenant la question des médias. Tout en dénonçant la désinformation que pratiqueraient tous ceux qui pensent autrement, la presse occidentale, contrôlée en quasi totalité par des milliardaires, se livre à une propagande sans précédent, aussi bien sur les questions internationales que lors d’élections nationales, comme on vient de le voir en France. Que pensez-vous de ceux qui disent que les médias sont désormais le deuxième pouvoir, après la finance mais avant les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ?

 

Ce n’est pas faux. Cependant, je voudrais préciser qu’entre les médias et le pouvoir politique il y a plutôt un rapport d’horizontalité qu’un rapport hiérarchique qui subordonnerait les politiques aux caciques de l’information. En définitive, on voit bien que les médias sont quand même toujours plus ou moins contraints de désigner leur clientèle politique favorite. En France, par exemple, des journaux comme Le Monde et Libération sont forcés de garder une teinture centre-gauche – au sens parlementaire, pas nécessairement au sens que nous lui donnons vous et moi. Centre gauche ça veut dire quelque chose qui ressemble à Macron, finalement, ou en tout cas qui va de Macron à Hollande en passant par Ségolène Royal. Le pouvoir médiatique est un pouvoir d’autant plus déterminant qu’en France, singulièrement, l’ensemble des journaux de grande diffusion ont tous été rachetés par le grand capital. On ne peut donc pas attendre d’eux autre chose que ce qui est favorable à ce grand capital. Mais au sein même de ce grand capital il y a des divisions, parce que le vieux capitalisme plus familial, plus provincial, est lié à la droite traditionnelle, à celle des gens qui soutenaient Fillon et qui sont très liés à cette orientation politique. Il est frappant de voir par contre que les grands bailleurs de fonds de Macron sont plutôt des gens comme Niel, qui appartiennent au monde du grand capital informatique. Il y a toujours eu une projection politique de ce que, face à un capital archaïque, se déploie un capital « moderne », dont les tenants trouvent qu’ils serait risqué pour le capital lui-même de se fier aveuglément à des tendances exagérément droitières, notamment sur le plan sociétal, sur le plan de l’évolution des mœurs.  De sorte que le partage médiatique des choix politiques, et, derrière eux, des grands capitalistes, ne porte pas du tout sur les questions générales de la gestion économique, à propos desquelles ils sont bien évidemment d’accord, mais sur les questions sociétales. Il est absolument évident que des gens comme Macron ou Hollande ne voient aucun inconvénient à ce qu’il y ait un mariage homosexuel ou à ce que des femmes deviennent ministres. Ils pensent qu’il vaut mieux aller dans cette direction, que cela ne présente aucun danger pour la dictature du capital et que cela crée même une petite clientèle supplémentaire. C’est une des raisons à mon avis de la crise grave du parti de droite dominant en France. Juppé, au fond, représentait, une issue semi-libérale, alors que Fillon  a fait un coup d’état au sein de la droite en mobilisant, lors des primaires, le personnel militant de la manifestation anti-homosexuelle, le fond du fond de la réaction traditionnelle, du vieux pétainisme bourgeois. Il a fait un coup d’état à l’intérieur du parti républicain et cela a entraîné la catastrophe générale, et la nécessité de faire surgir Macron comme une poupée politique « nouvelle ».

Je suis d’accord pour dire qu’à l’heure actuelle les médias, le personnel politique, la finance, que tout cela est dans un système de connexions extrêmement étroit. Mais je pense aussi qu’il y a des capitalistes qui estiment important que la dictature capitaliste puisse se présenter comme moderne et ne soit pas trop étroitement liée aux forces sociales exagérément conservatrices, catholiques, racistes, etc. Il existe donc un conflit interne à la droite entre modernité et tradition.  Macron sera élu comme « moderne ». 

 

La propagande médiatique cherche à discréditer ceux qu’elle n’aime pas en utilisant à tort et à travers des termes désobligeants tels que «populisme», mais aussi «dictature», «totalitarisme» et même «terrorisme». Ne pensez-vous pas que nous vivons actuellement dans un régime caractérisé par le totalitarisme de l’argent, la dictature des marchés et même, à l’occasion, le terrorisme des agences de notation contre des Etats ?

