Les partis en Russie : enjeux stratégiques et mondiaux

Après les élections en Russie, J-M Chauvier analyse les résultats, dresse un panorama des forces politiques et des enjeux stratégiques cachés.

ELECTIONS DU 2 DECEMBRE 2007 EN RUSSIE

DERNIER BILAN, Jean-Marie Chauvier, 8 décembre 2007.

1. LES RESULTATS officiels et définitifs. (8 décembre)

RUSSIE UNIE (ER)

parti du pouvoir, Boris Gryzlov) : 64,30%

(remarque : ce score spectaculaire est néanmoins inférieur aux cotes de popularité de Poutine dans les sondages – plus de 70%)

PARTI COMMUNISTE de la Fédération de Russie (KPRF)

Guennadi Ziouganov : 11,57%

PARTI LIBERAL-DEMOCRATIQUE DE RUSSIE (LDPR)

Extrême-droite nationaliste : Vladimir Jirinovski) 8,14%

JUSTE RUSSIE (SR)

gauche pro-Poutine : Serguei Mironov) 7,4%

COMMUNIQUE OFFICIEL du 8 décembre 2007

MOSCOU, 8 décembre – RIA Novosti. Quatre partis russes seront représentés à la Douma (chambre basse du parlement russe) de la 5e législature, selon le bilan officiel des législatives du 2 décembre rendu public samedi par le vice-président de la CEC Stanislav Vavilov.

"Le parti Russie unie reçoit 64,30% de suffrages exprimés, le Parti communiste de Russie (KPRF) – 11,57%, le Parti libéral-démocrate de Russie (LDPR) – 8,14% et Russie juste – 7,74%", a annoncé M.Vavilov.

La Russie unie occupera 315 des 450 sièges à la chambre basse, les communistes en auront 57, le parti libéral-démocrate – 40 et la Russie juste – 38.

Ces données confirment les informations fournies par le système automatisé national Vybory (Élections) présentés jeudi par le président de la CEC Vladimir Tchourov.

Le taux de participation s'établit à 63,78%, a ajouté M.Vavilov.

La Commission électorale centrale de Russie (CEC) entérinera les résultats des législatives au cours d'une réunion programmée pour ce samedi.

RUSSIE UNIE dispose d’une majorité absolue de sièges, et qualifiée pour voter d’éventuels changements à la Constitution.

Cette force impressionnante ne doit pas faire oublier que, jusqu’à nouvel ordre, RUSSIE UNIE n’est encore qu’un conglomérat d’élites sans idéologie ni programme, n’ayant de « ciment » que le leadership de Vladimir Poutine et la peur d’une « déstabilisation ». Les changements que va impulser le président, le fait même qu’il ne serait plus chef de l’état après la présidentielle du 2 mars, et que sa position future n’est pas encore assurée provoquent à la fois de fiévreux appétits et de saintes frayeurs au sein des élites : beaucoup doivent leur place actuelle à Poutine, comme amis, clients ou bénéficiaires d’un rapport de forces appelé à se modifier. Les « siloviki » surtout – gens d’armes et de polices – se disputent les positions à prendre, au détriment, croit-on, des « libéraux » du gouvernement.

Parmi les petites formations n’ayant pas franchi la barre des 7%, les libéraux d’opposition essuient une défaite cinglante mais prévisible :

L’Union des Forces de Droite (SPS), le parti démocrate « Iabloko » et « Force civique » ne dépassent pas les 4% au total.

Ces partis devenus très marginaux sur la scène politique russe sont restés les « favoris » de l’Occident, dans la mesure où ils étaient (dans les années 90) et restent les porteurs d’un modèle de « Démocratie de Marché » tel qu’on l’avaient recommandé à la Russie le FMI et les gouvernements occidentaux.

Les partis libéraux sont en déroute depuis le krach de 1998, sans doute discrédités par les réformes des années 90. Ils s’étaient déjà effondrés lors des élections de 2003. Ils n’étaient plus représentés à la Douma. La majorité des « démocrates » (eltsiniens) ont suivi le camp du pouvoir, rallié à Vladimir Poutine, lui-même choisi comme successeur par la « famille » Eltsine et l’oligarque Boris Berezovski, de préférence au centre-gauche qu’incarnait en 1998-99 Evgueny Primakov.

