Massacre en Afghanistan: pourquoi sont-ils fous?

Aujourd’hui les journaux titrent « 16 civils victimes d’un soldat américain dans la province de Kandahar, au sud de l’Afghanistan ».Un soldat américain est sorti de sa base et s’est mis à tirer sur la foule, sans raison apparente. Il a été placé en détention.L’armée présentera ses excuses pour cette malheureuse bavure. Ce soldat est manifestement fou. L’épisode sera clos.Comme les précédents…

Sept militaires allemands, dont des gradés, ont fait l’objet d'une procédure disciplinaire pour s'être fait photographier avec des crânes humains en Afghanistan.
 
Jeremy Morlock et Andrew Holmes ont reconnu avoir participé à l’exécution de trois civils afghans « pour le plaisir » avec d’autres membres du bataillon. Ce commando avait aussi pour habitude de conserver des "trophées" des meurtres commis : os, dents, doigt humains ont été retrouvés dans leur chambre… 
 
 
D’autres militaires américains se font photographier, hilares, urinant sur des cadavres.
 
 
La liste est encore longue.
 
L’armée présente ses excuses, à chaque fois. Et qualifie d’incidents isolés, à chaque fois.
 
Manifestement ces gens sont fous. Oui d’accord, mais cette explication suffit-elle ?
 
Ne doit-on pas se poser la question plus structurelle du pourquoi ? Pourquoi sont-ils fous ? Qu’est-ce qui dysfonctionne ?
Deux hypothèses sont possibles.
 
La première, ils étaient déjà fous lorsqu’ils ont été recrutés. Dés lors se pose la question subsidiaire de la manière dont on recrute les militaires. Les nouvelles recrues passent toutes sortes de tests psychologiques, il est peu probable qu’autant de déséquilibrés sadiques passent entre les mailles et parviennent à cacher leurs troubles psychiatriques. Sauf si c’est fait exprès.
A l’époque des croisades, l’Eglise avait inventé la nécessité de libérer le tombeau du Christ afin d’exporter la violence des chevaliers hors des frontières de l’Europe.
L’Amérique exporte-t-elle de la même manière la violence endémique de sa société, en envoyant ses fous sadiques à Kandahar, Bagram et Abu Ghraib ?
 
La seconde hypothèse est que de jeunes recrues saines d’esprit ont complètement perdu les pédales sur place.Se pose encore la question du pourquoi. Qu’est-ce qui se passe là-bas ? Que fait-on à ces soldats qui les rendent fous ? Que leur raconte-t-on a propos des Afghans pour qu’ils éprouvent une telle haine ?
 
Seule une commission d’enquête indépendante pourrait répondre à toutes ces questions. Une enquête sur les crimes de guerre perpétrés en Afghanistan est nécessaire. Plus que jamais. Plus personne ne croit aux incidents isolés et aux excuses de l’OTAN.


Selma Benkhelifa
 
 
Réactions afghanes
 
« Ce n’est pas la première fois que des soldats tuent des civils. C’est inacceptable. Des excuses ne suffisent pas. Il faut juger tous les crimes de guerre commis dans notre pays. »
Zabiullah Jalalzai, Kaboul, Afghanistan
 
« Ici, tout le monde est sous le choc. Ceux qui sont morts n’étaient pas des Talibans, pas des combattants. Ils allaient chercher de quoi nourrir leur famille. Ils bombardent les villages la nuit, ils tirent sur nous la journée. Nous ne pardonnerons jamais. »
Gul Agha, Kandahar, Afghanistan
 
« Nous sommes ici à Kaboul et nous vivons cette vie avec nos enfants qui meurent de froid. Nous acceptons cette vie alors que nous vivions bien à Helmand. C’est à cause de ce genre de soldats, sans aucune pitié, qui ont bombardé notre village que nous sommes dans cette situation. Les Américains sont responsables pour ces morts et pour nos enfants morts de froid. »
Haji Abdulrahman, camp de déplacés internes, Kaboul
 
« Je ne suis pas une politicienne. Mon avis c’est que ceux qui veulent occuper un pays devraient d’abord apprendre à leurs soldats la culture, la religion et le respect de ce pays. Je ne sais pas dire si ils doivent partir ou rester, car je ne fais confiance à personne dans mon pays. »
Sahira Zamani, réfugiée afghane, Ostende, Belgique
 
« Je ne demande pas un jugement pour ce soldat, je demande une vraie solution pour notre pays. Nous voulons notre indépendance. Je ne veux pas de cette occupation. Nous ne voulons pas de leur armée, de leurs bases, de leur gouvernement, de leurs politiques dans notre pays. Nous étions indépendants et nous serons toujours indépendants. Nous voulons notre indépendance. Si ils ne le comprennent pas, un jour viendra où nous la prendrons par la force.»
Samir Hamdard, réfugié afghan Bruxelles, Belgique
 
 
Source: investigaction.net

 
 

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