 

Oui, bien sûr, je pense que la totalité de ces mots dépréciatifs pourrait être retournée contre leurs auteurs, sans l’ombre d’un doute. On voit par exemple que des actions de discrimination policière graves sont ordonnées par des gouvernements socialistes. J’ai été stupéfait moi-même, qui combats pourtant les sociaux-démocrates depuis ma plus tendre enfance, si je puis dire, de voir que la prise de fonction de Valls a consisté à nous expliquer qu’un problème très grave de la France était celui des nomades d’origine roumaine ! C’était quand même inimaginable ! Et de donner des instructions pour qu’on aille détruire les campements de ces gens. C’était ça la question fondamentale du nouveau premier ministre socialiste de la France ? A ce Valls, on peut certainement appliquer l’un des vocables que vous venez de citer, et beaucoup d’autres. La logomachie dépréciative utilisée par les médias pourrait parfaitement être retournée contre les médias eux-mêmes et ceux dont ils sont les serviteurs. Il faudrait essayer de désapprendre à l’opinion le consentement à ce type de langage et de vocabulaire. Je m’en suis même pris à l’usage déchaîné du mot « attentat », car en réalité l’attentat des anarchistes russes contre le tsar, par exemple, n’a rien à voir avec les meurtres de masse de quelques fous. Je pense que la rectitude du langage politique, sa précision, est une chose qu’il faut conquérir et sauver.

 

Nous vous avons entendu dire que vous ne votiez plus depuis 1968, désabusé par la vague réactionnaire qui a suivi les événements de mai. Est-ce à dire que vous ne croyez pas à la possibilité d’un véritable changement par les urnes et quelle solution de rechange préconisez-vous alors pour changer le monde?

 

Le parlementarisme, en France, a été mis en place progressivement au 19e siècle et sa victoire définitive date de la Troisième République, c’est à dire de 1875. De 1875 à aujourd’hui, quelle valeur progressiste ou quelle possibilité de changement effectif le parlementarisme a-t-il mis à l’ordre du jour ? Il s’est fondé dans la répression de la Commune de Paris, en 1871. C’est là que les premiers républicains se sont fait les dents, si je puis dire, avec 30 000 morts ouvriers sur le pavé de Paris. Ensuite il a mené les plus féroces expéditions coloniales de notre pays et engagé la France dans la guerre de 14, massacre gigantesque où l’on a pris l’habitude que dans les guerres les morts se comptent par millions, mais qui n’a servi à rien, puisqu’il a fallu recommencer vingt ans plus tard. C’est une chambre républicaine, régulièrement élue, qui a donné les pleins pouvoirs à Pétain. Dans ma jeunesse, c’est une chambre socialiste qui a engagé la guerre d’Algérie. On pourrait citer bien d’autres « exploits » de ce genre dont a été coupable notre fameuse République, qu’il s’agisse de la troisième, de la quatrième ou de la cinquième. C’est bien pourquoi je ne vois aucun intérêt à me pencher sur les projets de Sixième République, mis en avant par Lordon ou Mélenchon.

Je ne vois finalement, en tout et pour tout, que trois exceptions apparentes, trois en un siècle et demi, qui ont pu faire croire un tout petit moment que les élections étaient capables d’autre chose.

La première, c’est le Front populaire, en 1936. Son élection elle-même a suscité quelque chose d’une nature très différente : la première grande grève générale des ouvriers français. Il faut déjà remarquer que ce n’est pas purement électoral, ça. Et Blum, premier ministre élu, a écrit noir sur blanc qu’il avait reçu cette grève « comme une gifle », c’est à dire comme quelque chose qui, en effet, n’obéissait pas à la règle du jeu. Le Front populaire a suscité ce grand espoir, des lois sociales ont été votées, mais c’était déjà fini en 1937, au bout d’un an c’était fini ! Cela s’est terminé par des décisions déplorables, comme celle de ne pas intervenir dans la guerre civile en Espagne ou des choses de cet ordre, alors que Blum annonçait, exactement comme le fera plus tard Mitterrand, que c’était « la pause ». Et la pause ça voulait dire la fin. Et c’est la même chambre, qui avait voté les réformes de 1936, qui a voté en 1940 les pleins pouvoirs à Pétain. Voilà pour la première exception.

