Tiken Jah Fakoly contre l’impérialisme occidental en Guinée

Au cours d’un point de  presse organisé le mercredi 14 octobre 2009, à son domicile Bamakois, Tiken  Jah Fakoly, célèbre musicien ivoirien du reggae, après avoir condamné les  tueries du 28 septembre 2009 à Conakry, s’est dressé contre la politique de  deux poids deux mesures des Etats occidentaux en  Afrique.


 

La Guinée va  mal. Et cela coupe le sommeil à Tiken Jah Fakoly. Après l’exemple ivoirien,  le reggaeman ne souhaite plus voir un autre pays de l’Afrique de l’Ouest  sombrer dans une crise qu’on peut éviter. Pour cela, il a pris son bâton de  pèlerin pour prôner le dialogue serein entre les différentes parties  guinéennes avant qu’il ne soit trop tard. « Il faut poser des actions  anticipatives en Guinée pour éviter que ce pays ne connaisse une guerre civile  aux conséquences désastreuses », a-t-il déclaré. Après avoir soutenu que sa  démarche ne vise pas à soutenir ou combattre un pouvoir ou une opposition,  Tiken Jah Fakoly a indiqué que les leaders d’opinion en Afrique doivent  dénoncer un certain nombre de choses, notamment la politique de deux poids  deux mesures que les Occidentaux appliquent en Afrique au gré de leurs  intérêts.
Ensuite, Tiken s’est souvenu qu’il a été parmi les premiers a  demander au pouvoir de l’époque en place en Côte d’Ivoire de laisser Alassane  Dramane Ouattara aller à la compétition présidentielle. « Mais, à l’époque,  j’ai pas été entendu et aujourd’hui, après des milliers de morts et une guerre  qui peine à prendre fin, les autorités ivoiriennes sont en passe d’accepter la  candidature de Alassane Dramane Ouattara », a-t-il indiqué. Avant de déclarer  que la Guinée n’est pas aujourd’hui loin de l’exemple ivoirien. « Il faut  éviter que la Guinée ne s’embrase comme cela a été le cas en Côte d’Ivoire »,  a-t-il souhaité. Selon lui, si rien n’est fait pour une réconciliation en  Guinée, il faut craindre que ce pays ne sombre dans une guerre irréparable et  dramatique.
Tiken Jah Fakoly a indiqué qu’il a été en Guinée à deux  reprises depuis l’arrivée de Dadis et du CNDD au pouvoir. Selon lui, sa  première visite en Guinée avait pour objet d’aller soutenir les guinéens dans  leur transition. Et surtout de demander au Capitaine Moussa Dadis Camara de  s’inspirer du cas du Malien Amadou Toumani Touré et de ne jamais choisir de  faire comme feu le général Robert Guei de la Côte d’Ivoire. Tiken Jah Fakoly  s’est rendu en Guinée pour la deuxième fois dans le cadre de sa tournée  africaine placée sous le thème d’ « Un concert, une école ».
« Pour moi, si  le Capitaine Moussa Dadis Camara réussissait sa transition, la Guinée allait  entrer dans une nouvelle ère et son échec allait symboliser le désespoir pour  tout un peuple », a-t-il révélé. Mais, Tiken Jah Fakoly, comme tous les  africains qui ont vu, à un moment donné, en Moussa Dadis Camara une nouvelle  race de dirigeants africains qui sont prêts à dire non aux dirigeants  occidentaux, pense que la campagne médiatique initiée par les organes de  presse internationaux depuis le 28 septembre 2009, n’a qu’un seul objectif :  faire partir celui qu’ils considèrent comme étant contre leurs intérêts en  Guinée. Malgré, les nombreuses tueries de Conakry, Tiken Jah Fakoly invite  les Africains, notamment les Guinéens, à réfléchir sur l’acharnement des  Occidentaux contre le Capitaine Moussa Dadis Camara.