Réfugié « politique » à Londres, Boris Berezovski a lancé un nouvel appel au renversement de Poutine.

Autre opposant « extérieur », l’ancien dissident Vladimir Boukovski s’est rallié à Iabloko. Il professe des opinions à la lisière de l’extrême-droite américaine. Il serait candidat à la présidence.

Le mouvement oppositionnel AUTRE RUSSIE ne participait pas aux élections (ce n’est pas un parti), mais son leader, Garry Kasparov s’est porté candidat aux présidentielles du 2 mars 2007, espérant réunir les voix libérales et contestataires actuellement dispersées.

2. « FRAUDES MASSIVES »

Selon les milieux d’opposants et divers gouvernements et responsables occidentaux (dont l’OSCE) il y a eu des fraudes massives. Cette conviction est partiellement étayée, quoique bien illustrée par le score de ER (plus de 99%) en Tchétchénie, est atténuée en Occident par la tendance, dans les milieux gouvernementaux et de l’UE, à penser que « le plébiscite » de Poutine est indéniable et qu’il va falloir « vivre avec ». Pour rappel : tous les scrutions précédents ont été « manipulés », notamment à l’époque « démocratique » de Boris Eltsine.

Notre correspondant Bruno Drweski, observateur retour de Moscou, exprime une opinion réservée et remarque des comportements étranges de l’OSCE et de journalistes occidentaux. Cf PIECE JOINTE n°2.

3. LES OPPOSITIONS LIBERALES EN COLERE

« Malhonnêtes » ces élections – toutes les oppositions, libérales, communiste et nationale-bolchévique sont de cet avis.

C’est principalement le cas du SPS, de Iabloko.

Extra-électoral, le mouvement « Autre Russie » de Garry Kasparov (+ l’ancien premier ministre ultralibéral Mikhaïl Kassianov et l’économiste « libertarien » Andréi Illarionov) est très marginal mais bénéficiant d’une immense caisse de résonnance médiatique en Occident. (et du soutien de la fondation américaine National Endowment for Democracy)

L’Autre Russie à dominante libérale rassemble également les Nationaux-Bolchéviks (ou natsboly) d’Edouard Limonov officiellement interdits mais toujours très visibles et des franges de l’ultra-gauche.

Les critiques libérales parmi les plus virulentes s’expriment dans « Novaïa Gazeta » (4-12-2007) le bi-hebdomadaire où écrivait Anna Politkovskaïa (et dont l’éditeur publie par ailleurs la version russe du « Monde diplomatique ») Tribune des intellectuels de « Mission libérale » (SPS), de Iabloko et désormais proche du mouvement de Kasparov, « Novaïa Gazeta » affirme que selon « des recherches spéciales gardées secrètes, le score de « Russie Unie » ne dépasserait pas les 40% ». Même les élections soviétiques « étaient moins hypocrites », estime l’un des éditorialistes, Pavel Vochanov, qui compare le pluralisme actuel de la Russie à celui de l’ex-RDA, lorsqu’il y avait plusieurs partis encadrés par un seul.

Poursuivant dans « Novaïa Gazeta » une longue série d’articles consacrés à la « catastrophe » amorcée par la révolution russe en 1917, l’historien et ancien leader eltsinien de « Russie Démocratique » Iouri Afanassiev a souligné la continuité, à ses yeux, entre le « système russe », le bolchévisme et la restauration en cours du régime bureaucratique.

Mais selon Andréi Riabov, le succès officiel de RU n’était pas prévisible dans une « société assoupie », même le pouvoir paraît en être surpris. C’est que les officiels (les cadres de RU) ont tout mis en œuvre pour obtenir « encore plus et encore mieux ». Le résultat pourrait être que la population, d’ailleurs confrontée à l’inflation et à la « valse des étiquettes » finisse par « se réveiller ».

« Novaïa Gazeta » est lié à d’autres organes d’opposition libérale, telle la radio « Ekho Moskvy » (Echo de Moscou), elle-même en cheville avec Ejednevnyi Journal et avec RTVi, la chaîne de télévision oppositionnelle basée en Espagne et dirigée par l’ex-oligarque Vladimir Goussinski, auquel appartenaient dans les années 90 de nombreux médias russes, dont la célèbre chaîne privée NTV et la radio « Ekho Moskvy ».

