Pour 78% des Irakiens, les USA sont la cause des violences

Selon un récent sondage publié par le quotidien britannique The Sunday Times, seulement 27% des Irakiens interrogés pensent que la violence à laquelle ils sont confrontés chaque jour résulte d’une guerre civile1. Et selon un sondage réalisé par l’université américaine du Maryland, 78% des Irakiens sont convaincus que la présence des troupes américaines plutôt que d’apporter la stabilité entraîne la violence. Ils sont 71% à réclamer leur départ2.

url: http://www.ptb.be/scripts/article.phtml?lang=2&obid=34360

18-04-2007

L’institut Brookings à Washington est chargé de publier un rapport hebdomadaire sur toutes les données chiffrées concernant la guerre en Irak. Les auteurs du rapport se basent sur des sources américaines officielles. Le nombre d’attentats est passé l’an dernier à une moyenne de 185 par jour, soit le double par rapport à l’année précédente. 75% des attentats visaient l’armée américaine, 17% l’armée irakienne officielle et seulement 8% des cibles civiles non spécifiées3. Ces cibles civiles comprennent également les services privés et les entreprises qui travaillent directement ou indirectement pour l’occupant américain. Mais malgré tout, et malheureusement, une partie des attentats vise des civils irakiens. Il peut s’agir de combats entre milices rivales qui défendent les intérêts de chefs locaux. Il y a également les milices des partis du gouvernement qui, constituées en escadrons de la mort, terrorisent des villages entiers pour préserver leur pouvoir.

Pour beaucoup d’Irakiens, il existe un lien entre ces milices et l’occupant américain. Abdul Abdulla, 68 ans, a fui Bagdad, il y a trois mois. Il explique : « Beaucoup d’Irakiens n’osent plus sortir de chez eux par peur des milices. Parfois, les milices se postent au coin d’une rue pour arrêter tous ceux qui sortent ou entrent dans les habitations. Ces commandos de la mort sont apparus après la venue de l’ancien ambassadeur américain John Negroponte. Et le gouvernement irakien est certainement impliqué puisqu’ils dépendent de ces milices. »4

Des centaines de milliers d’Irakiens réclament haut et fort le départ de l’occupant

Lundi 9 avril, des centaines de milliers d’Irakiens ont manifesté dans la ville de Najaf contre l’occupation américaine à l’occasion du quatrième anniversaire de la chute de Bagdad. La majorité des manifestants s’était enveloppé dans des drapeaux irakiens. Les drapeaux américains par contre étaient brûlés ou piétinés.

Cette manifestation était une initiative du chef spirituel chiite Moqtada al-Sadr, qui ne fait pas du tout partie de la résistance militaire contre l’occupation. Jusqu'à lundi, Il dirigeait en effet un bloc politique avec 6 ministres au gouvernement dont la majorité sont des pions proaméricains. Mais même parmi ses partisans, qui au départ ont accueilli avec joie la chute de Saddam Hussein, l’opposition ne cesse de monter. Hussein Ali, professeur : « Nous avons été très patients, cela fait trop longtemps que nous espérons une situation meilleure. Mais au contraire nous sommes entraînés dans un marécage de haine entre frères et toute cette effusion de sang sert uniquement les intérêts des maîtres de guerre assoiffés de pouvoir et d’argent. » Un conseiller communal de la ville portuaire de Basra poursuit : « Voilà 4 ans que les autorités américaines et irakiennes sont occupées à se battre et mettent leurs plans à exécution pour nous voler notre pétrole et éclater notre pays. »5 Un autre manifestant est plus explicite encore : « L’occupant clame que l’Irak est libre. Mais quelle liberté ? Quelle libération ? Tout n’est que destruction. Nous n’avons pas besoin de leur libération ni de leur présence. Nous voulons qu’ils quittent notre pays. »6

1 The Sunday Times, 18 mars 2007 • 2 WorldPublicOpinion.org , 27 septembre 2006 • 3 Iraq Index, www.brookings.edu/iraqindex 9 avril 2007, page 26 • 4 IPS, 11 avril 2007; 5 IPS, 11 avril 2007 • 6 Reuters, 10 avril 2007

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