Les victoires du boycott sur Israël

Omar Barghouti donne une interview exclusive à la docteure Hanan Chehata de MEMO (Middle East Monitor) pour parler des victoires et des difficultés du mouvement grandissant de boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël.


(JPG)Des manifestants suisses perturbent un match de foot comptant pour la compte du monde 2007 et auquel participe une équipe de l’état sioniste, raciste et ségrégationniste


« Israël et ses groupes de pressions bien huilés ont essayé tous les trucs dans leur panoplie de diffamation, d’ intimidation, de pression et de terrorisme intellectuel pour décourager ou calomnier les militants et les dirigeants BDS partout dans le monde. Jusqu’ici, ils ont misérablement échoué, comme ils l’admettent parfois eux-mêmes ».

Ayant perdu la bataille pour gagner les coeurs et les esprits dans plusieurs États occidentaux-clés, ils ont eu recours à l’arme ultime, à savoir criminaliser la dissidence et museler entièrement le débat ».

« L’écrivain britannique de renommée mondiale, Iain Banks, a écrit dans le Guardian que la meilleure manière dont les artistes, les écrivains et les universitaires internationaux peuvent « convaincre Israël de sa déchéance morale est « simplement de n’avoir plus rien à faire avec cet Etat hors-la-loi », [2] position qui a été ultérieurement appuyée par Stéphane Hessel, coauteur de la déclaration universelle des droits de l’homme, survivant de l’holocauste et ancien diplomate français.

 

Interview avec Omar Barghouti

Omar Barghouti est commentateur palestinien, militant des droits humains et écrivain. Il est l’un des dirigeants du mouvement boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) lancé par la société civile palestinienne et l’un des membres fondateurs de la campagne palestinienne pour le boycott universitaire et culturel d’Israël, lancé en 2004. Il a récemment écrit un livre intitulé "BDS – The Global Struggle for Palestinian Rights" (BDS-la lutte mondiale pour les droits des Palestiniens ).

HC : Vous êtes un des membres fondateurs du mouvement boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), campagne qui a été lancée en 2005. Qu’est-ce qui vous a incité à participer à ce mouvement et pourquoi l’année 2005 était-elle propice pour lancer l’initiative mondiale de BDS ?

 

OB : J’ai toujours cru que dans la réalité palestinienne très complexe du siège israélien, caractérisé par l’oppression coloniale et l’apartheid, la résistance populaire et pacifique est la forme la plus efficace de lutte pour obtenir nos droits inaliénables en vertu du droit international.

Chercher à atteindre nos objectifs de liberté, de justice et d’égalité -but du mouvement BDS- a toujours été notre principale motivation. Après des décennies de nettoyage ethnique permanent et de dépossession de notre peuple par Israël, la société civile palestinienne s’est rendue compte que la prétendue « communauté internationale » sous l’hégémonie des USA, ne peut absolument pas nous obtenir nos droits, ni forcer Israël à respecter ses obligations en vertu du droit international. Inspirés par un siècle de résistance civile palestinienne au colonialisme et aux expulsions et fortement influencés par le mouvement anti-apartheid d’Afrique du Sud, les figures clés de la société civile palestinienne ont décidé de lancer la campagne BDS. Immédiatement, la grande majorité de partis politiques palestiniens, de syndicats, de mouvements de masse mobilisés par des ONG, de réseaux de défense des droits des réfugiés, et d’autres ont appuyé la campagne, dont ils ont ainsi montré le pouvoir unique d’unifier, de donner le pouvoir d’agir, d’assurer la cohérence morale et une large représentation.

Nous avons lancé le BDS le 9 juillet 2005, premier anniversaire de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice condamnant Israël pour l’illégalité du mur et des colonies construites sur le territoire palestinien occupé. Dans son avis, la CIJ disait expressément que tous les États « sont dans l’obligation de ne pas reconnaître la situation illicite découlant de la construction du mur et de ne pas prêter aide ou assistance au maintien de la situation créée par cette construction ; tous les États parties à la Quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, du 12 août 1949, ont en outre l’obligation, dans le respect de la Charte des Nations Unies et du droit international, de faire respecter par Israël le droit international humanitaire incorporé dans cette convention ». Quand les gouvernements n’ont pas rempli cette obligation minimale, la société civile palestinienne à décidé d’en appeler aux personnes de conscience, aux citoyens et à la société civile internationale pour qu’ils assument la responsabilité morale de demander des comptes à Israël.

