Négation de la Shoah… et négation de la Nakba

« Le phénomène de la négation de la Shoah dans le monde arabe est erroné, déroutant, et porte tort à la cause palestinienne. »

Dans son nouveau livre, l’universitaire franco-libanais Gilbert Achcar aborde pour la première fois les attitudes arabes à l’égard de la Shoah.

Gilbert Achcar a quitté le Liban en 1983, pendant la première guerre de grande envergure menée par Israël dans son pays. Presque 30 ans plus tard, Achcar, professeur en relations internationales à la School of Oriental and African Studies (SOAS) de Londres, militant de gauche et pour la paix, affirme que c’est la guerre brutale entre Israël et les Palestiniens au Liban qui a marqué un tournant dans le regard que portait le monde arabe sur la Shoah. Il soutient que les comparaisons que le premier ministre israélien Menahem Begin avait faites à l’époque entre Yasser Arafat et Hitler et entre les ennemis d’Israël et les nazis ont dévalorisé la Shoah et poussé beaucoup de gens du côté arabe à comparer à leur tour Israël aux nazis et même à prétendre qu’Israël avait inventé la Shoah pour justifier sa politique au Proche-Orient.

 

Le chercheur français de 59 ans a publié un nouveau livre en France, dont le titre indique son contenu inhabituel : Les Arabes et la Shoah. Dans cet ouvrage, Achcar — qui a déjà publié des livres avec le militant de gauche états-unien Noam Chomsky et l’Israélien Michael Warshawski — aborde pour la première fois un sujet hautement explosif : l’attitude des Arabes à l’égard de la Shoah depuis l’arrivée des nazis au pouvoir jusqu’à aujourd’hui. Le livre, qui n’esquive pas les aspects les plus problématiques de la question, vient de sortir sous deux éditions arabes, au Caire et à Beyrouth.

Achcar est né au Sénégal dans une famille d’émigrés libanais, mais il a été élevé et a fait sa scolarité au Liban. « J’ai fréquenté un lycée français au Liban, et j’ai entendu parler de la Shoah très tôt. Je suis un humaniste. La Shoah a toujours été très importante pour moi. » Il y a quelques années, on lui a demandé d’écrire un article pour une publication académique [Storia della Shoah, UTET, Turin, 2005] sur le rapport des Arabes à la Shoah. La recherche qu’il a entreprise pour l’article l’a conduit à écrire ce gros ouvrage sur la question.

Gilbert Achcar, qui a enseigné à Paris et à Berlin, commence son livre avec une citation de l’évangile de Matthieu : « Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’oeil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? » Dans cet entretien avec Yedioth Ahronoth, le premier qu’il ait jamais donné à un journal israélien, Achcar explique : « La leçon de cette parabole est qu’avant de critiquer autrui, on devrait se demander ce qui ne va pas avec soi même. » Il poursuit en demandant ce qui ne va pas avec nous : « Du côté israélien, une série d’accusations ont été portées contre le monde arabe au sujet de la Shoah sans aucune autocritique. Il y a quelques écrivains israéliens qui sont tellement égocentriques qu’ils ne peuvent pas voir que leurs accusations contre le monde arabe pourraient également être adressées à Israël – parfois à plus forte raison. Néanmoins la parabole s’applique aussi aux Arabes, bien entendu. Dans mon livre, j’ai essayé de traiter de certaines affaires actuelles que je considère répréhensibles. Je ne défends personne de façon acritique. Je pense qu’il est souhaitable de porter un regard critique sur le groupe auquel on appartient avant de critiquer les autres. »

 

Pourriez-vous être plus précis ?

