Quelques exemples des conséquences du blocus US contre Cuba

Depuis la diffusion de ce texte, les Nations-Unies viennent de condamner à l’unanimité (sauf les Etats-Unis et Israël, donc à l’unanimité) le blocus économique imposé par Washington aux Cubains.

Ce rapport rédigé juste avant le vote indique les dommages très graves que cause ce blocus illégal. (MC)

Amies et amis: Le 29 octobre prochain, l’Assemblée générale des Nations Unies soumettra au vote le projet de résolution « Nécessité de mettre fin au blocus économique, commercial et financier imposé par les Etats-Unis d’Amérique contre Cuba », blocus que nous a été imposé depuis presque cinquante ans. Pendant 16 ans d’affilée cette même Assemblée Générale a adopté, à une croissante et écrasante majorité, des résolutions similaires. La dernière d’entre elles le 30 octobre 2007, avec le soutien de 184 pays.

ALIMENTATION

Durant la période analysée, le blocus a provoqué des préjudices de plus de 174 millions de dollars au secteur de l’alimentation, tout en continuant d’avoir des retombées négatives sur la production alimentaire destinée à la population. Ainsi donc, non contente de devoir subir la flambée des cours internationaux des aliments, Cuba a été forcée de faire des dépenses additionnelles imprévues à cause des restrictions que lui impose le blocus :

Les importations d’aliments depuis les USA continuent de se caractériser par leur insécurité, car elles sont soumises à des mesures rigoureuses de supervision et d’octroi de permis à l’exportation et au transport des produits agricoles vers notre pays. Aux obstacles bien connus, vient s’ajouter maintenant une nouvelle réglementation entrée en vigueur le 18 avril relative à une inspection supplémentaire des cargos qui vise à imposer une entrave de plus aux ventes d’aliments, puisqu’elle renchérit les opérations des armateurs et fonctionne comme un mécanisme de dissuasion.

· Si Cuba pouvait disposer des équipements nécessaires pour la production de viande de poulet, celle-ci augmenterait pour une valeur de 35,3 millions de dollars, ce qui assurerait une source de protéines stable à la population et donnerait un emploi à plus de quatre mille travailleurs replacés dans d’autres secteurs. Également, si Cuba avait accès à la technologie d’élevage utilisée par les USA, elle pourrait produire 153 millions d’œufs de plus.

Parmi les exemples prouvant les retombées de l’extraterritorialité dans le secteur de l’alimentation, on peut citer les suivants :

La société cubaine Maquimport a été contrainte de recourir à un intermédiaire pour acheter des équipements destinés à l’amélioration de la technologie de l’industrie rizicole, après que la société correspondante a eu refusé d’opérer directement avec Cuba pour ne pas léser ses intérêts aux USA, soit un préjudice de 75 600 dollars.

· La société mixte CORACAN, à capital cubano-canadien, de production et commercialisation de préparations instantanées, a dû, en juillet 2007, résilier le contrat nº 07/08 d’importation de 270 tonnes de sucre avec la société brésilienne COSAN S.A., parce que celle-ci est devenue une société publique du NEW YORK STOCK EXCHANCE-NYSE, cotée en bourse et ne pouvant donc pas faire du commerce avec Cuba. L’absence de ces livraisons et la paralysie de l’industrie pendant sept jours ont entraîné un manque à gagner de 180 0000 dollars et des dépenses financières supplémentaires pour 11 500 dollars en commissions et intérêts bancaires.

SANTÉ PUBLIQUE

De mai 2007 à avril 2008, le secteur de la santé publique a souffert des préjudices calculés à plus de 25 millions de dollars. Non seulement Cuba doit acheter plus cher les produits et les équipements sur des marchés lointains et passer par des intermédiaires qui renchérissent encore plus les coûts, mais ses personnels médicaux se voient parfois dans l’impossibilité d’offrir le meilleur traitement aux malades –d’où souffrance de ceux-ci, de leurs familles et des personnels sanitaires– parce que des sociétés pharmaceutiques étasuniennes ont le monopole de produits et de technologies qui s’avèrent déterminants pour soigner différentes maladies. En voici quelques exemples pour la période analysée :

Faute d’intrants déterminés, certaines techniques opératoires de la chirurgie cardiovasculaire pour enfants ne peuvent se réaliser. Le fait que Cuba doivent les acheter sur des marchés lointains à travers de tiers a entraîné un surcoût de 245 072 dollars, dont 1 389 rien qu’à titre de fret, ce qui limite les possibilités d’achat.

