Lettre ouverte sur l'uranium

Mesdames, Messieurs les Députés,

Nous veuves et enfants de Vétérans de la Guerre du Golfe (1991), constatant le mépris observé par les autorités de ce pays à l’égard des situations personnelles que nous vivons depuis le décès de nos époux ou compagnons, avons décidé de nous adresser à nos élus pour qu’ils portent haut et fort à l’Assemblée nationale les questions qui se posent à nous quatorze ans après les faits.

LETTRE OUVERTE A MESDAMES ET MESSIEURS LES DEPUTES (FRANCE)

Depuis le rapport de la mission parlementaire rendu public en mai 2001, de nouveaux éléments sont venus étayer notre conviction que la réalité de la guerre du Golfe, chimique et probablement radiologique, a eu un effet sur la santé des vétérans conduisant certains à la mort.

1. Mesdames et Messieurs les Députés, comme vous devez le savoir, une étude épidémiologique exhaustive, commandée et financée par le ministère de la Défense, a été menée sous la responsabilité du Pr.Salamon, (Unité Inserm U593-Bordeaux). Les conclusions de cette étude ont été présentées le 13 juillet 2004, au ministère de la Défense. Outre les critiques que nous avons pu émettre, avec notre association, Avigolfe, sur la méthodologie et les résultats de cette enquête, critiques que notre association tient à votre disposition, cette étude intitulée « L’enquête française sur la Guerre du Golfe et ses conséquences sur la santé » ne répond pas à la question qui lui était posée : la Guerre du Golfe a-t-elle eu, oui ou non, des conséquences sur la santé des participants ?

Or, dans une interview diffusée par France-Bleue Gironde, les 20 et 23 novembre 2004, le Pr.Salamon déclarait que, si on ne peut pas parler de « syndrome de la guerre du Golfe », « il faut dire qu’ il y a des troubles en excès dus à la Guerre du Golfe, ces troubles doivent être pris en compte, reconnus, pensionnés, et tout le monde sera d’accord. Il faut arrêter de s’exciter sur le mot syndrome. » Telle est la conclusion que nous aurions aimé voir apparaître dans ce rapport d’enquête.

Mesdames et Messieurs, nous vous demandons de bien vouloir user de votre droit à l’Assemblée nationale pour interroger Madame la ministre de la Défense sur cette déclaration publique du Pr. Salamon.

2. L’enquête du Secrétariat américain pour les affaires des vétérans (Secretary of Veterans Affairs).

Mesdames et Messieurs les députés, le 12 novembre, 2004, le « Nouveau Comité de Recherches et Conseils sur les maladies des Vétérans » (Research Advisory Committee on Gulf War Veterans’Illnesses) a rendu publiquement son rapport et ses recommandations sur la réalité des maladies de la Guerre du Golfe. Ce rapport représente un tournant radical de la position officielle des autorités étas-uniennes. Il précise, dès son introduction : « Les recherches menées depuis la guerre ont indiqué de façon conséquente que les maladies psychiatriques, l’expérience ou autre stress liés au déploiement n’expliquent pas les maladies des Vétérans chez la large majorité des Vétérans malades. Les avancées scientifiques prometteuses des dernières années ont commencé à éclaircir les mystères de ces états en apportant une vision nouvelle des effets de substances toxiques présentes sur le champ des opérations et des processus physiologiques sous-jacents des maladies des vétérans… ». Ce rapport cite les troupes américaines, britanniques et françaises. (Vous pouvez trouver ce rapport sur le site officiel : www1.va.gov/rac-gwvi/ – 150 pages en anglais)

Lassée des réponses fallacieuses des collaborateurs de Madame la ministre de la Défense, notre association Avigolfe a écrit, à deux reprises, à Monsieur le Premier ministre, pour lui demander de bien vouloir se prononcer sur ce rapport américain dont lui et son entourage ont eu connaissance. Ce courrier est resté lettre morte.

Mesdames et Messieurs les Députés, nous vous demandons de bien vouloir user de votre droit à l’Assemblée nationale pour interroger Madame la ministre de la Défense ou Monsieur le Premier ministre, sur les conclusions de ce rapport, dans lequel, nous le rappelons il est fait référence aux vétérans français.

Mesdames et Messieurs les Députés, nous, veuves et enfants de Vétérans de la Guerre du Golfe, sommes particulièrement touchées dans notre dignité et nos conditions de vie par le refus non-fondé d’assumer leurs responsabilités à l’égard des hommes qui ont servi la France courageusement et avec abnégation, et à l’égard de leurs familles.

Mesdames et Messieurs les Députés, aujourd’hui, quatorze après la Guerre du Golfe, nous veuves et enfants de Vétérans, exigeons des réponses à ces questions et une réelle reconnaissance des effets de la Guerre du Golfe sur la santé des Vétérans par les Autorités françaises.

Nous vous remercions de l’attention que vous apporterez à nos demandes,

Recevez, Mesdames et Messieurs les Députés, l’expression de nos salutations les plus respectueuses.

Cette lettre a été signer par :

Madame BERTHIER Sylvianne et ses enfants. 16, rue des Genêts 31700 BLAGNAC

Madame TERVILLE Christine 26, rue du Moucherotte 38640 CLAIX

Madame LAOT Marie-Hélène10, rue COAT-AR-MAILLAUX 29290 SAINT RENAN

Madame NOYELLES Martine 23, rue Paul VERLAINE 13800 ISTRES

Madame CHAPON Éliane et ses enfants Les Chênes Verts 5, impasse des Pinçons 30400 VILLENEUVE LES AVIGNONS

Madame DURAND Micheline Résidence les Jonchères Bat 1 47, rue Jean MOULIN 70300 LUXEUIL LES BAINS

Madame LAUNAY Claude 14, impasse d’ARTOIS 18390 SAINT GERMAIN DU PUY

Madame BOUVIER Marie-Noëlle Résidence les Ombrages BAT C2 Boulevard Mege-Mouries 83300 DRAGUIGNAN

Madame BISSERIEX Christine 17, rue de l’Ancienne Gare 35310 BRÉAL SOUS MONTFORT

Madame LE ROY DENISE 10, route de Keralie 22560 PLEUMEUR BODOU

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