Carte blanche : l’ignoble mise à prix de Bahar Kimyongur par la Turquie

Des interpellations parlementaires seront adressées ce mercredi à Didier Reynders et Koen Geens, respectivement ministre des Affaires étrangères et ministre de la Justice, à propos de la « mise à prix » du journaliste belge Bahar Kimyongür par le régime d’Erdogan. Les signataires de cette carte blanche lancent un appel à notre gouvernement pour qu’il mette tout en œuvre afin de protéger le citoyen belge des menaces lancées contre sa personne par la Turquie.

 

Bahar Kimyongür figure depuis le 10 février sur la liste des «terroristes les plus recherchés» par la Turquie. Cette liste reprend les noms de 900 personnes appartenant aux mouvements kurdes, aux organisations d’extrême gauche et à l’Etat islamique… Pour ce qui le concerne, une récompense « pouvant aller jusqu’à un million de livres turques » (soit 214.000 euros) est désormais promise pour tout renseignement à même de mener à la capture du ressortissant belge…

Cette mise à prix est tout simplement ignoble. Et la qualification de « terroriste » infamante.

Car ce qui est en cause ici, c’est la volonté d’un Etat étranger d’exercer un droit de poursuite contre un citoyen né en Belgique, scolarisé en Belgique, vivant en Belgique. Le forfait de Bahar Kimyongür ? Avoir dénoncé, depuis des années, la situation effroyable qui règne en Turquie – la violation répétée des droits de l’Homme, la justice « aux ordres » et la répression accablant ce pays. Sans scrupule aucun, violant les libertés constitutionnelles propres à tout Etat civilisé, le régime d’Ankara a ainsi continûment exercé des pressions sur les autorités belges pour qu’elles obligent ce militant des droits humains à faire profil bas, à se taire, à renoncer.

Acquitté en Belgique dans l’affaire dite du « DHKP-C » – où à deux reprises les juges du degré d’Appel ont reconnu son droit à la liberté d’expression –, Ankara a immédiatement réactivé un mandat d’arrêt international à la suite duquel Kimyongür a été arrêté, puis jugé aux Pays-Bas et en Espagne. A chaque fois, les tribunaux de ces Etats l’ont innocenté et ont défendu son droit à la liberté d’opinion, car « résister » par la parole « n’est pas un crime ».

 

Un devoir de protection

 

Ces derniers mois, on le sait, les choses n’ont cessé d’empirer. Prétextant une tentative de renversement du pouvoir, Recep Erdogan a fait fermer des dizaines de journaux, emprisonner plus de 50.000 opposants (y compris les dirigeants d’Amnesty International Turquie), et licencier des milliers de fonctionnaires. C’est dans ce contexte qu’une nouvelle campagne est menée par le gouvernement turc pour « terroriser » ceux qui, à l’étranger, persistent à incriminer son autoritarisme, le règne de la force brute et les lois d’exception.

Le Belge Kimyongür est de ceux-là. Avec courage et ténacité, il a toujours fait de son mieux pour informer l’opinion publique et établir la vérité. Cela l’honore et les signataires tiennent à le lui faire savoir.

Plus que jamais, l’Etat belge doit être le garant de sa liberté d’expression et, puisque Kimyongür est désormais menacé dans son intégrité physique, l’Etat belge se doit de le protéger. Par tous les moyens nécessaires.

 

*Les cosignataires : Marc ABRAMOWICZ, psychothérapeute ; Jacques AGHION, professeur retraité de l’Université de Liège ; Samir AMIN, professeur d’université en sciences économiques, Dakar (Sénégal) ; Daniel APELBAUM, assistant social ; Danielle BAJOMÉE, professeur à l’Université de Liège ; Olivier BALTHUS, conseiller communal VEGA à Trooz ; Laure BARDET, violoniste ; Rudy BARNET, expert audiovisuel ; Walter BAUWENS, retraité ; Selma BENKHELIFA, avocate …

 

Source:  Le Soir, carte blanche parue le 7 mars 2018.

 

 

LE GOUVERNEMENT BELGE DOIT PROTÉGER BAHAR KIMYONGÜR

NOUS DEMANDONS

SOLENNELLEMENT

au gouvernement de tout mettre en œuvre pour protéger

le citoyen belge Bahar Kimyongür des menaces

lancées contre sa personne par la Turquie.

 

Plus que jamais, l’Etat belge doit être le garant de sa liberté d’expression et, puisque Kimyongür est désormais menacé dans son intégrité physique, l’Etat belge se doit de le protéger. Par tous les moyens nécessaires.

 

SIGNEZ LA PETITION

 

 

Les opinions exprimées dans les articles publiés sur le site d’Investig’Action n’engagent que le ou les auteurs. Les articles publiés par Investig’Action et dont la source indiquée est « Investig’Action » peuvent être reproduits en mentionnant la source avec un lien hypertexte renvoyant vers le site original. Attention toutefois, les photos ne portant pas la mention CC (creative commons) ne sont pas libres de droit.


Vous avez aimé cet article ?

L’info indépendante a un prix.
Aidez-nous à poursuivre le combat !

Pourquoi faire un don ?

Laisser un commentaire

Qui sommes-nous ?

Ceux qui exploitent les travailleurs et profitent des guerres financent également les grands médias. C’est pourquoi depuis 2004, Investig’Action est engagé dans la bataille de l’info pour un monde de paix et une répartition équitable des richesses.