 

Gilbert ACHCAR : Du côté arabe, je n’éprouve aucune sympathie pour ce que le Mufti de Jérusalem, Hajj Amin al-Husseini, a fait pendant la Seconde Guerre mondiale. Je pense aussi que la négation de la Shoah dans le monde arabe est erronée, déroutante, et porte tort à la cause palestinienne. Mais du côté israélien, comment pouvez-vous critiquer la négation de la Shoah dans le monde arabe alors même qu’Israël nie la Nakba palestinienne? Je ne suis pas en train de comparer l’expulsion de 1948 avec la Shoah. La Shoah a été un génocide et une tragédie bien plus grande que la souffrance des Palestiniens depuis 1948. Mais ce ne sont pas les Arabes et les Palestiniens qui ont commis la Shoah, alors qu’Israël est responsable de la Nakba. Des historiens israéliens l’ont prouvé. Pourtant, Israël continue à nier sa responsabilité historique dans ce drame. L’ex-ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni a protesté auprès du secrétaire général des Nations unies au sujet de l’utilisation du terme Nakba, qui en arabe signifie « catastrophe ». C’est comme si on protestait contre l’utilisation par Israël du terme Shoah. Dans mon livre, je dénonce vigoureusement les négationnistes palestiniens et arabes de la Shoah, qui sont plus nombreux maintenant qu’il y a 30 ou 40 ans. Il s’agit principalement d’une réaction suscitée par la colère plutôt que de négationnisme délibéré. Le Palestinien ou l’Arabe qui prétend que la Shoah a été inventée par les sionistes pour justifier leurs actions réagit à l’utilisation de la Shoah par Israël pour ses propres besoins.

C’est une réaction stupide. Je crois que la négation de la Shoah est l’antisionisme des imbéciles. Mais ce sont des gens qui nient un événement historique dans lequel leur peuple n’a joué aucun rôle. Par contre, la négation de la Nakba par Israël est beaucoup plus importante, parce que c’est Israël qui en a été responsable. Cela a été un moment décisif dans la fondation d’Israël. D’autres pays se sont constitués dans des circonstances similaires, mais il faut reconnaître la réalité et la responsabilité historiques. L’oppression actuelle des Palestiniens par Israël aggrave la situation.

 

Même ceux qui ne sont pas d’accord avec tout ce qu’écrit Achcar devront reconnaître qu’il a abordé courageusement une question qui est devenue taboue dans le monde arabe ces dernières années.

 

Gilbert ACHCAR : Je suppose que si le sujet ne m’intéressait pas on ne m’aurait pas demandé de l’aborder. Les personnes qui me l’ont demandé savaient que je comprenais l’importance historique de la Shoah et que j’avais la sensibilité nécessaire pour aborder cette question. Je savais depuis le début que c’était un sujet délicat et que chaque partie au conflit avait un récit différent, surtout en ce qui concerne l’attitude du monde arabe à l’égard de la Shoah. Il y a beaucoup de propagande sur cette question. J’avais le sentiment qu’il y avait des descriptions très caricaturales des positions historiques. Au cours de ma recherche, j’ai découvert que cela était pire encore que ce que j’avais pensé, et qu’il y avait eu des déformations substantielles.

 

Vous affirmez sans équivoque dans votre livre que s’il n’y a aucune comparaison entre la Shoah et la Nakba, il existe cependant un rapport entre ces deux événements.

 

Gilbert ACHCAR : Le rapport est évident. Sans la Shoah et sans la montée du nazisme, je ne pense pas que le projet sioniste aurait abouti. Si vous observez l’immigration en Palestine avant 1933 et la chute du nombre d’immigrants après l’éruption des émeutes de 1929, il apparaît clairement que sans le terrible phénomène appelé nazisme et le déchaînement de l’antisémitisme en Europe, il n’y aurait pas eu cette migration juive massive vers la Palestine qui a permis la constitution d’Israël. La montée d’Hitler au pouvoir et tout ce qui s’est passé au cours de la Deuxième Guerre mondiale ont donné une légitimité à l’idée sioniste. Après tout, le sionisme était une idéologie minoritaire parmi les communautés juives avant la montée du nazisme. La plupart des Juifs européens n’étaient pas sionistes. En plus, il y a eu l’hypocrisie du monde occidental qui a fermé ses portes aux réfugiés juifs.