Cuba n’a pas pu acheter les dispositifs nécessaires au cathétérisme d’intervention et à d’autres techniques de fermeture de défauts congénitaux du cœur, la société Boston Scientific and Amplatzer ayant refusé de négocier avec elle, ce qui a allongé la liste d’attente des enfants cubains qui devront soumis à une chirurgie à cœur ouvert, avec tous les risques qu’elle implique pour l’espérance de vie et la santé des enfants malades. Ce refus a concerné entre autres:

María Gainza Pozo, deux ans, province d’Holguín, commune de Sagua de Tánamo, dossier clinique nº 680689. Olivia Oliva Báez, trois ans, La Havane, commune Centro Habana, dossier clinique nº 683826 Félix Cruz, quatre ans, province de Matanzas, commune de Colón, dossier clinique nº 657743 Fidel Valeriano Ramos, six ans, province de Matanzas, commune de Jagüey Grande, dossier clinique nº 681080.

Le Centre national de génétique médicalen’a pas pu acheter un appareil de séquençage de gènes, qui lui est indispensable, pour la simple raison qu’il n’est fabriqué que par des sociétés étasuniennes, si bien qu’il ne peut réaliser des diagnostics et des études de maladies comme la surdité, la perte de l’audition héréditaire, le cancer du sein héréditaire, la fibrose kystique, et se voit limité dans les diagnostics d’un grand nombre de mutations de gènes causant des maladies telles que la phénylcétonurie, les maladies mitochondriales, les maladies de Wilson et de von Hippel-Lindau, et par conséquent dans le suivi génétique de la famille.

Ne pouvant acheter l’appareil de diagnostic par imagerie PET-CT (Positron

· Ne pouvant acheter l’appareil de diagnostic par imagerie PET-CT (Positron Emission Tomography-Computerized Tomography), qui offre en cancérologie moderne la meilleure qualité d’images et la meilleure précision en ce qui concerne les données physiologiques, parce que l’administration étasunienne interdit aux trois seuls fabricants au monde de le vendre à Cuba, l’Institut de cancérologie et de radiobiologie a dû dépenser 288 355 dollars de plus.

Le prestigieux Institut de médecine tropicale Pedro Kouri continue d’avoir de sérieuses difficultés à diagnostiquer l’encéphalite provoquée par le virus du Nil occidental (West Nile), une maladie qui se transmet surtout à travers les oiseaux migratoires, car les sociétés étasuniennes Fisher et Sygma ont refusé de lui vendre une incubatrice et l’huile minérale nécessaires à ses recherches. De même, la société étasunienne Biorad a refusé de vendre à Cuba l’équipement utilisant la technique d’électrophorèse en champ pulsé, nécessaire à la surveillance épidémiologique moléculaire des bactéries Salmonella, Escherichia coli, Shigella et Vibrio cholerae, qui provoquent de sévères infections.

Le programme cubain contre le VIH/sida est entravé par le refus de sociétés étasuniennes de vendre des équipements de diagnostic et de traitement de séropositifs et de sidéens.

Parmi les exemples prouvant les effets de l’extraterritorialité dans le domaine de la santé, donnons les suivants:

Redoutant de se voir infliger une amende, la société japonaise Hitachi a, sous prétexte de composants étasuniens, refusé de vendre une ultracentrifugeuse nécessaire à la technique diagnostique de Western-Blot, élément clef du dépistage de cette maladie.

Rachetée par une société étasunienne, la société suédoise Pharmacia n’a pu continuer de nous vendre l’hormone de croissance GH utilisée en endocrinologie pédiatrique pour le traitement d’enfants souffrant de problèmes de croissance (petite taille) pour déficit de cette hormone.

Cuba n’a pu recevoir environ trois millions de seringues jetables destinée à la vaccination infantile (valeur : 256 000 dollars) à travers l’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation, car les fournisseurs ont affirmé ne pas pouvoir les vendre si la destination final était l’île.

ICAP = Institut Cubain d’Amitié avec les Peuples

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