Stop à la recolonisation hollandaise de Curaçao

Appel à la solidarité internationale

Salut à nos frères et sœurs,
Nous voici à nouveau embarqués dans un référendum que personne n’a demandé et qui devra se tenir le 15 mai. Le gouvernement fantoche veut que la population approuve ( et non qu’elle se prononce ) sur les accords de décembre 2008 qu’il a signés, sans consulter personne, avec les maîtres Hollandais. Ces accords remettent dans les mains de l’administration hollandaise des secteurs vitaux de la vie nationale tels que la justice, les finances publiques, l’éducation et le contrôle de la bonne gouvernance. Ainsi, au lieu de poursuivre la décolonisation, nous faisons un saut dans le passé.

Cette situation se manifeste de façon bien plus brutale qu’en 2005. C’est à l’encontre du mouvement de l’Histoire, en cette ère de globalisation, que les puissances coloniales survivantes tentent de reprendre rapidement le contrôle de leurs colonies au beau milieu d’une crise qu’elles ont elles-mêmes provoquée. Elles veulent ainsi s’assurer qu’aucun mouvement d’indépendance ni de libération nationale ne viendra faire obstacle à l’expansion de leur industrie financière et commerciale au delà de leurs frontières nationales.

Nous voyons l’administration étasunienne s’opposer, emprisonner et comploter contre les Porto-Ricains qui luttent pour leur indépendance. Le gouvernement du Royaume-Uni a déclaré plus d’une fois qu’en aucune circonstance, il ne reconnaîtrait un gouvernement qui proclamerait l’indépendance de Montserrat, d’Anguila, des île Vierges etc.. Nous venons de voir un Sarkozy arrogant ignorer les appels à la liberté qui ont résonné à travers les rues de la Guadeloupe et de la Martinique. Le gouvernement Hollandais pratique la même politique. En 2010, le comité des Nations Unies pour la décolonisation aura cessé d’exister. Les grandes puissances ont ainsi décidé que ceux qui ne seraient pas indépendants en 2010 ne pourraient jamais le devenir parce que la notion de colonie aura cessé d’exister, leur propre peuple en ayant soi-disant décidé ainsi par une sorte de « référendum » démocratique. D’où ce référendum du 15 mai pour légitimer la re-colonisation. Les partis d’opposition campent sur leurs positions rétrogrades en demandant que le gouvernement nous rende «  ce que nous avions par le passé », ce qui est évidemment une situation coloniale. Ils ne proposent pas non plus l’option de l’indépendance sous prétexte que la population ne serait pas prête pour cela. Pourtant, ils font campagne pour le NON au référendum, tout comme nous.

Dans une situation de déséquilibre politique, économique, social, culturel et spirituel, la population aspire plus que jamais à la sécurité. Ceux qui promettent d’apaiser les souffrances quotidiennes suscitées par la faim, l’emprisonnement des jeunes garçons, les grossesses des jeunes adolescentes, le taux élevé de diabète, la cécité, les amputations, l’obésité due à la malnutrition, les maladies cardiovasculaires, le cancer, l’échec scolaire dans un système éducatif oppressif et inefficace imposé par les Hollandais, une jeunesse à la dérive, un manque chronique de démocratie, l’oppression de la culture et de la langue nationale ont plus de chances de l’emporter en appelant à voter OUI. Néanmoins, comme l’enseigne la dialectique, toute forme d’oppression génère sa propre résistance. Le nombre de personnes qui rejettent l’humiliante intervention de la Hollande dans leur vie quotidienne croît à un rythme que l’on n’ a jamais connu dans le passé. L’importance de la participation aux meetings, les nombreuses interventions dans les débats radiophoniques, les grèves ( chauffeurs de bus, travailleurs de la santé, étudiants.. .) sont autant de preuves que les gens sont malades et fatigués d’être piétinés et que les circonstances matérielles et psychologiques sont rassemblées pour une réforme ou une révolution. Ces conditions objectives et subjectives
devraient se concrétiser en une action politique susceptible de renverser ce système corrompu d’exploitation des personnes et de leurs ressources. Par conséquent, il convient aussi de réunir  les moyens pour permettre la propagande en vue de la mobilisation et de l’agitation.

