“Caoutchouc rouge, rouge coltan”, petit bijou d’animation sur le Congo

“Caoutchouc rouge, rouge coltan” nous raconte l’histoire d’Abo Ikoyo, une étudiante belgo-congolaise qui, pour un travail d’école, doit se replonger dans ses souvenirs de famille. C’est le prétexte que saisit avec justesse Jean-Pierre Griez pour explorer l’histoire du Congo et remonter le fil jusqu’à aujourd’hui.

Les souvenirs d’Abo Ikoyo remontent en effet à l’époque coloniale, celles des mains coupées et des expéditions punitives. Jean-Pierre Griez nous rappelle ainsi le sombre épisode des grottes de Tshamakélé. En 1899, le chef des sanga, Mulumé Niama, et 127 de ses hommes y trouvèrent refuge après avoir résisté à une attaque de l’armée belge. Les colons assiégèrent les grottes pendant plusieurs semaines. Finalement, ils en bloquèrent toutes les issues avant d’y bouter le feu. Pris au piège, Mulumé Niama et ses hommes périrent dans le massacre.

Le racisme, l’apartheid, les exactions, l’assassinat de Lumumba… Abo Ikoyo remonte le fil de ses souvenirs avec l’exploitation des richesses du Congo en toile de fond. Petit à petit, le spectateur découvre que les choses n’ont pas tellement changé. Le caoutchouc hier, le coltan aujourd’hui. Les richesses du Congo font toujours l’objet de convoitises néocoloniales, pour le plus grand malheur de ses habitants.

Ce qui était important pour moi, c’était d’aborder les événements historiques pour comprendre ce qui se passe maintenant, explique Jean-Pierre Griez. Hier, le Congo subissait la guerre pour le caoutchouc. Aujourd’hui, ce sont pour des minerais très précieux comme le coltan qui sert à fabriquer nos smartphones et nos tablettes. Des multinationales européennes sont impliquées. D’ailleurs, le lobby Business Europe bloque toujours le projet de traçabilité des minerais.

Ainsi, “Caoutchouc rouge, rouge coltan” ne se contente pas d’ouvrir une page de l’histoire. Ce qui n’est déjà pas une mince affaire tant la Belgique peine encore à ouvrir les yeux sur son passé colonial. Le film dessine aussi les contours d’un modèle économique basé sur l’exploitation et la course au profit maximum. Un modèle économique qui a traversé le temps et qui explique bien des drames.

Jean-Pierre Griez signe une nouvelle fois un petit bijou d’animation où les marionnettes donnent vie au récit. Une façon de prendre le recul nécessaire pour aborder, avec les petits comme les grands, un sujet grave qui invite à la réflexion.

Déjà diffusé à Mons, Namur, Liège et Bruxelles, “Caoutchouc rouge, rouge coltan”, sera encore projeté le 29 mars à 22 heures au Centre culturel Bruegel à Bruxelles, le 23 avril à 20 heures au Palace à Bruxelles et le 5 mai à 16 heures dans une version sous-titrée en néerlandais dans le cadre de l’Afrikafilmfestival au M Museum de Leuven. Le 17 mai à 12h30, séance de rattrapage au Plaza-Art de Mons. Notons enfin qu’un dossier pédagogique est également à disposition des enseignants qui souhaiteraient diffuser le film dans leur école. Plus d’infos sur le site du Village du Monde.

 

 

SOURCE: Investig’Action

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