Brèves covid #2: Brésil, nouveaux variants, efficacité des vaccins, Seychelles, Sud sacrifié, études censurées, deux fois plus de morts ?

Ça va mieux ? En Europe, on déconfine et on paraît soulagé. Mais dans le Sud, l’OMS prédit une catastrophe… D’où l’intérêt de ces études critiques sur la stratégie suivie par l’Europe depuis de début. Des études qu’aucun média ne mentionnera…

 

Brésil, usine à variants dangereux ? « Le variant P1 est sérieux. Le Brésil pourrait également donner naissance à de nouveaux variants encore plus dangereux. Plus il y a de personnes infectées par le virus, plus il y aura de mutations », a déclaré à Al Jazeera l’épidémiologiste Eric Feigl-Ding, chercheur principal adjoint à la Fédération des scientifiques américains. « Les 4 000 décès brésiliens de mardi montrent que le virus circule en grande quantité, mute et évolue rapidement. Il essaie de trouver un moyen d’échapper aux anticorps naturels », a déclaré Felipe Naveca, virologue à Fiocruz Amazonas. Les pays voisins du Brésil sont extrêmement inquiets. L’Occident qui a favorisé le coup d’État de Bolsonaro porte ici une lourde responsabilité. Source : Charlotte Peet, Al Jazeera, traduit par les crises.fr

 

Seychelles : échec de la vaccination ? 60 % des adultes y ont été vaccinés deux fois (record mondial). Pourtant, la courbe des contaminations remonte de façon inquiétante et l’archipel de l’Océan indien (98.000 habitants) a dû fermer ses écoles, annuler les activités sportives et imposer de nombreuses restrictions. (conférence de presse de Peggy Vidot, ministre de la Santé, 4 mai)

Pourquoi ? Parce que les touristes (principale ressource du pays) ont pu revenir sans trop de vérification à la douane ? Parce que les vaccins utilisés ici (notamment chinois) seraient moins protecteurs que Moderna et Pfizer ? Par relâchement des précautions ? Ou ces trois facteurs ensemble ? Il faudrait aussi savoir quel variant est présent aux Seychelles. Tant qu’on ne développera pas une étude mondiale systématique et coordonnée, on en saura trop peu pour être vraiment efficace. Et il faut rappeler que d’autres pandémies nous guettent.

 

Qu’est-ce que l’efficacité d’un vaccin ? Un ami médecin m’éclaire : « Cette efficacité ne mesure pas in vitro la capacité de cellules de culture à produire des anticorps. D’ailleurs, parmi les anticorps sécrétés, certains ne sont pas toujours neutralisants. Ce qui est mesuré et avéré (les chiffres sont disponibles), c’est le pourcentage de personnes hospitalisées pour Covid chez les personnes vaccinées par rapport à un groupe de personnes non vaccinées.

Pourquoi étudier cette mesure-là ? D’abord, parce qu’il faut à tout prix protéger notre système de soins. Un vaccin n’a d’utilité que s’il permet d’hospitaliser moins de personnes et de soulager nos hôpitaux. Un vaccin efficace à 95 % signifie que seulement 5 % des vaccinés devront finalement passer à l’hôpital (comparés à un groupe de même taille, de même composition et au même moment). Les chiffres de 90, voire 95 % (Pfizer et Moderna) ne sont donc pas « gonflés », ils sont vérifiables et vérifiés. À titre de comparaison, l’efficacité du vaccin antigrippal annuel est de l’ordre de 50 à 60 %. Il faudra cependant réévaluer au fil du temps et des données de masse dont on dispose. En résumé : l’efficacité ne mesure pas la nature ou le taux d’anticorps sécrétés par une personne vaccinée, ni le taux de transmission du virus par une personne vaccinée. Elle mesure le pourcentage de personnes hospitalisées après avoir reçu deux doses de vaccin.

 

Un vacciné peut-il contaminer ? Autre critère de l’efficacité : une des inconnues au début de la vaccination était de savoir si en vaccinant la population on agissait sur la transmission du virus. Une personne vaccinée transmet-elle moins le virus ? Les études actuelles semblent indiquer qu’après une première dose de vaccin (Moderna, Pfizer, Astra), la transmission intrafamiliale du virus diminue d’à peu près 50 %. Et après deux doses ? C’est encore à l’étude, mais on s’attend à plus de 50 %. À confirmer donc.