Ces différents médias répercutent, entre autres, la thèse d’Andréi Illarionov selon laquelle les présentes élections seraient analogues à celles organisées par Hitler en 1933 et Staline sous la « grande Terreur ».

A la radio Ekho Moskvy, par exemple, on peut entendre débattre la question de savoir si la Russie de Poutine est comparable à l’Allemagne nazie (thèse de l’économiste ultralibéral Andréi Illarionov) ou seulement à l’Espagne de Franco ou au Portugal de Salazar. (thèse d’un journaliste

4. L(es) OPPOSITION (S) DE GAUCHE ET POPULAIRES

Trois courants d’opposition se situent « à gauche » :

1) Le Parti communiste (KPRF) conteste les méthodes autoritaires de Poutine, sa politique antisociale, mais partage assez bien son orientation « anti-impérialiste » et nationaliste sur le plan international. Bien qu’allié des libéraux d’opposition sur le terrain de l’anti-autoritarisme, le PC, lui—même de tradition autoritaire et stalinienne, garde ses distances envers la droite (SPS, Iabloko, Kasparov), mais il se trouve également poussé à l’opposition sur son flanc gauche, par la Jeunesse Communiste et l’Avant-Garde rouge de la jeunesse….qui ont participé aux « Marches » de Kasparov.

2) « La gauche de la gauche » russe, en effet, les organisations citées, ainsi que divers syndicats autonomes, groupes écologistes, libertaires, trotskistes se sont rapprochés des libéraux et de Kasparov. Dans cette gauche radicale et les mouvements sociaux, il y a aussi des réactions de mise en garde contre le risque que les mouvements sociaux servent de « chair à canons » à une fraction (libérale) des élites. C’est le sens de l’article de la directrice de l’Institut de l’action collective, Carine Clément, publié sur le site de cet institut consacré aux mouvements sociaux.(IKD) (Cf pièce jointe, en russe)

3) Mikhaïl Gorbatchev, ancien président de l’URSS, poursuit son action pour la formation d’un courant social-démocrate, inexistant en Russie. Il dit approuver l’action de Poutine (redressement et indépendance du pays) mais non celle du parti du pouvoir « Russie Unie », menaçant pour la Démocratie.

Ajoutons ce fait que sans pouvoir être étiquetés « de gauche » ou « de droite », des mouvements protestataires spontanés se développent sous forme de grèves (exemple : Ford, St.Petersbourg) et de contestations de la réforme du logement (chargeant les milieux populaires des coûts du patrimoine immobilier public et de l’énergie, précédemment assumés par l’Etat.) La hausse des prix ajoute aux causes d’un mécontentement croissant, que les opposants à Poutine mettront à profit, non sans se heurter à des répressions susceptibles de déclencher des heurts violents. Or on a bien vu, depuis l’été 2006, un mouvement comme « Autre Russie » chercher systématiquement la confrontation, sans grand résultat, la participation populaire restant très maigre et la répression très retenue. En cas de situation sociale dégradée, la situation pourrait changer. Situation paradoxale que ces libéraux radicaux se « rallier » aujourd’hui à des protestations anti-libérales alors qu’ils sont eux-mêmes pionniers du libéralisme de choc – tel l’ancien premier ministre Mikhaïl Kassianov, aujourd’hui militant de « Autre Russie ».

Ironie de l’Histoire, mais répétons-le, les protestations populaires ne se soucient pas des « étiquettes ». On peut seulement douter que, dans l’hypothèse improbable où une « révolution orange » ramènerait au pouvoir les libéraux, ceux-ci feraient une politique foncièrement différente de celle qui fut la leur précédemment…et sous Vladimir Poutine !

5. D(es) OPPOSITION(s) DE GAUCHE… pro-Poutine ?

Y a-t-il une ou des oppositions de gauche pro-Poutine ?

C’est d’abord ce que laisse croire la formation « Juste Russie » entrée à la Douma. Il est vrai que, dans certains endroits, ce parti inspiré par le Kremlin a remporté de beaux succès, comme à Astrakhan (20%) en s’appuyant sur les mouvements sociaux locaux, qui contestent les aspects anti-sociaux de la politique gouvernementale.