La deuxième exception fut la chambre constituée dans la foulée de la Libération, en 1944-45. Là nous avons eu un gouvernement auquel participaient des communistes et une bourgeoisie française complètement discréditée par le fait qu’elle avait soutenu Pétain et la collaboration pendant toute la guerre. Encore une fois, des lois sociales ont été votées, dont un certain nombre qui sont encore en vigueur aujourd’hui, mais qui sont contestées et en voie d’être éliminées. On a nationalisé quelques secteurs dont les patrons avaient travaillé avec les nazis. Mais on a commencé à les privatiser dès les années quatre-vingt. Enfin, cette expérience de 1945 a pris fin en 1947. En 1947 les communistes ont quitté le gouvernement et les réformes étaient terminées ou enterrées.

Quant au troisième épisode, ce fut l’élection de Mitterrand en 1981, sur un programme qui, lui, comportait pour la première fois, je l’ai dit, un certain nombre de choses importantes concernant la propriété des capitaux. Mais à peine deux ans plus tard, ce pas de côté anticapitaliste était terminé. Tout le programme de la « gauche unie » a été entièrement démantelé par le gouvernement Balladur. Et, que je sache, Mitterrand n’a nullement vu dans la mise à bas de tout ce qu’il avait annoncé et commencé à faire, le motif possible d’une démission. Mieux même : il n’a désormais rien fait dans cette direction, rien re-nationalisé, alors qu’il est resté encore onze ans au pouvoir !

Je constate donc premièrement que le régime électoral français a été l’auteur, que ce soit avec la gauche ou avec la droite au pouvoir, d’une succession ininterrompue de choses épouvantables. Et, deuxièmement, qu’il y a eu trois exceptions au total, lesquelles ont duré au maximum deux ans, et dont les héritages ont été entièrement anéantis. Je n’ai donc aucune raison de croire que les élections puissent proposer quoi que ce soit de positif à un authentique militant communiste.  Je ne peux pas croire que l’existence d’une autre possibilité, d’une autre stratégie, puisse être incarnée par un mouvement électoral. Le parlementarisme est la formule politique ajustée à la domination capitaliste, et rien d’autre.

Je reviens par conséquent à mes considérations initiales: d’abord il faut formuler clairement une hypothèse alternative et ensuite il faut directement organiser les gens autour de cette hypothèse. Si à tel ou tel moment il paraît utile de procéder à une entrée dans le jeu électoral, c’est une affaire d’opportunité mais ce ne peut être de toute évidence qu’une décision tactique. Ce ne peut pas être une décision stratégique. Cela ne peut pas être dans l’espoir que parce qu’on a élu des gens, la partie est gagnée, ou peut désormais l’être. Cela va dépendre exclusivement du mouvement de masse et du niveau de sa conscience, de sa pensée, ainsi que de la force de ses organisations. On peut employer le mot « révolution », si l’on veut. En tout cas cela va dépendre de la politique collective, de la politique organisée et des grandes révoltes ouvrières et populaires, à une échelle de plus en plus internationale, parce que le capitalisme lui-même est international et que nous sommes en retard sur lui de ce point de vue. Nous sommes encore très enfermés dans le national. Les grands capitalistes sont à l’aise à Shanghai, à San Francisco ou à Buenos Aires, mais nous, politiquement, ne sommes pas dans la même aisance. Et je pense en tout cas qu’il faut mettre fin, y compris, voire surtout, dans l’opinion publique, au mythe de la démocratie électorale.

