Biden et ses alliés ont-ils l’intention de faire exploser l’ONU ?

On peut, on doit critiquer les archaïsmes que représentent le Conseil de sécurité des Nations Unies et le poids et les lourdeurs administratives de ce que De Gaulle appelait déjà peu aimablement le grand « machin ». De même, on est en droit de dénoncer la faiblesse du Conseil des droits de l’Homme, le peu de respect à l’égard des avis de la Cour Internationale de Justice. On ne peut que regretter les failles des institutions spécialisées pourtant indispensables à la sauvegarde de tellement de services aux peuples de la planète et à leur coordination planétaire.

Pensez à l’OMS, l’Unicef, à l’Unesco, à l’UNHCR et à l’UNWRA, au PAM, mais aussi à l’OIT, à la Cnuced, etc…
L’ONU, c’est d’abord une Charte « Nous les peuples… ». Une Utopie ayant deux missions, la Paix et le Développement et chaque Etat signataire de la Charte, quelle que soit sa taille, a droit à une voix à l’Assemblée générale.

Aujourd’hui, certains en Occident, voudraient profiter de la très mauvaise et condamnable initiative de M. Poutine d’envahir l’Ukraine, pour déstabiliser, voire anéantir les socles de ce que sont et risquent d’avoir été les piliers de la coexistence bien précaire entre les nations depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.

Il y a quelques jours à Strasbourg, au Conseil de l’Europe, il s’est trouvé une majorité de pays pour voter l’exclusion de la Russie mais personne n’a accepté de prendre en charge ne fût-ce qu’une partie des charges financière supportées jusque là par les Russes !

En obtenant ce 7 avril la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’Homme à Genève et en demandant son exclusion du Conseil de sécurité des Nations Unies, M. Zelensky, se livre-t-il à une dramaturgie supposée lui apporter le soutien à sa résistance contre l’envahisseur ? Mais n’est-il pas aussi encouragé par le bloc, ressoudé temporairement, des pays dits « libres » au sein de l’Otan, rangés derrière les Etats-Unis pour régler son compte à M. Poutine et ainsi se débarrasser du gêneur onusien?

A ceux qui voudraient balayer du revers de la main cette hypothèse, je rappellerai que les Etats-Unis ont régulièrement contesté, voire asphyxié financièrement l’institution onusienne. Ils ont aussi clairement contesté le rôle de la Cour Pénale Internationale dès qu’il s’agissait de traiter d’exactions commises par eux de par le monde.

M. Guterres, secrétaire générale des Nations Unies, Mme Bachelet, Haute Commissaire aux Droits Humains, j’ai pour vous beaucoup de respect mais saurez-vous rassembler autour de vous suffisamment de sages capables de donner l’alerte et de mobiliser ceux et celles qui dans le monde veulent encore défendre un système multilatéral et une vision multipolaire de la sécurité commune et de la gestion de notre planète ?
N’est-ce pas l’heure de rappeler qu’il n’y a pas de guerre juste et que votre rôle est d’exiger la fin des hostilités et de ramener les belligérants autour de la table des négociations à Genève ou en tout lieu approprié car il n’y a pas d’autre solution respectueuse des Conventions de Genève, du droit des gens à vivre libres et à celui des peuples à s’autodéterminer.

Pierre Galand
Ancien sénateur et past- président de l’Association pour les Nations Unies
Vice-président de la Fondation Henri La Fontaine
Ce 8 avril 2022

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