Procès contre Chavez : Libé persiste et signe à un plus haut niveau

On lira ci-dessous les principaux extraits (non déformés) de l’article (20/1) de Pierre Haski (directeur adjoint de rédaction à Libération). Le lecteur francophone peut aller les vérifier dans le quotidien (je serais un « drôle de «faussaire» si je fournissais « les moyens d'être débusqué »). Sous le texte de Haski, mes remarques sont précédées d’un « R » ( = remarque ou réponse).

P. Haski : « Les accusations les plus violentes pleuvent depuis que Libération s'est fait l'écho, le 9 janvier, d'une déclaration du président vénézuélien Hugo Chavez, datant du 24 décembre, interprétée dans nos colonnes comme un dérapage antisémite… »

R. « Etrange zèle qui s'irrite contre ceux qui accusent des fautes publiques et non contre ceux qui les commettent. » (Pascal, Les provinciales). Les accusations « les plus violentes » sont celles formulées par Libération contre Chavez. Par ailleurs, il est faut de persister à dire que Libération « s’est fait l’écho (…) d’une déclaration » d’Hugo Chavez. La vérité est que Libération a tronqué délibérément une déclaration pour pouvoir lancer une nouvelle (car ce n’est pas la première) attaque contre le chef du gouvernement du Venezuela.

« De quoi s'agit-il ? Aurions-nous fabriqué un faux document qui n'existerait pas en réalité ? »

R. La réponse est oui dans la mesure où la troncature d’un texte peut lui faire dire ce qu’il ne dit pas. Et c’est le cas.

« Le discours de Hugo Chavez auquel se référait l'article de Libération existe bel et bien… »

R. Faux. Le discours attribué à Chavez n’existe pas dans l’acception imposée par Libé à ses lecteurs par troncature. Et il ne s’agissait pas d’un « discours (officiel, écrit) mais d’une libre discussion avec des catholiques.

« …et peut être consulté sur le site Internet du ministère vénézuélien de la Communication et de l’Information, comme le précisait, dès son premier article, notre journaliste Jean-Hébert Armengaud… »

R S’imaginait-il que tous les lecteurs de Libération parlent l’espagnol où ont assez de temps pour aller dénicher, en bas de la page 15 d’un document de 26 pages, le passage cité et celui qui a été censuré par Libé ? Non, tout esprit de bonne foi comprend que nous avons-là une astuce entachée de la sous-estimation de son lectorat. Mais il suffit qu’un lecteur vérifie pour que la tromperie apparaisse.

« …Drôle de «faussaire» qui fournirait les moyens d'être débusqué ! … »

R. Tant il croyait que nul n’irait voir. Et pourquoi le faire ? Lit-on un journal pour en allant vérifier ailleurs s’il dit vrai ? Autant aller « ailleurs » directement.

« Aurions-nous inventé des mots que Chavez n'aurait pas prononcés ? Il suffit de se référer au texte du discours en espagnol pour constater que pas un mot n'a été mis dans sa bouche qu'il n'aurait pas prononcé, en particulier la référence aux «descendants de ceux qui ont crucifié le Christ». »

R. Etes-vous sourd, Pierre Haski ? On ne vous parle pas depuis dix jours de propos ajoutés. Où avez-vous lu ça ? Mais d’une phrase entière censurée pour pervertir le propos.

« Les passages de la longue phrase intégrale qui en ont été retirés l'ont été signalés par la formule classique des trois points de suspension entre parenthèses : là encore une drôle de précaution pour un prétendu «faussaire».

R. Bon, je vous fais la même chose ici avec la phrase ci-dessus : « Pierre Haski, directeur adjoint de la rédaction à Libération, écrit au sujet de l’article de Jean-Hébert Armangaud : « Là encore (…) précaution (…) de faussaire. »

« Convenons néanmoins qu'il aurait été préférable de publier la citation dans son intégralité. »

R. Sauf si elle rendait impossible une attaque.

« … Plus grand monde ne conteste que le chef de l’Etat vénézuélien a prononcé les paroles incriminées. »

R. Au contraire, depuis 10 jours, à travers la planète, des USA au Venezuela et dans bien d’autres pays, des voix multiples s’insurgent devant la manipulation. Pierre Haski vit-il sur la planète Terre ?

« …Reste donc un problème d'interprétation… »

R. Non, de coupure d’une phrase dans un texte pour justifier une accusation.

«… le Centre Simon Wiesenthal de Buenos Aires, qui porte le nom du célèbre «chasseur de nazis», a, le premier, tiré la sonnette d'alarme face à un propos reprenant, faisait-il observer, «deux arguments centraux de l'antisémitisme»…. »

R. Interprétation aussitôt réfutée avec vigueur par nombre d’organisations juives, aux USA même et surtout au Venezuela.

« …La cohabitation dans la même phrase de la référence aux «descendants de ceux qui ont crucifié le Christ» et à ceux qui se sont emparés des «richesses du monde» a tout de la vulgate antisémite classique.. »

R. Pierre Haski renouvelle ici la manipulation de son journaliste en faisant une nouvelle fois disparaître Bolivar de la phrase. En effet, il faut donc le redire, si Chavez dit que le Christ et Bolivar ont été victimes des mêmes minorités, il désigne bien là l’impérialisme et rien d’autre D’où les tartufferies répétitives de Libération : « Cachez ce sein que je ne saurais voir. »

« …Le président vénézuélien ne cite jamais explicitement les juifs… » » ».

