Quelques jours après son éditorial intitulé « Pour Robert Redeker », Le
Monde, dans son édition du jeudi 5 octobre, a publié un élogieux
portrait de Mr Redeker dans lequel celui-ci est présenté comme « un
voltairien dans un siècle qui ne l'est pas », « quelqu'un d'attentif, à
l'écoute et épris de dialogue ». Cette hagiographie ne correspond
nullement à la réalité.
D'un manichéisme effrayant la tribune de Robert Redeker parue dans Le
Figaro n'a rien de voltairien : loin de s'inspirer de l'esprit des
Lumières, elle ressucite l'esprit de la guerre froide de sinistre
mémoire. Avec son « maître de haine » , son « monde libre » et ses «
idiots utiles », la rhétorique de Robert Redeker emprunte bien davantage
à Ronald Reagan qu'à Voltaire (qui, rappelons-le, avait dénoncé en
1770 les caricatures que les prêtres faisaient de l'islam).
Comment un philosophe « attentif et épris de dialogue » a t-il pu
écrire qu'« à l'identique (sic) de feu le communisme, l'islam
tient la générosité, l'ouverture d'esprit, la tolérance, la douceur, la
liberté de la femme et des moeurs pour des marques de décadence » ?
C'est insensé et une insulte à l'intelligence !
Nous ne devons pas accepter que, dans notre pays, les musulmans soient
tenus en haute suspicion et ostracisés comme le furent les communistes
dans les années 50. Plus que jamais, il faut refuser la logique de
guerre sans fin dans laquelle des intellectuels réactionnaires et
fanatiques comme Mr Redeker veulent nous enfermer.
Marc-Antoine Coppo
Universitaire,
Nice