Une autre gauche, « antiglobaliste » (ou antimondialiste) que l’on pourrait qualifier de « souverainiste » (pour reprendre une expression française) tente d’infléchir le cours poutinien dans un sens plus interventionniste d’état dans l’économie, tout en appuyant Poutine dans sa résistance aux pressions américaines et occidentales. Cette gauche souverainiste est l’adepte d’un rapprochement avec la Chine, l’Iran, le Venezuela de Chavez. (voir plus loin l’analyse de Sapir)

6. L’AVENIR IMMEDIAT DU REGIME RUSSE.

De l’avis général, un régime plus autoritaire et plus personnalisé se met en place. Les libéraux d’opposition parlent volontiers de « totalitarisme » ou de « fascisme », de même que les nationaux-bolchéviks, qui pourtant se réfèrent à Lénine et à…Mussolini, au nom de la « révolution nationale ». Mais sans doute les « natsboly » évoluent-ils depuis qu’ils sont au sein de « Autre Russie », avec Kasparov. Qu’en pense la NED ? Nous avons remarqué que les « natsboly », arborant un drapeau à la faucille et au marteau couleur noire dans un cercle blanc sur fond rouge, ce qui rappelle l’esthétique du drapeau nazi, ont abandonné, depuis quelques semaines, la couleur rouge pour le noir. Mais de quel « noir » s’agit-il ? Celui de l’anarchie ou celui des chemises de même couleur ?

« Autre Russie » déploie également des drapeaux blanc-jaune-noir, rappellant les couleurs de la monarchie tsariste. Apparemment, les références symboliques sont aussi confuses que les idéologies… dans un climat émotionnel qui frise en permanence l’hystérie.

Des analystes plus rationnels voient l’avènement en Russie d’un régime de « parti dominant », à l’instar du Parti libéral japonais au pouvoir de 1945 à 2000. C’était, il y a plus d’un an déjà, l’exemple cité par le politologue Andranik Migranian, proche du Kremlin. D’autres citent les exemples de Taïwan, du Mexique, de la Turquie, de la Corée du Sud… comme autant de cas historiques de régimes forts au service de la « construction du capitalisme »…menant à la Démocratie.

L’exemple chinois est également mis à contribution– le PC de Guennadi Ziouganov en est admirateur -mais ce serait oublier que le système d’encadrement du PC chinois a été détruit en URSS-Russie lors de l’auto-dissolution du PCUS en 1989-91 ! On ne ressuscitera pas le PCUS !

« On est loin du totalitarisme » notent plusieurs observateurs peu favorables à Poutine, mais soucieux de modération.

Le spécialiste français Jean-Robert Raviot parle de « démocratie non compétitive ». (voir courrier précédent : son exposé à l’ULB)

Mais il est également convenu que la majorité de la population est « en demande » d’un régime fort, ramenant plus d’ »ordre » et de « sécurité », de protection sociale de la part de l’Etat. L’idée d’un « père de la nation », assurant la stabilité, a également fait son chemin.

A voir les jeunes criant « Poutine ! Poutine ! », note la « Novaïa Gazeta », il faut croire que le culte du chef, en Russie, est inscrit « dans les gènes ».

7. LES ENJEUX STRATEGIQUES INTERNES ET MONDIAUX.

Des analyses plus axées sur les enjeux stratégiques mettent en relief les choix qui se disputent actuellement au sein des élites et du gouvernement entre libéralisme et interventionnisme d’état. L’hebdomadaire américain « Newsweek » (10 décembre 2007) s’en fait l’écho. Il voit un camp « globaliste » (ouvert à l’Occident) opposé à un autre « isolationniste ». Dans le premier, il place le vice-premier et ministre des finances Alexei Koudrine, réputé le plus libéral du gouvernement, et le ministre des affaires étrangères Serguei Lavrov. Dans l’autre camp, les « durs » et « anti-américains » Igor Setchin, Nikolaï Patrouchev, patron du FSB, et Vladislav Sourkov, (ce dernier étant l’idéologue de la « démocratie souveraine). Il est déjà courant de présenter deux des candidats potentiels de la succession au président comme représentants des deux blocs : le ministre le la défense Serguei Ivanov côté « durs » et Dmitri Medvedev, chef du conseil des directeurs de GAZPROM côté « libéraux », l’un et l’autre très poutiniens.