 

 

Dans votre dernier article vous dites qu’un des éléments sans lequel il n’y aura jamais de mise à mort de notre servitude actuelle face au système capitaliste c’est une organisation solide en vue de mettre en œuvre les éléments constitutifs de la voie communiste. Cela représente, dites-vous, un point vital dans la constitution d’une alternative progressiste valide à long terme. Quel est selon vous l’élément central qui manque aux organisations de la gauche radicale, des communistes, pour assurer cette solidité organisationnelle de base ?

 

C’est un problème compliqué, parce qu’il me semble que la plupart des organisations qui maintiennent en vie l’hypothèse communiste dans le monde le font sans que le bilan de ce qui a été fait dans le passé ait été complètement établi. Comme si d’une certaine manière elles assuraient une continuité. Cette continuité peut être une continuité stalinienne, trotskisante, maoïsante, mais j’ai le sentiment que ce qui fait défaut, et je me fais ce reproche à moi-même, c’est un bilan de l’expérience communiste du 20e siècle qui soit un bilan progressiste, c’est-à-dire qui ne soit pas le même bilan que celui de l’ennemi, mais qui ne soit pas non plus l’idée que nous pouvons purement et simplement continuer. Les Etats socialistes du siècle précédent ont échoué à déployer complètement l’hypothèse communiste, et à la rendre historiquement irréversible. Les leçons de cet échec, nous devons les tirer nous-mêmes, y compris en retenant ce qui a été fait de bien, voire de remarquable. Personnellement, je pense par exemple que la Révolution d’octobre est un événement sans précédent dans l’Histoire. C’est la première fois que l’on a entrepris la construction d’une société qui ne soit pas sous la dictature de la propriété privée. Cela n’avait pas été entrepris depuis le néolithique ! Je le dis sérieusement, c’est un projet qui n’avait pas existé depuis le néolithique car la propriété privée ce n’est pas simplement le capital, la propriété privée existe depuis toujours, depuis l’apparition des Etats. Il faut donc continuer dans ce sens-là, en extrayant de ce qui a eu lieu son caractère créateur et novateur. Mais il faut qu’en même temps nous nous rendions compte, et que nous rendions compte aux gens, des raisons internes de l’échec. Bien sûr, il y a eu la pression extérieure, la pression capitaliste, n’empêche que tout s’est effondré et il faut que nous sachions pourquoi Il faut que ceux qui continuent sachent pourquoi et qu’ils trouvent donc leurs propres raisons de continuer tout en sachant, tout en proposant et tout en expliquant aux gens ce qui s’est réellement passé. Or tout cela gravite, de toute évidence autour de la question de l’Etat. Je pense que ces entreprises ont été en un certain sens, contraires à l’hypothèse générale marxiste qui était celle d’un dépérissement de l’Etat. Il s’agissait d’entreprises violemment étatiques qui ont compris la dictature du prolétariat comme étant la dictature du communisme lui-même, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Je crois donc que nous devons avoir notre propre conscience historique.

Sur ce point, le deuxième épisode sans précédent dans l’Histoire est la Révolution culturelle en Chine. Pourquoi ? Parce qu’elle a mis à l’ordre du jour, précisément, la question du communisme, dans sa relation difficile à celle du pouvoir d’Etat. La jeunesse étudiante et des millions d’ouvriers ont pendant des années agi, pensé, écrit, dans un désordre extrême mais extrêmement mobilisateur, pour rectifier le cours des choses et animer le devenir communiste. Ils ont échoué, finalement, mais il faut impérativement partir de leur expérience

Aujourd’hui, ce qui domine l’opinion et en fait une opinion soumise en même temps qu’inquiète, c’est qu’elle a intériorisé un « bilan » du communisme fait par ceux qui sont depuis toujours les ennemis jurés du communisme. Ce prétendu bilan se résume en une maxime : « Une politique communiste, ça n’existe pas, ça n’a pas existé et ça n’existera pas. »

Eh bien, nous verrons.

 

Source : Investig’Action

 

 

 

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