 

Refuser la  manipulation des occidentaux

Tout en condamnant ce qui s’est passé à  Conakry le 28 septembre 2009, Tiken Jah Fakoly, avec des exemples à l’appui,  pense que Moussa Dadis camara est victime d’une politique de deux poids deux  mesures de la part des occidentaux. « Au Togo, aux lendemains des élections  qui ont conduit Faure Gnassigbé au pouvoir, les contestations ont fait plus de  400 morts et personne n’a levé le petit doigt en France pour lui demander de  quitter le pouvoir. A Madagascar, il y a eu de nombreux morts qui n’ont pas  été médiatisés.
Au Soudan, après de nombreux crimes commis au Darfour, les  chefs d’Etat africains ont fait bloc pour soutenir le Président soudanais  menacé par le tribunal pénal international », a-t-il dénoncé. Avant d’indiquer  que les occidentaux ont toujours eu la petite manie pour faire partir les  leaders africains qui les empêchent de piller les ressources du continent. Il  dira que Samory Touré a été accusé de tous les maux, avant d’être arrêté en  1898, pour mourir en déportation au Gabon, loin de son peuple. De même, il a  révélé que Patrice Lumumba a été arrêté et assassiné après une campagne de  dénigrement orchestrée de mains de maîtres.
Plus proche de nous, il dira  que Thomas Sankara, arrivé avec une politique particulière, a été dénigré et  assassiné. « Est-ce que la jeunesse africaine doit rester placide pour  assister les Occidentaux qui les privent de tous leurs leaders qui arrivent  avec des propositions concrètes de nature à conduire leur pays vers le  développement. L’Afrique doit-t-il perdre tous ses leaders qui sont en  contradiction avec les pays occidentaux qui n’aspirent qu’à piller nos  richesses », s’est-t-il demandé. Tiken Jah Fakoly veut savoir pourquoi les  Occidentaux qui n’ont jamais bougé le petit doigt pour condamner et chasser du  pouvoir les chefs d’Etat africain qui ont fait des exactions contre leur  peuple, se dressent subitement contre le Capitaine Moussa Dadis Camara et le  CNDD.
« Est-ce parce qu’il a mis en cause les termes d’un certain nombre  de contrats de concessions minières et menace de revoir la concession du  marché de téléphonie dans l’intérêts de la Guinée », s’est interrogé l’artiste  reggae, avant d’inviter la jeunesse africaine et tous les leaders du continent  à une profonde réflexion sur le cas guinéen, pour mieux comprendre le drame  qui se joue à Conakry. Selon Tiken, la Guinée de Sékou Touré est l’un des  pays africains qui n’a pas encore touché à au moins 75% de ses ressources  naturelles. « Ni Sékou Touré, encore moins Lassana Conté, n’ont pas touché à  cette richesse minière qui fait encore de la Guinée un scandale géologique.  Et, cela, dans un monde où les grandes puissances ont soif de ressources, cela  attire des convoitises », a-t-il déclaré. Avant d’inviter la jeunesse  africaine à se mettre debout comme un seul homme contre le pillage de ses  ressources par ceux qui lui ferment leurs frontières.
« Est-ce que, malgré  quelques faiblesses du Capitaine Moussa Dadis Camara, on doit oublier ce qu’il  a fait en 9 mois, dans le domaine de l’électricité, de l’eau potable et de la  lutte contre la drogue en Guinée. Les guinéens doivent laver leur linge sale  en famille et refuser de livrer Dadis mains et pieds liés aux Occidentaux qui  n’aspirent qu’à piller les ressources du pays », a-t-il estimé. Après les  tueries de Conakry, Tiken pense qu’il fallait rapidement mettre sur pied une  commission internationale d’enquête pour situer les responsabilités, arrêter  les auteurs et les juger.
Mais, il est surpris que les Européens qui nous  ont habitué aux enquêtes qui n’ont jamais donné les résultats escomptés  ailleurs, se précipitent pour désigner des coupables en Guinée, sans le minimum  de précaution. Il pense qu’il est aussi injuste de laisser le général  mauritanien légitimer son pouvoir par des élections controversées et  d’encourager Tandia à tripatouiller la constitution du Niger pour se maintenir  au pouvoir et à vouloir s’opposer à une candidature du Capitaine Dadis en  Guinée. « Nous devons refuser la manipulation des occidentaux », a-t-il  conclu.

Source: MaliWeb

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