Mais les enjeux sont parfois présentés sous un autre angle, comme en témoigne l’analyse d’un économiste français très au fait des débats russes au sommet, Jacques Sapir, dont nous avons publié une analyse dans un précédent courrier. D’après lui, la politique russe s’éloignerait du libéralisme :

« Le remaniement ministériel de février 2007, qui a vu le ministre de la Défense, Sergueï Ivanov, être promu au poste de premier vice-premier ministre, peut être considéré comme un symbole important de ce mouvement. Sergueï Ivanov est en effet parmi les dirigeants russes celui qui peut passer pour le plus engagé en faveur d'une politique industrielle active. Le récent départ du gouvernement de German Gref, un des derniers ministres « libéraux », est encore un signe de la cohérence qu'a désormais acquise la politique économique russe.

Ce processus n'est pas circonscrit au cercle gouvernemental restreint. Il s'inscrit dans le cadre global d'une évolution qui voit l'ensemble de l'élite politique et économique russe se rallier à des conceptions interventionnistes et qui se traduit par la montée d'une forme de « patriotisme économique ». Aujourd'hui, des notions comme la politique industrielle, la nécessaire présence d'un secteur public ou le protectionnisme ne font plus clivage entre ceux que l'on appelle les « libéraux » et les « interventionnistes ».

Ce volontarisme russe s'est traduit par un double mouvement de réaffirmation de l'État dans l'économie et de re-concentration des activités. Dans les faits, on a vu apparaître une organisation de l'économie autour de trois secteurs dans lesquels le rôle de l'État est différencié :

– un secteur prioritaire, celui de l'énergie et des matières premières qui doit être étroitement contrôlé par l'État ;

– un secteur des industries stratégiques qui se définit dans une logique de diversification où l'entrée des acteurs étrangers est possible et même souhaitée, comme c'est le cas pour la production automobile ;

– un secteur des autres industries où l'État n'intervient que pour faire respecter la législation commune.

La diversification de l'économie est devenue un axe stratégique de la politique économique, justifié par un risque de dépendance vis-à-vis des matières premières. Cet objectif a été repris par Alexandre Chokhine, le président de l'Union des industriels et des entrepreneurs de Russie (le RSPP), qui appelle à la mobilisation d'une partie des moyens du fonds de stabilisation et la mise en place de ce qu'il qualifie de « protectionnisme raisonnable ».

L’analyse de Sapir montre qu’il y a au moins deux approches de l’évolution russe, tant en Occident qu’en Russie, et tant à droite qu’à gauche. L’une voit surtout l’aspect « autoritaire » et se retrouve sur une ligne de « défense des libertés » qui est celle des libéraux et des oligarques déchus par Poutine, des mouvements de Droits de l’Homme animés en Russie par des militants en vue du libéralisme des années 90.

L’autre retient davantage les choix stratégiques de développement interne et de relations internationales. Sur ce terrain, la ligne « souverainiste » qu’adopterait Poutine s’éloigne forcément des conceptions néolibérales (au sens de ce terme chez nous), des recommandations (passées) du FMI et des exigences posées par les Etats-Unis, tant à l’adhésion de la Russie à l’OMC qu’à son acceptation dans la « communauté internationale » en tant que pays « véritablement démocratique ».

La première analyse débouche sur un parti-pris politique en faveur de Poutine, considéré comme « alternative » à l’hégémonisme américain, voire davantage selon Sapir : la Russie redevient dans les faits une alternative crédible en matière de stratégie de développement économique et industriel.

La deuxième approche, celle des libéraux russes et du plus large spectre de l’opinion occidentale – allant de l’administration Bush et à la gauche européenne y compris « radicale »- voit dans le régime poutinien une nouvelle « dictature » en puissance, obsédée par le complexe de « l’encerclement », et dès lors un pays qui, doté des armes nucléaire et énergétique, menace l’Union Européenne et la paix internationale.

Les deux analyses peuvent également se rejoindre, constatent la formation d’une « dictature » antiglobaliste que l’on peut également juger « alternative »…ou parfaitement inutile dans un pays engagé, bon gré mal gré, dans la voie de la globalisation.

D’ici fin décembre, on connaîtra le nom du candidat de RUSSIE UNIE (donc de Poutine) aux présidentielles fixées le 2 mars et les intentions de Vladimir Poutine quant à son propre avenir. Le président avait annoncé, avant les élections, des changements importants dans le système politique du pays. Ils sont donc imminents.

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