Qui a assassiné Kennedy ?

La Havane, 09.01.06 (AIN)

Le quotidien cubain Granma signale que l’assassinat du président états-unien John F. Kennedy, perpétré en novembre 1963, a été le fruit d’un complot ourdi aux Etats-Unis par la CIA, des parrains de la mafia et l’extrême droite anticubaine de Miami.

Kennedy a été assassiné par la CIA, la mafia et les contre-révolutionnaires de Miami, dénonce le quotidien cubain Granma

Ce journal évoque les résultats de l’enquête menée par le général Fabian Escalante, ancien responsable des organes cubains de sécurité, qui, de même que d’autres enquêteurs, est arrivé à la conclusion que Kennedy a été assassiné dans le cadre d’un complot auquel ont participé la CIA, la mafia et les contre-révolutionnaires de Miami.

Ayant analysé la documentation et les évidences disponibles, ainsi que les descriptions personnelles fournies par les témoins oculaires de l’assassinat de Kennedy à l’ancien procureur états-unien Garrison, le général Fabian Escalante estime que les tireurs étaient en fait les contre-révolutionnaires Herminio Diaz et Eladio del Valle et que deux groupes, dirigés par Jack Ruby (qui a abattu plus tard l’assassin supposé, Lee Harvey Oswald) et par Frank Sturgis (le chef des « plombiers » du Watergarte), ont participé simultanément dans l’attentat contre le président US.

L’enquête cubaine signale aussi la participation des mafieux Santos Trafficante, Sam Giancana, John Roselli, Carlos Marcelo et Jimmy Hoffa ainsi que des responsables de la CIA David Atlee-Philips, Richard Helms (alors superviseur des opérations anticubaines) et du général Cabell (ex vice chef de la CIA), entre hauts responsables de l’agence US d’espionnage, précise Granma.

La dénonciation émise par Granma indique que la reprise la semaine dernière, dans un documentaire de la chaîne publique allemande ARD, de la thèse selon laquelle le gouvernement cubain aurait fait assassiner Kennedy vise à détourner l’attention de l’opinion publique de l’éventuelle libération du terroriste anticubain Luis Posada Carriles.

Le journal rappelle que cette thèse, avancée pour la première fois par l’Agence centrale de renseignements des Etats-Unis (CIA), a été écartée successivement par le FBI, la Commission Warren et le comité spécial du Congrès des Etats-Unis dirigée par le congressiste Louis F. Stokes quand il avait enquêté sur les assassinats du président Kennedy, de son frère Robert Kennedy et de Martin Luther King.

Granma indique que l’enquête du Comité du congressiste Stokes avait établi que les chefs mafieux Carlos Marcello, parrain de la Nouvelle Orléans, et Santos Trafficante, de la Floride, avaient des raisons pour assassiner le président Kennedy et des liens avec des chefs contre-révolutionnaires cubains, dont Luis Posada Carriles, Orlando Bosch, les frères Guillermo et Ignacio Novo Sampoll, Jorge Mas Canosa ainsi qu’avec Herminio Diaz et Eladio Valle (les deux tireurs signalés par le général Fabian Escalante) qui se réunissaient tous précisément dans le même édifice où le futur assassin présumé de Kennedy était censé mener des activités de soutien à Cuba.

Ce Comité spécial d’enquête du Congrès US avait confirmé aussi que les mêmes contre-révolutionnaires cubains qui avaient tenté d’assassiner Fidel Castro s’étaient mis d’accord pour assassiner le président Kennedy. A l’époque, le journaliste US Jack Anderson avait révélé que le mafieux John Roselli lui avait dit, avant d’être assassiné, que « les Cubains du gang de Trafficante » avaient participé à l’assassinat de Kennedy.

Le rapport du Comité dirigé par Stokes signalait en outre que « les anticastristes étaient frustrés, amers et en colère » et que leur ressentiment se focalisait sur Kennedy parce que ce dernier avait chargé un représentant de son administration (William Atwood) de contacter les représentants de Cuba à l’ONU pour explorer la possibilité de normaliser les relations avec le gouvernement révolutionnaire cubain.

Le conseiller de sécurité de Kennedy, McGeorge Bundy, a confirmé par la suite qu’avant de partir pour Dallas le président avait demandé la présentation d’un rapport sur ces contacts, relève Granma.

Granma signale aussi que, ayant confirmé qu’Oswald était lié aux contre-révolutionnaires de Miami, le Comité Stokes avait décidé de suivre cette filière, que la CIA avait abandonnée en raison de ses propres liens avec ces terroristes.

Granma rappelle également que le rapport rendu par le Comité Stokes signalait l’existence d’évidences sur un complot auquel avaient participé la mafia italo-américaine et des bandes contre-révolutionnaires de Miami.

Le même rapport laissait entrevoir que les bandes contre-révolutionnaires de Miami étaient manipulées par la CIA tout en indiquant que cette dernière avait refusé de fournir toute l’information nécessaire ce qui empêchait le Comité de formuler des conclusions définitives.

Le rapport final du Comité Stokes, rendu en 1978, réfutait les accusations contre Cuba et critiquait la CIA en signalant qu’elle n’avait pas fait preuve de rigueur au sujet des contre-révolutionnaires de Miami alors qu’elle avait refusé de fournir des documents importants au Comité d’enquête du Congrès, rappelle encore Granma.

Le quotidien cubain met l’accent sur le fait qu’en plus de 25 ans aucune administration US n’a osé donner suite à la recommandation que le Comité spécial du Congrès US dirigé par le congressiste Louis F. Stokes avait émise en décembre 1978 en faveur de l’ouverture d’une nouvelle enquête sur l’assassinat de Kennedy.

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