Violences policières à Bruxelles : les partis nous répondent…

Vu la multiplication des violences policières à Bruxelles-Ville, nous avons interpellé les partis qui se présentent ce 14 octobre aux élections communales. Nous leur avons demandé de réagir après l’interview alarmante de Maître Deswaef, président de la Ligue des Droits de l’Homme : http://www.investigaction.net/Violences-policieres-impunies-a.html

– Ont répondu : Ecolo – Groen, FDF, PTB (voir ci-dessous)
– Ont refusé de répondre : PS, CDH, MR, open VLD, CD&V
– Ont également refusé, après avoir été contactés à titre personnel : le bourgmestre PS Freddy Thielemans, l’échevin PS Philippe Close, la conseillère (et ministre de l’Intérieur) CDH Joëlle Milquet, l’échevin CDH Mampaka.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ECOLO – GROEN :

« Le bourgmestre minimise systématiquement les faits. Il faut garantir le fonctionnement démocratique de la police »

Réponse de Marie Nagy, Viviane Laroy et Michael François au nom d’Ecolo – Groen Bruxelles :

Nous sommes tout à fait d'accord avec les propos tenus par Alexis Deswaef sur les violences policières commises dans notre zone. Notre conseillère communale Catherine Lemaitre est d'ailleurs intervenue à de (trop) nombreuses reprises sur ce sujet en conseil communal. Elle a interrogé le bourgmestre, notamment, sur l'arrestation des militants du CAS ULB lors du congrès du MR, sur les violences policières commises à l'occasion du No Border Camp, sur les violences policières commises contre les militants antifascistes de la JOC et des Jeunes FGTB lors de la manifestation de Nation, sur les violences commises à la Bourse sur des militants congolais, sur les amendes administratives octroyées aux manifestants de la rave party rue de la Loi ou encore, très récemment, sur l'usage de spray au poivre lors d'une intervention dans une maison de jeunes.

 La réponse du bourgmestre fut systématiquement de minimiser les faits commis par la police et de promettre des enquêtes internes dont nous n'avons jamais pu avoir connaissance des résultats.

De son côté, Audrey Lhoest (qui est conseillère de police pour Ecolo Ixelles) a également tenté de mettre ces sujets aux ordres du jour du conseil de police de la zone, sans plus de succès.

 Nous rejoignons également les solutions préconisées par Alexis Deswaef au niveau du recrutement, de la formation et de l'affectation des policiers. Pour nous, il nous semble aussi qu'outre l'amélioration du management de la zone, il est nécessaire et urgent de garantir le fonctionnement démocratique de la police.

Nous proposons, notamment, d'instaurer le droit d'interpellation au conseil de police, de définir démocratiquement les missions prioritaires de la police au conseil de police et au conseil communal et d'évaluer régulièrement les politiques mises en place afin de permettre un ajustement continu des décisions prises en fonction des objectifs poursuivis et des effets observés.

Nous sommes de fait inquiets que la situation laisse à penser que la police a tendance à rendre prioritaire la répression de certaines manifestations ou de certains manifestants (plutôt jeunes, plutôt de gauche, …) et à cacher ou à "normaliser" certaines brutalités envers les personnes arrêtées. Pour nous, il est nécessaire d'avoir la plus grande transparence sur le fonctionnement de la zone.

Enfin, en ce qui concerne le rôle du Comité P, nos parlementaires fédéraux y sont également très attentifs. Et nous rejoignons Alexis Deswaef sur le fait que le Bourgmestre joue un rôle essentiel et doit utiliser ses prérogatives légales au moindre doute. Rappelons qu'il est également en charge des amendes administratives et qu'il n'est, pour nous, pas normal de sanctionner via ces amendes des droits aussi fondamentaux que ceux de la liberté d'expression ou la liberté d'association et de réunion.

 En espérant avoir répondu à votre interpellation sur ce sujet, recevez nos meilleures salutations,

 Marie Nagy, tête de liste,

Viviane Laroy & Michael François

Secrétaires politiques Ecolo Ville de Bruxelles

 

FDF:

« La police n’a pas tous les droits. Nous interpellerons le bourgmestre. »

 Voici la réponse de Fabian Maingain, candidat FDF à Bruxelles – Ville…

« J’ai appris les faits par voie de presse. Je n’ai pas eu la possibilité d’entendre les diverses parties. A mon sens, la police n’a pas tous les droits, elle ne peut être au-dessus des lois. Il faut installer des garde-fous. Durant la législature 2006 – 2012, nous avons régulièrement entendu parler de problèmes de violences policières. Il faut établir un état des lieux du comportement de la police. Il faut vérifier les faits. Ça ne veut pas dire que tous les policiers agissent ainsi.

