Bonjour Madame Elgrably,
Je viens de lire votre chronique
(http://www.iedm.org/main/show_editorials_fr.php?editorials_id=449)
et je reste stupéfait face au nombre d'erreurs
factuelles, plus de quinze sur une seule colonne,
sur lesquelles repose votre argumentation.
Je me demande sincèrement si vous avez déjà mis un jour
les pieds à Cuba ou si vous vous appuyez
uniquement sur un rapport d'une quelquonque
officine étasunienne qui serait dans ce cas aussi
crédible qu'un rapport d'Al Quaida sur la
démocratie US. Si je documentais toutes les
erreurs factuelles de votre chronique, mon texte
serait d'une longueur démesurée pour sa
publication dans le Journal. Je me contenterai
donc de relever la principale: le faible impact,
selon vous, du blocus étasunien sur le service de santé cubain.
Un simple coup d'oeil à la législation
anti-cubaine des États-Unis vous permettra de
constater que la loi Helms Burton interdit de
commercer avec Cuba à toute compagnie dont des
intérêts étasunien controlent plus de 10% des
actions, et ce quel que soit le pays de son siège
social. Cela inclue de fait TOUS les groupes
pharmaceutiques dans le monde. En consultant le
rapport publié chaque année par les Nations Unies
au sujet du blocus étasunien contre Cuba, vous
pouriez vous faire une idée de l'impact de ce
blocus sur le système de santé cubain. Dans le
rapport de 2005
(http://daccessdds.un.org/doc/UNDOC/GEN/N05/458/12/PDF/N0545812.pdf?OpenElement),
on lit qu' "une bonne partie de la technologie,
des équipements et des intrants du Centre
d’immunologie moléculaire [cubain] qui développe
et produit des moyens diagnostiques et
thérapeutiques, dont des vaccins contre le
cancer, étaient fournis par l’entreprise suédoise
Pharmacia, rachetée d’abord par l’Amersham et
ensuite par la société nord-américaine General
Electric. Cette dernière, une fois propriétaire,
a accordé un délai d’une semaine pour fermer le
bureau d’Amersham à Cuba et suspendre tous les
contacts avec l’île. 25% des équipements
technologiques achetés à Pharmacia ne
fonctionnent plus faute de pièces de rechange."
Vous faites référence aux malformations
congénitales dans votre article, L'ONU décrit le
handicap de Cuba dans ce domaine : "La société
états-unienne GIBCO produit l’Amniomax, milieu de
culture pour le dépistage de malformations
congénitales chez les femmes enceintes âgées de
plus de 38 ans. C’est le seul produit connu à
l’échelle internationale qui permet de réaliser
ce test." Quand à la mortalité infantile, voici
ce qu'en dit le même rapport "Le blocus a porté
atteinte au programme de soins destinés aux
enfants qui ont besoin de subir une greffe du
foie. À ce jour, les laboratoires Abbot n’ont
pas encore apporté une réponse concernant
l’acquisition d’un appareil de dosage de
l’immunosuppresseur Tracolimus (FK506), produit
seulement par ces laboratoires nord-américains,
indispensable pour contrôler les niveaux sanguins
dont les variations peuvent provoquer des
infections ou des tumeurs secondaires." Et le
Canada n'est pas à l'abri comme le montre le même
rapport : "Les pièces de rechange et les sources
radioactives de deux machines de chargement
différé automatique pour le traitement de tumeurs
gynécologiques (équipements de brachythérapie),
achetées à la société canadienne MSD NORDION
n’ont pas pu être acquises car elle avait vendu
la marque à la firme états-unienne VARIAN."
J'espère que la direction de l'Institut
Économique de Montréal vous invitera à refaire
vos devoirs sur Cuba selon une approche
méthodologique et non partisane tant pour la
crédibilité de l'Institut que pour le respect
d'une Ile qui malgré sa pauvreté et le sauvage
blocus des États-Unis offre à son peuple un
système de santé qui fait l'envie de tout le
continent sud américain et obtient ainsi des
indicateurs de santé dignes de ceux des pays
riches et ce, selon un calcul impartial réalisé
par l'UNESCO selon des méthodes universelles
contrairement à ce que vous affirmez.
En l'attente de voir les résultats d'un véritable
travail d'analyse du système cubain, je reste
avec l'équipe de Cuba Nouvelles, à votre
disposition pour toute information factuelle que
vous pourriez souhaiter sur Cuba.
Philippe Le Roux
Directeur général de Cuba Nouvelles