Un point particulièrement préoccupant est l’imposante vague migratoire amenant de Hollande de rudes immigrants vers leur « colonie »   des Caraïbes. Ils arrivent avec l’euro, leur monnaie forte, achètent les terres, persuadent les petites gens de la campagne de leur céder leur bien pour une bouchée de pain, expulsent les autres, introduisent de nombreux étudiants hollandais pour qu’ils se «  fassent la main »  ici alors qu’en fait ils viennent y travailler à temps plein, y compris à des postes de cadre et de dirigeant tandis qu’ils prétendent n’avoir pas de place pour les étudiants du pays.
Le gouvernement octroie de nombreux privilèges aux investisseurs Hollandais : ils achètent des plages et en interdisent l’accès aux gens du cru ou leur font payer des droits d’entrée prohibitifs ; le chômage augmente mais les chiffres officiels témoignent du contraire. Pourquoi ? Parce que les immigrants hollandais s’enregistrent à l’état civil comme détenteurs d’emploi, ce qui fausse les chiffres du chômage. Ils arrivent en masse pour voter OUI au référendum alors qu’ils devraient être installés ici depuis un certain temps pour avoir le droit de vote. Mais qui contrôle les listes électorales ? Ce sont eux-mêmes qui s’en chargent. Lors des dernières élections, nous avons pu prendre la mesure de leur manipulation des résultats grâce au système de vote électronique qui sera de nouveau utilisé en mai. La vigilance reste de mise.

Le gouvernement Hollandais a déjà fait savoir que, quel que soit le résultat du référendum, il poursuivrait son action de restructuration des îles. Cela signifie que le processus mis en place pour les petites îles (Bonaire, Saba, St. Eustacius ), en vue de les intégrer à la Hollande telle qu’elle ou sous forme de municipalités, se poursuivrait. Une bonne part de ce plan est déjà réalisée. Les deux plus grandes îles ( Curaçao, la plus grande et St. Marteen la seconde ) deviendraient en 2010 un pays autonome à l’intérieur du royaume, ce qui prolongerait le colonialisme dans sa nouvelle version impérialiste : re-colonisation et déni de toute indépendance, sans parler de la réalité d’une libération nationale. Nous n’existons simplement pas comme facteur d’opposition politique.
Nous sommes lancés dans une campagne intensive de promotion du NON. Comme vous l’imaginez, c’est une tâche difficile compte tenu de l’ignorance, du niveau d’éducation, de la pauvreté et du sentiment de peur qui guide la population. La bourgeoisie locale exploite ces faiblesses pour soutenir la campagne du OUI en racontant au peuple que le gouvernement Hollandais va régler la dette nationale, construire des écoles et des maisons, amener du crédit, financer le développement etc.

Je me suis répandue en explications, en tant que présidente intérimaire du GAC, avec le GAC et d’autres, pour vous faire comprendre l’urgence de la situation et je demande votre solidarité au nom de la famille de la diaspora africaine à Curaçao. Nous avons besoin de toutes les bonnes volontés et de toutes les aides possibles pour faire passer le message, pour nous aider à orchestrer une campagne internationale dénonçant la privation des droits d’un peuple par le gouvernement Hollandais, un gouvernement qui se prétend démocratique et tolérant aux yeux du monde. Nous devons imprimer des drapeaux, des dépliants, des posters, des T-shirts, des autocollants, nous avons besoin d’argent pour couvrir les médias – manipulateurs intellectuels par excellence – qui profitent de l’occasion pour augmenter les tarifs des interviews, des publicités et de tout le reste, dès lors que nous finançons tout sur nos fonds propres. Nous aimerions pouvoir utiliser l’aide de frères et de sœurs qui nous donnent accès à un site web en ligne pour couvrir cet objectif, pour dessiner des posters et autres matériels de propagande, pour écrire des déclarations de soutien à distribuer aux médias locaux, ainsi que toute autre forme de solidarité.

Ma place est ici cruciale en ce moment. Je ne serai dès lors pas en mesure de me rendre à Genève pour la Durban Review Conférence où je sais que vous faites tous un excellent travail, inspirés par nos courageux ancêtres qui résistèrent à l’extermination et firent en sorte que nous puissions y être représentés aujourd’hui. Je vous soutiens sans réserve dans cette démarche.

Rendons honneur à la mission que nous ont transmise nos ancêtres.

Joceline Clemencia est Présidente du parti pour l’indépendance de Curaçao.

Traduit de l’anglais pour Investig’action par Oscar Grosjean

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