Il existe des universitaires israéliens qui prétendent que les Palestiniens ont une responsabilité dans la Shoah parce qu’ils se sont révoltés et ont exigé que les Britanniques limitent l’immigration juive en Palestine. Ils auraient ainsi empêché des centaines de milliers de Juifs d’immigrer en Palestine, ce qui a conduit à leur extermination dans la Shoah. Il s’agit là d’un argument très tendancieux. Pourquoi reprocher aux Palestiniens de s’être révoltés contre un projet dont le but explicite était d’établir un État étranger sur leur territoire, et oublier que tandis que les Britanniques restreignaient l’immigration juive en Palestine, ils auraient pu permettre aux Juifs d’immigrer dans leur propre pays et dans d’autres parties du vaste empire qu’ils contrôlaient ?

On pourrait en dire autant des États-Unis et des autres pays du monde entier qui prirent part à la conférence d’Évian en 1938 sur convocation du président Roosevelt et refusèrent d’accueillir des réfugiés juifs sur leurs territoires. Ce sont eux qui sont responsables de la Shoah et non les Palestiniens. La Shoah a créé les conditions qui ont permis la réalisation du projet sioniste, projet qu’il était impossible de réaliser par des moyens non violents. C’est la réalisation violente du projet sioniste qui a créé la Nakba : celle-ci est donc le résultat de ces développements.

 

La coopération de certains partis arabes avec les nazis découlait-elle d’une idéologie commune, ou s’agissait-il d’une tactique politique dans l’esprit du dicton selon lequel « l’ennemi de mon ennemi est mon allié » ?

 

Gilbert ACHCAR : Il me semble évident que pour ce qui est du Mufti al-Husseini il y avait une combinaison d’opportunisme politique et d’affinité idéologique antisémite. Le Mufti ne partageait pas la vision du monde politique, sociale et économique des nazis. Ces aspects de l’idéologie nazie ne l’intéressaient pas. Par contre, la haine des Juifs et des Britanniques constituait une base commune entre lui et les nazis. Il n’était pas intégralement nazi, mais plutôt collaborateur des nazis. Il a développé une haine des Juifs qui a convergé avec l’antisémitisme nazi. Il ne l’a d’ailleurs pas caché. Dans ses Mémoires récemment publiées, il exprime une vision du monde clairement antisémite.

 

Comment expliquez-vous l’accueil chaleureux qu’il a reçu dans le monde arabe après la Deuxième Guerre mondiale ?

 

Gilbert ACHCAR : L’idée que le Mufti aurait reçu un accueil triomphal dans le monde arabe est un mythe. Le fait que les Palestiniens l’ont traité comme un dirigeant national persécuté par leurs ennemis — les Britanniques et le mouvement sioniste — est une chose. Mais si vous considérez son influence réelle dans le monde arabe, même pendant la guerre, vous verrez qu’elle était très limitée. Le Mufti a passé son temps à Berlin et à Rome en exhortant les Palestiniens et les Arabes à se joindre à l’Axe germano-italien contre les Alliés, et bien sûr contre le mouvement sioniste. On estime que seuls 6 000 Arabes ont rejoint les diverses organisations armées de l’Allemagne nazie. Or, pendant le même temps, 9 000 Palestiniens arabes ont combattu aux côtés des Britanniques. Un nombre encore plus élevé d’Arabes ont servi dans les Forces alliées, y compris un quart de million de Nord-Africains qui ont combattu dans les rangs gaullistes. L’influence réelle du Mufti a donc été négligeable. Aujourd’hui le Mufti a peu de considération dans le monde arabe. Il a été associé avec la défaite avant même qu’il ne quitte pour l’Europe : la défaite de la révolte en Palestine, celle de la révolution manquée contre les Britanniques en Irak. Le fait qu’il ait choisi le camp des Allemands a contribué au sentiment de rejet à son égard, même parmi les nationalistes arabes.

 

Alors pourquoi, se demande Achcar, le Mufti reçoit-il une telle attention en Israël ?

