Les plans de Bush avant de quitter la Maison Blanche

Le jour où l’on commémorait les 35 ans du coup d’état au Chili et les 7 ans de l’effondrement des tours jumelles de New York, deux ambassadeurs de Georges Bush étaient expulsés d’Amérique Latine. Le premier par Evo Morales et le second 48 heures plus tard par Hugo Chavez.

Le deux gouvernants ont tenté de cette façon de mettre fin aux quasi-évidentes conspirations nord-américaines, qui ne semblent pas s’arrêter là. Tout indique que Christina Kirchner, d’Argentine, le paraguayen Fernando Lugo, Rafael Correa, d’Equateur, et Daniel Ortega, du Nicaragua, sont aussi dans la ligne de mire.

Lima, 12 septembre 2008

Dans une réaction rapide et simultanée, Madame Kirchner et Luis Inacio da Silva, du Brésil, ont apporté leur soutien au gouvernement de Morales face à la grave crise politique qu’il doit affronter. Ils ont de plus annoncé l’envoi prochain de leurs ministres des Affaires Etrangères à La Paz, « pour collaborer au rétablissement de l’ordre public ». Quelques heures auparavant la présidente argentine avait analysé la crise avec sa voisine chilienne, Michelle Bachellet, pendant que Lugo, depuis Asuncion, apportait lui aussi son soutien à Evo Morales.

De manière surprenante, en milieu de journée ce vendredi 12, Correa a atterri à Lima, a exprimé son total engagement auprès de La Paz, a soutenu l’expulsion de l’ambassadeur nord-américain, a condamné les putschistes de l’Altiplano et, sans le vouloir, a neutralisé Garcia Perez, habituellement si bavard et, de façon suspecte, silencieux et absent ces derniers jours.

La goutte qui fait déborder le vase

L’ambassadeur nord-américain expulsé de Bolivie, Philip Goldberg, avait déjà été averti par Morales, de même que la secrétaire d’Etat, Condoleeza Rice. Arrogant et insolent, le diplomate a confirmé son caractère séditieux, écopant de l’inévitable « carton rouge » avec la déclaration de « persona non grata », décision nuancée par le désir exprimé par le ministre des Affaires Etrangères David Choquehuance de maintenir les relations bilatérales. Golberg a été surpris dans des réunions suspectes avec les préfets d’opposition Ruben Costas, Leopoldo Fernandez et Savina Cuellar, de Santa Cruz, Pando et Chuquisaca, et aussi avec Branco Marincovik, président du Comité Civique de Santa Cruz, un fasciste et fier de l’être. Le jeudi le complot a monté d’un cran avec l’assassinat de 8 paysans dans le Beni et la ratonnade de 20 autres, crimes commis pour déclencher une guerre civile prétexte au séparatisme, comme dans les Balkans. Actuellement l’état de siège règne là-bas, déclaré « de légitime défense » par un gouvernement populaire mais harcelé.

La charge est venue de toutes parts. La semaine précédent le 11 septembre, à Tarija, un autre groupe terroriste a commis un attentat contre le gazoduc en provenance du Brésil, provoquant des dégâts pour 8 millions de dollars à l’économie bolivienne. Jusqu’à ce moment-là le président insistait encore pour exiger un dialogue avec ses adversaires, qui de leur côté semblaient plutôt attendre des signes de l’extérieur.

Durant ces mêmes journées, le quotidien « O Estado de Sao Paulo » livra la nouvelle inquiétante selon laquelle l’attentat fut commis sous l’indifférence des officiels boliviens, qui ont ordonné aux militaires de ne pas intervenir. Ceci expliquerait l’attitude patiente de Morales, extrêmement prudent avec des forces armées peu fiables.

Durant la nuit du jeudi 11, le gouvernement a suspendu les écoles, tandis qu’à Santa Cruz la classe moyenne se jetait sur les supermarchés, suite aux rumeurs de déstabilisation. Quasi à la fin de la journée, la Conférence Episcopale Bolivienne, par la voix de l’évêque Jesus Suarez, a demandé de la retenue aux auteurs de violences, ce qui ne semble pas être dans ses habitudes.

Arrivent les Russes

Le jeudi 11, Chavez a également mis hors-jeu le représentant nord-américain à Caracas, Patrick Duddy, à qui il a donné 72 heures pour quitter le pays, en solidarité avec le gouvernement de Morales. Jetant de l’huile sur le feu, le commandant a déclaré à la presse mondiale que si les choses devaient devenir difficiles pour le bolivien, « si ils le renversent ou le tuent, ils nous donneraient le feu vert pour envoyer des armes à tout mouvement (de résistance) ».

Il apparaît que l’ambassadeur de Bush glissait aussi une peau de banane sous Chavez. La nuit de mercredi- dans le programme « La Hojilla », émis par la Venezolana de Television- on a transmis les enregistrements de militaires actifs et à la retraite, qui discutaient de possibilités pour commettre un coup d’Etat et assassiner le président. De nouveau les regards se sont tournés vers le Nord et ont visé l’appui que de là-bas on offre aux putschistes de tout acabit, chose que le commandant a eu à subir en 2002.

Comme pour confirmer cela, le « Zar » antidrogue nord-américain, durant une présentation en Europe, a pratiquement accusé Hugo Chavez d’être laxiste avec le narcotrafic, une accusation si grave qu’elle justifierait à elle seule un coup d’Etat en règle, que personne ne pourrait condamner face à un tel argument.

Et comme Chavez ne souhaite pas subir le même sort que Sadam Hussein, un jour avant il a fait savoir au monde l’arrivée au Venezuela de 2 avions stratégiques russes, des bombardiers TU-160, qui se préparent pour des manœuvres conjointes avec la marine vénézuélienne. Il a défendu le droit à l’entraînement et à la souveraineté défensive et a confirmé la possibilité qu’une flotte de la Fédération de Russie rejoigne bientôt les eaux vénézuéliennes et participe à des exercices avec ses homologues nationaux.

Voilà où nous en sommes en Amérique Latine, à quelques mois de la sortie de Georges Bush de la Maison Blanche par la petite porte.

Source: http://columnadeleon.wordpress.com

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