Proscrire le foulard, monsieur le ministre ?

Lettre citoyenne au Ministre Charles PICQUE :

« Expression ou Répression de la Liberté Religieuse ? »

Le Ministre-président du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, Monsieur Charles Picqué (PS), a décidé qu'« en vue de garantir la liberté de l'électeur dans son choix démocratique, la manifestation extérieure de toute forme d'expression (…) philosophique ou religieuse est interdite pour les membres des bureaux électoraux ».

La « manifestation extérieure de toute forme d'expression (…) philosophique ou religieuse… » désigne notamment, le foulard porté par certaines citoyennes belges de confession musulmane. La décision de Monsieur Picqué prive ces citoyennes de leurs droits et devoirs constitutionnels. De plus, elle stigmatise et banalise les diverses discriminations à leur égard.

Une polémique a suivi cette décision et de nombreuses questions ont fusé :

Le foulard est-il, en fin de compte, interdit pour les membres des bureaux électoraux ? Comment les Présidents des bureaux de vote vont-ils gérer la situation ? Qu'est-ce que le principe de neutralité ? Quelle régulation du religieux sur la scène publique ? Pourquoi la question du foulard est-elle d'emblée « problématisée » : d'abord dans les écoles et les administrations publiques, ensuite dans les bureaux de vote ? Comment interpréter le silence des partis démocratiques ? Concrètement, faut-il boycotter le PS ainsi que les autres partis complices aux prochaines élections dans les 19 communes bruxelloises ?

Ces questions sont d'autant plus sensibles qu'elles ressurgissent à quelques jours du scrutin communal. L'enjeu est de taille pour les partis politiques qui ont joué avec la surenchère des voix électorales de la communauté musulmane.

Nous n'allons pas revenir sur le sempiternel débat lié à la question du foulard mais il est évident que cette affaire interroge la société sur le présent et l'avenir des citoyens musulmans Belges. Citoyens à part entière ou citoyens de seconde zone ?

Cet acharnement démontre bien que la discrimination et l’exclusion sont des réalités concrètes et que notre société n'est vraisemblablement pas prête à concevoir le vivre-ensemble basé sur le « respect mutuel » tant prôné dans les discours politiques…

Ce qui est le plus inquiétant, c’est que cette décision remet en cause des libertés fondamentales dont notamment la liberté de conscience, la liberté de culte et la liberté de manifester ses convictions religieuses en privé comme en public. Dans une société démocratique, ces libertés doivent être garanties à tous les citoyens, sans distinction aucune.

Le projet d’une société interculturelle est le véritable enjeu de cette « affaire d'assesseurs ». Faut-il renoncer à ce qui dévoilerait notre identité musulmane pour être membres des bureaux électoraux ? Un bureau de vote ne devrait-il pas refléter la diversité sociale que nul ne peut nier?

En tant qu’associations musulmanes, nous prenons position contre cette atteinte à la liberté et, nous sommes décidées à poursuivre des actions citoyennes afin de faire entendre notre voix. Une société juste et égalitaire ne peut se prétendre comme telle en excluant une partie de sa population des écoles, de la fonction publique, des bureaux de vote et demain…

Nous voulons jeter les bases d’un vivre-ensemble et promouvoir toutes les initiatives qui vont dans ce sens. Nous aspirons à vivre dans une société où l’égalité des chances n’est pas une valeur abstraite mais un modus vivendi pour tous les citoyens quelles que soient leur origine ou leur confession.

Signataires: Le Collectif « Présence Musulmane » Belgique, Femmes Musulmanes de Belgique, Les Fourmis asbl, Réflaction, Al Qarawiyyin asbl, Fondation Sadek Charaf, Union des femmes libres pour l'égalité des droits, Al Kawthar asbl, ASBL Astrolabe, la Ligue des musulmans de Belgique, …

Infos & contact : Abdelmajid Mhauchi – mhauchia@yahoo.fr

Gsm : 0474.241.711

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