 

HC : Pour ceux qui ne le sauraient pas déjà, quels sont les principaux objectifs du mouvement BDS et à quel stade estimerez-vous que vos demandes auront été satisfaites et mettrez-vous fin à la campagne ?

 

OB : Le BDS vise à permettre au peuple palestinien d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination en mettant fin au système à trois niveaux appliqué par Israël qui nous refuse nos droit fondamentaux sanctionnés par les Nations unies. Plus précisément, nous demandons la fin de l’occupation israélienne de toutes les terres arabes qu’ Israël contrôle depuis 1967, notamment à Jérusalem-Est ; la pleine égalité pour les citoyens palestiniens d’Israël et la fin du système israélien institutionnalisé et légalisé de discrimination raciale à leur rencontre ; le respect et la mise en application du droit au retour des réfugiés reconnu par la communauté internationale, réfugiés chassés lors du nettoyage ethnique par les forces sionistes et ensuite par Israël lors de la Nakba de 1948 et depuis lors.

 

HC : A quelle rythme estimez-vous que le mouvement BDS prendra racine à un niveau comparable au mouvement BDS mondial qui a permis de renverser l’apartheid en Afrique du Sud ? Faudra-t-il d’après vous au mouvement BDS des dizaines d’années pour avoir un impact ou êtes-vous confiant qu’elle aura des effets plus rapides ?

 

OB : Les Sud-Africains ont lancé leur appel au boycott à la fin des années 50. Dans les pays les plus puissants du monde, particulièrement en Occident, les couches du mainstream ont effectivement adopté le boycott et le désinvestissement contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud au cours des années 80. Par comparaison, bien que le boycott n’ait que six ans, le mouvement BDS mondial lancé par les Palestiniens a déjà atteint le grand public en Occident et a remporté des victoires majeures dans les domaines économique, culturel et universitaire. Le nombre de personnalités culturelles, d’intellectuels et d’artistes de premier plan qui, soit ont appuyé le BDS soit l’ont au moins respecté, a progressé à une vitesse impressionnante depuis la guerre d’agression illégale et manifestement immorale lancée par Israël contre la bande de Gaza sous siège et toujours occupée.

 

HC : Beaucoup de publicité a entouré notamment les musiciens qui ont récemment décidé de ne pas jouer en Israël. Est-il important que ces célébrités participent également au mouvement BDS ?

 

OB : Après qu’ Israël eut massacré neuf Turcs sans armes, humanitaires et défendeurs des droits humains -dont un avait la double nationalité turque/US- et en eut blessé des dizaines d’autres en provenance de plusieurs pays, de grands artistes et orchestres ont répondu à notre appel au boycott culturel.

L’écrivain britannique de renommée mondiale, Iain Banks, a écrit dans le Guardian que la meilleure manière dont les artistes, les écrivains et les universitaires internationaux peuvent« convaincre Israël de sa déchéance morale est « simplement n’avoir plus rien à faire avec cet Etat hors-la-loi »[2], position qui a été ultérieurement appuyée par Stéphane Hessel, coauteur de la déclaration universelle des droits de l’homme, survivant de l’holocauste et ancien diplomate français.

 

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Beaucoup de personnalités littéraires et universitaires britanniques ont publié une lettre dans The Independent disant « nous lançons un appel aux écrivains et savants britanniques afin qu’ils boycottent toutes les visites littéraires, culturelles et universitaire en Israël sponsorisées par le gouvernement israélien, notamment celles qui sont organisées par des fondations culturelles et des universités israéliennes ».

Dans le monde du spectacle, parmi d’autres grands orchestres, Massive Attack, a refusé de jouer en Israël pour protester contre la manière dont celui-ci traite les Palestiniens ; les Klaxons, le Gorillaz Sound System, les Pixies et d’autres groupes de premier plan ont annulé les concerts qui étaient déjà au programme. L’auteur de best-sellers mondiaux, le Suédois Henning Mankell, qui se trouvait à bord de la flottille lorsqu’elle a été attaquée a demandé des sanctions mondiales de type sud-africain contre Israël pour protester contre sa brutalité.

L’auteure US de best-sellers , Alice Walker, rappelant le boycott déclenché par Rosa Parks et dirigé par Martin Luther King contre une société de bus raciste de Montgomery en Alabama pendant le mouvement US pour les droits civils, a appelé à un large soutien au mouvement BDS contre Israël, devoir moral de solidarité avec les Palestiniens « afin d’atténuer la douleur et de partager les peines d’un peuple maltraité depuis des générations ».

