Que ceux qui bossent payent la crise

La dernière médication à la mode contre la crise : travailler plus ! Gérard Longuet et Dominique Strauss-Kahn le préconisent. Mais personne ne fait attention au plan des syndicats européens pour retrouver une vraie croissance

C’est fou ce que certains politiques ont des obsessions. Parlez de la crise à Gérard Longuet, président du groupe UMP du Sénat, il réplique aussitôt « yakaenterminéavéles35eurs ». Je blague ? Non, il suffit de relire son interview au Monde  de samedi : « ou on sort de l’euro, ou on sort des 35 heures », explique-t-il. Qu’entend-il par là ? Tout simplement « travailler plus pour le même prix ». Les feignants de travailleurs devront réparer les dégâts du capitalisme causée par l’absolue perte de contrôle de la finance, par des financiers follement payés, et des politiques complices. Le plus étrange c’est que l’idée séduit aussi Dominique Strauss-Kahn. Dans le fameux discours de Francfort , qu’on ne revisitera décidément jamais assez, le directeur général du FMI s’en prend lui aussi aux horaires trop maigres des salariés européens :

"Le standard de vie des Européens a cessé de progresser pour une raison clé: les citoyens de donnet pas leur plein potentiel. D'une certaine manière cela est reflété par el choix social conscient de travailler moins longtemps. Il n'y a rien là de problématique. Après tout le bonheur ne vient pas que des revenus seuls. Mais il y a une face noire: Le chômage est chroniquement élevé, essentiellement pour les femmes et les travailleurs jeunes ou âgés. L'une des explication est que le marché du travail privilégie ceux qui sont déjà en poste au détriment de ceux qui sont en dehors"

 

Si l’on suit l’homme qui introduisit les 35 heures dans le programme du Parti socialiste en 1997, le choix social conscient de travailler moins produirait le sous-emploi des  vieux, des jeunes et des  femmes (ça va faire jaser au PS…). Cela réjouira les 9,3% de chômeurs en moyenne en Europe…

Il existe bien une nuance (et davantage, évidemment) entre Longuet et Strauss-Kahn. Le premier imagine basiquement que la fin des 35 heures (donc le retour aux 39 heures sans augmentation de salaires) permettra de supprimer 20 milliards d’euros d’allègement de cotisations sociales qui pèsent sur le budget de l’Etat. Le second analyse le marché du travail actuel comme « dual », excluant les salariés moins productifs ou considérés comme tels par les employeurs

Mais ces étranges appels convergeant à travailler plus longtemps a une signification : tout simplement que nos élites, face à la crise, ont fait le deuil du progrès social. S’il existe un manque de productivité en Europe (il est plus que réel), il ne peut plus être comblé que par le recul du coût du travail et des « rigidités » du marché du travail. Ce que les Grecs, les Irlandais, les Portugais et els Espagnols ont déjà subi, nous aurons à le subir à notre tour.

Faut-il se résigner ? Non. On peut aussi écouter les syndicats, qui proposent la voie d’un New Deal réactualisé. La Confédération européenne des syndicats (pas des anarcho-syndicalistes, ceux-là) a élaboré un plan très malin, baptisé Initiative pour la dette et l’investissement, qui consiste à faire absorber la dette publiques jusqu’à 60% du PIB par la BCE, et à lancer de euro-obligations pour financer un vaste programme d’investissement. Ils l’ont adressé  aux ministres des finances réunis à Bruxelles lundi et mardi. John Monks, secrétaire général de la CES, se dit près en entrer dans une négociation qui permette de sauver et l’euro et le modèle social européen. Reste à savoir s’il y a un chef de gouvernement dans l’Union qui aura assez de courage pour se sortir de la gangue néolibérale et relever le défi!

Source: Marianne2

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