Mumia Abu-Jamal : coupable et innocent

“Aujourd’hui la Cour Suprême des Etats-Unis a refusé d’octroyer un nouveau procès à Mumia Abu-Jamal. J’en suis stupéfait car un juge de la Cour d’Appel Fédérale avait mis en évidence le racisme constant qui a caractérisé le procès de mon client. Une conclusion s’impose: la décision de la Cour Suprême est une décision politique. Dès que Mumia a été informé de cet arrêt, il a tenu à manifester sa colère en pensant que cette décision affecterait également toutes les autres victimes de racisme. A l’évidence, la Cour Suprême, présidée par un juge nommé par Bush, s’en moque totalement”.
(Propos de Maître Robert R. Bryan, avocat principal de Mumia Abu-Jamal. San Francisco USA / 6 avril 2009)


Une séance de solidarité aura lieu à Bruxelles le 16 avril (voir en bas).


Mumia Abu-Jamal est né le 24 avril 1954. Né Wesley Cook, Mumia choisira ce prénom swahili au lycée, sous l’influence d’un enseignant d’origine kenyane. Il y ajoutera “Abu-Jamal” à la naissance de son premier fils, Jamal. A l’âge de 14 ans, Mumia est arrêté et battu pour avoir protesté contre un meeting du candidat ultraraciste George Wallace, à Philadelphie. Peu après, il est fiché par le FBI pour avoir voulu rebaptiser son lycée “Malcolm X”.


En 1969, le jeune homme est chargé de l’information à la section de Philadelphie du Black Panther Party. Le FBI le considère comme l’une des personnes “à surveiller et interner en cas d’alerte nationale”.


Il est l’une des cibles du Cointelpro (programme d’infiltration et de contre-espionnage) dont seront victimes Leonard Peltier et d’autres membres de l’Américan Indian Movement et des Black Panthers.


Devenu journaliste de radio apprécié, lauréat de plusieurs prix, Mumia est surnommé “la voix des sans-voix” pour sa critique de la corruption de la police et des dirigeants politiques locaux. Depuis 1978, il dénonce la violente répression qui frappe la communauté MOVE et, en 1981 suit le procès de son fondateur, John Africa, qui sera acquitté des charges fabriquées contre lui. Le soutien de Mumia à MOVE exaspère les politiques et la police de Philadelphie et lui vaut le renvoi d’une des stations de radio où il exerce. Pour faire vivre sa famille, Mumia est contraint de travailler comme taxi de nuit.



Aux premières heures du 9 décembre 1981, Mumia Abu-Jamal est grièvement blessé lors d’une fusillade dans le quartier sud de la ville, où il vient de déposer un client. Arrêté, il est accusé du meurtre d’un policier, Daniel Faulkner, tué dans cette fusillade. Malgré ses dénégations, malgré son absence d’antécédents judiciaires, une enquête inéquitable (expertises balistiques inexistantes, balles non identifiables, absence de relevé d’empreintes, zone des faits non sécurisée, tests non effectués, etc.) conclut à la culpabilité de Mumia. Témoins menacés, subornés, écartés, rapports de police contradictoires, violations de ses droits, mèneront, en juillet 1982, à la condamnation à mort de cet opposant politique gênant sous la pression d’un juge recordman de la sentence… Mumia est “le coupable idéal”


En juin 1999, un ancien tueur à gages, Arnold Beverly, avoue à l’une des avocates de Mumia avoir tué l’officier Faulkner dans le cadre d’un contrat mêlant police et mafia. Corroborés par un faisceau d’éléments et de témoignages concordants, les aveux de Beverly n’ont jamais été entendus par la justice au prétexte qu’ils sont “hors des délais de la procédure”.


Le 18 décembre 2001, la sentence de mort de Mumia a été provisoirement écartée, mais il est toujours considéré coupable et menacé de voir cette sentence à nouveau prononcée. Mumia Abu-Jamal lutte toujours depuis le couloir de la mort, enfermé 23h/24h dans une cellule grande comme une salle de bains et dans un isolement sensoriel inhumain. La mobilisation internationale a empêché par deux fois son exécution, en 1995 et 1999.



Malheureusement la mobilisation internationale n’a pu empêcher les juges de rejeter à nouveau l’affaire. Ce lundi 6 avril 2009, Maître Robert R. Bryan, avocat principal de Mumia Abu-Jamal a déclaré:


” Aujourd’hui la Cour Suprême des Etats-Unis a refusé d’octroyer un nouveau procès à Mumia Abu-Jamal. J’en suis stupéfait car un juge de la Cour d’Appel Fédérale avait mis en évidence le racisme constant qui a caractérisé le procès de mon client. Une conclusion s’impose: la décision de la Cour Suprême est une décision politique. Dès que Mumia a été informé de cet arrêt, il a tenu à manifester sa colère en pensant que cette décision affecterait également toutes les autres victimes de racisme. A l’évidence, a-t-il déclaré, la Cour Suprême, présidée par un juge nommé par Bush, s’en moque totalement”. San Francisco USA / 6 avril 2009


 


Mais la mobilisation continue :


Jeudi 16 Avril 21h30 au Cinéma Arenberg (Galerie de la Reine, 26. 1000 Bruxelles)


TOUTE MA VIE EN PRISON “In Prison my whole Life” un film de Marc Evans. USA-GB – 2007 – 1h34′.


Un reportage incandescent sur le sort réservé par la justice US à Mumia Abu Jamal, détenu depuis 28 ans dans le couloir de la mort. Et, désormais, exécutable…
Les recettes de la soirée seront versées à la campagne pour la libération de Mumia Abou-Jamal.


Sources :


http://www.mumiabujamal.net/revel_beverly.html
http://www.mumiabujamal.net/mumia.html


Déclaration de Mumia Abu-Jamal (document en anglais)
http://www.freemumia.com/5-3-01declaration_abu-jamal.html

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