Au cours des semaines qui ont précédé l’attaque de la flottille, des artistes du calibre de Elvis Costello, Gil Scott-Heron et Carlos Santana ont tous annulé des concerts déjà programmés en Israël après avoir reçu des appels émanant de groupes BDS palestiniens et internationaux.

Récemment, Roger Waters a explicitement appuyé le BDS dans un article annoncé de longue date dans le Guardian. La chanteuse française, Vanessa Paradis et le baryton allemand, Thoman Quasthoff, ont également annulé leur concert en Israël.

Lorsque les célébrités de cet acabit annulent leur venue en Israël à cause de son non-respect des droits humains, elles contribuent à faire connaître la véritable nature de cet État qui pratique l’occupation, le colonialisme-colonisation et l’apartheid ; elles aident aussi à contester l’impunité de ce pays et ses infractions au droit international.

HC : Votre dernier livre « BDS – The Global Struggle for Palestinian Rights » a reçu et un accueil très favorable de la part des universitaires et des militants de la paix tels que le professeur Ilan Pappé, l’archevêque Desmond Tutu, le prix Nobel de la paix Mairead Maguire et beaucoup d’autres ; comment a-t-il été accueilli dans la communauté israélienne et par le leadership israélien en général ?

OB : franchement, je n’en ai pas la moindre idée.

HC : vous avez vécu de longues années aux USA et en fait vous avez obtenu votre Bachelor et votre Mastère à la Columbia University de New York ; vous deviez aller aux USA pour présenter votre nouveau livre sur le BDS, et pourtant on vous a refusé le visa. Vous a-t-on donné la raison de ce refus et quelle serait la vraie raison pour laquelle les USA vous refusent l’entrée dans leur pays ?

OB : mon visa a été "retardé" pendant de longues semaines sans être refusé. L’on s’est contenté de dire qu’il fallait d’autres « démarches administratives », même après qu’il eut été approuvé en janvier ce dont j’avais été officiellement informé au consulat US à Jérusalem. De l’avis de mon éditeur Haymarket, et du mien, ce retard tenait à des raisons politiques ; il était délibéré pour nous obliger à annuler ma tournée d’auteur. On ne peut que voir une influence israélienne directe sur ce « processus » du consulat US. Après une campagne de lettres, organisée par Haymarket, et aussi par Jewish Voice for Peace, j’ai reçu mon visa quelques jours avant mon envol vers les USA. En dépit de cela nous avons réussi notre tournée de promotion du livre dans les principales universités telles que Harvard, Columbia, Princeton, Brown, Brandeis, Massachusetts-Amherst, et Rutgers. La merveilleuse détermination, l’engagement et la créativité des groupes de solidarité palestinienne dans tous les campus ont été la clé du succès de notre tournée.

HC : que répondriez-vous à ceux qui disent que leur décision de boycotter les marchandises israéliennes ne changera rien de tangible sur le terrain pour les Palestiniens parce qu’ ils ne représentent « qu’une personne » ? Une personne peut-elle vraiment changer les choses s’agissant du BDS ?

OB : Moi aussi, je n’étais qu’« une personne » dans la lutte contre l’apartheid sud-africain à Columbia University dans les années 80. A moi aussi, les sceptiques ont dit « arrête de rêver ! Crois-tu que l’apartheid sera aboli de ton vivant ? » Et je répondais chaque fois : « non, il est probable que non, mais je crois néanmoins que montrer sa solidarité avec les opprimés en participant à cette lutte est une obligation morale ». Toutefois, l’apartheid s’est effondré en Afrique du Sud ! Et cela personne ne peut me l’enlever. Les efforts collectifs d’un grand nombre de personnes peuvent permettre de faire un bond, d’arriver au point de rupture où le prix du maintien d’un système d’oppression dépasse de loin ses avantages et amène finalement son démantèlement.

En outre, je crois que le principe fondateur de la solidarité internationale est d’écouter les opprimés eux-mêmes exprimer leurs besoins et leurs aspirations, non pas de penser à leur place, comme si nous ne pouvions pas penser juste ou que nous ne comprenions pas ce qui nous sert le mieux. C’est l’ attitude coloniale et condescendante par excellence.

