Que cache l'assassinat d'Hariri ?

Le 14 février dernier, Hariri, ex-premier ministre du Liban (de 1992 à 1998 et de 2000 à 2004) était assassiné dans un attentat à Beyrouth. L'opposition libanaise appuyée par les Etats-Unis et la France évoque la culpabilité de la Syrie et exige le retrait de ses 14.000 soldats du Liban. La Syrie avait-elle intérêt à assassiner Hariri? Y a-t-il d'autres enjeux que l'on nous cache? Réponses avec Mohamed Hassan, spécialiste du Moyen-Orient.

28-02-2005

Qui était Hariri, et qui peut être derrière cet assassinat ?

Mohamed Hassan. Hariri est un homme d'affaire issu d'une famille ordinaire pauvre du Liban. Dans les années 60, il a émigré en Arabie saoudite où il est devenu un homme très riche. Il est revenu au Liban où il est devenu deux fois Premier ministre. Il a toujours entretenu de bonnes relations avec la Syrie et toutes les forces nationalistes au Liban. Mais du fait qu'il utilisait l'appareil d'Etat pour s'enrichir encore plus personnellement, notamment dans la spéculation immobilière, il avait aussi ses ennemis.

Hariri est devenu Premier ministre après les accords de Taef ( ville en Arabie saoudite) en 1989 qui ont mis fin à la guerre civile au Liban (1975-1990). La présence de troupes syriennes a été acceptée à l’époque comme un facteur de stabilisation. Toutes les forces nationalistes souhaitaient la présence des troupes syriennes. Il ne faut pas oublier qu'Israël occupait encore le Sud Liban. Même les Etats-Unis, l'Arabie saoudite et la France acceptaient alors la présence syrienne. A ce moment-là, il n'était pas question de parler de «colonisation syrienne» comme le font certains maintenant. Après la stabilisation, les troupes syriennes étaient censées partir, mais il n'y avait pas de timing fixé dans ces accord de Taef.

Mais si Israël s'est retiré du Sud Liban en 2000, pourquoi les troupes syriennes sont-elles restées?

Mohamed Hassan. En 2000, avec le départ d'Israël, surgit une nouvelle situation. Le mouvement islamique Hezbollah contrôle le sud du Liban. Les Phalangistes chrétiens pro-Israël soit sont partis en Israël, soit sont marginalisés. Dans cette situation, la Syrie exerçait un rôle de réconciliation. Sans la présence de la Syrie, des actes de vengeance contre ces Phalangistes n'étaient pas à exclure. De plus, les nationalistes souhaitaient le maintien des troupes syriennes pour protéger les camps de réfugiés palestiniens. On se rappelle qu'en 1982, sous la bienveillance de Sharon, les Phalangistes y ont perpétré des massacres.

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