 

Gilbert ACHCAR : Israël et le mouvement sioniste n’avaient pas de réponse à l’affirmation des Palestiniens que si la Shoah avait été quelque chose de terrible, ils n’en étaient pas responsables et qu’il n’y avait donc aucune raison pour qu’ils paient pour les actes commis par les Européens. Les sionistes ont alors présenté le Mufti comme étant la preuve que les Palestiniens étaient complices de la Shoah. C’est ainsi que s’est constitué le récit qui présente les Arabes comme des complices des nazis, ce qui permet de dire que la guerre de 1948 était la dernière bataille de la Deuxième Guerre mondiale contre les nazis. Mais cette narration ne résiste pas aux faits historiques. C’est de la propagande.

 

Mais la collaboration ne s’est pas arrêtée au Mufti. Beaucoup de criminels nazis ont trouvé refuge dans des pays arabes et plusieurs partis arabes tels que le Baas se sont inspirés de l’idéologie nazie.

 

Gilbert ACHCAR : Il n’existe pas de preuve que le Baas ait été influencé à ses débuts par l’idéologie nazie. Même la tentative de présenter le Baas ainsi que son fondateur, Michel Aflak, comme étant des nazis est de la propagande. Aflak a été influencé par la gauche et était en contact avec des communistes et des marxistes qui étaient opposés au nazisme. La seule pièce à conviction contre lui est qu’il avait dans sa bibliothèque une copie de la traduction française d’un ouvrage d’Alfred Rosenberg [le principal idéologue du mouvement nazi et auteur de son programme raciste — E. B.]. Cela équivaut à dire que quiconque avait une copie de Mein Kampf chez lui était un nazi. Or ceux qui lisent des livres ne sont pas forcément d’accord avec leur contenu. Si vous parlez du Baas des années 1960 et 1970, le nazisme n’existait plus. Si le parti Baas irakien de Saddam Hussein a pu utiliser des arguments antisémites, cela n’avait pas de rapport avec le nazisme.

Il y a effectivement un certain nombre d’anciens nazis qui ont trouvé refuge dans le monde arabe, en Égypte et en Syrie. Cependant, exception faite d’Alois Brunner [bras droit d’Eichmann], qui s’est réfugié en Syrie, il n’y avait parmi eux aucun dirigeant nazi ayant fait partie de la machine d’extermination. Mais pourquoi cet argument est-il utilisé contre les Arabes, alors que des amis d’Israël, en commençant par les États-Unis, ont donné refuge à des nazis et ont aidé à l’émigration de criminels beaucoup plus importants que ceux qui ont trouvé refuge dans le monde arabe ?

Après tout, Israël a reçu beaucoup de fonds de l’Allemagne fédérale, qui était remplie d’anciens nazis dont certains participaient même à son gouvernement. Le plus proche conseiller du chancelier Adenauer, l’ami et financier d’Israël, avait rédigé les lois raciales de Nuremberg. Si on veut présenter rétroactivement les Arabes comme des nazis, on pourrait donc tout aussi bien traiter de nazis toute l’Amérique latine, les États-Unis et l’Allemagne. C’est de la pure propagande.

 

Le manque de débat sur la collaboration avec les nazis dans le monde arabe a-t-il un impact sur la négation de la Shoah dans les différents secteurs de la société arabe et musulmane ?

 

Gilbert ACHCAR : La tension accrue entre Israël et les Arabes et les Palestiniens au cours des dernières années a radicalisé les positions des deux côtés. Mais même le Hamas n’a jamais établi des brigades au nom du Mufti al-Husseini. Il n’y a pas non plus des missiles ou des rues portant son nom. Il n’intéresse personne. Le héros du Hamas est Izz el-Din al-Qassam. Il faut comprendre cela pour ne pas se laisser berner par la propagande. D’ailleurs, si les gens s’intéressaient vraiment au Mufti, il n’y aurait pas de négation de la Shoah.

Al-Husseini n’était pas un négationniste. Dans ses Mémoires il rapporte que Himmler lui a dit en 1943 que l’Allemagne était en train d’exterminer les Juifs, et en avait déjà tué trois millions. Le mufti écrit avec satisfaction que finalement les Juifs ont payé un prix plus élevé que celui que les Allemands durent payer, et qu’un tiers de la judaïcité mondiale avait trouvé la mort. Il confirme ainsi le nombre connu des victimes de la Shoah.