 

Le Sud sacrifié. Ce 14 mai, le directeur-général de l’OMS, Tedros Tedros Adhanom Ghebreyesus a tiré la sonnette d’alarme : « Que tant de gens soient sans protection est le triste reflet d’une grave discrimination dans l’accès mondial aux vaccins. En septembre, dans l’Economist, nous avons mis en garde contre la menace du nationalisme vaccinal et certains nous ont traité d’alarmistes. En janvier, j’ai parlé de la possibilité d’une catastrophe morale. Malheureusement, nous y assistons à présent. Dans une poignée de pays riches qui ont acheté la plupart des stocks de vaccins, on vaccine à présent des groupes à faible risque. (…) Dans les pays à bas et moyens revenus, les stocks de vaccins n’ont même pas suffi à immuniser les travailleurs de la santé et des soins de sorte que les hôpitaux sont inondés de personnes nécessitant des soins vitaux urgents. Actuellement, seulement 0,3 % des vaccins vont aux pays à bas revenus. Une vaccination par petit ruissellement vers le bas n’est pas une stratégie efficace face à un virus respiratoire mortel. »

 

Deux fois plus de morts ? Le Covid aurait fait non pas 3,3 millions de morts (stats Worldometer et Johns Hopkins University) mais plus du double : 6,9 millions selon l’Institut des statistiques sanitaires de l’université de Washington (IMHE). Pourquoi cette sous-estimation ? D’abord, la capacité de test est très faible dans de nombreux pays du Sud. Mais en Europe aussi on n’enregistre que les décès en hôpitaux avec une infection confirmée. Qui meurt en maison de retraite, chez soi ou sans diagnostic établi n’est pas comptabilisé.

Or, nous devons avoir une image complète de l’impact de la pandémie, estime l’IMHE qui compte 900.000 morts aux USA (au lieu des 574.000 officiels), 654.000 en Inde (contre 221.000), 617.000 au Mexique (contre 218.000), 594.000 en Russie (contre 109.000). Les écarts seraient moins importants en Europe occidentale mais atteindraient quand même 25 ou 30 %. Sur base de ces chiffres, l’IMHE s’attend à 9 ou 10 millions de morts en automne. Rappelons à ceux qui parlaient au début d’une « simple grippe » que celle-ci fait en moyenne 650.000 morts/an. Si on n’avait pas pris (souvent trop tard) des mesures exceptionnelles, le nombre de morts serait bien plus élevé.

Marc Vandepitte a étudié ce rapport : « La bonne nouvelle est que les vaccins donnent en ce moment de bons résultats en diminuant les contaminations et les hospitalisations. L’incertitude : les vaccins protégeront-ils contre les variants indiens et brésiliens ? D’où l’importance de vacciner toute la population mondiale. La levée des brevets est pour cela une condition absolue. »

Interdiction de comparer. Dans le même article, Vandepitte présente des tableaux fort instructifs. On remarquera l’énorme différence entre l’Europe, les États-Unis et l’Europe, d’une part, la Chine, le Vietnam, Cuba, le Venezuela et la Nouvelle-Zélande d’autre part. Rappelons que cette comparaison a été effectuée dans le livre Planète malade et que tous les médias mainstream français et belges pratiquent la censure complète à l’égard de cette comparaison. On ne peut pas dire que certains pays ont fait cent fois mieux que nous.

 

Les opinions exprimées dans les articles publiés sur le site d’Investig’Action n’engagent que le ou les auteurs. Les articles publiés par Investig’Action et dont la source indiquée est « Investig’Action » peuvent être reproduits en mentionnant la source avec un lien hypertexte renvoyant vers le site original. Attention toutefois, les photos ne portant pas la mention CC (creative commons) ne sont pas libres de droit.


Vous avez aimé cet article ?

L’info indépendante a un prix.
Aidez-nous à poursuivre le combat !

Pourquoi faire un don ?

Laisser un commentaire

Qui sommes-nous ?

Ceux qui exploitent les travailleurs et profitent des guerres financent également les grands médias. C’est pourquoi depuis 2004, Investig’Action est engagé dans la bataille de l’info pour un monde de paix et une répartition équitable des richesses.