De Lens à Auby, une communiste polonaise en tournée dans le Nord-Pas-de-Calais

Lundi 5 mars 2018. Journée de mobilisation dans le Nord-Pas-de-Calais et de solidarité avec les communistes polonais persécutés par le régime. L’occasion pour Monika Karbowska, envoyée spéciale du KPP, d’une tournée dans la région.

 

 

Le 1er mars dernier, s’ouvrait, en Haute-Silésie, le procès de deux militants du Parti communiste polonais (KPP) menacés de deux ans de prison en raison de leurs opinions. Il leur est reproché d’avoir, dans leur revue « Brzask », exposé les bienfaits de la Pologne populaire (1944 – 1989) tout en stigmatisant les conséquences néfastes de la restauration capitaliste en Pologne (chômage, précarité, émigration, accroissement des inégalités).

Ce lundi 5 mars 2018, des militants du Pôle de renaissance communiste en France (PRCF), du Comité internationaliste pour la solidarité de classe (CISC), de l’association Les Amis d’Edward Gierek, de la Fédération du Parti communiste français (PCF) du Pas-de-Calais et de la France Insoumise a fait part de leurs craintes à Jean-François Roussel, secrétaire général de la sous-préfecture de Lens. Pour eux, ce procès constituerait « un premier pas vers la délégalisation du KPP. Il vise, en outre à intimider l’ensemble des militants progressistes ».

 

« La répression des communistes ? Un tabou absolu ! »

 

Déjà signée par 500 personnes, une pétition exigeant la « relaxe des militants communistes » a été remise au représentant de l’Etat. Les amis d’Edward Gierek ont notamment rappelé que cette attaque s’inscrivait dans le cadre d’une campagne aux formes multiples (débaptisation des noms de rues et places évoquant l’idéal communiste, démolition de monuments dédiés aux héros de l’Armée rouge libératrice de la Pologne, etc.) de diabolisation du passé socialiste de la Pologne. Hervé Poly (PCF du Pas-de-Calais) est revenu sur la montée de l’extrême droite en Europe et dans le Bassin minier, « étroitement liée à l’anticommunisme ».

Même son de cloche du côté de Véronique Stride (France Insoumise) « d’accord pour se battre aux côtés du PRCF et du PCF pour la sauvegarde de la liberté d’expression ». Quant à Georges Gastaud (PRCF), il a fait le lien entre « criminalisation du communisme et réhabilitation du fascisme », avant de dénoncer la censure médiatique et institutionnelle autour de « la répression des communistes. Un tabou absolu ».

Et le secrétaire national du PRCF, remerciant les non-communistes pour leur présence de citer le pasteur Martin Niemöller : « Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste Quand ils sont venus chercher les juifs, je n’ai rien dit, je n’étais pas juif. Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n’ai rien dit, je n’étais pas catholique. Et, puis ils sont venus me chercher. Et il ne restait plus personne pour protester. »

 

A Grenay, poing levés, solidaires des communistes polonais

 

 

Au nom de l’internationalisme

 

Militante du KPP, Monika Karbowska accompagnait la délégation reçue, plus tard, en mairie de Grenay, par la municipalité et la section locale du PCF particulièrement attachées à la tradition internationaliste du mouvement ouvrier.

Sous le buste de Jean Jaurès, la déléguée du KPP remercia l’assistance « pour son soutien. En Pologne, nous nous sentons parfois isolés. La répression qui touche nos camarades, vise à empêcher toute expression de gauche autour de la Pologne populaire qui est notre patrimoine commun ».

Puis Christian Champiré, maire, d’offrir des présents à son hôte, après lui avoir souhaité « bienvenue chez vous », faisant référence à l’importante communauté polonaise qui s’est installée, ici, dans l’entre-deux-guerres.

 

La Pologne réhabilite des criminels

 

Monika Karbowska a ensuite pris la direction d’Auby dans le Nord où l’attendaient des élus dont le maire de la ville Freddy Kaczmarek, des militants de la section locale du PCF et de France-Pologne, mais aussi des syndicalistes comme Dominique Ben de l’Institut CGT d’histoire sociale du Douaisis et environs ou encore Louis Bembenek (CGT mineurs).

Après un point des amis d’Edward Gierek sur le dossier des débaptisations des rues outre-Oder, Monika Karbowska est largement revenue sur le rôle de l’Institut de la mémoire nationale (IPN), un organisme tentaculaire, qui travaille au service de l’extrême droite à la réécriture dans un sens nationaliste de l’histoire de la Pologne.

Un pays qui réhabilite aujourd’hui les « soldats maudits », ces criminels coupables de « crimes contre la population civile polonaise et les militants communistes de 1945 aux débuts des années 1950 ». Elle a aussi évoqué le rôle de la très riche Eglise catholique qui compte parmi les plus rétrogrades d’Europe et « n’apprécie guère le pape François » ! « Dans les années 1990, l’Eglise a soutenu les privatisations et les partis de Droite.

Aujourd’hui encore, elle décide du programme dans les écoles où l’enseignement de la religion est obligatoire. Elle est toujours en pointe dans la lutte contre l’avortement », devait préciser l’oratrice.
Bientôt une rue Gierek à Auby ?

Elle a enfin évoqué la pauvreté qui sévit dans ce pays depuis la restauration du capitalisme au début des années 1990. Des millions de Polonais ont ainsi été obligés d’aller gagner leur pain à l’étranger, en Grande-Bretagne et en Irlande notamment. Des réalités qui « font froid dans le dos », selon Freddy Kaczmarek en pointe dans la lutte contre le révisionnisme historique en Pologne.

Et le maire d’annoncer la décision du conseil municipal d’Auby, réuni le 23 février dernier, de donner à une rue de la ville le nom de l’ancien mineur de Leforest et chef d’Etat de la Pologne populaire ! La meilleure des réponses au préfet de Silésie qui a ordonné la débaptisation du rond-point Gierek à Sosnowiec, une ville du sud de la Pologne.

 

Photo sur la une : A Auby avec Freddy Kaczmarek (maire), Monika Karbowska (KPP), Dominique Ben (CGT) et Louis Bembenek (CGT)

Source : Investig’Action

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