Mais c’est étonnant, si les accusations sont réelles, cette protection qui semble exister. La police doit aller vers plus de transparence. Il faut des contrôles. Et Monsieur Thielemans doit s’exprimer clairement sur le sujet. Nous l’interpellerons au conseil communal.

Maintenant, sur tel ou tel fait, je tiens à rester prudent, il faut vérifier. »

 

PTB+ :

« La brutalité est systématique. En fait, les autorités essaient d’empêcher certaines manifestations »

 Voici la réponse de Bert De Belder, candidat PTB+ à Bruxelles – Ville…

Tout comme Alexis Deswaef et un grand nombre d'avocats et d'associations démocratiques, nous sommes très inquiets en raison des multiples faits récents de violences policières à Bruxelles. Vu le nombre d'incidents et leur tendance à la hausse, nous craignons qu'il ne s'agisse pas de cas isolés, mais d'un phénomène assez répandu et systématique. Cela nécessite une réponse et une réaction systématique des victimes, des associations démocratiques et des autorités responsables.

 J'ai pu faire moi-même connaissance avec la violence policière en première ligne. J'en ai été témoin à l'aéroport de Zaventem, lorsque la mission de solidarité 'Bienvenue en Palestine', fut empêchée de s’envoler le dimanche 15 avril 2012. La police est intervenue avec une grande brutalité : brigade canine, séquestrations, etc. Le lendemain, le 16 avril, la répression s'est poursuivie, alors qu'une quarantaine de gens voulaient manifester leur mécontentement devant le ministère des Affaires étrangères. Parmi eux, mon fils Yuri et plusieurs membres du mouvement anti-impérialiste 'intal', dont je fais partie. Des policiers enragés ont violemment tabassé et matraqué plusieurs manifestants, y compris des femmes et des mineurs, les traînant au sol, les menottant, toujours avec une brutalité innommable. Plusieurs personnes ont fini aux urgences. Même dans le cachot, les policiers leur ont encore balancé encore du spray au poivre. Un manifestant a même été gravement tabassé par les flics après avoir été remis en liberté !

Comme le propose Alexis Deswaef, les victimes ont effectivement porté plainte, assistées par Maître Olivier Stein du réseau Progress Lawyers Network (PLN). Mais en discutant avec lui, nous avons compris la difficulté d'une telle démarche, tout comme le décrit bien Maître Deswaef. Les policiers ne portaient pas de signes d'identification. Et leur brutalité semblait bien correspondre à leur manuel habituel d'arrestation… ('standard operating procedure'). Il y avait plein d'images de cette violence policière, mais pas suffisamment claires ou convaincantes. Or, justement ce jour-là, la caméra de sécurité du ministère des Affaires étrangères a subi une défaillance technique ! En plus, selon Me Stein, les victimes risquaient une plainte de la police à leur encontre pour rébellion et formation de bande !

Mais je me demande si on ne peut pas renverser les choses : ces policiers-là, ne correspondent-ils pas à la définition de « formation de bande » pour attaquer des manifestants pacifiques ? Ne se sont-ils pas 'rebellés' contre le droit au rassemblement et à la libre expression ?

Je voudrais ajouter ceci : il ne s'agit pas seulement d'un problème de violence policière. On a aussi ce phénomène que les autorités essaient d'empêcher une manifestation. Me rendant à une manifestation de solidarité avec la Palestine à Schuman – je pense que c'était en avril 2009 – j’ai constaté que la police bloquait les stations de métro avant Schuman, et « triait » tous les passagers. Ceux « qui avaient l'air » d'aller à ladite manifestation, ont été empêchés de poursuivre leur chemin! Liberté de circulation ?

Un autre élément pour harceler et intimider des manifestants : les fameuses amendes administratives. Imaginez-vous que les manifestants, tabassés et arr?tés ce 16 avril  2012 devant les Affaires étrangères, ont tous reçu une amende administrative qui peut s'élever jusqu'à 250 euros ! Évidemment, ils sont allés en appel et refuseront de payer.

Mon parti, le Parti du Travail de Belgique (PTB), a informé le public à plusieurs reprises d'actes de violence policière dans son hebdomadaire Solidaire et sur son site. Un avocat du PTB, Maître Raf Jespers, a écrit un livre fondamental sur les évolutions répressives, : « Big Brother en Europe ». Les avocats de PLN assistent les victimes et se coordonnent avec la Ligue des Droits de l'Homme. Nous pensons que c'est avant tout en informant et en mobilisant l'opinion publique que l'on pourra obtenir des mesures pour arrêter cette tendance dangereuse de répression des droits démocratiques. Sur base d'une telle mobilisation, des élus démocratiques, aux niveaux communal et fédéral, peuvent certainement aider à apporter des solutions.

Bert De Belder

candidat sur la liste PTB+ à 1000 Bruxelles

 

 

 


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