Réformes structurelles : le retour du 19e siècle

Le patronat, dans tous les pays qui ont connu des luttes et des conquêtes sociales, et avec lui, bien entendu, la droite, mais aussi la social-démocratie, tous invoquent en toutes circonstances la nécessité de « réformes structurelles». Et, avec eux, la plupart des journalistes qui ne sont pas au service du devoir d’informer mais qui sont devenus les acteurs quotidiens de la mise en condition des peuples, les chiens de garde d’un système qui accroît les inégalités, génère de la pauvreté.

Ce qui se cache derrière cette formule, c’est tout simplement la volonté de détruire les acquis démocratiques et sociaux qui furent le résultat de dizaines d’années de luttes quand ceux qui se réclamaient du socialisme se battaient pour cet idéal.

Les réformes structurelles, ce sont d’abord les privatisations. C’est non seulement la liquidation d’un patrimoine acquis avec l’argent de tous, mais c’est aussi l’abandon des outils créés pour rendre accessible au plus grand nombre l’eau potable, le logement, la santé, l’éducation, la culture, les transports, les loisirs. De telle sorte que tout ce qui va dans le sens d’une plus grande égalité des droits, tout ce qui fait société, disparaisse au profit d’une société individualiste, du chacun pour soi. Une société où l’accès aux services dépend des moyens dont chacun dispose. Sous l’impulsion de l’Organisation Mondiale du Commerce, du FMI, de l’Union européenne et des gouvernements successifs, beaucoup a déjà été réalisé dans le domaine des privatisations. Il reste à faire disparaître la sécurité sociale au profit des assurances privées, l’école et l’hôpital au profit d’institutions privées. Et à faire en sorte, au-travers de traités dits de libre-échange qui sont en fait des traités de paupérisation, que tout changement en sens inverse dépende autant des pays étrangers que du nôtre.

Les réformes structurelles, c’est aussi la remise en question radicale du droit du travail, fruit de tant de luttes acharnées. Contrairement à ce que martèlent ces nouveaux directeurs de conscience qui sévissent dans les journaux, à la radio et à la télé, le droit du travail, ce n’est pas un catalogue de privilèges. C’est un inventaire de règles pour se protéger contre la violence et la rapacité des patrons et de leurs actionnaires. Car il y a nécessité à protéger les salariés pour éviter les accidents du travail, les maladies professionnelles, les abus de pouvoir des chefs d’entreprises. Garantir des conditions de sécurité et d’hygiène aux salariés n’a pas été donné ; il a fallu des luttes innombrables pour les obtenir. Et bien souvent, chaque fois que l’occasion se présente, les patrons jamais rassasiés n’hésitent pas à violer le droit du travail.

Les réformes structurelles, enfin, c’est livrer les salariés au bon vouloir des entreprises en remplaçant la loi par le contrat. La loi, gardienne de l’intérêt général impose les mêmes règles partout. Le contrat, typique d’une société qui a renoncé à la solidarité, laisse le salarié dans un face à face avec le patron et donc dans une relation inégalitaire puisque le primat européen de la concurrence permet aux patrons d’user du chantage à l’emploi dans un contexte où la libre circulation des personnes est devenue l’instrument du dumping social.

Il y a urgence pour celles et ceux qui ne se résignent pas à affirmer haut et fort, qu’ils rejettent les réformes structurelles, nouvel instrument de la lutte des classes possédantes contre les salariés. Nous ne voulons pas de ce retour au 19e siècle qu’on est en train de nous infliger sous le prétexte de modernité, un prétexte qui était déjà, sous la République romaine, l’argument des patriciens contre les plébéiens.

Ce qui, très concrètement, signifie le rejet des politiques du gouvernement Hollande-Valls et le rejet des principes fondamentaux à la base de l’Union européenne, car on ne rappellera jamais assez que sous le beau prétexte d’unir les peuples d’Europe, on les dresse les uns contre les autres au nom du dogme de la concurrence libre et non faussée.

Le peuple grec vient de montrer le chemin. Soyons à la hauteur du message qu’Athènes nous envoie. Pour l’heure, levons-nous en masse contre la loi Macron, instrument voulu par le MEDEF pour avancer sur la voie des réformes structurelles ; levons-nous en masse contre le traité UE-Canada, le traité UE-USA et les accords de partenariat économique qui soumettent les peuples à la dictature des firmes transnationales.

[Source: Raoul Marc Jennar->http://www.jennar.fr/?p=4116]

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