R. C’est en effet Libération qui le fait en ravivant les thèses antisémites.

« …mais ceux qui, en France, exonèrent Hugo Chavez en faisant valoir que le Christ a été crucifié par les Romains (dans ce cas, visait-il les Italiens d'aujourd'hui ?…)… »

R. Et pourquoi pas Berlusconi ? Quel ergotage ! Il visait les empires. Difficile, à comprendre ?

« …feignent d’ignorer la connotation historique extrêmement lourde de la formule… ».

R. Tandis que Libération s’obstine à ne rien comprendre à la connotation historique de la « Théorie de la libération » en Amérique latine et de la quasi association de l’image du Christ aux révolutionnaires et celle de ses oppresseurs aux impérialistes.

« … l’ancien conseiller négationniste de Chavez, Norberto Ceresole… »

R. Dont Chavez s’est débarrassé, contrairement à De Gaulle avec Papon, à Mitterrand avec Bousquet et de Libé avec Armangaud qui a truqué un texte et trompé ses lecteurs.

« …les inquiétudes d'une partie de la communauté juive locale, très divisée… »

R. Elle a au contraire désavoué et Libé et le Centre Simon Wiesenthal.

« …et l'invitation lancée par Caracas au président iranien malgré son appel à «rayer Israël de la carte».. »

R. Mais Chavez ne l’a pas été invité pour ça et il ne tient pas ses propos. Pas d’amalgame ! On n’oubliera pas de demander à Libé en temps opportun quels sont les chefs d’Etat qu’il ne faut pas recevoir (les Chinois, par exemple ?) et les pays où il ne faut pas aller (que faisait donc Bush en Chine ?).

« …De fait, même si l'interprétation «anti-impérialiste» de cette phrase était la bonne,… »

R. Il n’est pas question de ça, encore une fois. L’interprétation de la phrase tronquée n’est pas forcément idiote. Mais ce n’est pas ce qu’a dit Chavez.

« Un dérapage de langage ne suffit sans doute pas à faire un «credo antisémite… »

R. Dérapage construit par Libération, redisons-le jusqu’à ce qu’il comprenne qu’on a compris ce qu’il ne veut décidément pas qu’on comprenne.

« … comme l'affirmait brutalement le titre du premier article de Libération, un titre plus affirmatif et plus catégorique que l'article … »

R. Ah, c’est le titre qui n’était pas bon ! Rien d’autre, vraiment ?

« …La violence de la réaction des partisans du président Chavez en France a de quoi inquiéter… »

R. Voir plus haut la phrase de Pascal… Ils trichent, on le dit, ils sont victimes…

« …Surtout lorsqu'elle est le fait de responsables politiques comme le sénateur Mélenchon que rien ne semble déranger, ni les menaces sur les libertés au Venezuela, largement recensées par les défenseurs des droits de l'homme… »

R. « Largement recensées ». Exemples ? « Les défenseurs des droits de l’homme ». Lesquels ? Quelles libertés ont été touchées ? Nous passons là du mensonge par amputation au mensonge par insinuation

« … ni par ailleurs, les approximations et contre-vérités sur Libération et ses collaborateurs… »

R. L’arroseur arrosé, le voleur qui crie au voleur. Où sont les contrevérités sur Armengaud ? Il suffit de lire ses articles passés pour vérifier son aversion pour Chavez. Quant à Libé, il le couvre obstinément, pariant que l’attachement des lecteurs au journal (de Sartre !) occultera leur sens critique et leur intelligence.

« …Avec bien plus de mesure, le Venezuela a également allumé les contre-feux, à Paris ou à Washington, notamment pour rassurer les communautés juives… »

R. Avec mesure ? Vous n’avez pas lu le peu diplomatique communiqué de l’Ambassadeur du Venezuela en France qui répond à Libération ? Vous le publierez, P. Haski ? Chiche, il n’est pas très long (féroce, seulement).

«…Je ne sais pas si le président Chavez se référait aux juifs quand il parlait de ceux qui ont crucifié le Christ … »

R. ET chassé Bolivar. … Fatigue…

« …et on ne saura jamais comment interpréter ses propos, a déclaré Dina Siegel Vann, directrice de l'Institut d'Amérique latine à l'American Jewish Committee, jointe par téléphone par notre journaliste Annette Lévy-Willard. Mais il a pris la peine de s'exprimer publiquement et d'affirmer qu'il ne visait pas les juifs. Alors on lui fait crédit. Il ne faut pas brandir l'antisémitisme à tort et à travers…»

R. Mais tout ce que qu’a écrit Armengaud, tout ce qui précède sous la plume de Pierre Haski, directeur adjoint de la rédaction à Libération, clament obstinément le contraire.

«… Le moins que l'on puisse dire est que la déclaration de Chavez méritait clarification, ce que le président vénézuélien lui-même a fait en démentant tout antisémitisme, une mise au point salutaire dont Libération s'est fait l'écho, ne faisant, là encore, que son travail d'information. »

R. Dont Libé s’est fait l’écho, contraint et forcé : il y avait le feu sur le Net. C’est d’ailleurs sur le Net que Libé est allé piller pour la tronquer afin d’y répondre mieux, faisant croire qu’il s’agissait d’un courrier de lecteur, une lettre de Romain Migus, Français de Caracas. Effaré, il a demandé qu’une mise au point paraisse dans Libé. Quelqu’un la lue ?

Ah ! quand on lit : « Libération ne faisant là que son travail d’information. », on croit rêver !

Maxime Vivas

PS. La presse va mal, en France. Tiens, pourquoi ?

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