Le négationnisme dans le monde arabe d’aujourd’hui provient principalement de l’ignorance. Il faut cependant le distinguer du négationnisme en Occident, où il constitue un phénomène pathologique. En Occident, ces gens sont des malades mentaux, foncièrement antisémites. Dans le monde arabe, le négationnisme qui existe parmi certains courants de l’opinion publique, encore minoritaires, découle de la colère et de la frustration suscitées par l’escalade de la violence israélienne, qui s’accompagne d’une utilisation accrue de la Shoah. Cela a commencé avec l’invasion du Liban en 1982.

Menahem Begin a abusé de la mémoire de la Shoah, y compris dans son discours de politique intérieure. C’est ce qui a conduit des gens dans le monde arabe à réagir de la manière la plus stupide qui soit en disant : si Israël essaye de justifier ses actions en se référant à la Shoah, alors celle-ci doit être une exagération ou une invention de la propagande. Plus il y a de violence, plus vous trouverez ce type de réaction, car il s’agit d’un défi symbolique, et non de quelque chose de plus profond.

 

Vous affirmez également que les Arabes qui comparent Israël aux nazis réagissent à la comparaison qui est faite par Israël entre les dirigeants arabes et Hitler.

 

Gilbert ACHCAR : La tendance à voir des nazis partout conduit à la banalisation de ces derniers. Hitler est une figure historique tellement négative qu’il est absurde de lui comparer [le président iranien Mahmoud] Ahmadinejad. On peut penser ce qu’on veut du président de l’Iran, mais son pays n’a pas de camps de concentration, pas plus qu’il n’est en train de perpétrer un génocide. L’Iran est une société en conflit politique ; ce n’est pas une société totalitaire comme l’Allemagne nazie. La comparaison avec les nazis et Hitler est très fréquente également en Israël. Ben Gourion a comparé Begin à Hitler. L’extrême droite en Israël a distribué des images de Rabin en uniforme SS. Les Israéliens voient Hitler partout : Nasser, Saddam Hussein, Arafat, Nasrallah. Alors pourquoi s’étonner de ce que les Arabes en fassent de même ? Il s’agit évidemment d’outrances politiques qui ne sont pas utiles.

 

Comment pourra-t-on surmonter les nombreux obstacles si du côté arabe on ne reconnaît pas la sensibilité d’Israël à l’égard de la Shoah ?

 

Gilbert ACHCAR : Cette sensibilité est comprise du côté arabe. Il ne faut pas voir les Arabes comme un bloc monolithique. Bien sûr, il existe des courants qui ne la comprennent pas, mais ce n’est pas la position de la majorité. Prenez par exemple Arafat, qui a été totalement diabolisé. Après tout, dans les années 1970, l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) a commencé un sérieux effort pour comprendre cette question. Lorsque le négationniste français Roger Garaudy a été accueilli avec des honneurs dans le monde arabe, Arafat comprit le dommage que cela porterait à la cause palestinienne. Il a alors demandé de visiter le Musée de l’Holocauste à Washington. L’administration du musée ayant refusé de l’accueillir avec les égards dus à son rang, il se sentit insulté et annula la visite. Il a cependant visité la Maison d’Anne Frank à Amsterdam. Or, sauf en Israël, la presse n’en a presque pas parlé.

Des gens comme Edward Saïd et Mahmoud Darwish comprenaient tout à fait la sensibilité israélienne à l’égard de la Shoah. Il faut que nous cessions de caricaturer l’image de l’ennemi, ce qui empoisonne l’atmosphère. Je vous garantis que si Israël avait une autre attitude envers le monde arabe et les Palestiniens, une attitude de paix, ces phénomènes qui se sont renforcés au cours des dernières années, disparaîtraient très rapidement.

* Gilbert Achcar a publié récemment publié Les Arabes et la Shoah (Actes Sud Sindbad, 2009), un ouvrage qui déconstruit les mythes de la propagande sur une question d’importance dans les rapports entre les peuples israélien et arabe.

Source: Inprecor    www.inprecor.fr/article-inprecor?id=948

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