HC : en février, la Knesset a voté un projet de loi criminalisant essentiellement les activités de soutien au boycott d’Israël. Si cette loi est adoptée, les citoyens israéliens appuyant le BDS pourraient encourir des amendes d’environ $ 8200 (en équivalent) ; ceux qui ne sont pas citoyens et qui participent aux actions BDS en Israël pourraient être interdits de séjour pendant au moins 10 ans. Cela prouve sans aucun doute combien Israël craint les effets du BDS. Que répondriez-vous à la réaction israélienne envers le mouvement BDS ?

OB : Israël et ses groupes de pression bien huilés ont essayé tous les trucs dans leur panoplie de diffamation, d’ intimidation, de pressions et de terrorisme intellectuel pour décourager ou calomnier les militants et les dirigeants BDS partout dans le monde. Jusqu’ici ils ont misérablement échoué, comme ils l’ admettent parfois eux-mêmes. Étant donné que son programme est moralement cohérent, non-violent, fondé sur la défense des droits humains et qu’il défend la règle du droit international, la pleine égalité de tous les êtres humains et le rejet catégorique de toutes les formes de racisme, y compris l’antisémitisme, le mouvement mondial BDS a traîné Israël sur le « champ de bataille » où nous avons une supériorité éthique décisive et où nous neutralisons l’impressionnant arsenal israélien d’armes, y compris des armes nucléaires.

Ayant perdu la bataille pour gagner les coeurs et les esprits dans plusieurs États occidentaux clés, ils ont eu recours à l’arme ultime, à savoir criminaliser la dissidence et entièrement museler le débat ».

Ceci s’inscrit dans la logique de cette nouvelle mesure draconienne que le gouvernement Israélien d’extrême droite espère faire adopter dans un parlement israélien pas moins fanatique. Le problème est uniquement pragmatique. Si cette mesure anti BDS prend force de loi, Israël aura renoncé à une de ses dernières couches ou masques de « démocratie », mettant à nu son système irréparable d’oppression colonialiste et raciste qui appelle le même traitement que celui qui a été appliqué à l’apartheid en Afrique du Sud : le BDS. Loin de décourager le BDS au d’arrêter sa progression impressionnante, cette loi anti BDS peut en fait se retourner contre ses auteurs et donner une forte impulsion au mouvement dans le monde entier. Comme l’établissement israélien s’est plusieurs fois tiré une balle dans le pied, on peut très bien imaginer qu’il adopte cette loi indépendamment des considérations pragmatiques évidentes.

Israël et ses lobbys répètent que le BDS, axé sur les trois droits palestiniens fondamentaux, « délégitime" Israël et cherche sa « destruction ». Ils visent spécifiquement, le deuxième droit, celui de la pleine égalité pour tous les citoyens palestiniens Israël. Si l’égalité « détruit » Israël, qu’est-ce que cela révèle sur Israël ? L’égalité a-t-elle « détruit » l’Afrique du Sud ? A-t-elle « délégitimé » les Blancs dans les États du Sud des USA après l’abolition de la ségrégation ? La seule chose que l’égalité, le respect des droits humains et la justice détruisent véritablement est le système d’injustice, d’inégalité et de discrimination raciale. Nous, dans le mouvement BDS disons ouvertement et fièrement que nous visons l’occupation israélienne, son régime d’apartheid et le déni des quatre droits des réfugiés sanctionnés par les Nations unies ; nous travaillons à la réalisation des slogans de notre mouvement : liberté, justice et égalité.

HC : que répondez-vous à ceux qui reprochent au boycott universitaire de restreindre la liberté d’expression et d’empêcher la tenue de débats sérieux dans un forum universitaire ?

OB : la campagne palestinienne pour le boycott universitaire et culturel d’Israël est un élément-clé de la campagne BDS étant donné la collusion enracinée et persistante des institutions universitaires et culturelles israéliennes avec le maintien et le blanchiment de l’occupation de l’apartheid israélien. Il importe de souligner que notre campagne vise les institutions universitaires et culturelles Israéliennes et non pas les individus ; par conséquent, prétendre que notre boycott empêcherait les universitaires ou les artistes israéliens d’avoir des échanges avec leurs homologues dans le monde est simplement faux et intentionnellement fallacieux. Peu importe, ceux qui s’opposent au boycott parce qu’ils croient à tort qu’il empiète sur la liberté d’expression en Israël semblent oublier que les Palestiniens ont, eux aussi, ce droit. Le fait que l’oppression coloniale israélienne, qui dure depuis des décennies, prive les Palestiniens de leurs droits fondamentaux, y compris de leur liberté d’expression et souvent de leur droit à l’éducation, ne mérite pas cette critique. Lorsque Israël a criminalisé l’éducation palestinienne et a fermé toutes les universités palestiniennes (certaines pendant quatre années consécutives), des écoles et même des jardins d’enfants pendant la première intifada, qui était extrêmement pacifique, nous n’avons pas entendu de protestation de la part de ceux qui attaquent actuellement le boycott universitaire à cause de son prétendu impact sur la liberté universitaire israélienne. C’est cette hypocrisie qui nous amène à demander si ces gens croient véritablement que tous les êtres humains méritent des droits égaux indépendamment de leur identité.

HC : quelle est la prochaine étape du mouvement BDS ? Les groupes pro palestiniens font déjà de leur mieux pour faire connaître la campagne en protestant (avec succès) devant les magasins comme ceux de Ahava (qui fabrique des produits de beauté dans les colonies israéliennes illégales avec des ressources volées sur les terres palestiniennes volées) ; ou en demandant à des célébrités de ne pas participer à des concerts ni à des remises de prix en Israël etc. Quelle est la prochaine grande étape que les militants du BDS doivent franchir pour que le mouvement réalise vraiment son potentiel maximum ?

OB : il nous faut continuer, étant donné que notre action semble porter des fruits. Le mouvement BDS augmente de façon impressionnante depuis l’attaque israélienne mortelle contre la bande de Gaza occupées et assiégée (que le premier ministre britannique a appelé « un camp de prisonniers »). Son principal moteur est la créativité et l’engagement moral de nombreux citoyens de conscience dans le monde qui sont fatigués de l’impunité et de l’exception Israéliennes et du rôle que jouent leurs impôts dans le maintien d’un système injuste et oppressant. Il nous faut encore plus de créativité et de persévérance et l’extension de notre réseau pour que le mouvement remonte plus haut dans le grand public. Basé sur les trois droits fondamentaux au coeur du BDS et sur le besoin essentiel de concevoir et de mettre efficacement en oeuvre des tactiques et des stratégies BDS au niveau local en tenant compte du contexte, nous pouvons étendre le BDS davantage au sein de la société civile internationale. Nos droits en vertu du droit international ne sont pas négociables, par conséquent l’application du boycott et le choix des cibles les plus pratiques sont à décider par les militants sur le terrain dans leur contexte particulier.

Dans un avenir proche, nous intensifierons les campagnes de désinvestissement et viserons des sociétés qui profitent de l’occupation israélienne et d’autres violations du droit international. La campagne que Jewish Voice for Peace a entreprise aux USA pour que le plan de retraite TIAA-CREF se désinvestisse de cinq sociétés qui profitent de l’occupation et des crimes israéliens est un bon exemple de l’évolution du militantisme BDS, spécialement aux USA. Le travail accompli par la campagne de solidarité avec la Palestine au Royaume-Uni qui cherche à obtenir l’appui des syndicats pour le BDS et à mettre en oeuvre une campagne efficace à cet égard illustre également un effort BDS très important particulièrement prometteur qui inspire les Palestiniens. L’énorme coalition anti Agrexco/Carmel en France avec des partenaires en Italie, en Belgique, en Espagne, au Royaume-Uni et ailleurs, est un modèle de militantisme BDS bien ciblé, intelligent et rapide, basé sur le vaste appui de la société civile. L’établissement de la plate-forme européenne pour le boycott universitaire et culturel d’Israël avec des représentants de nombreuses campagnes européennes, promet de relever le niveau de coordination entre les campagnes nationales et d’avoir plus d’impact sur les politiques européennes.

La campagne mondiale pour le déraillement de Veolia/Alstom dont le succès impressionnant à coûté à Veolia des milliards de dollars en contrats perdus à cause de son implication dans le projet de tram colonial israélien absolument illégal en territoire palestinien occupé est peut-être le cas le plus significatif à incorporer dans la campagne BDS. Récemment, l’université de Johannesburg a décidé de rompre ses liens avec l’université israélienne Ben Gourion cette dernière coopérant avec l’État pour violer le droit international ; on peut prétendre que c’est le premier succès concret et pratique de boycott universitaire dans le monde.

Ces victoires et beaucoup d’autres enregistrées du Brésil à l’Inde, à la Norvège et au Canada montrent que nous sommes finalement arrivés au stade de l’Afrique du Sud .

Source : MEMO

Traduction : Anne-Marie Goossens

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